- Fecondation in vitro
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Fécondation in vitro
La fécondation in vitro (FIV) est une technique de procréation médicalement assistée et de transfert d'embryon (fivete). En 2007 alors que 15 % environ des couples ont des difficultés à faire des enfants, 2% environ des bébés des pays riches sont issus de la fécondation in vitro, imaginée et mise au point dans les années 70 et opérationnelle à partir des années 1980[1].
Sommaire
Historique
- La technique fut développée en Grande-Bretagne par les docteurs Patrick Steptoe et Robert Geoffrey Edwards (en). Le premier « bébé-éprouvette », Louise Brown, est né le 25 juillet 1978.
- La première FIV en Inde, la deuxième au monde, a donné naissance à Durga et a été effectuée à Calcutta par le docteur Subhash Mukhopadhyay (en) le 3 octobre 1978.
- La première FIV aux États-Unis a donné naissance à Elizabeth Carr a eu lieu en 1981. Depuis cette date, on estime à 1% des naissances le nombre de nouveau-nés conçus par cette technique.
- La première FIV en France donna naissance à Amandine le 24 février 1982 à l'hôpital Antoine Béclère de Clamart (Hauts-de-Seine). Elle a été réalisée grâce à la collaboration du biologiste Jacques Testart et du gynécologue René Frydman.
- La première FIV en Nouvelle-Calédonie donna naissance aux jumelles "Laurianne et Emmanuelle Mages" le 29 juin 1989 à Nouméa
Statistiques
Depuis Louise Brown (1er bébé-éprouvette) en 1978, le nombre de fécondations in vitro n'a cessé d'augmenter. Au début des années 2000, près de 300 000 tentatives étaient effectuées chaque année en Europe avec un taux de grossesses menées à terme d'environ un tiers[2].
Cette technique est efficace avec une conception dans 50 et 70 % des cas après 6 cycles, les chiffres décroissant rapidement avec l'âge de la femme[3].
En France, depuis Amandine (en 1982) à fin 2008, en 30 ans, environ 200.000 bébés (5 % des naissances) ont été issus d'une fécondation in vitro, avec un taux qui augmente d'année en année ; Il s'agissait de stimulations ovariennes le plus souvent mais pour 0,8 % d'insémination artificielle et pour 1,7 % des cas de fécondation in vitro (FIV, dont le taux de succès s'est beaucoup amélioré (20 à 25 % des tentatives donnent au moins un enfant vivant). C'est la FIV qui a le plus progressé de 1998 à 2008 (de 0,52% des naissances en 1988 à 1,74% en 2006). En 2005-2006 seul 3 % des enfants issus de FIV en France n'étaient pas issus des gamètes de leurs « parents génétiques » (304 enfants conçus par dons de sperme en 2006, 106 par don d'ovules et 10 par accueil d'embryons [4])
Principes opératoires
Fécondation
Le sperme de l'homme, préparé techniquement pour améliorer la qualité spermatique, est mis en contact avec les ovocytes de la femme, dans des boîtes stériles contenant des puits. S'il y a fécondation avec apparition de pronucléi, l'embryon se développe par division cellulaire. Deux ou trois jours après le jour de la fécondation, un ou plusieurs embryons sont réimplantés dans l'utérus de la femme.La culture peut être cependant poussée jusqu'à 5 à 6 jours,où on obtient des blastocystes.
Les ovaires de la femme sont stimulés afin de provoquer la ponte de plusieurs ovules. Généralement, des injections journalières sont nécessaires, surveillées avec de multiples prises de sang, et des échographies. Des injections d'hormone permettent aussi de contrôler le déroulement de la maturation des ovocytes. Une injection destinée à accélérer le mûrissement des ovules est réalisée 36 heures avant la ponction ovocytaire. La ponction des ovocytes s'effectue généralement sous anesthésie générale légère ou locale en milieu hospitalier pour une hospitalisation inférieure à 24 heures. Le sperme est recueilli le jour de la ponction des ovocytes (quelquefois avant s'il a été congelé), il est ensuite « nettoyé » de son plasma séminal et préparé afin de récupérer les spermatozoïdes les plus mobiles et les plus typiques (normaux). Environ 100 000 spermatozoïdes sont mis en contact avec chaque ovocyte recueilli. La fécondation a lieu en une douzaine d'heures. Il est courant d'obtenir de 5 à 6 embryons en moyenne, bien que ce nombre puisse aller jusqu'à une trentaine. Les embryons sont mis en culture de 48 heures à 6 jours.
Les embryons sont classés en fonction de leur qualité cellulaire, à savoir: leur nombre de cellules, leur régularité (tailles de cellules différentes ou non), et de leur fragmentation. Les embryons utilisés en priorité sont ceux dont la chronologie de la division cellulaire est respectée, avec des cellules bien régulières et sans fragmentation, car ils donnent les meilleures chances de grossesse. Les embryons sont très irréguliers.
Transfert
Immédiat
Les embryons sont habituellement transférés dès l'obtention des premières divisions. Au-delà, le milieu de culture utilisé pour la FIV n'est plus adéquat pour assurer leur croissance.
Retardé
Le transfert peut être plus tardif et la phase de culture est prolongée cinq à six jours après la fécondation. Les embryons sont maintenus en culture jusqu'au stade blastocyste. Ces cultures prolongées nécessitent le recours à des milieux spéciaux. L'avantage du transfert au stade blastocyste est de permettre un contrôle du début de la croissance embryonnaire, en dépassant le stade du troisième jour de développement embryonnaire, stade critique du développement où surviennent de nombreux arrêts de mitose de l'embryon (blocage de division). Les blastocystes ont également un meilleur taux d'implantation car physiologiquement l'implantation de l'embryon dans l'utérus se fait à ce stade.
Différé
Les embryons non transférés à l'état frais peuvent être conservés par congélation, en vue d'un replacement ultérieur, à la condition toutefois qu'ils soient d'une qualité suffisante. Les embryons qui ont été préalablement congelés lors du premier transfert, sont décongelés et sélectionnés la veille ou le jour du transfert, qui a lieu selon le même protocole. Le taux d'implantations réussies après transfert d’embryons congelés est légèrement inférieur. Cependant cette technique reste intéressante, car elle permet d’augmenter le nombre de transferts (et donc les chances de grossesse) à partir d’une seule ponction.
Généralement pas plus de deux embryons sont transférés dans l'utérus afin de limiter le risque de grossesses multiples. En fonction de la qualité des autres embryons obtenus, ceux-ci peuvent être congelés pour un transfert ultérieur. Ceux-ci pourront être réutilisés en cas d'échec ou si les parents souhaitent avoir un autre enfant. Cette technique est appelée transfert d'embryons congelés. Il est possible de congeler des zygotes (oeuf fécondé à 2 pronuclei), des embryons au stade de 4 à 8 cellules ou des blastocystes.
Implantation
Après ce transfert, environ 12 jours sont nécessaires pour avoir l’assurance qu’une grossesse se développe. C’est en effet le temps nécessaire pour qu’apparaisse dans le sang, à concentration détectable la β-HCG, l’hormone sécrétée par l’embryon qui sert de diagnostic à la grossesse.
• Si le taux de β-HCG est nettement supérieur à 50 mUI/ml après 10 jours, c’est le signe d’un début de grossesse.
• Si le taux de β-HCG est inférieur à 50 mUI/ml : il peut s’agir d’un taux résiduel d’hormones lié à la stimulation. Il convient de refaire un dosage de contrôle 48 heures plus tard afin de vérifier si le taux augmente ou au contraire diminue.
L'implantation reste l'étape limitante pour la réussite de la fécondation in vitro. Plusieurs techniques ont été testées pour essayer d'augmenter les chances de succès et ont une efficacité modérée : utilisation de gonadotrophines[5], modification mécanique de la zone pellucide entourant l'embryon[6] ou implantation multiple. L 'acupuncture pourrait être également une technique douée d'une certaine efficacité[7].
Injection intracytoplasmique de spermatozoïdes
L'injection intracytoplasmique de spermatozoïdes ICSI est une technique qui tente de remédier aux cas où les spermatozoïdes ne peuvent pas féconder spontanément l'ovule. Elle se passe in vitro et consiste à injecter directement un spermatozoïde dans l'ovule. Le transfert des embryons obtenus est ensuite identique à celui d'une FIV.
Techniques connexes
Il arrive que l'implantation de l'embryon échoue. Pour augmenter les chances de grossesse, l'équipe médicale peut proposer de replacer entre 1 à 3 embryons , ceci en fonction des paramètres cliniques et biologiques en leur possession et après discussion avec le couple.
Aspects éthiques
Les techniques de la procréation médicalement assistée peuvent être mises en pratique selon deux formules :
- avec un don de cellules (c'est ce que désigne la lettre « D » après « IA » dans « IAD » : « insémination artificielle avec sperme d'un donneur ») ;
- avec les cellules des deux conjoints exclusivement (c'est ce que désigne la lettre « C » après « IA » dans « IAC » : « insémination artificielle avec sperme du conjoint »).
Les problèmes éthiques liés à la FIV sont nombreux :
- Manipulation de la vie dès son commencement : tentation d'eugénisme
- Congélation des embryons : statut juridique et moral de l'embryon. Devenir de l'embryon congelé. Jumeaux nés à plusieurs années de distance ...
- Risque de naissances multiples, donc de prématurité.
- Risque d'anomalies génétiques (Rem : des chercheurs japonais ont constaté dans une étude pilote préalable à la reproduction de ouistitis génétiquement modifiés que les embryons de singes issus d'une fécondation naturelle étaient plus susceptibles d'exprimer un transgène que les embryons obtenus par fécondation in vitro[8]).
- Réduction embryonnaire, posant les mêmes problèmes éthiques que l'avortement.
- Possibilité pour une femme très âgée de mettre au monde : responsabilité de la vie.
- Confusion de la notion de paternité/maternité : femme portant l'enfant de sa fille, donneur de sperme, donneuse d'ovule : Qui est le père ? Qui est la mère ?
- Possibilité de trafic d'embryons.
- Que faire des embryons non réimplantés ?
- Faut-il tester les embryons à réimplanter dans certains cas? (famille avec maladie héréditaire, embryon thérapeutique)
Objections religieuses
L'Église Catholique est opposée à la plupart des méthodes de procréation médicalement assistée (bien que le Transfert Intratubaire de Gamètes soit toléré, par certains théologiens, à certaines conditions, (parce que la fécondation a lieu à l'intérieur du corps de la femme et pas dans une boîte de Petri [1])). Elle appelle les couples sans enfants à « rendre d'autres services importants à la vie des personnes humaines, tels par exemple que l'adoption, les formes diverses d'oeuvres éducatives, l'aide à d'autres familles, aux enfants pauvres ou handicapés [9] ». Selon l'Église Catholique, ces techniques "lèsent le droit de l'enfant à naître d'un père et d'une mère connus de lui et liés entre eux par le mariage" [10]. En outre, des embryons sont supprimés par ces méthodes, ce qui cause leurs décès. Des Catholiques et beaucoup de personnes d'autres religions ou d'aucune voient les embryons comme des vies humaines avec autant de droits que les autres et, pour cette raison, considèrent que la destruction d'embryons est inacceptable.
Cadre juridique (Suisse)
Afin de bénéficier d’une FIV ou d’un ICSI (Intra Cytoplasmic Sperm Injection), les conditions suivantes doivent être remplies :
- Il n’existe pas / plus d’autre moyen de traitement.
- Le couple a pu avoir un entretien complet sur les chances et les risques d’une FIV ou d’un ICSI et avoir eu la possibilité de demander un soutien psychologique.
- Le couple a signé un consentement au traitement et à la congélation des zygotes.
- Un mois de réflexion s’est écoulé entre la signature du consentement et le début du traitement.
- En Suisse, la FIV et l’ICSI ne peuvent être proposés qu’à des couples hétérosexuels à même de pouvoir assumer un enfant.
Précisions sur l'insémination artificielle
Attention : l'insémination artificielle (IA) n'est pas une technique de fécondation in vitro. En effet, la fécondation a lieu normalement, à l'intérieur du corps de la mère et se passe donc in vivo. Cette technique consiste à introduire, à l'aide d'un cathéter, des spermatozoïdes dans la cavité utérine peu après le déclenchement de l'ovulation (12 heures environ). On procède, auparavant, à une préparation des spermatozoïdes et à une stimulation des ovaires afin de maîtriser et améliorer l'ovulation. Elle peut être réalisée avec le sperme du conjoint (IAC) ou avec du sperme de donneur (IAD).
Par rapport aux autres techniques (FIV et ISCI), celle-ci est considérée comme une technique moins invasive car une intervention chirurgicale dans l’appareil génital de la mère n'est pas pratiquée pour prélever les ovules. Cette technique est surtout utilisée dans les cas de stérilité féminine, où l’ovule n’arrive pas à s’implanter dans l’utérus ou en cas de problèmes avec une ou plusieurs trompes de la mère. On parle alors de stérilité tubaire.
Cette technique est aussi utilisée dans le cas de stérilité inexpliquée ("idiopathique"), quand les deux partenaires ne semblent avoir aucun problèmes physiques après examens. L'IA est dans ce cas surtout utilisée pour combler l'attente du couple, mais n'est pas plus efficace que l'attente sans rien faire[11].
Note
- ↑ Source Jacques Testart, « père scientifique » du premier bébé-éprouvette français
- ↑ Nyboe Andersen A, Gossens V, Gianaroli L, Felberbaum R, de Mouzon J, Nygren KG, Assisted reproductive technology in Europe, 2003. Results generated from European registers by ESHRE, Hum Reprod, 2007;22:1513-25
- ↑ Malizia BA, Hacker MR, Penzias AS, Cumulative live-birth rates after In Vitro fertilization, N Eng J Med, 2009;360:236-243
- ↑ Article d'Élise de La Rochebrochard (Ined-Inserm), Revue Population et Sociétés, Janvier 2009, 4 p.
- ↑ Coomarasamy A, Afnan M, Cheema D, van der Veen F, Bossuyt PM, van Wely M, Urinary hMG versus recombinant FSH for controlled ovarian hyperstimulation following an agonist long down-regulation protocol in IVF or ICSI treatment: a systematic review and meta-analysis, Hum Reprod, 2008;23:310-5
- ↑ Edi-Osagie E, Hooper L, Seif MW, The impact of assisted hatching on live birth rates and outcomes of assisted conception: a systematic review, Hum Reprod 2003;18:1828-35
- ↑ Manheimer E, Zhang G, Udoff L et als. Effects of acupuncture on rates of pregnancy and live birth among women undergoing in vitro fertilisation: systematic review and meta-analysis, BMJ, 2008;336:545-549
- ↑ SASAKI Erika et al. ; Generation of transgenic non-human primates with germline transmission ; Nature vol 458 pp 523-527 ; 28/05/2009
- ↑ Donum Vitae 8
- ↑ Catéchisme de l'Eglise Catholique paragraphe 2376
- ↑ Docteur Anne Cabau Pour que l'enfant paraisse, Comprendre et combattre la stérilité Flammarion, 1990
Voir aussi
Articles connexes
- Médecine, Recherche, éthique
- Éthique, bioéthique
- santé reproductive, santé-environnement,
- Fertilité,
- Reproduction (biologie), Procréation,
- clonage,
- CECOS, Donneur de sperme, Banque du sperme.
- Gonades
- Gamète, Gamétogénèse,
- Ovaire, ovules,
- Ovogenèse
- spermatogonies,
- Cellules de Leydig,
- Cellules de Sertoli,
- spermatogenèse, Spermiogenèse
- Spermatozoïde
- Sperme,
- spermogramme, Spermocytogramme,
- Compétition spermatique
- Système hormonal
- Système endocrinien,
- Hormone,
- Testostérone,
- Gonadostimulines,
- Hypophyse,
- Glande surrénale
- Hormone Lutéinisante ou LH (contrôle la sécrétion pulsatile de testostérone),
- Hormone folliculo-stimulante ou FSH,
- Perturbateur endocrinien,
- Fécondation assistée.
- Malformations, anomalies
- Diphallia,
- hypospadias,
- micropénis
- distance ano-génitale (indice chez le garçon d'exposition prénatale à des hormones féminisantes),
- Délétion de la spermatogenèse ;
- tératospermie,
- azoospermie,
- asthénospermie
- oligoasthénotératospermie ou oligospermie,
- Nécrospermie,
- Cryptozoospermie,
- Cancers ;
- Divers ;
Systèmes et organes du corps humain
Liens externes
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