- Diabète
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Le diabète est un dysfonctionnement du système de régulation de la glycémie, qui peut avoir des causes diverses (sécrétion d'insuline, réponse à l'insuline, etc.) et présente plusieurs formes, qui ont toutes en commun des urines abondantes (polyurie). Le mot « diabète » vient du grec ancien dia-baïno, qui signifie « passer au travers » (traverser).
Dans le langage commun, le terme diabète se rapporte au diabète sucré. Le diabète sucré est une maladie fréquente (qui, par exemple, affecte près de 20% de la population adulte aux États-Unis d'Amérique). L'anomalie principale en cause dans le diabète sucré est une maladie de la sécrétion de l'insuline, qui reconnaît de multiples causes.
Les diabètes insipides sont des maladies rares, dont la cause est une anomalie de la sécrétion ou de la reconnaissance de l'hormone antidiurétique (ADH) ou arginine vasopressine (AVP).
Sommaire
Histoire
Les médecins égyptiens avaient déjà découvert cette maladie à l'époque d'Amenhotep III entre le XVe siècle et le XVIe siècle avant notre ère (date variable selon les égyptologues)[1],[2]. La maladie est décrite à la section vases d'eau du corps, dans le Papyrus Ebers conservé à Leipzig, rédigé sous le règne d'Amenhotep III ou (Aménophis III en grec), où se trouvent toutes les sources de la médecine égyptienne[3]. Les médecins grecs de l'école d'Hippocrate de Cos, qui ont donné son nom à la maladie (dia baïno, en grec ancien : δια μπαïvo, ou διαβαïυω), ont ensuite observé vers le IIIe siècle av. J.‑C. ou le IIe siècle av. J.‑C. (selon les sources) « que les malades étaient frappés d'une soif continuelle, et qu'ils semblaient uriner aussitôt ce qu'ils venaient de boire, comme s'ils étaient « traversés par l'eau » sans pouvoir la retenir[4]. » C'est Praxagoras de Cos 384-322 av.J.C. disciple d'Hippocrate, qui évoqua pour la première fois la nocivité des humeurs sucrées[5]. Dans certains cas les urines n'avaient pas de goût (diabète insipide) dans d'autres les urines étaient sucrées (diabète sucré ou hyperglycémie)[6],[7]. Au VIIe siècle ap. J-C, les Chinois faisaient part de leurs observations et de leurs interprétations concernant les urines sucrées et proposaient un traitement proche des méthodes modernes qui recommandent aux diabétiques de s'abstenir de consommer de l'alcool et de l'amidon[8].
Classification
Différentes formes de diabète sont répertoriées, en fonction de leur étiologie :
Les diabètes primaires : type 1, type 2, gestationnel
- le diabète de type 1 : un diabète de type sucré, dont la forme la plus fréquente est la conséquence d'une maladie auto-immune, c'est-à-dire la destruction de Cellule bêta des îlots de Langerhans du pancréas (qui synthétisent l'insuline) par le système immunitaire, ce dont témoigne la présence d'anticorps dans le sang. Le diabète de type 1 est le plus souvent un diabète insulinodépendant. C'est la cause la plus fréquente de diabète chez l'enfant, mais il peut survenir à tous les âges.
Il se diagnostique selon certains critères:- des infections récidivantes
- une acido-cétose diabétique avec dyspnée de Kussmaul, odeur acétonique de l'haleine...
- un syndrome polyurie-polydypsie
- une déshydratatique
- une hyperglycémie asymptomatique
- un bilan associé
- une installation progressive
- le diabète de type 2 : le diabète de la maturité, observé le plus souvent chez des individus en surpoids ou obèses, qui ont des antécédents familiaux de diabète de type 2. Chez la femme, cela a parfois été précédé de diabète gestationnel (diabète transitoire pendant les grossesses), ou plus souvent de gros bébés. Le diabète de type 2 est le plus souvent non-insulino dépendant, mais un traitement par insuline peut être nécessaire pour la maîtrise de l'équilibre glycémique. Le diabète de type 2 s'associe souvent à d'autres facteurs de risque cardiovasculaire, comme l'hypertension artérielle, la répartition androïde des graisses, l'hypertriglycéridémie et la baisse du taux du cholestérol-HDL, le syndrome métabolique aussi appelé syndrome dysmétabolique. Cette forme de diabète représente près de 80% des cas de diabète. Son incidence augmente, en conséquence des modifications du mode de vie (sédentarité, alimentation hypercalorique, hyperlipidique). On dit plus souvent que ce diabète est un diabète âgé.
- Le diabète gestationnel est un diabète qui apparaît pour la première fois chez certaines femmes au cours de la grossesse. Il est caractérisé par une intolérance au glucose due à la production d'hormones placentaires, provoquant une insulinorésistance qui entraîne une hyperglycémie. Le diabète gestationnel peut être isolé (il ne survient que pendant les grossesses) ; plus fréquemment, il annonce la possibilité d'un diabète de type 2 ou peut être la première manifestation d'un diabète de type 1.
Les diabètes secondaires
Les autres formes de diabète sont beaucoup plus rares, représentant chacune quelques pourcent des cas.
- les diabètes de types MODY (Maturity Onset Diabetes in the Young), ont la particularité d'être génétiquement déterminés, selon un mode de transmission autosomique dominant: dans les familles porteuses, atteinte d'un individu sur 2, à toutes les générations. Le début en est habituellement précoce (néonatal parfois, avant 25 ans en général), et le plus souvent ils réalisent des diabètes non insulinodépendants.
- Les diabètes secondaires à des maladies du pancréas (pancréatite chronique, cancer du pancréas, mucoviscidose, hémochromatose, chirurgie du pancréas).
- Les diabètes secondaires à des maladies endocrines, dont le syndrome de Cushing, l'acromégalie, le phéochromocytome, l'hyperthyroïdie, l'adénome de Conn, etc.
- Les diabètes secondaires à des maladies du foie, cirrhose, quelle qu'en soit la cause, mais plus particulièrement dans le contexte de l'infection par le virus C de l'hépatite (hépatite virale C), ou l'hémochromatose.
- les diabètes secondaires à des mutations de l'ADN mitochondrial (associé à une surdité de perception et caractérisé par une hérédité maternelle) : syndrome de Ballinger-Wallace.
- le diabète lipoatrophique : Lipodystrophie congénitale de Berardinelli-Seip, caractérisé par la disparition du tissu adipeux, avec insulino-résistance majeure, hyperlipidémie et stéatose hépatique ;
- Les diabètes associés à des médicaments, en particulier les corticoïdes, les diurétiques, les antipsychotiques (comme risperdal, zyprexa), les immunosuppresseurs de la famille des inhibiteurs de la calcineurine, etc.
Complications du diabète
Les conséquences du diabète peuvent être lourdes pour la santé. Le diabète est un facteur de risque important de maladies cardiovasculaires, infarctus, insuffisance cardiaque, artérite, accident vasculaire cérébral, de neuropathie, ou encore de troubles micro-angiopathiques pouvant conduire à la cécité (rétinopathie), à une insuffisance rénale chronique (néphropathie). Il a été aussi clairement défini comme un facteur de risque majeur prédisposant à la maladie parodontale[9]’[10].
Le diabète est une maladie aggravant l’invalidité, provoquant la diminution de l’espérance de vie, et engendrant de forts coûts médicaux.
Prévalence (mesure de l'état de santé d'une population à un moment donné)
Le diabète, sans être véritablement classé dans les maladies émergentes, est une maladie chronique et invalidante qui se développe de manière épidémique depuis quelques décennies, et dont la prévalence augmente fortement et rapidement dans tous les pays, surtout avec le mode de vie, l'urbanisation et ses conséquences[11], laissant supposer qu'outre une composante génétique, cette maladie ait un ou plusieurs facteurs environnementaux.
La maladie s'est d'abord développée dans les pays riches ou dits « développés en rapport avec la sédentarité et l'alimentation », mais de nombreux indices indiquent qu'elle se développe rapidement dans les pays pauvres (la malnutrition, l'ignorance, les infections).
La prévalence était en 2003 la plus élevée en Amérique du Nord (7,9 % de la population nord-américaine) et en Europe (7,8 % de la région Europe), au Maroc environ 5%. La prévalence est croissante en Asie du Sud-Est, elle pourrait d'ici 20 ans devenir la zone où le risque de diabète serait le plus élevé (13,2 % de la population y est déjà victime d'intolérance au glucose (IGT)).
L'Organisation mondiale de la santé évoque une véritable épidémie avec un nombre de cas estimé passé de 30 millions en 1985 à 135 millions en 1995, 10 ans plus tard et 177 millions en 2000, puis 194 millions en 2003[12]. L'OMS s'attend à un nombre de diabétiques d'environ 300 millions d'ici à 2025 (330 selon la fédération mondiale du diabète qui estime qu'en 2003, il y a 194 millions de diabétiques dans le monde, c'est-à-dire 5,1 % des adultes en moyenne, et qu'ils seront 6,3 %, d’ici 2025).
En France, la prévalence du diabète est mieux suivie depuis 1998 grâce à des enquêtes spécifiques : 2,5 millions de personnes en 2008 y seraient atteintes de diabète de type 2 (prévalence de 3,5 %). La prévalence est passée de 2,7 à 3,6 % de 2000 à 2005 (augmentation moyenne annuelle de 5,7 %). 500 000 à 800 000 Français vivraient sans savoir encore qu'ils sont diabétiques. Les disparités d'âge et géographique sont fortes : la maladie est diagnostiquée à l'âge moyen de 64,8 ans. Les "75 ans et plus" sont les plus touchés (13,4 %) juste devant les 65-74 ans (13,3 %). Un cinquième de la population âgée de plus de 75 ans est diabétique. Les régions d'outre-mer sont les plus touchées avec 7,8 % des Réunionnais, 7,3 % des Guadeloupéens 6,8% des Martiniquais. En métropole, les diabétiques sont plus nombreux dans le quart Nord-Est du pays et notamment en Seine-Saint-Denis (5,1 % de la population), l'Ouest étant moins touché [14]. C'est en Alsace, peut-être à cause de l'alimentation, que le nombre de diabétiques est le plus élevé (avec une prévalence de 6,5 %[13]).
Incidence
Le diabète est devenu la quatrième ou cinquième cause de mortalité dans la plupart des pays développés. Il a d'abord touché essentiellement des pays riches ou développés, mais s'étend maintenant dans les pays pauvres ou nouvellement industrialisés. Son incidence est difficile à mesurer, notamment dans les pays pauvres et ce par manque d'études spécifiques. L'OMS estime[11] que vers l'an 2000, quatre millions de personnes en mouraient par an dans le monde, ce qui correspond à un taux de létalité de 9 % environ.
Les complications oculaires et cardiovasculaires de cette maladie qui surviennent souvent chez des gens jeunes ou encore en activité poussent les services de santé et organismes de sécurité sociale à dépenser de plus en plus pour lutter contre le diabète dont les causes restent incomprises. Le nombre de cas continue néanmoins d'augmenter.
Prévention et traitement
Outre un dépistage permettant un traitement plus précoce, un régime alimentaire adapté, une augmentation de l'activité physique (baisse de poids), avec une sensibilisation et un programme d'éducation continu peuvent fortement diminuer la prévalence du diabète. C'est ce qu'a notamment montré, selon l'OMS, une expérience chinoise conduite sur six ans au sein d'une population sensible, qui a réduit de près des deux tiers l'apparition de cas de diabète.
De telles mesures sont lourdes mais très rentables à long et moyen termes si appliquées à toute une population. Des conséquences secondaires positives concerneront de plus l’obésité, les maladies cardio-vasculaires et certains cancers d'origine socio-environnementale.
Chez les patients ayant déjà développé un diabète, divers moyens existent d'en diminuer les impacts :
- Le traitement précoce de l’hypertension artérielle et de l’hyperlipémie, le contrôle de la glycémie (antidiabétiques oraux pour le diabète de type II et insuline pour le diabète de type I) réduisent les complications et freinent l'évolution vers les formes graves de diabète. La détection et le traitement précoces de la protéinurie limitent ou freinent l'évolution vers l'insuffisance rénale.
- La prévention de l'ulcération des pieds par une éducation et des soins appropriés divise par deux l’incidence des amputations (source OMS).
- Le dépistage et le traitement précoces des rétinopathies évitent nombre de cécités et diminuent les coûts globaux (dont indirects et immatériels) du diabète.
- Une lutte plus efficace contre le tabagisme et l'alcoolisme, facteurs d'aggravation du diabète (hypertension et cardiopathie) est également recommandée par l'OMS.
Aujourd'hui de nouvelles expériences sont menées à travers les jeux vidéo pour aider les diabétiques à gérer leur maladie et à développer de bons réflexes. On peut notamment citer l'Affaire Birman et Time-out (création et production par Demi-brume )qui se trouvent sur le site gratuit http://www.gluciweb.com de l'association Les Diablotines.
Diabète et quotidien
Une bonne hygiène de vie et quelques précautions permettent aux adultes et enfants diabétiques de mener une vie normale.
- contrôler sa glycémie (savoir gérer son hypoglycémie et son hyperglycémie)
- porter un bracelet d'identification et d'alerte médicale et une carte d'identification médicale mentionnant son diabète
- s'abstenir de fumer et de boire de l'alcool
- faire de l’exercice physique
Fictions
Les problématiques du diabète, et en particulier du insulino-dépendant, ont été évoquées dans diverses fictions, notamment policières comme clef de l'intrigue :
- Dans Cent mille dollars au soleil (1964), film de Henri Verneuil, le surnom du directeur de la compagnie de transport est « La Betterave » pour son diabète insulino-dépendant.
- L'Homme aux cercles bleus (1991, roman) de Fred Vargas et L'Homme aux cercles bleus (2009, téléfilm) de Josée Dayan.
- Memento (2000) de Christopher Nolan
- Inspecteur Navarro, Jour de colère (2006) de Philippe Davin.
- Alice Nevers, le juge est une femme, A coeur et à sang (2007) de René Manzor.
- Une tentative d'assassinat utilise par ailleurs l'insuline en dose massive dans l'épisode Le parrain de la série Inspecteur Navarro.
- Pour avoir un accès régulier à l'infirmerie, Michael Scofield simule un diabète dans la série Prison Break (saison 1)
- Paige, la fille de Sarah, souffre de diabète dans "brothers & sisters"
- Michael Corleone souffre d'hypoglycémies dans Le Parrain 3.
- Dans Panic Room, une des occupantes retranchées est diabétique en hypoglycémie, ce qui introduit un compte à rebours dans l'intrigue. Une injection de glucagon est réalisée pour parer à l'hypoglycémie. Elle se défend par ailleurs d'un de ses agresseurs en lui injectant de l'insuline, susceptible de causer un coma hypoglycémique.
- Dans la série Scrubs, Christopher Duncan Turk (Donald Faison) est atteint d'un diabète de type 2.
- Dans la bande dessinée Papa est un peu fatigué, l'auteur Ville Ranta raconte sa vie de père d'une petite fille diabétique.
Notes et références
- 1500 av. J.-C. et 1600 av. J.-C. selon Claire LaLouette, Thèbes ou la naissance d'un empire, Champs Flammarion, 1995 (ISBN 2080813285), p. 419. entre
- 1390 selon Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne, Le Livre de poche Références-Arthème Fayard, 1988 (ISBN 2253065471), p. 265.
- Cité Claire Laouette, Thèbes ou la naissance d'un empire,p. 419-20.
- ISBN 2035232007), p. 78. Jean-Charles Sournia, Histoire de la médecine et des médecins, Larousse, 1997 (
- J.C Sournia, p. 65
- ISBN 2035101297), p. 315. Professeur Jean-Louis Portos, Larousse médical, 1991 (
- Sabatino Moscati, La Médecine grecque, dans l'antiquité, Fernand Nathan, 1975, p. 71.
- Temple 2007, p. 146-147.
- Diabète et état parodontal (1ère partie) Le courrier du dentiste Décembre 2001
- Diabète et état parodontal (2ème partie) Le courrier du dentiste Janvier 2002
- Fiche OMS
- page 8/58. Atlas mondial 2003,
- Source Alfediam et Atlas mondial
Robert Temple, Le génie de la Chine: 3 000 ans de découvertes et d'inventions, 2007 (ISBN 9782877309479)
Sources et ouvrages de référence
- Claire LaLouette, Thèbes ou la naissance d'un empire, Champs Flammarion, 1995 (ISBN 2080813285).
- Nicolas Grimal, Histoire de l'Égypte ancienne, Le Livre de poche Références-Arthème Fayard, 1988 (ISBN 2253065471).
- Jean-Charles Sournia, Histoire de la médecine et des médecins, Larousse, 1997 (ISBN 2035232007).
- Professeur Jean-Louis Portos, Larousse médical, 1991 (ISBN 2035101297).
- Sabatino Moscati, La Médecine grecque, dans l'antiquité, Fernand Nathan, 1975.
- Yves de Saint Jean et Dr Valérie Gouze, "Le Gourmet diabétique, 672 menus pour garder la ligne", Vinarelle, 2011
- Reportage France 3 Le gourmet diabétique
- Spécial iPad Le gourmet diabétique 672 menus pour garder la ligne sur iPad dans l'iBookstore
Annexes
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- le diabète de type 1 : un diabète de type sucré, dont la forme la plus fréquente est la conséquence d'une maladie auto-immune, c'est-à-dire la destruction de Cellule bêta des îlots de Langerhans du pancréas (qui synthétisent l'insuline) par le système immunitaire, ce dont témoigne la présence d'anticorps dans le sang. Le diabète de type 1 est le plus souvent un diabète insulinodépendant. C'est la cause la plus fréquente de diabète chez l'enfant, mais il peut survenir à tous les âges.
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