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Accordéon
L'accordéon est un instrument de musique à clavier, polyphonique, utilisant des anches libres excitées par un vent variable fourni par le soufflet actionné par le musicien. (définition par Émile Leipp). Il fait partie de la famille des instruments à vent. Il a reçu nombre de noms d'emprunt : "piano à bretelles", "piano du pauvre", "boîte à frisson", "branle-poumons", "boîte à chagrin", "soufflet à punaises", "dépliant", "calculette prétentieuse", "boîte à soufflets" et "boîte du diable" (Boest an diaoul, en Basse Bretagne et Boueze en Haute Bretagne).
Sommaire
Origine
Le 7 mai 1829, Arménien de Vienne, Cyrill Demian dépose le brevet de l'"accordion" avec ses fils Carl et Guido. La même année, le 23 juin, à Londres, Charles Wheatstone dépose lui aussi un brevet pour un "symphonium" (prémices du futur concertina dont le brevet sera déposé le 8 février 1844). En 1863, Paolo Soprani fonde la première industrie de l'accordéon (fisarmonica) à Castelfidardo qui est considéré comme le berceau mondial de l'accordéon (ainsi que Stradella dans la province de Pavie). Castelfidardo héberge un musée international de l'accordéon et, chaque année, un concours international y est organisé.
En France, Lyon avec la célèbre firme Cavagnolo, Sarlat avec la fabrique Accordiola et Tulle avec la fabrique Maugein Frères, sont trois des villes importantes pour l'accordéon français. La ville de Brive, avec l'usine Dedenis, fut très longtemps le siège de la première industrie de l'accordéon en France. Outre ces petites fabriques (PME), plusieurs artisans fabriquent en France des instruments sur mesure, principalement destinés aux musiques traditionnelles.
Facture
Le musicien ouvre et referme le soufflet central, positionné entre les deux parties droite et gauche de l'instrument, munie chacune d'un clavier : une partie droite, qui reste statique, et une partie gauche, qui s'écarte et se rapproche de la partie droite à chaque va-et-vient du soufflet (On parle de "Tiré" ou de "Poussé" du soufflet). En même temps, l'instrumentiste appuie sur les touches des claviers de l'instrument pour décider des notes à produire. L'air du soufflet passe ainsi dans le mécanisme, et actionne une ou plusieurs anches accordées à la lime et au grattoir. L'anche au repos possède une courbure qui la porte "au vent" : le réglage de cette coubure a pour but de permettre et faciliter l'attaque, à toutes les puissances.
Dans l'accordéon, deux anches sont montées côte à côte, une de chaque coté de la plaquette, en "push-pull". Une membrane (en cuir ou en vinyl) sert de clapet et interdit le passage de l'air à travers l'anche jumelle. Ainsi une seule des deux anches fonctionne à la fois, suivant le sens d'action du soufflet.
La vibration est due à un phénomène dit de relaxation : elle n'est donc pas sinusoïdale et comporte de nombreux harmoniques responsables d'une famille typique de timbres. Les harmoniques sont utilisés pour faciliter l'accord des basses fréquences (< 100 Hz).
La fréquence de vibration est pratiquement indépendante de la puissance du souffle d'air, l'anche vibrante jouant d'ailleurs, à pleine puissance, le rôle de limiteur de débit. Cependant, lorsque des anches de fréquences extrémement proches (différence inférieure à 1 Hz, tout au plus) sont alimentées en air par un système commun, il arrive que l'anche la moins stable en fréquence s'accorde à la fréquence de l'autre par effet de "couplage" ou "pilotage", masquant leur "désaccord", voire interdisant un vibrato différentiel intentionnel de fréquence inférieure à 1 Hz.
Dans l'accordéon, les anches donnant les sons les plus graves (< 50 Hz environ) ont une longueur de près de 10 centimètres et sont chargées, près de leur extrémité vibrante, par une masse de plomb ou de laiton. Les anches produisant les sons les plus aigus (plus de 6 Khz dans l'aigu du piccolo) ont une longueur inférieure à 6 millimètres.
En raison de la très courte longueur d'onde des sons les plus aigus produits (de l'ordre de quelques cm) on constate souvent des phénomènes d'ondes stationnaires dus aux "obstacles" à leur propagation (cases exiguës du sommier qui supporte les plaques, soupapes...) qui peuvent affaiblir, voire neutraliser totalement, le son produit. Des solutions empiriques de facture permettent d'éliminer ce phénomène.
L'accord se fait en jouant sur les paramètres raideur et masse : on augmente la fréquence en diminuant la masse par enlèvement de matière (limage d'épaisseur) à l'extrémité libre de l'anche (ou de sa charge rapportée). On diminue la fréquence en diminuant l'épaisseur (raideur) de l'anche (enlèvement par grattage : (grattoir) prés de sa partie fixe, flexible (le "ressort").
Une anche vibrante de grandes dimensions et de fréquence infrasonique, destinée à produire un vibrato en amplitude, a été utilisée dans l'accordéon de concert Cavagnolo : cette anche est placée dans une paroi séparatrice (équivalente à une "plaque") disposée entre le soufflet et la "caisse du chant". Ce système générateur de vibrato semble être resté sans suite en raison, sans doute, de sa fréquence invariable, de son effet trop systématique (un accord, grave ou aigu, vibre "en bloc" ) et de sa limitation du débit d'air (contradictoire avec l'expressivité naturelle de l'instrument), en dépit de la présence d'un moyen de neutralisation : une très large soupape.
Jeu
Véritable homme-orchestre à lui tout seul, l'accordéoniste peut exécuter le rythme aussi bien que la mélodie et l'harmonie, ce qui lui a valu cette place importante dans les bals populaires français.
Cet instrument aux accords tout faits et à la sonorité "désaccordée" ne suscita pas l'adhésion de tous d'où, dès les années trente, l'invention des basses chromatiques (clavier mélodique de main gauche similaire à celui de la main droite, remplaçant grâce à un convertisseur le clavier traditionnel basse-accord) et la présence possible de registres permettant de changer la sonorité de l'instrument en appuyant sur un bouton.
Il existe plusieurs sortes d'accordéons qui se différencient d'une part par l'organisation des notes sur les claviers et d'autre part par la manière de produire des notes en actionnant le soufflet.
L'accordéon chromatique possède les 12 demi-tons de la gamme chromatique. Une touche enfoncée produira la même note que l'on tire où que l'on pousse le soufflet. Certains ont des boutons, d'autres des touches de piano. Suivant les modèles, la tessiture peut dépasser 4 ou 5 octaves.
Les accordéons diatoniques peuvent jouer des gammes diatoniques. Une touche enfoncée ne produira pas la même note selon que le musicien tire ou pousse le soufflet. On dit qu'il est bi-sonore.
Ces deux descriptions correspondent aux deux familles d'accordéons les plus répandues. De nombreuses variantes ont été réalisées (chromatique bi-sonore, diatonique mono-sonore).
L'accordéon en France
L'accordéon est intiment lié à l'histoire du bal musette.
Après la guerre, l'accordéon commence à s'essouffler malgré des auteurs comme Jacques Brel qui l'utilisent dans leurs chansons et des virtuoses comme Aimable qui promènera son accordéon de par le monde.
Vers les années 1980, l'accordéon reprend du "service" par l'attrait des musiques traditionnelles et folkloriques qui l'utilisent (musique bretonne, slave, musique cajun...) ; par l'utilisation par des chanteurs français comme Renaud qui le remettent au goût du jour ; par l'apparition d'accordéonistes majeurs, se détournant du musette, comme Marc Perrone ou Richard Galliano ; et par son utilisation par des groupes de la scène alternative comme la Mano Negra ou Les Négresses Vertes.
Il serait également restrictif de passer sous silence l'émergence de l'accordéon dans la création contemporaine d'avant-garde. On n'omettra pas de citer Pascal Contet, accordéoniste français et concertiste international qui contribue activement à développer le répertoire contemporain avec des compositeurs comme David Venitucci, Bernard Cavana, Vinko Globokar, Jacques Rebotier, Jean-Pierre Drouet, Bruno Giner, Jean Françaix, etc.
L'accordéon a maintenant acquis ses lettres de noblesse en musique classique. Il est enseigné dans les conservatoires de musique. L'accordéon trace sa voie dans les musiques classiques, concertantes et contemporaines, même si cela reste très méconnu encore du grand public, avec des accordéonistes classiques réputés au niveau international, comme par exemple Philippe Bourlois, Angel Luis Castaño, Jesus Peñaranda, Olivier Urbano, Bruno Maurice, Friedrich Lips, Mika Vayrynen, Pavel Runov...
Aujourd'hui, l'accordéon est largement utilisé aussi bien par des artistes de variétés (Patrick Bruel, Bénabar, Yann Tiersen...) que par des groupes « alternatifs » (Les Ogres de Barback, Les Têtes Raides, Les Taizeurs de bruit, Les Hurlements d'Léo, La rue ketanou, N&sk, Béèleska, Sagapool, Java), les groupes de rap (le Ministère des affaires populaires) ou des musiciens de jazz tel que Richard Galliano ou Marcel Loeffler, René Sopa, David Venitucci, Daniel Mille, . En 2005, Serge Lama a effectué une tournée avec un seul musicien, l'accordéoniste Sergio Tomassi.
Claude Parle développe l'accordéon dans le domaine des musiques improvisées et en relation avec la danse ou le jazz contemporain (depuis les années 1970).
Festivals d'accordéon en France
- les Nuits de nacre à Tulle ;
- Le festival Éoléon à Buzet-sur-Tarn ;
- Le Festival National D'accordéon situé au Mans (Sarthe) créé en 1984 par Daniel Pichon organise des festivals dans toute la France.
- Le Grand Soufflet, Festival d'accordéon en Ille et Vilaine.
L'accordéon dans le monde
Instrument occidental à l'origine, l'accordéon s'est disséminé à l'époque coloniale dans de très nombreux pays dans tous les continents. De nombreuses traditions musicales ont intégré l'instrument ou se sont mêlé aux répertoires qu'il véhiculait
Exemples non-exhaustifs :
- Séga (Réunion / Maurice / Rodrigues)
- orchestres du Maghreb (ex : Lili Boniche)
- l'accordéon est présent en Afrique[1]
- il y a une forte tradition de l'accordéon en Russie, avec un modèle d'accordéon, Bayan, qui a inspiré les accordéons de concert avec convertisseur.
- en Europe : musiques tsiganes, yiddish
- Amérique latine : Tango (Argentine), Forro (Brésil), Cumbia (Mexique)
L'accordéon est utilisé en musique populaire, traditionnelle, folklorique, actuelle, et en musique classique ou contemporaine.
L'accordéon dans les œuvres classiques
- Suite pour orchestre n°2 de Tchaïkovski
- Fedora de Umberto Giordano
- Orchestral Set n°2 de Ives
- Wozzeck de Berg
- Kammermusik de Hindemith
- L'Opéra de quat'sous de Weill
- L'Age d'or de Chostakovitch
- Octobre de Prokofiev
- Concerto de Wiener
- Concerto de Françaix
Types
- accordéon diatonique ;
- accordéon chromatique
- accordéon à basses chromatiques (ou accordéon de concert)
- Bayan (accordéon chromatique russe)
- Bandonéon
- Concertina
- Accordina
- Harmonéon
- Accordéon Jazz GADJI
Liens externes
Notes et références
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