- La Zone (Paris)
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La Zone s'est constituée tout autour de Paris près de l'emplacement des anciennes « fortifs' », c'est-à-dire de la « zone militaire fortifiée » selon la terminologie officielle de l'époque.
Sommaire
Emplacement
La « zone » n'était pas située exactement sur l'emplacement anciennement occupé par le mur d'enceinte (qui, construit par Thiers en 1844, fut démoli à partir de 1919) ; c'était, en fait, une bande de terre en avant du mur d'enceinte, de son fossé et de la contrescarpe, qui mesurait 250 mètres et sur laquelle il était interdit de construire quoi que ce soit. Même les arbres y ont été coupés afin de dégager la vue aux défenseurs. Elle était désignée sous l'appellation « zone non-aedificandi » (non constructible). Dès l'abandon du rôle militaire de l'enceinte de Thiers (et donc avant même sa démolition), une population pauvre va commencer à s'installer sur ces terrains, on les appellera les gens de la zone : les « zonards ». Construisant des bidonvilles, ceux-ci provenaient essentiellement du petit peuple parisien chassé par la spéculation immobilière qui accompagna les transformations de Paris sous le Second Empire, l'ampleur des travaux, l'afflux d'ouvriers, ainsi que par les paysans chassés par l'exode rural et transformés en prolétariat urbain.
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À Saint-Ouen, un concert dans la Zone, au début du XXe siècle
Après la Première Guerre mondiale, la Zone a fait place à une ceinture de HBM (Habitations bon marché). Il existait encore des traces de ces quartiers dans les années 1950.
L'espace correspondant à la Zone s'étend entre les boulevards des Maréchaux et la limite des communes de la petite couronne. Le boulevard périphérique de Paris est construit en partie sur l'emplacement de la Zone.
En littérature
Georges Duhamel dans Vue de la terre promise décrit la Zone de 1900 :
- « Et quand on approchait des portes, quand on commençait d'entendre parler, rire et chanter Paris, alors éclatait la Zone, le grand camp de la misère qui, de partout, investit la ville illustre et magnifique. »[1]
Louis-Ferdinand Céline dans Voyage au bout de la nuit dit de la Zone des années 1920 :
« ... cette espèce de village qui n'arrive jamais à se dégager tout à fait de la boue, coincé dans les ordures et bordé de sentiers où les petites filles trop éveillées et morveuses, le long des palissades, fuient l'école pour attraper d'un satyre à l'autre vingt sous, des frites et la blennorragie[2]. »
Sources
- Guy Le Hallé, Les fortifications de Paris, éditions Horvath.
Références
- Vue de la terre promise, Georges Duhamel, au Mercure de France, 1934, p. 44-45.
- Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Romans, tome I, Éditions Gallimard, coll. « La Pléiade », 1981 (ISBN 2-07-011000-1), p. 333
Voir aussi
- Règlements d'urbanisme de Paris
- Transformations de Paris sous le Second Empire
- Enceintes de Paris (« fortifs' » etc.)
- Boulevard de la Zone
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Catégories :- Urbanisme parisien
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