- Enver Pacha
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Ismail Enver
Ismail Enver né à Constantinople le 22 novembre 1881, mort le 4 août 1922) connu par les européens pendant sa carrière politique comme Enver Pacha (turc : Enver Paşa ) ou Enver Bey, était un officier militaire et l'un des chefs de la révolution Jeunes-Turcs.
Sommaire
Biographie
Ses origines et sa famille
Il est né à Istanbul d'une famille d'origine gagaouze[1] convertie à l'Islam au XVIIIe siècle en Crimée. Son père, un employé ferroviaire turc, voulait qu'Enver ait la meilleure éducation possible, c'est ainsi que ce dernier entama une partie de ses études en Allemagne. Il entra dans l'armée ottomane quelques années plus tard et reçut une formation militaire moderne dans la garde prussienne où il sera énormément influencé par les idées occidentales.
La carrière militaire et la révolution des Jeunes-Turcs
En 1902 il est affecté en Macédoine pour lutter contre les maquisards nationalistes grecs et bulgares.
Il rejoint les Jeunes-Turcs en 1906, un groupe politique libéral et réformiste. Il est l'un des principaux organisateurs de la révolution militaire qui obligea le sultan Abdülhamid II à rétablir la constitution ottomane de 1876, et il est également responsable du coup d'État qui obligea le sultan à abdiquer.
Il passe par la suite quelque temps à Berlin, puis on lui demande de revenir à Istanbul pour écraser la contre-révolution islamiste mise au point par le sultan.
En 1911, il épouse Nadjié (né en 1899), la petite fille du Sultan Abdulmedjid, donc la nièce du Sultan Mehmed V. Il devint ainsi membre de la famille impériale. Il s'agissait d'un mariage arrangé pour des raisons politiques, les mariés se sont rencontrés pour la première fois qu'après le mariage.
En 1911 et en 1912 il dirige les guérillas en Tripolitaine, durant le conflit contre l'Italie. Il revient à Istanbul pour la guerre des Balkans qui marque la fin de la souveraineté ottomane dans les Balkans, après la révolte des Jeunes-Turcs en janvier 1913.
Les années de pouvoir
Il convoque le comité directeur d'« Union et Progrès » et avec des officiers radicaux. Il décide de prendre le pouvoir, il envahit le siège du gouvernement (la Sublime Porte) et tue à bout portant le ministre de la guerre Nazim, et chasse Kamil Pacha et les membres du cabinet. Après avoir renversé le gouvernement, il constitue un triumvirat composé de lui même, de Talat Pacha et de Cemal Pacha. Le triumvirat se fait alors octroyer les pleins pouvoirs par une chambre terrorisée et met le parlement en vacances. Un groupe de politicien proteste contre les agissements autoritaire d'Enver, ils se font arrêter et pendre.
En juillet 1913, il s'engage en Bulgarie où il reprend Edirne. On le nomme dès lors, le conquérant d'Edirné.
Après l'assassinat du grand vizir Mahmoud Chevket le 21 juin 1913, les fédéralistes libéraux sont énormément affaiblis et les unionistes reprennent le pouvoir. Épousant Naciye, la nièce du sultan, il renforce sa position et obtient une certaine immunité face à ses adversaires politiques.
La Première Guerre mondiale
Article connexe : Génocide arménien.Persuadé qu'il aurait un grand avenir, il engage l'Empire ottoman dans le camp des puissances centrales durant la Première Guerre mondiale. L'Allemagne avait tellement confiance en lui que les autorités allemandes parlent d'Enverland pour désigner la Turquie. C'était sa guerre, une guerre qui lui permettrait de devenir le leader incontestable et incontesté de l'Empire ottoman, et de pouvoir mettre en œuvre ses idées panturquistes. Il transforme le Sultan Mehmed V, vieux et craintif de subir le sort de ses deux frères préalablement détrônés et emprisonnés, en un chef d'État qui n'a aucun pouvoir réel et qui signe tout ce qu'on lui envoie sans poser la moindre question. À ce point que Mehmed V n'était même pas au courant que son État allait entrer en guerre aux côtés de l'Allemagne.
Il dirige personnellement l'expédition de Sarikamis en 1914 contre les Russes. Cette opération est une désastre stratégique et la plupart de ses 90 000 hommes sont tués, non pas en raison des affrontements mais du froid. Il sauve sa propre vie de justesse et ne participe plus à aucune opération militaire. De peur de briser le moral national, une censure sévère est appliquée sur cette page sombre de l'Histoire dont les détails ont été divulgués que des années plus tard.
En avril 1915, en pleine guerre, il donna l'autorisation à Talaat Pacha, le ministre de l'intérieur, d'organiser la déportation des Arméniens ottomans, qui se solda par le premier génocide du XXe siècle.
Il démissionne et s'enfuit le 2 novembre 1918 pour l'Allemagne puis en Asie centrale quelques jours après la victoire des Alliés en 1918 et avant la signature de l'armistice de Moudros le 30 octobre 1918, à bord d'un sous-marin allemand. Les trois pachas s'enfuient et un tribunal d'Istanbul les condamne à mort pour leur participation au génocide arménien, mais les autorités ne feront rien pour les retrouver.
Après la guerre : panturquisme
Il se réfugie en Allemagne à Neubabelsberg. Il tente de rentrer en Turquie en 1920 pour reprendre la tête du mouvement nationaliste mais l'influence de Mustafa Kemal l'en empêche. Il participe au congrès de Bakou organisé par l'Internationale communiste, et qui réunit les peuples turcophones de la Russie soviétique et de l'étranger.
Il prend alors contact avec des officiers allemands pour continuer la guerre en Asie centrale contre le Royaume-Uni. Son objectif était de réunifier les forces armées turcophones de l'Asie centrale avec les unités de l'armée rouge pour créer un Turkestan indépendant.
Il se rapproche donc par la suite des bolcheviks et il part pour le Turkestan (actuel Tadjikistan) pour réprimer une révolte panislamique, mais il trahit l'URSS pour organiser une résistance musulmane face aux communistes en s'appuyant sur les peuples turcophones de l'Asie centrale dans une optique panturquiste.
Après avoir bataillé pendant plus d'un an et remporté quelques succès éclatants (comme la prise de Douchanbe), il voit ses ressources s'épuiser et ses derniers compagnons de lutte le quitter. Sa petite armée comptait 7 000 hommes au départ. Trotsky envoie contre lui la première armée de cavalerie de Semion Boudienny.
Les circonstances de sa mort ne sont pas très claires. Selon certains, désespéré, abandonné de tous, il monta sur son cheval Derviche, en grande tenue, et décida de charger seul un bataillon de l'armée rouge, suite à l'assaut donné contre le village de Chagan, son dernier repaire. Près de Baldzhuan au Tadjikistan, il s'élança à travers la plaine vers les fantassins russes et le commandant du bataillon, l'Arménien Hagop Melkounian, donne l'ordre de tirer sur lui. Il est tué le 4 août 1922, après sa mort, le bataillon soviétique poursuit sa route comme si rien ne s'était passé.
Au printemps suivant les Russes découvrent son corps couché dans la steppe. Son uniforme de général et ses décorations ont permis de l'identifier, sa poitrine était percé de sept balles[2].
L'héritage
Le 4 août 1996, le corps d'Enver est rapatrié en Turquie depuis le Tadjikistan. Il a été enterré comme un héros national sur la Colline de la Liberté (Abide-i Hürriyet Tepesi), à Şişli, sur la rive européenne d'Istanbul.
Références
- ↑ Şevket Süreyya Aydemir: Enver Paşa, Bilgi, İstanbul, 1970.
- ↑ Revue Terre et Peuple, no 17, automne 2003, p. 33, Enver Pacha sous le signe du croissant et du cimeterre, le rêve d'un empire turc des peuples touraniens, par Jean Mabire.
À voir aussi
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