- Guerre franco-chinoise
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Guerre franco-chinoise
Batailles de la campagne de 1884-1885Informations générales Date de septembre 1881
à juin 1885Lieu Chine, Taïwan et Viêt Nam Issue Victoire française Belligérants France Empire de Chine
Pavillons noirs
Empire d'AnnamCommandants Amédée Courbet
Sébastien Lespès
Louis Brière de l'Isle
Oscar de Négrier
Laurent GiovanninelliZhang Peilun
Pan Dingxin
Wang Debang
Feng Zicai
Tang Ching-sung
Liu Mingchuan
Sun Kaihua
Liu Yongfu
Hoang Ke ViemForces en présence 15 000 - 20 000 hommes 25 000 - 35 000 hommes Pertes 2 100 morts ou blessés 10 000 morts ou blessés Batailles Bataille de Fuzhou, Siège de Tuyên Quang, combat de Shipu, bataille du col de Zhennan modifier La guerre franco-chinoise opposa la France de la Troisième République à la Chine de la dynastie Qing entre septembre 1881 et juin 1885. Elle éclata parce que les Français tentaient de prendre le contrôle du fleuve Rouge qui reliait Hanoï à la riche province du Yunnan en Chine.
Cet épisode militaire fait partie de la lente prise de contrôle de la Chine menée par les puissances européennes pendant le deuxième moitié du XIXe siècle. C'est un enjeu majeur de la politique coloniale française qui souhaitait acquérir des positions fortes dans le sud de la Chine.
Surtout, la victoire française avec la reconnaissance de son protectorat sur l'Annam et le Tonkin, s'ajoutant à la Cochinchine déjà occupée dix ans plus tôt et au Cambodge, conduisit à la création de l'Indochine française.
Sommaire
Les origines de la guerre
La conquête française de l’Indochine
La conquête française de l’Indochine fut entreprise par Napoléon III sous le Second Empire, et systématisée par Jules Ferry sous la Troisième République. De premières tentatives d'occupation eurent lieu dans le delta du Mékong. La France depuis 1860 s'était lancée dans une politique active de colonisation en Extrême-Orient. Dès l'année 1862, un premier traité de Saigon signé avec l'empereur d'Annam reconnaissait la souveraineté des Français sur les provinces du Sud, qui formèrent la Cochinchine.
Le déclenchement de l’affrontement
Bien qu'un deuxième traité de Saigon signé en 1874 ouvrît le fleuve Rouge à la libre circulation, les Pavillons Noirs harcelaient les navires de commerce français au début des années 1880. Cette milice levée par Liu Yongfu (un Chinois zhuang originaire du Guangxi, Kouang-Si dans la graphie française de l'époque) gênait fortement le commerce français.
Aussi, le gouvernement français, en la personne de Jauréguiberry, ministre de la Marine, envoya un petit corps expéditionnaire au Tonkin pour nettoyer la vallée du fleuve Rouge des Pavillons Noirs. La cour de l'empereur Qing vit l'arrivée de cette armée européenne comme une menace pour ses frontières, éleva une protestation et se prépara à la guerre.
La prise du Tonkin
Article détaillé : Expédition du Tonkin.Le capitaine de vaisseau Henri Rivière, commandant trois canonnières et sept cents hommes, prit la citadelle d’Hanoï, capitale du Tonkin, le 25 avril 1882, comme l'avait fait Francis Garnier en 1873. Le 27 mars 1883, il prit Nam Định, mais la faiblesse des effectifs dont il disposait entraîna la répétition des événements de 1873[1].
En mai 1883, les Pavillons Noirs encerclèrent Hanoï. Rivière fit une sortie le 16 puis une autre le 19 au cours de laquelle il fut tué. La mort de Rivière déchaîna les bellicistes de la Chambre des députés à Paris. Jules Ferry confia alors les deux divisions navales d'Extrême-Orient au contre-amiral Courbet qui arriva le 18 août 1883 à l'improviste devant Thuân-an, le port de Hué qu'il bombarda.
Le 25 août 1883, par le traité de Hué, l'empereur d’Annam cédait le Tonkin à la France sous la forme d'un protectorat. La Chine rejeta le traité, et envahit la province du Tonkin. Bien qu'aucun des deux pays n'eût formellement déclaré la guerre, les opérations militaires commencèrent à l'automne 1883. Les forces fluviales françaises s'emparèrent des citadelles de Bắc Ninh, Sơn Tây sur le fleuve Rouge et firent le siège de Tuyên Quang (par le 2e régiment étranger).
La guerre
Les 11 mai et 9 juin 1884, la Chine acceptait le traité de Hué par la signature de la convention de Tianjin (Tien-Tsin), le protectorat français sur l'Annam et le Tonkin. Une indemnité de guerre de 250 millions lui fut demandée.
Cependant, en juin 1884, des forces chinoises attaquèrent par surprise une colonne française à Bac-Lé, dans le sud. Cette colonne avait été envoyée pour occuper le pays, en accord avec le traité de Hué. Cela mena à une prolongation de la guerre, surtout quand il apparut que les Chinois n'avaient nullement l'intention de payer l'indemnité de guerre.
Bien que les commandants des forces terrestres et navales françaises aient fortement sollicité une attaque directe de Pékin, la capitale des Qing, le Premier ministre Jules Ferry restreignit les opérations à l'Indochine et au sud de la mer de Chine méridionale, craignant qu'une telle agression provoque une réaction des autres puissances européennes, et particulièrement du Royaume-Uni et de l'Empire de Russie.
La bataille de Fuzhou (août 1884)
La Marine française, sous le commandement du vice-amiral Amédée Courbet, bloqua les ports de Kilung et Tamsui sur l'île de Formose (actuellement Taïwan), avant de tenter un débarquement contre les troupes impériales (dans lequel Joseph Joffre, futur maréchal de France, participa en tant que capitaine du génie) qui échoua le 6 août 1884.
La bataille de Fuzhou se place au coeur des opérations effectuées sous le commandement de l'Amiral Courbet dans la rivière Min entre le 23 et le 29 août 1884[2]. Elle vit la destruction en une demi-heure de la marine chinoise ancrée dans cette rade qui avait été récemment construite sous la supervision d'un Français, Prosper Giquel. Courbet ensuite bombarda l'arsenal de Fuzhou, écrasa les batteries de la passe Mengam et détruisit les forts de la passe Kimpaï. Cette victoire, qui fut la dernière des victoires navales françaises du XIXème siècle, se fit au prix de seulement dix tués et quarante-neuf blessés. Le 1er octobre 1884, Courbet revint une deuxième fois devant Kilung et enleva la ville, puis le 29 mars 1885, il occupa les îles Pescadores ou Penghu (rebaptisées "îles des pêcheurs"), chapelet d'îles au large de Formose qui commande tout le détroit de Fou-Kien, entre Formose et le continent.
Au Tonkin, la mousson mettait fin aux offensives françaises, permettant aux Chinois d'avancer dans le delta. Ils firent le siège de la forteresse de Tuyên Quang, qui fut défendue par un bataillon de la Légion étrangère pendant trente-six jours. Cette bataille est toujours célébrée dans la marche officielle de la Légion.
La bataille du col de Zhennan et la retraite de Lạng Sơn (février 1885)
Un corps expéditionnaire français composé de deux brigades marchèrent vers le haut Tonkin et conquit Lạng Sơn en février 1885. Une des deux brigades quitta la ville pour venir en aide aux assiégés de Tuyên Quang. Le commandant de la brigade restante cherchant à contrer l'offensive des Chinois, lança une attaque de l'autre côté de la frontière et fut défait à la bataille du col de Zhennan (ou bataille de Bang Bo). Se retirant sur Lạng-Sơn, les Français stoppèrent une contre-attaque à la bataille de Kỳ Lừa. Cependant, son commandant, le général de Négrier étant blessé dans l'action, son remplaçant ordonna, peut-être sous l'effet de la panique, que Lạng-Sơn soit rapidement abandonnée le 28 mars 1885.
La brigade fuit en désordre vers le delta du fleuve Rouge, abandonnant l'essentiel des gains réalisés durant la campagne de 1885.
La chute du gouvernement Ferry
Ce revers militaire conduit le commandant du corps expéditionnaire, Louis Briere de l'Isle, à croire que le delta lui-même était menacé. Ses rapports alarmistes à Paris entraînèrent la chute du ministère Ferry le 30 mars 1885, sous d'effroyables huées politiciennes.
Dans les jours suivants, Brière de l'Isle réalisa que la situation était moins compromise qu'il ne le pensait. Cependant, le nouveau gouvernement s'efforça de mettre fin aux opérations.
La défaite, que les Français appelèrent l'affaire du Tonkin, fut un scandale politique majeur pour les partisans de l'expansion coloniale. Ce ne fut que dans les années 1890 que le parti colonial reprit l'ascendant dans l'opinion[3].
L’Indochine française
Malgré cette retraite, les opérations terrestres virent le succès des Français au Tonkin, tandis que les victoires navales de la France forcèrent la Chine à reconnaître sa défaite.
Le traité mettant fin à la guerre fut signé le 9 juin 1885, la Chine reconnaissant le traité de Hué et abandonnant sa souveraineté sur l’Annam et le Tonkin.
La France était déjà présente en Cochinchine et au Cambodge. Avec l’Annam (et le Laos), elle contrôle tout l’est de la péninsule indochinoise. En 1891-1893 est créée la Confédération indochinoise, composée de la Cochinchine et des quatre protectorats. Ces territoires furent ensuite inclus dans l'Indochine française.
Littérature
Pierre Loti embarque au mois de mai 1883 sur L’Atalante pour participer à la campagne du Tonkin. Il publie le récit, heure par heure, de la prise de Hué dans Trois Journées de guerre en Annam, texte qui paraît dans les colonnes du Figaro. Il écrira également l'épitaphe de l'amiral Courbet, mort le 11 juin 1885 en rade de Ma-Kung.
Articles connexes
Notes et références
- Étienne Taillemite, Dictionnaire des marins français, Éditions maritimes et d'outre-mer, sub verbo Henri Rivière.
- http://bstorg.free.fr/Courbet/rapport.htm Compte rendu des opérations dans la rivière Min.
- Charles-Robert Ageron, France coloniale ou parti colonial, Paris, 1978.
Bibliographie
- Pierre Loti, Trois Journées de guerre en Annam, éditions du Sonneur, 104 p. (ISBN 2-916136-04-5).
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