Abbaye de Landévennec

Abbaye de Landévennec
Ancienne abbaye de Landévennec
Image illustrative de l'article Abbaye de Landévennec
Présentation
Culte Catholique romain
désaffectée en 1793
Type Abbaye
Rattaché à Ordre bénédictin
Début de la construction Ve siècle
Fin des travaux XIe siècle
Style(s) dominant(s) Roman
Protection Monument historique (1992)[1]
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Bretagne
Département Finistère
Ville Landévennec
Coordonnées 48° 17′ 25″ N 4° 16′ 00″ W / 48.290278, -4.26666748° 17′ 25″ Nord
       4° 16′ 00″ Ouest
/ 48.290278, -4.266667
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Ancienne abbaye de Landévennec

L' abbaye Saint-Guénolé de Landevénnec est une abbaye située en la commune de Landévennec dans le département du Finistère. Elle est réputée avoir été fondée au Ve siècle par saint Guénolé, ce qui en fait une des plus anciennes et plus importantes de Bretagne. Abandonnée en 1793, elle est relevée par une nouvelle communauté monastique bénédictine en 1958, qui y construit de nouveaux bâtiments. Elle est affiliée à la congrégation de Subiaco.

Les ruines de l'ancienne abbaye ainsi qu'un musée historique sont accessibles au public.

L'ancienne abbaye de Saint-Guénolé fait l'objet d'un classement au titre des monuments historiques depuis le 26 mai 1992[2].

Sommaire

Histoire

Ancienne abbaye de Saint-Guénolé

Ruine de la nef

Selon une étymologie douteuse Landévennec signifierait le monastère (breton lan) du (petit) Guénolé (Guinnoc); mais Gwinnog est le nom d'un autre saint, et la forme ancienne du nom du saint fondateur est bien Wingalloe.

Disciple de Budoc qui s'était fixé avec des moines dans l'ile de Lavret, près de l'île de Bréhat, (aujourd'hui département des Côtes-d'Armor), Guénolé vint s'établir avec onze compagnons dans le site de l'estuaire de l'Aulne (Finistère). Il gagna l'amitié de Gradlon, premier roi de Cornouaille, contemporain de saint Corentin que l'on considère comme le premier évêque de Quimper.

La vie de saint Guénolé nous a été rapportée par ses deux hagiographies, rédigées au IXe siècle par l'abbé Gurdisten et le moine Clément dont le texte est repris par Gurdisten.

Saint Guénolé prit une part considérable à l'évangélisation de la Cornouaille et l'abbaye de Landévennec devint par la suite la principale source des institutions monastiques en Bretagne.

Cette abbaye, créée si l'on en croît la tradition vers 485, suivait la règle des Scots, dans la tradition du christianisme celtique. Les moines irlandais, ou scots, étaient vêtus d'une tunique souvent de couleur blanche et d'une coule (vêtement à capuchon) en grosse étoffe de laine, munie d'un capuchon.

Obéissance, pauvreté et chasteté étaient strictement pratiquées par les moines bretons. « Vaquez à l'étude avec humilité, sans vous enorgueillir de votre science, soumettez-vous au travail manuel avec abaissement et contrition de cœur, sans rechercher la louange des hommes dans l'exercice de votre art, sans mépriser celui qui l'ignore, insistez sans cesse sur la prière accompagnée de jeûnes et de veilles ». Telles étaient les recommandations faites par Budoc, le maître de saint Guénolé.

Le rayonnement de cette abbaye traversera les siècles.

Selon la tradition, le successeur de saint Guénolé fut saint Gwenaël que l'abbé accueillit tout jeune au monastère.

En 818, venu soumettre le roi élu par les Bretons Morvan, l'empereur Louis Ier (dit Louis le Pieux ou Louis le Débonnaire), fils de Charlemagne, persuadé que son pouvoir venait de Dieu, demanda à l'abbé de Landevenec du moment, Matmonoc, lors d'une entrevue à Priziac, près de Gourin (Morbihan) de renoncer à "ses usages scotiques" et d'adopter pour son monastère la règle de Saint Benoît. Pour autant, cela n'abolit pas la spécificité bretonne : en témoignent les enluminures des manuscrits du scriptorium. C'est alors que l'abbaye connaît pendant environ un siècle son "âge d'or".

L'intégration au système carolingien vient de Nominoë fixant les sièges épiscopaux de Saint-Pol-de-Léon et de Quimper, les sièges de Tréguier et de Saint-Brieuc n'étant créés qu'au Xe siècle.

Le grand tournant vint des invasions normandes qui s'attaquèrent principalement aux monastères dès 884.

En 913, Landévennec fut pillé puis brûlé par les Vikings. Les moines fuirent et, emportant leurs reliques, notamment celles de Saint Guénolé, et leurs manuscrits, se réfugièrent à Montreuil où ils créèrent une nouvelle abbaye sous l'invocation de saint Guénolé (dénommé localement « saint Walois »).

Plan de l'abbaye selon Albert le grand

Les chefs fuirent également avec un grand nombre de Bretons, en Grande Bretagne ou chez les Francs. C'en était fini de la royauté bretonne. Le ciel s'obscurcit sur la vie économique, intellectuelle et religieuse, en attendant la renaissance de l'effort démographique au XIIe siècle : La langue bretonne recula, le pouvoir se déplaça vers la Haute-Bretagne, vers Rennes, puis Nantes. Le contact avec les Francs et l'apprentissage que les moines et chefs avaient fait de la langue romane durant l'exode, eurent pour conséquence de réduire le breton à une langue d'échanges, une langue non-écrite. C'était aussi désormais à l'Abbaye de Saint-Benoît-sur-Loire, ou ailleurs, en France ou en Grande Bretagne, qu'il fallait se rendre pour vénérer les saints bretons. La dépossession des corps saints avait privé la Bretagne des richesses que représentaient les pèlerinages aux reliques. Les abbayes bretonnes étaient privées de leurs manuscrits et de leurs savants, et les écoles monastiques bretonnes qui enseignaient les sciences profanes aux enfants et aux jeunes gens près des abbayes, leur apportant une culture intellectuelle très appréciable, ne deviendraient plus jamais de grandes écoles.

Toutefois la libération de la Bretagne fut préparée par le moine Jean, Abbé de Landévennec, qui dirigeait la colonie bretonne réfugiée à Montreuil-sur-Mer. Au cours d'un voyage à travers la Bretagne, Jean se rendit compte que les bretons restés sur le sol natal étaient impatients de secouer le joug des Normands et que ceux-ci vivaient dans une sécurité si profonde qu'ils pouvaient être surpris et abattus facilement par une attaque à l'improviste. Jean trouva dans la personne du prince Alain, fils du compte de Poher Matuédoi, et petit-fis d'Alain Le Grand, celui qui, réfugié à la cour du roi d'Angleterre Athelstan, accepta de prendre la tête du mouvement. Débarqué en Bretagne, Alain livra des combats heureux à Dol et à Saint-Brieuc (936). Il réussit à s'emparer de Nantes, ce qui eut pour conséquence le fait que les Normands abandonnent la Loire maritime. À la suite de ses victoires, Alain, à qui l'Histoire donna le surnom de "Barbe-Torte", fut reconnu duc de Bretagne (937).

Il donna à l'abbaye la paroisse de Batz-sur-Mer, le monastère de Saint-Médart-de-Doulon, les églises Saint-Cyr et Sainte-Croix, situés à Nantes.

Au milieu du XIe siècle commença la construction de l'église abbatiale romane. C'est de cette époque également que date la compilation du cartulaire de Landévennec (Quimper, bibliothèque municipale, ms.15)

Statue de saint Corentin dans les ruines de l'abbaye (vers 1903)

En 1793, l'abbaye bénédictine de Landévennec où il ne restait que 4 moines fut abandonnée, puis vendue comme bien national. Elle changea 6 fois de propriétaire au cours du XIXe siècle.

Dans des fêtes du Bleun Brug l'abbé Yann-Vari Perrot fit jouer une pièce historique sur le moine Jean, abbé de Landévennec, image du renouveau religieux et national selon l'auteur.

Aujourd'hui, sur le site d’origine, les ruines stratifiées témoignent des heurs et malheurs de cette longue histoire

Depuis 1978, des recherches archéologiques en font parler les pierres. Les églises carolingienne et romane, les cloîtres superposés au fil des siècles, le plus ancien datant du IXe siècle demeure jusqu’à aujourd'hui le seul connu de cette période, contribuent à faire de Landévennec un lieu majeur de l'archéologie médiévale en Europe.

Ouvert sur le site et inscrit dans une intéressante architecture contemporaine, le musée de l'ancienne abbaye inauguré en juillet 1990 participe à la découverte de la signification profonde du lieu et sa relation avec les évènements fondateurs de l'histoire bretonne. Sarcophage en chêne daté du IXe siècle, chapiteaux romans, fac-similés de manuscrits anciens… jalonnent un itinéraire où le visiteur chemine au hasard de l'histoire.

Deux salles présentent de façon ludique et pédagogique le travail des archéologues de la fouille à l'analyse des découvertes.

Depuis 1988, l'association Abati Landevenneg gère et anime cet ensemble exceptionnel. Tous les ans, des expositions temporaires proposent un autre regard sur l'histoire des lieux et sur la vie monastique à travers le temps. Chaque été, l'église à ciel ouvert devient l'écrin insolite où se produisent artistes, comédiens et musiciens ajoutant encore à la poésie des lieux.

Nouvelle abbaye de Saint-Guénolé

Nouvelle abbaye de Landévennec
Image illustrative de l'article Abbaye de Landévennec
Présentation
Culte Catholique romain
Type Abbaye
Rattaché à Ordre bénédictin
(congrégation de Subiaco)
Début de la construction 1950
Fin des travaux 1965
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Bretagne
Département Finistère
Ville Landévennec
Coordonnées 48° 17′ 14″ N 4° 16′ 07″ W / 48.287222, -4.26861148° 17′ 14″ Nord
       4° 16′ 07″ Ouest
/ 48.287222, -4.268611
  
L'Aulne et la nouvelle abbaye de Landévennec à l'arrière-plan

Le 18 juin 1950 est prise la décision du rachat de l'abbaye après de nombreux pourparlers buttant sans cesse sur des difficultés financières enfin surmontées. La nouvelle abbaye est édifiée entre 1950 et 1965 par la communauté bénédictine de Kerbénéat. L'abbatiale est inaugurée le 7 septembre 1958 en présence des évêques et des abbés de Bretagne, des abbés de Congrégation de Subiaco, à laquelle la nouvelle communauté de bénédictins est affiliée, et d'une foule nombreuse et enthousiaste.

Cartulaire de Landévennec

Article détaillé : Cartulaire de Landévennec.

Listes des abbés

Nom Période Nom latin dans le cartulaire
Saint Guénolé 490(?)-532 Sanctus Uuingualocus
saint Judulus (vers 520) Cité aussi comme abbé de Landévennec par Albert Le Grand
Saint Gwenaël 532-590 Sanctus Guenhael
Matmunuc
Segneu
Aelam
Gurdistin
Iohan
Clemens
Clemens
Clemens
Iohan
Gulohet
Cadnou
Blenvilet
Elisuc 1047-1055 Elisuc
Kyllai 1056-1085 Kyllai
Justin Justinus
Guillaume Guilhelmus
Lancelinus
Orscandus
Elimarius
Gradlon Gradlonus
Riuuallonus
Gradlonus de plebe Sancti Eneguorii de pago Cap Cavall
Jacob Iacobus
Rivalonus
Tadic
Rivallonus de Ploemergat
Rivallonus de Treles
Bernard Bernardus
Riocus
Johannes dictus porcus
Eudo Gormon de Leon
Alanus Piezresii
Armaelus de Villanova apud Languern
Alanus de Doulas

Notes et références

  1. Notice no PA00090040, sur la base Mérimée, ministère de la Culture, consulté le 11 août 2009
  2. Ministère de la Culture, base Mérimée, « Notice no PA00090040 » sur www.culture.gouv.fr.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Bibliographie

  • Frère Marc Simon, Annie Bardel, Roger Barrie, Yves-Pascal Castel, Jean-Luc Deuffic, P. Jean de la Croix Robert, Auguste Dizerbo, Job An Irien et Bernard Tanguy "L'Abbaye de Landévennec de saint Guénolé à nos jours", Ed. Ouest-France, 1985, (ISBN 978-2-85882-835-7)
  • Père Marc Simon, "Saint Guénolé et l'abbaye de Landévennec"", éditions Gisserot, 1997.
  • Abbé Henri Poisson, Histoire de Bretagne Éditions Breiz, 6e édition 1975
  • Minihi Levenez et Chrétiens-Medias Sillons et sillages en Finistère, an 2000, (ISSN 1148-8824)

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Abbaye de Landévennec de Wikipédia en français (auteurs)

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