Groupe fortifié l'Aisne

Groupe fortifié l'Aisne
Groupe fortifié l'Aisne
Feste Wagner
Fort de l’Aisne à Verny
Fort de l’Aisne à Verny
Description
Ceinture fortifiée seconde ceinture fortifiée de Metz
Type d'ouvrage fort de type von Biehler
Dates de construction 1904-1912
Dates de modernisation
Garnison 1 250 hommes
Armement 10 pièces d’artillerie
(4 x 150 mm, 4 x 100 mm, 2x 77 mm)
Usage actuel désaffecté
Protection néant
Coordonnées 49° 00′ 50″ N 6° 11′ 39″ E / 49.0138, 6.194149° 00′ 50″ Nord
       6° 11′ 39″ Est
/ 49.0138, 6.1941
  

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Groupe fortifié l'Aisne

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Groupe fortifié l'Aisne

La Feste Wagner, rebaptisé groupe fortifié l’Aisne par les Français en 1919, est un fort de la seconde ceinture fortifiée de Metz, en Moselle. Ce groupe fortifié, construit sur les communes de Pournoy-la-Grasse et de Verny, contrôlait la vallée de la Seille.

Sommaire

Contexte historique

Depuis 1871, Metz est une ville allemande du Reichsland Elsaß-Lothringen. Les milieux politiques sont conscients de la frustration créée par l’annexion de l’Alsace et de la Moselle. Pour l’Allemagne, il faut se préparer à faire la guerre sur deux fronts, l’un à l’est contre les Russes et l’autre à l’ouest contre les Français et les Anglais. La stratégie connue sous le nom de Plan Schlieffen vise à garantir une victoire rapide à l’ouest, pour pouvoir basculer rapidement les armées à l’est. Sur ce point, on comprend l’importance de la logistique, et notamment du chemin de fer. À l’ouest, il est prévu d’envahir la France par la Belgique et le Luxembourg par une manœuvre pivotante, dont le centre logistique est Metz. Il faut donc protéger cette ville par une seconde ceinture fortifiée, plus éloignée du centre-ville.

Le groupe fortifié l’Aisne complète la Seconde ceinture fortifiée de Metz composée des Festen Wagner (1904-1912), Kronprinz (1899 - 1905), Leipzig (1907-1912), Kaiserin (1899-1905), Lothringen (1899-1905), Freiherr von der Goltz (1907-1916), Haeseler (1899-1905), Prinz Regent Luitpold (1907-1914) et Infanterie-Werk Belle-Croix (1908-1914). Le Fort de Verny est projeté à cette époque, afin de protéger la vallée de la Seille. Cette mission doit être facilitée par une inondation défensive. Il verrouille ainsi tout le sud du front de Metz.

Construction et aménagements

Construit entre 1904 et 1910, l’ouvrage fortifié prend le nom de Feste Wagner, du nom de Julius Wagner, général allemand responsable de l’A.K.O. Appartenant aux forts de Metz, le fort fait partie des ouvrages de deuxième génération. Il a donc pu bénéficier des dernières innovations, autant dans le domaine de l’armement que des commodités de vie. Il bénéficie d’un luxe sans pareil pour l’époque : chauffage central, toilettes, four à pain, usine électrique, téléphone, eau courante. Le tout avec une solidité à tout épreuve grâce à l’utilisation nouvelle et massive du béton et de l’acier, et grâce à la création d’un véritable réseau de galeries souterraines, d’une très grande dispersion sur le terrain : son emprise au sol est de 135 ha[1]. L’artillerie du fort peut tirer jusqu’à deux tonnes d’obus à la minute, grâce à ses pièces de 5.3, 10 et même 15 cm. Les 4 casernes fortifiées pouvaient recevoir 4 Infanteriekompanien, 2 MG-Kompanien, 2 Artilleriebatterien, 3 Pionier-Sektionen, soit un total de 1 250 hommes. L’ouvrage disposait de 15 coupoles d’observation et de 51 postes de guet. Pas moins de 1 950 m de galeries souterraines relient les différents postes de l’ouvrage. Le groupe fortifié disposait de 2 200 m3 d’eau. Enfin, 7 moteurs diesel, de 30cv chacun[1], fournissaient l’énergie nécessaire à son fonctionnement.

Affectations successives

À partir de 1890, la relève dans les forts est assurée par les troupes du XVIe Corps d'Armée stationnées à Metz et à Thionville. Durant la Première Guerre mondiale, le fort n’intervient que pour soutenir le front, et ne souffre d’aucun combat. Son artillerie se révèle efficace. Sa position de base arrière lui permet de se voir décoré de superbes fresques, encore visibles aujourd’hui. En 1918, comme l’ensemble des forts de Metz, il est livré sans combat à l’armée française. Son confort et ses prouesses technologiques impressionnent l’État-major français. L’armée française en tirera de précieux enseignements pour la construction de la future ligne Maginot. Pendant l’Entre-Deux-Guerres, le fort sert de dépôt pour des pièces d’artillerie lourde sur voie ferrée. Réinvesti par l’armée allemande en 1940, il est désaffecté en 1945. Le fort n’est pas remilitarisé, mais simplement maintenu en l’état, avant d’être pillé dans les années 1970. Depuis 1982, l’Association pour la découverte de la fortification messine (ADFM) loue le fort à l’armée et, après avoir réalisé les aménagements nécessaires, l’ouvre régulièrement à la visite.

Seconde Guerre mondiale

Durant la Seconde Guerre mondiale, le groupe fortifié l’Aisne sert d’usine souterraine à partir de 1943. Comme d'autres forts du secteur, ses galeries souterraines offrent un réfuge idéal en cas d'attaque aérienne. Des Ostarbeiter, venu des pays de l'Est, travaillent dans ces usines de guerre. Lors de la bataille de Metz, le 2 septembre 1944, Metz est déclarée forteresse du Reich par Hitler. La place forte doit donc être défendue jusqu’à la dernière extrémité par les troupes allemandes, dont les chefs ont tous prêté serment au Führer[2]. La défense s'organise sur les forts de Metz. Le groupe fortifié l'Aisne sert alors de base arrière pour des unités allemandes de la 462e Volks-Grenadier-Division, lors des combats pour la prise de Metz.

L’offensive américaine, lancée le 7 septembre 1944 sur la ligne ouest des forts de Metz tourne court. Les troupes américaines s’arrêtent finalement sur la Moselle, malgré la prise de deux têtes de ponts au sud de Metz. Buttant contre des forts mieux défendus qu’elles ne le pensaient, les troupes américaines sont maintenant à bout de souffle. Le général McLain, en accord avec le général Walker, décide de suspendre les attaques, en attendant de nouveaux plans de l’état-major de la 90e Infantry Division[3]. Lorsque les hostilités reprennent, après un mois pluvieux, les soldats de la 462e Volks-Grenadier-Division tiennent toujours solidement les forts de Metz, même si les ravitaillements se font plus difficilement à cause des tirs d’artillerie et des bombardements fréquents[4].

Le 9 novembre 1944, l'Air Force envoya pas moins de 1 299 bombardiers lourds B-17 et B-24 déverser 3 753 tonnes de bombes, de 1 000 à 2 000 livres, sur les ouvrages fortifiés et les points stratégiques situés dans la zone de combat de la IIIe armée[5]. La plupart des bombardiers ayant largué leurs bombes sans visibilité, à plus de 20 000 pieds, les objectifs militaires ont souvent été manqués. A Metz, les 689 chargements de bombes destinés à frapper le fort Jeanne d’Arc et six autres forts désignés comme des cibles prioritaires, ne firent que des dégâts collatéraux, prouvant une fois de plus l'inadéquation des bombardements massifs sur des objectifs militaires[6].

Notes et références

  1. a et b Donnell Clayton, The German Fortress of Metz: 1870-1944, Oxford, Osprey, 2008, p. 24.
  2. René Caboz, La bataille de Metz, Éditions Pierron, Sarreguemines, 1984, p. 132.
  3. Hugh M. Cole : The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950 (p 176-183)
  4. Hugh M. Cole : The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950 (p 256)
  5. Général Jean Colin, Contribution à l’histoire de la libération de la ville de Metz ; Les combats du fort Driant (septembre-décembre 1944), Académie nationale de Metz, 1963, p. 13.
  6. Hugh M. Cole : The Lorraine Campaign, Center of Military History, Washington, 1950 (p. 424)

Sources

  • Inge und Dieter Wernet, Die Feste Wagner, A.D.F.M., 2002.
  • Inge und Dieter Wernet, Die Feste Wagner, A.D.F.M., Helios-Verlag Aachen, 2010.
  • Inge und Dieter Wernet, La Feste Wagner, A.D.F.M., Helios-Verlag Aachen, 2010.

Voir aussi

Liens externes


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