- Dialecte aurillacois
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Dialecte carladézien
L'expression dialecte carladézien (ou carladézois) sert à à désigner la forme particulière de l'auvergnat du Cantal, parlé plus particulièrement dans le Carladès auvergnat (dans la vallée de la Cère depuis Le Lioran jusqu'à Laroquebrou) et dans le bassin d'Aurillac (c'est-à-dire les vallées de l'Authre et de la Jordanne).
Appelé aussi dialecte aurillacois, il se distingue du dialecte sanfloran (région de Saint-Flour) qui se rapproche du dialecte brivadois (région de Brioude), du dialecte mauriacois (région de Mauriac) qui est une variation du dialecte limousin et du dialecte barrezois (région de la Chataigneraie et de Mur-de-Barrez) qui est plus proche du languedocien. Il se rattache plus généralement à l'occitan.
Sommaire
Origine
La région, accidentée, enclavée par des obstacles naturels, fut fermée, jusque dans les années 1960, à l’échange de personnes entre les grandes villes. La plaine d’Aurillac est en plein pays pastoral, munie de riches fermes avec des étables peuplées de vaches salers. Après avoir passé l’été à la montagne, le lait de ces vaches permettait la fabrication du Cantal, fromage du département. C’est surtout la ville d’Aurillac qui, par sa position géographique, servait de liaison entre ces régions économiquement différentes, mais complémentaires ; c’est Aurillac qui, carrefour des grandes routes, est le centre commercial de la région : Clermont-Ferrand, Limoges, Toulouse sont trop éloignés. Aurillac n’avait d’activité que les jours de foire et de marché, lorsque les paysans venaient vendre leurs produits de leur ferme et faire leurs achats. Ces jours-là, dans les auberges, dans les cafés, sur le foirail, on pouvait se rendre compte que le patois restait encore bien vivace et que la région formait une unité linguistique. Cette unité linguistique a été protégée, très longtemps, par l'invasion étrangère, assurée par des facteurs économiques, et s'est trouvée favorisée par le caractère essentiellement traditionaliste du paysan aurillacois. À l’époque, cette race d’hommes, remarquable par sa ténacité et son ardeur au travail, par son goût pour l’agriculture et l’élevage, par son aptitude au négoce, par son âpreté au grain, a voué un amour indéfectible à sa terre et à sa langue. Après la seconde guerre mondiale, il était fréquent et quasi général, de voir les enfants des campagnes entrer à l’école sans savoir parler couramment le français. Leur langue maternelle était le patois.
Si bien qu’au milieu du XIXe siècle, dans le voisinage même d’Aurillac, les prêtres étaient obligés de faire leur prône en patois [1]. Malgré l’école, malgré la caserne, malgré le chemin de fer, c’était toujours le patois qui servait à désigner les particularités de la vie rustique et commerciale ; mais aussi, à exprimer, en les maintenant vivaces, les usages, les coutumes, les croyances, les superstitions, les proverbes.
Particularités
Il est à noter quelques divergences entre villages, cantons, vallées. Par exemple, le mot "manger", à Mandailles, cela se dit "mantça", à Saint-Julien-de-Jordanne, on prononce "mantcha" et à Saint-Cirgues-de-Jordanne, on écoute "manjia".
Exemples
Faire « coubit del doù » - inviter au deuil ; quand le téléphone et le journal quotidien étaient rares et chers, afin d’annoncer le décès d’une personne et le jour des obsèques, une personne allaient de villages en villages pour informer les habitants.
La « fugique », nomme une chose inexplicable, mystérieuse, insensée.
"traùca tèrme", désigne un "troueur de haie", plus précisément un fou qui court à travers une haie. En général quand quelqu'un est appelé "traùca tèrme", ce n'est pas très valorisant.
Aujourd’hui
La langue régionale est en voie de disparition totale. Avec la télévision, l'accent lui-même est en forte régression.
Elle est pratiquée par les plus anciens et il est encore fréquent d’entendre au croisement de deux rues d’Aurillac, un duo de petits vieux parler patois. La génération du baby boom qui est encore issue des campagnes comprend et parle le dialecte, leurs enfants le comprennent un peu sans le parler. Les moins de trente ans qui parviennent à le traduire peu nombreux, et presque inexistants ceux qui le parlent.
- Depuis quelques années a été créée une école bilingue, français/occitan, située boulevard de Canteloube à Aurillac.
- A également vu le jour, le Festival du Conte dans le Cantal : les Rapatonadas.
Études de philologie
- Francès-H. Titchener, Étude sur la renaissance méridionale dans le Cantal., préface de Jean Anglade, 1928, Paris Champion, in-8°, 109 p. Thèse de linguistique, présentée à l'Université de Harvard, après un séjour en Auvergne. Traite de quelques troubadours cantaliens (Brayat, Jean-Baptiste Veyre); De l'orthographe des félibriges; Arsène Vermenouze; Du Dialecte d'Aurillac.
- Duc de La Salle de Rochemaure :
- La Langue cantalienne et son dialecte carladézien, préface d'Arsène Vermenouze, 1906,
- Récits carladéziens, préface d'Arsène Vermenouze, (anecdotes et historiettes)
- Jean Lhermet, Contribution à la lexicologie du Dialecte aurillacois, thèse complémentaire, Paris, Société de publications romanes et françaises, 1931, et Laffitte reprint 1978.
- Maurice Dage (1903-1994), Noël Lafon, Dictionnaire carladézizn occitan-français, Mots et expressions en usage dans la haute vallée de la Cère cantalienne au XXe siècle, édition par Michelle Baudry, 2006, Éditions du Convise, Aurillac. (ancien instituteur, fils d'un hôtelier de Vic-sur-Cère).
Recueils de littérature
- Sentence de Guillaume d'Achillosas, bailli des montagnes d'Auvergne, entre Monseigneur l'Abbé et les Consuls d'Aurillac, dite deuxième paix, du 9e jour avant la fin d'août 1298 (version de la charte imprimée en dialecte par les soins du Conseil municipal), Aurillac, Imprimerie Picut, 1841. Publiée par le baron Jean-François-Amédée Delzons
- J S Mathieu, Causotos (petites choses), Dialecte auvergnat cantalès-carladezien, avec traduction française en regard, 1935,
- Eugène Pagès, Théâtre auvergnat - Teatre oubernhat, patois carladézien, 1932
- Joan Ladoux, Canson carladeza, (chansons du Carladès), 1934, Béziers, in-8°, 203 pp.
- Joan de Cabanas
- Trobas en Carlades, Fé frança familha, 1976, Aurillac
- Mestierals d'Auvernha [Métiers d'Auvergne],. Poèmes de dialecte occitan caraldézien. Avant-propos de Maurice Delort de Vic-en-Carladez, 1974, Aurillac, éditions Gerbert
- Écrits occitans cantaliens,
- Noël Lafon, tome 1, 2006
- Roger Teulat, tome 2, Anthologie des troubadours du Cantal,
- Jean Vezole, Le moyen occitan cantalien, 2005, (recueil de 68 actes notariés dont 66 des XIVe, XVe et XVIe siècles, en langue occitane d'époque et en orthographe originale.)
- Jules Prax (1864-1940), Récits occitans, réunis par Noël Lafon, 1994, aurillac, Éditions du Convise.
Auteurs
- Jean Ajalbert (1863 - 1947), félibre.
- Auguste Bancharel (1832-1889), félibre, de Reilhac (Cantal)
- Jean-Baptiste Brayat (Boisset (Cantal) °1779), médecin, poète et conteur en langue auvergnate. Conseils à son fils.
- Jean Labouderie (1776 - 1849), traduit en dialecte une partie des Saintes Écritures.
- Fernand Prax (Paris 1890 - 1970), d'une famille de Marmanhac.
- François Raynal (Paris 1902 - 1964), d'une famille originaire de Salsignac, dans le Cantal, félibre.
- Jean-Baptiste Veyre (1798 - 1876), instituteur de Saint-Simon, félibre.
Notes et références
- ↑ Dictionnaire statistique, ou Histoire, description et statistique du département du Cantal, Tome II, p. 142 et sq. Article sur le patois par Pierre de Chazelles.
Voir aussi
Articles connexes
Liens internes
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