- Spartaco Guisco
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René Spartaco Guisco dit Spartaco, né en Italie en 1911, mort le 17 avril 1942, fusillé par les Allemands au Mont Valérien, est un militant communiste français, combattant des Brigades internationales et résistant.
Il est particulièrement connu pour avoir dirigé le commando de Nantes qui, le 20 octobre 1941, abattit le Feldkommandant de Nantes Karl Hotz, déclenchant en représailles l'exécution de 48 otages à Chateaubriant, Nantes et Paris.
L'enfance
Selon le site à la mémoire des accusés du procès de la Maison de la Chimie[1], Spartaco serait né à Precotto, dans la province d'Émilie, en Italie[2]. Ses parents se seraient réfugiés en France en 1921 et auraient été naturalisés français en 1932. La famille Guisco se serait installée dans la banlieue parisienne à Villeparisis, avec ses quatre enfants. Bon élève, Spartaco doit travailler comme peintre en bâtiment et décorateur sitôt son certificat d’études obtenu.
Militant communiste et combattant des Brigades internationales
Après son service militaire, il s'installe à Paris dans le XIVe arrondissement, commence à militer et adhère au Parti communiste[3],[4].
En 1936, il s'engage dans les Brigades internationales, à la 14e brigade où il fréquente notamment Henri Rol-Tanguy, commissaire politique, qu'il avait connu à Paris, et Roger Codou[5].
Le début de la Seconde Guerre mondiale
Mobilisé en 1939, il est décoré de la Croix de guerre avec deux étoiles de bronze alors que son frère Ereno, également mobilisé , est tué le 9 juin 1940[3]. Démobilisé durant l'été 1940, Spartaco rentre dans l’Organisation spéciale, sorte de service d'ordre du Parti communiste, qui, depuis septembre 1939, est interdit en raison de son soutien au pacte germano-soviétique et est devenu clandestin (voir : Histoire du Parti communiste français) et, jusqu'en juillet 1941, est affecté à des missions de propagande [3],[6].
La Résistance
En juillet 1941, suite à l'invasion de l'URSS par l'Allemagne, le parti communiste met sur pied diverses organisations chargées de mener des actions de lutte armée. Certains de ces groupes sont formés d'étrangers de la MOI. C'est dans l'un de ces groupes qu'est intégré Spartaco, sous le commandement de l'ancien républicain espagnol Conrado Miret-Muste, selon les sources[3]. Le groupe de Miret-Muste est amené à travailler avec des groupes des Bataillons de la Jeunesse formés de jeunes communistes depuis le mois d'août. Ainsi, le 19 septembre, Miret-Muste participe à l'attaque au cocktail Molotov d'un garage de l'armée allemande dans le XVIIe arrondissement de Paris, aux côtés du groupe Le Berre et du groupe Brustlein[7].
L'attentat de Nantes
En octobre 1941, Spartaco est envoyé en commando à Nantes avec Gilbert Brustlein et Marcel Bourdarias. À Montparnasse, Fabien le présente à Brustlein : « Je te présente Spartaco, c'est lui le chef, il a les directives »[8]. Brustlein décrit Spartaco comme « petit, brun, rablé »[9]. Ancien combattant des Brigades internationales, plus âgé d'une dizaine d'années que ses deux camarades, Spartaco exerce facilement son ascendant sur eux.
Ils ont pour mission de saboter une ligne de chemin de fer, d'abattre un officier allemand[10] et, ensuite, de ramener à Paris (à Marcel Paul, un dirigeant du parti en Loire-Inférieure) des explosifs dérobés sur un chantier quelques semaines auparavant. Arrivés à Nantes, ils prennent contact avec un militant communiste, Henri Gomichon, qui les héberge à son domicile, à Orvault. Le 18 octobre, ils rencontrent Fabien venu à Nantes inspecter ses troupes[8].
Le 19 octobre, pendant que Brustlein cherche vainement dans la ville un officier à abattre, Spartaco et Bourdarias sont aux prises avec des problèmes techniques de détonateurs. Rien ne se passe ce jour-là.
À l'aube du lundi 20, le groupe parvient à sectionner un rail sur une longueur de 50 cm. Ensuite, Brustlein et Spartaco partent à la recherche d'un officier allemand à abattre, et, près de la cathédrale, rencontrent Karl Hotz, le Feldkommandant de Loire-Inférieure. Brustlein tire deux balles de 6,35 sur l'officier allemand[11] qui meurt quelques instants après, tandis que les deux hommes s'enfuient.
L'attentat contre Karl Hotz a pour conséquence l'exécution en représailles, le 22 octobre, de 48 otages à Châteaubriant (27), Nantes (16) et Paris (5). L'attentat ne sera pas revendiqué par le PCF avant 1950.
Sur l'exécution des 48 otages, voir la page : Représailles après la mort de Karl Hotz.
En ce qui concerne les trois hommes du commando, ils vont réussir à quitter la ville dans l'après-midi du 20. La police effectue pourtant des contrôles sur les routes et des perquisitions aux domiciles d'un certain nombre de militants communistes. Des étudiants et des étrangers sont appréhendés. Le commando décide de se séparer. Brustlein raconte dans son livre comment il parvient à Paris le 21 octobre au soir. On ne sais pas très bien comment Spartaco et Bourdarias ont quitté la ville de Nantes[12]. Deux jours plus tard, la tenancière du bistrot que fréquentait le commando signalera leur disparition[8] et permettra l'identification par la police allemande de Gilbert Brustlein et de Marcel Bourdarias.
Sur l'attentat et sur l'enquête policière : voir la page Gilbert Brustlein.
L'arrestation et la mort au Mont Valérien
De retour à Paris, Spartaco travaille à nouveau avec Miret-Muste, avec France Bloch-Serazin, que Spartaco avait connue avant-guerre, comme agent de liaison. Mais toutes les polices françaises sont aux trousses de ces « terroristes ». Spartaco est appréhendé Rue de la Gaîté le 10 février 1942. Il est torturé, comme en témoignent les photographies retrouvées dans les archives de la police. Il ne lâche rien sur l'attentat de Nantes (il semble ne jamais avoir été identifié comme membre du commando), ni sur France Bloch-Serazin, mais finit par fournir des informations qui aideront la police à retrouver Miret-Muste[13]. Spartaco est jugé le 14 avril 1942 avec vingt-six autres résistants par un tribunal militaire allemand, lors du procès de la Maison de la Chimie. Il est condamné à mort et fusillé au Mont-Valérien le 17 avril 1942[7].
De l'ostracisme à la réhabilitation
Dès le 9 mars 1942, Guisco est dénoncé comme traître dans l'Humanité clandestine ; au lendemain de la Libération, un résistant communiste affirme dans un rapport à la commission centrale de contrôle politique du parti que Spartaco a donné des noms après son arrestation[14]. Selon Roger Codou, son ancien camarade de la 14e brigade, interrogé par Le Maitron :
« [...] le bruit courut alors qu'il avait été libéré après avoir parlé et qu'il avait filé en Espagne. Le Parti communiste refusa de la réhabiliter ; son nom disparut des listes des combattants des Brigades internationales et des martyrs de la Résistance. Des communistes qui avaient côtoyé Spartaco en prison au moment où il subissait la torture refusent toujours de croire à sa culpabilité et pensent que Guisco Spartaco a été chargé d'erreurs commises par d'autres[15]. »
Dans son livre publié en 1982, Le Cabochard : mémoires d'un communiste 1925-1982, Codou fait d'Henri Rol-Tanguy[16] le calomniateur de Spartaco ; il cite notamment une lettre adressée par Tanguy à René Landais un an après la Libération dans laquelle l'ancien commissaire des Brigades internationales écrit : Pour Spartaco, c'est différent. Il a très certainement trahi et, nous croyons, passé en Espagne. En revanche, Marcel Paul avait déclaré à Codou qu'il considérait Spartaco comme un « pur héros »[17].
Le 29 août 1996, à la suite des démarches de Jean-Marie Rossi, un étudiant en histoire qui s'était lié d'amitié avec Roger Codou, Francette Lazard, au nom du PCF, envoyait à Ernesta Guisco, sœur de Spartaco, une lettre l'informant que les mesures d'exclusion et de mise à l'écart concernant son frère étaient « nulles et non avenues »[18].
Rues, Plaques commémoratives
Néant
Liens internes
Notes et références
- Site du procès de la maison de la chimie Ce site dont il n'est pas facile de connaître les auteurs malgré les nombreuses personnalités signalées dans les différents comités ne cite malheureusement pas ses sources. Il est vraisemblable que ce soit la sœur de Spartaco qui ait fourni les informations
- Jean-Marc Berlière et Frank Liaigre, qui ont étudié les archives de la police notent que selon la BS1, il serait né à Precotto mais selon la BS2, à Milan, Le sang des communistes, Fayard, 2004
- Site du procès de la maison de la chimie
- Sa présence comme militant communiste du XIVe arrondissement est confirmée par Henri Rol-Tanguy, voir Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004, p. 71
- Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004, p. 103 et 107
- Stéphane Courtois le mentionne parmi les hommes « triés sur le volet » de cette période, Le PCF dans la guerre, Ramsay, 1980, p. 240
- Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, p. 137 ; Ouzoulias ne mentionne pas la présence de Spartaco à cette opération.
- Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 127-140
- ISBN 2-9504258-0-1) Gilbert Brustlein, Chant d'amour d'un terroriste à la retraite, édité à compte d'auteur, 1989 (
- Non désigné, le choix étant laissé aux membres du commando en fonction des circonstances.
- Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, p. 143-145
- Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 337, note 596
- Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 238-239
- Roger Bourderon, Rol-Tanguy, Taillandier, 2004, p. 717-718
- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français (le « Maitron ») Notice Spartaco Guisco René, dit Spartaco, dans le
- Auquel il exprime son indignation, en 1938, à la suite du procès et de l'exécution d'un membre français de sa brigade qui avait traité de "con" son lieutenant (Le Cabochard, p. 117)
- Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le Sang des communistes, Les Bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, Fayard, 2004, p. 379
- Site de Louis Oury
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