- Garde Suisse Pontificale
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Garde suisse pontificale
Pour les articles homonymes, voir Suisse (homonymie).La garde suisse pontificale est une force militaire chargée de veiller à la sécurité du pape. Elle est la dernière Garde suisse encore existante (des détachements de mercenaires suisses qui servaient de garde rapprochée et protocolaire dans différentes cours européennes à partir du XVe siècle). Il s'agit également de la plus vieille et la plus petite armée du monde existant aujourd'hui.[réf. nécessaire]
Sommaire
Histoire
La Garde suisse a été appelée au Vatican par le pape Jules II le 21 juin 1505 quand le souverain pontife demanda à la Diète suisse de lui fournir un corps de deux cents soldats permanent pour sa protection. Les mercenaires suisses étaient un choix naturel car ils étaient les plus réputés d'Europe. De plus, le pape connaissait bien les « Suisses », ayant reçu en bénéfice l'évêché de Lausanne une vingtaine d'années plus tôt.
En septembre 1505, le premier contingent de gardes suisses se met en route pour Rome. La date officielle de fondation de la Garde suisse est le 22 janvier 1506, date de l'entrée d'un premier contingent de hallebardiers organisés en compagnies commandées par l'Uranais Kaspar von Silenen sur la place du Peuple (Piazza del Popolo) dans la Ville éternelle. En 1512, le pape leur accorda, au cours d'une cérémonie grandiose, le titre de « défenseurs de la liberté de l'Église», car ils venaient de sauver le trône pontifical en se battant bravement contre les troupes du roi de France, Louis XII.
Son action la plus mémorable et la plus significative se déroule le 6 mai 1527, lorsque cent quarante-sept des « mercenaires de Dieu » périssent en combattant les lansquenets de Charles Quint pour défendre l'escalier menant au tombeau de saint Pierre, pendant que quarante-deux autres gardes suisses protègent la fuite du pape Clément VII au château Saint-Ange (ils seront les seuls survivants). Dès l'année qui suit cette tragédie, le 6 mai devient la date du « serment des recrues ».
D'autres corps armés pontificaux avaient existé dans le passé, notamment la garde corse (dissoute au XVIIe siècle) à la suite de l'affaire de la Garde Corse.
Mission
La Garde suisse est notamment responsable des entrées des palais apostoliques, des bureaux de la Secrétairie d'État et des appartements privés du pape. Elle partage avec la gendarmerie pontificale la sécurité du pontife romain.
Cette force est formée de cent dix soldats.
Recrutement
Fondé sur l'enrôlement volontaire, le recrutement de la Garde suisse s'effectuait historiquement parmi les hommes de nationalité helvétique et célibataires, originaires des cantons de Zurich et de Lucerne, auxquels se sont ajoutés par la suite les cantons d'Uri et d'Unterwalden.
De nos jours, il suffit d'être citoyen helvétique de confession catholique romaine et jouissant « d'une réputation irréprochable ». Les futurs gardes suisses doivent être diplômés d'une école secondaire du deuxième degré (maturita ou baccalauréat) et avoir effectué l'école de recrue — être incorporé dans l'armée suisse suite à une période de service actif de près de 20 semaines. Ils doivent également être âgés de 19 à 30 ans, célibataires et mesurer au moins 1,74 mètre. Le fait de parler plusieurs langues, notamment le suisse allemand, est un atout, la langue allemande étant la langue officielle de la la garde.
Depuis 1848, les gardes suisses sont recrutés par relation personnelle[réf. nécessaire].
Depuis 1859, il s'agit de la seule force mercenaire autorisée par le droit suisse.
Les gardes suisses sont actuellement presque tous natifs des cantons de Lucerne, de Saint-Gall, de Fribourg et du Valais[réf. nécessaire].
Serment
Si elle est retenue, la nouvelle recrue prêtera serment de fidélité le 6 mai (en souvenir de l'action du 6 mai 1527) de sa première année de service dans la Cour San Damaso (Cortile San Damaso) du Vatican.[1] Les nouveaux incorporés écouteront le chapelain de la Garde lire dans leur langue (la plupart du temps en allemand, quelquefois en français, plus rarement en italien) le texte du serment inchangé depuis cinq siècles :
- « Je jure de servir avec fidélité, loyauté et honneur le Souverain Pontife [nom du Pape] et ses légitimes successeurs, ainsi que de me consacrer à eux de toutes mes forces, offrant, si cela est nécessaire, ma vie pour leur défense. J’assume également ces engagements à l’égard du Sacré Collège des cardinaux pendant la vacance du Siège apostolique. Je promets en outre au commandant et aux autres supérieurs respect, fidélité et obéissance. Je jure d'observer tout ce que l'honneur exige de mon état. [2] »
La nouvelle recrue s'avance alors solennellement, pose la main sur le drapeau de la Garde et dresse le pouce, l'index et le majeur de la main droite (symbole de la Trinité) en récitant :
- « Moi, [nom de la recrue], je jure d'observer loyalement et de bonne foi tout ce qui vient de m'être lu. Aussi vrai que Dieu et nos Saints Patrons m’assistent. [3] »
Composition
Depuis sa fondation, la Garde a connu des effectifs plus ou moins importants et a même été dissoute à l'occasion.
La Garde suisse est actuellement composée de 5 officiers (1 colonel, 1 lieutenant-colonel, 1 major et 2 capitaines), 27 sous-officiers (1 sergent-major, 6 sergents, 10 caporaux et 10 vice-caporaux), 77 hallebardiers et 1 chapelain (avec rang de lieutenant-colonel).
Depuis le 19 août 2008, le commandant de la Garde est le colonel Daniel Anrig. En novembre 2005, son prédécesseur, le colonel Elmar Theodor Mäder, a exclu que des femmes fassent partie de la Garde pour des raisons d'exiguïté de la caserne et de discipline (« Les gardes sont jeunes et je ne veux pas qu'il y ait des problèmes. Je ne dis pas que les femmes ne sont pas aptes à servir dans les forces de sécurité, c'est plutôt une question de discipline. [...] Les gardes sont jeunes et ils ne sont au service que de Dieu et du pape »).
La langue officielle de la Garde suisse est l'allemand.
Uniforme et équipement
L'uniforme officiel, de couleur rouge, jaune et bleu (le bleu et le jaune sont les couleurs de la famille Della Rovere à laquelle appartenait Jules II, le rouge a été ajouté par son successeur Léon X, un Médicis), n'a pas été dessiné par Michel-Ange pendant la Renaissance comme le veut la légende, mais est l'œuvre du commandant de la Garde Jules Repond (1910-1921) en 1914 qui s'inspira des fresques de Raphaël. Les uniformes sont créés sur mesure et bénis par le pape pour chaque garde. Quand l'un d'eux finit son service, son uniforme doit être détruit au hachoir afin d'éviter toute utilisation frauduleuse ou abusive.
Seuls les hallebardiers, les vice-caporaux et les caporaux portent cet uniforme très voyant, les sous-officiers supérieurs (sergents et sergent-major) portent un pantalon cramoisi et un pourpoint noir, tandis que l'uniforme des officiers est entièrement cramoisi.
En service courant, les gardes portent la tenue bleue, dite « petite tenue », avec un béret de type « alpin ».
Chaque garde est doté d'une hallebarde de 2,30 mètres et d'une dague. Les deux caporaux de la garde au drapeau sont armés d'un espadon.
La garde suisse est une unité d'infanterie et n'a jamais disposé de cavalerie ou d'artillerie. Mais outre le maniement historique de la hallebarde règlementaire, les gardes suisses sont entraînés à l'utilisation de toutes sortes de pistolets et de fusils d'assaut et aux sports de combat.
En matière de protection, les gardes, en tenue d'apparat, portent une cuirasse et un casque léger à deux pointes aux bords relevés (le morione), ornés de plumes de faisan ou de héron et frappé du chêne, emblème de la famille Della Rovere. Le morion des hallebardiers et des sous-officiers est surmonté d'une plume rouge, tandis que celle ornant les casques du sergent-major et du colonel sont blanches, les autres officiers en portent une de couleur violet foncé.
L'uniforme complet, qui n'est requis que pour les grandes occasions (comme la prestation de serment), constitue un puzzle de cent cinquante-quatre pièces.
Vie quotidienne
Les gardes signent un contrat de deux ans pour une solde mensuelle nette de 1 200 euros.
Ceux-ci sont tous célibataires (sauf les officiers, les sous-officiers supérieurs ainsi que les caporaux qui ont le droit de se marier). Ils ont interdiction formelle de dormir hors du Vatican, où ils sont logés en dortoir dans la caserne de la Garde. Les gardes sont seuls, à deux ou trois par chambre, avec extinction des feux à minuit ou plus tard selon l'avancement.
La vie quotidienne des gardes est ponctuée de célébrations liturgiques. Ils disposent d'une chapelle où officie le chapelain de l'armée pontificale.
Fait divers du 4 mai 1998
Le 4 mai 1998 vers 21 heures, on retrouve dans son appartement privé le corps sans vie du colonel Aloïs Estermann (44 ans), promu la veille commandant de la garde, ainsi que celui de son épouse Gladys Meza Romero (48 ans) et de Cédric Tornay (23 ans), vice-caporal. Tous trois tués d'une balle de pistolet, un Sig 75, appartenant au sous-officier. L'enquête a officiellement conclu à « un coup de folie » du jeune garde. Cédric Tornay, furieux de s'être vu refuser une décoration (le Benemerenti), aurait abattu son supérieur et son épouse avant de se suicider. La presse a pu évoquer un dépit amoureux homosexuel d'autant que le calibre du Sig ne correspondrait pas au trou dans la gorge du jeune Tornay et que la mère de ce dernier n'a pas réussi à obtenir l'ouverture d'une enquête auprès du Vatican. Il est plus probable néanmoins que cette tragédie soit à attribuer aux relations tendues qui règnaient à ce moment-là dans la « petite Suisse », comme l'attestent certains témoignages[4].
Beaucoup craignirent que la Garde suisse ne survive pas à ce scandale[5]. Mais dès les cérémonies du 6 mai, Angelo Sodano, le secrétaire d'État, écarte l'hypothèse d'une dissolution et confie à Elmar Mäder, ancien adjoint promu commandant, la mission de rénover la Garde.
Commandants depuis 1506
Les commandants de la Garde suisse ont pu être natifs des cantons de Saint-Gall (SG), de Lucerne (LU), de Zurich, (ZH), de Soleure (SO), de Fribourg (FR), du Valais (VS), d'Uri (UR), des Grisons (GR).
Depuis 1506, trente-six commandants se sont succédé à la tête de la Garde suisse. La famille Pfyffer von Altishofen a fourni à elle seule onze commandants. Le 19 août 2008, le Pape Benoît XVI a nommé Daniel Anrig comme 34e commandant de la Garde[6]
Protection du pape
Les derniers corps armés pontificaux ont été dissous par Paul VI le 14 septembre 1970 :
- la gendarmerie pontificale ;
- la garde noble ;
- la garde palatine.
De nos jours, la sécurité intérieure de la Cité du Vatican est assurée par la gendarmerie de l'État de la Cité du Vatican et la Garde suisse pontificale.
Les gardes suisses n'ont pas toujours convaincu de leur efficacité le ministère de la défense italien, surtout depuis l'attentat commis par Mehmet Ali Ağca contre le pape Jean-Paul II le 13 mai 1981. Certains observateurs notent une rivalité entre la gendarmerie et la Garde suisse qui ne serait pas sans nuire à l'efficacité du dispositif.
La sécurité extérieure de la Cité du Vatican (place Saint-Pierre) est pour sa part assurée depuis le 13 mai 1981 par l'État italien, qui dispose d'un inspectorat de sécurité publique près du Vatican. Carabinieri, Guardia di Finanza et police italienne protègent les pèlerins des menus larcins.
Mémoire
- Musée suisse dédié à la Garde pontificale à Naters (Suisse)
- Musée des Gardes suisses à Rueil-Malmaison (France)
Notes et références
- ↑ En 2006, la prestation de serment a eu lieu exceptionnellement sur la place Saint-Pierre pour commémorer les cinq cents ans de la Garde.
- ↑ En allemand :
- Ich schwöre, treu, redlich und ehrenhaft zu dienen dem regierenden Papst [Name des Papstes] und seinen rechtmäßigen Nachfolgern, und mich mit ganzer Kraft für sie einzusetzen, bereit, wenn es erheischt sein sollte, selbst mein Leben für sie hinzugeben. Ich übernehme dieselbe Verpflichtung gegenüber dem Heiligen Kollegium der Kardinäle während der Sedisvakanz des Apostolischen Stuhls. Ich verspreche überdies dem Herrn Kommandanten und meinen übrigen Vorgesetzten Achtung, Treue und Gehorsam. Ich schwöre, alles das zu beobachten, was die Ehre meines Standes von mir verlangt.
- ↑ En allemand :
- Ich, [Name des Rekruten], schwöre, alles das, was mir soeben vorgelesen wurde, gewissenhaft und treu zu halten, so wahr mir Gott und seine Heiligen helfen.
- ↑ « VSD », semaine du 25 janvier 2006.
- ↑ « VSD », semaine du 25 janvier 2006.
- ↑ Communiqué de la conférence des évêques suisses CES
Voir aussi
Sources
Liens internes
Liens externes
- (fr) Le site officiel de la Garde suisse pontificale
- (fr) L'histoire de la Garde suisse pontificale sur le site officiel du Saint-Siège
- (fr) 1506-2006: Les cinq cents ans de la Garde suisse pontificale, sgt Christian Richard, mai 2006, Revue militaire suisse
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