- Coiffe bigoudène
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Pays Bigouden
Le Pays Bigouden (en breton, Ar Vro Vigoudenn, prononcé ['vro vi'gudn]), est une région de Bretagne située au sud-ouest de Quimper.
Sommaire
Géographie
Ce pays traditionnel regroupe trois cantons, ceux du Guilvinec, Pont-l’Abbé et de Plogastel-Saint-Germain, soit une vingtaine de communes du département du Finistère en région Bretagne. Sa capitale est Pont-l’Abbé. Le Pays Bigouden est découpé en deux communautés de communes, la Communauté de communes du Pays Bigouden Sud et la Communauté de communes du Haut Pays Bigouden :
Selon les délimitations historiques du Pays Bigouden, les communes de Gourlizon, Guiler-sur-Goyen ou de Plonéis n’en font pas partie même si ces communes ont été englobées dans le canton de Plogastel-Saint-Germain. Il est d’usage de les rattacher au pays glazik.
Environnement
Climat
Le climat est océanique avec un hiver doux mais humide et très venté, et un été sans chaleur excessive (voir aussi climat du Finistère). Le site naturel de la baie d’Audierne est protégé, célèbre par ses courants et sa navigation dangereuse, c'est aussi une zone très poissonneuse par la rencontre des eaux océaniques qui viennent buter contre le courant plus froid venant de la manche.
Faune marine de la baie d'Audierne
Le site recueille sur ses côtes de nombreuses espèces marines qui y trouvent refuge entre la côte continentale et les îles du Ponant finistérien dont l’île de Sein qu'on rattache souvent aussi au pays Bigouden.
Bien que le pays Bigouden soit de tradition plutôt terrienne, les femmes de Sein partageaient souvent les mêmes traditions et activités que les Bigouden du continent, ou bien vivaient sur le continent durant l’hiver difficile à Sein, certaines familles seinanes y possédant aussi des potagers car les cultures maraîchères étaient difficiles et insuffisantes sur l’île, et les pêcheurs seinans apportaient l’essentiel de leur pêche en port de Loctudy avant de rentrer sur l’île ou de cultiver leur potager en pays bigouden ou acheter les provisions de bouche avant de rentrer sur l’île avec leur panier de pêche.
De fait la pêche en baie d’Audierne était très fructueuse et suivie par de nombreux oiseaux qui suivaient les pêcheurs pour collecter les espèces non conservées (mouettes, fous de bassan, et depuis quelques années des macareux revenus de la Manche). Les eaux sont riches aussi en poissons de grande taille dont le bar.
De plus, la baie d’Audierne offre un plateau continental favorable à l’élevage des langoustes et homards en paniers, et les eaux sont aussi riches en langoustines, galatées et petites crevettes grises ; son fond est également habité par des espèces très charnues de crabes marins.
Des baleines y étaient observées, et on observe toujours des dauphins et petits requins appelés des peau bleue qui étaient capturés aussi autrefois pour leur viande, mais le plus souvent uniquement car ils se retrouvaient au milieu des filets, ceux-ci étant friands des riches bancs de poissons de la baie et de la mer d'Iroise, et on en trouve encore en criée de Loctudy.
Bien que la pêche soit toujours importante, la diminution des bancs de poissons et crustacés reste un problème et a conduit à la limiter pour préserver la ressource, de même que la pollution marine (dont les dégâts causés par les marées noires et dégazages sauvages des navires croisant au large de la Bretagne) qui a marqué toute la région et appauvri les espèces aviaires.
La baie de Pont-l’Abbé et les abers
Grace aux efforts de préservation, de dépollution des effluents urbains et de protection des berges, les populations de saumons sauvages sont revenues et ont colonisé les abers et petites rivières aux eaux cristallines et abondantes qui débouchent à Pont-l'Abbé dans son petit port.
Drapeau
Le drapeau, récemment adopté (en 1992), dessiné par B. Le Brun à la demande de l'Association de Promotion du Pays bigouden, est composé de 3 parties. La moitié gauche est semée d’hermines, représentant les 20 communes bigoudènes (autrefois 22), le fond doré représente la broderie, art dominant de la région. Les trois bandes orange de la partie droite rappellent les 3 cantons du pays.
Le costume, la coiffe et la broderie bigoudens
Le particularisme de l’habit bigouden
Bien avant la Révolution française, l’habit du Pays bigouden s’était déjà différencié du reste de la Bretagne. Mais c’est au cours du XIXe siècle que les ornementations font leur apparition et occupent une surface de plus en plus importante, principalement sur le gilet masculin et sur le plastron féminin. Présent dans les collections du Musée départemental breton à Quimper, le plus ancien costume daté connu affiche artistiquement, dans les broderies d’une encolure de plastron masculin, son acte de création : 1814.
À compter de cette époque, la spécificité bigoudène s’exprime dans l’évolution et l’interprétation des motifs, tels la plume de paon ou la corne de bélier, ainsi que dans les couleurs vives (jaune, rouge, orangé) sur un fond noir de drap ou de velours, pour former les costumes et coiffes que confectionnaient pendant des années les femmes et filles de pêcheurs.
Chez les femmes, les jupes superposées cèdent leur place aux volants étagés, puis à une jupe recouverte d’un tablier qui lui aussi va se couvrir de broderies. Les gilets se métamorphosent également : les manches sont de plus en plus longues, faites de drap, puis de velours totalement recouvert de broderies. Le plastron devient une véritable carapace brodée s’étalant sur toute la poitrine.
Le bragou-braz masculin est progressivement remplacé par un large pantalon de drap, surmonté d’une veste aux doubles bords brodés, tout comme le large plastron.
L’envol de la coiffe est, quant à lui, plus récent. La légende veut que la hauteur des coiffes eût été une réponse bravache des femmes à la décapitation des clochers bigoudens, punition royale à la révolte des bonnets rouges en 1675. En réalité, la coiffe n’a commencé à monter qu’au début du XXe siècle. D’un bonnet ne couvrant que le sommet du crâne à un triangle de toile posé sur un édifice d’étoffes brodées ou tissées de fleurs, de velours ou d’argent, la coiffe prend la forme, autour de 1900, d’un petit pain de sucre.
Dans les années 1925-30, elle mesure quinze à vingt centimètres ; elle atteint son apogée peu après la seconde guerre mondiale. Jusqu’à l’an 2000, cette coiffe a oscillé entre trente et trente-cinq centimètres pour 12 à 14 centimètres de large à la base[1]. Initialement en toile rustique, qui s'est ensuite affinée, la coiffe est maintenant en dentelle brodée, de même que les deux rubans qui se sont, eux aussi, couverts de broderies.
La coiffe, qui se porte avec des cheveux longs noués en chignon au sommet de la tête, est constituée de trois parties [1]:
- la coiffe frontale, appelée bigouden, qui tient à la verticale grâce à de l'empois,
- la base, appelée taledenn',
- les rubans, fixés le long de la coiffe et qui se nouent sous l'oreille gauche, appelés lasenou
À partir des années 1970-1980 le nombre de porteuses de coiffe a très régulièrement et irrémédiablement baissé dans les communes du pays bigouden et en 2008 on ne porte plus la coiffe, si ce n'est dans le cadre de manifestations folkloriques. Les quelques Bigoudennes authentiques qui peuvent subsister sont toutes octogénaires ou nonagénaires.
An Dennerien-neud, les tireurs de fil, et les broderies bigouden
Répartis dans tout le pays, les brodeurs étaient au départ des tailleurs ; ils formaient, avec les tisserands, une corporation extrêmement importante au XIXe siècle. Les professionnels exerçaient chez eux ou au domicile de leur client. Ils n’eurent « pignon sur rue » qu’à partir du milieu du XIXe siècle. Admirés pour leur savoir-faire autant que redoutés pour leur rôle social, ils appartenaient à une communauté très soudée. Ils jouaient également le rôle de conteurs aux veillées, d’informateurs, voire de facteurs.
Il faut attendre la création d’ateliers de broderies, où figuraient sur les registres les termes spécifiques de « brodeurs » et « brodeuses », pour parvenir à chiffrer – et ainsi mesurer l’importance de cette corporation. Par exemple, à Pont-l’Abbé, on dénombre en 1901 soixante-dix tailleurs et apprentis, quatre tailleuses et cinquante-neuf brodeuses. Ces dernières étaient souvent de toutes jeunes filles ou jeunes femmes, qui cessaient leurs activités lorsqu’elles devaient tenir un ménage.
Parfois, elles se convertissaient en dentellières : l’ouvrage au crochet offrait une certaine liberté de mouvement et pouvait s’accommoder de la surveillance d’enfants en bas âge. Les brodeuses étaient payées à la coiffe, mais les rémunérations restaient modestes.
La guerre de 1914-1918 plongea le pays dans un long deuil et chassa les couleurs du costume. L’abandon progressif du costume brodé par les hommes qui revenaient du front, l’augmentation du prix de la matière première et le manque d’évolution de la rémunération porta un rude coup à la corporation.
Sauver le savoir-faire et la tradition de la broderie
Pierre-Jakez Hélias écrivait : « Les Bigoudènes, il n’y a pas si longtemps, rougissaient d’être vues en cheveux[2], n’auraient jamais permis qu’on touchât à leur coiffe quand elles l’avaient en tête ni surtout qu’on les vit se séparer d’elle pour la nuit. On faisait d’abord se coucher les enfants et le mari ».
Dès la fin de la Première guerre mondiale, le port de la coiffe se fit de moins en moins courant, d’abord dans les villes, puis dans les campagnes. Quant au costume traditionnel, il ne fut plus arboré que lors de festivités : mariage ou baptême, pardons et autres fêtes religieuses. Mais ce riche patrimoine identitaire ne s’est jamais perdu grâce à quelques initiatives qui ont contribué au rayonnement du savoir-faire bigouden.
En 1870, Corentin Pichavent fonda à Pont-l’Abbé la Maison Pichavant, un atelier qui regroupe des brodeurs, des brodeuses et des dentellières. Déjà distingués à l’Exposition universelle de Paris en 1900, puis à l’exposition des Art féminins de Versailles en 1902 et enfin à l’exposition des Arts décoratifs de Strasbourg en 1925, les « Enfants Pichavent successeurs» se virent confier en 1930 l’exécution des habits de l’écrivain breton Charles Le Goffic, nouvellement élu à l’Académie française.
Une autre initiative contribua également à revitaliser la broderie bigoudène : dans les années 1900, une micro-crise économique menaça de réduire l’ensemble de la population à la misère. Des dames de la bourgeoisie et de l’aristocratie locales eurent alors l’idée d’enseigner aux femmes et aux jeunes filles bigoudènes la dentelle d’Irlande. Ces dentelles furent commercialisées dans le monde entier par la maison Pichavant.
Par ailleurs, en 1928, le manoir de Kerazan, non loin de Pont-l’Abbé, fut légué à l’Institut de France par son dernier propriétaire, et ce à condition que le domaine soit ouvert au public et qu’y soit créé une école d’arts appliqués pour les jeunes filles du pays : un atelier de broderie y vit donc le jour. Faute de débouchés professionnels, l’école ferma en 1966, mais elle avait participé à la transmission d’un savoir-faire menacé.
En 1936, l’épouse du patron des Grands Moulins de Pont-l’Abbé, Marie Anne Le Minor, ouvrit un atelier d’habillage de poupées. De fil en aiguille, plus de 250 modèles, reproduisant fidèlement les costumes des pays de Bretagne et des régions de la France, figurèrent au catalogue. Dans les décennies suivantes, la Maison Le Minor diversifia son activité dans laquelle brillèrent les talents de nombre de jeunes artistes portés par la vague du renouveau folklorique de l’immédiat après-guerre : linge de table imprimé et brodé, vêtements sacerdotaux et bannières donnent de nouveaux éclats au savoir-faire ancestral. Le secret de la réussite de madame Le Minor est d'être parvenu à associer l’extraordinaire talent des brodeurs et brodeuses bigoudens avec la créativité des artistes contemporains. Aujourd’hui, la Maison Le Minor conserve une solide réputation dans la broderie des costumes bretons, aussi bien auprès des cercles celtiques que des particuliers.
Enfin, depuis quelques années, Pont-l’Abbé s’est octroyé le titre de capitale de la broderie grâce à sa Fête des Brodeuses. C’est pourquoi un des motifs de broderie, la plume de paon, qui pavoise sur les frontons des bâtiments publics ou privés, est devenu un emblème derrière lequel les habitants du pays tout entier se reconnaissent.
Traditions culinaires
Les appellations galettes ou crêpes sont différentes dans le pays bigouden. Comme dans tout le Finistère et contrairement au reste de la Bretagne, une crêpe peut ici être salée ou sucrée (en fonction de la garniture), et la galette sera une version plus épaisse, généralement salée, de la crêpe. On y trouve ainsi des crêpes sucrées préparées avec un mélange de blé classique et de sarrasin (blé noir, utilisée ailleurs uniquement pour la galette).
La tradition du panier du pêcheur est restée aussi très vivace, et toutes les variétés issues de la pêche y sont accommodées et constituent une part non négligeable de la cuisine traditionnelle. La galette quant à elle était consommée surtout en hiver lorsque la pêche en mer était trop difficile. En effet, le blé noir pouvait se conserver longtemps et se consommer facilement.
Les autres traditions culinaires bretonnes sont conservées, comme les châtaignes, écoquées, bouillies, puis pelées encore chaudes et consommées avec du lait barraté (Gros lait), légèrement crémeux et à la saveur légèrement acide, également consommées pendant tout l'hiver car elles se conservent bien dans leur coque quand il n'y avait plus guère d'autres légumes en hiver. De plus elles sont très riches en sucres et peuvent, après séchage, servir à confectionner une farine également utilisée dans la préparation des certaines crêpes ou dans le pain.
Les restes de châtaignes non consommées durant l'hivers étaient données pour l'engraissement des cochons, dont la consommation était rare et réservée à certains événements annuels sous différentes formes dont les charcuteries (notamment les saucisses garnissant les galettes ou les pâtés préparés avec la même chair et le gras, ou les charcuteries séchées et fumées qu'on accrochait dans les grandes cheminées chauffant les maisons durant l'hiver.
Monuments
- Phare d'Eckmühl à Penmarc'h, 1897.
- Église romane de Loctudy, XIIe siècle.
- Église de Lambour à Pont-l'Abbé, XIIIe siècle–XVIe siècle, au clocher décapité en 1675.
- Église des Carmes de Pont-l'Abbé, XIVe siècle–XVe siècle, ancienne chapelle du monastère des pères carmes.
- Château de Pont-l’Abbé, XIVe siècle–XVIIIe siècle.
- Chapelle de Languivoa, à Plonéour-Lanvern, XIVe siècle–XVIIe siècle.
- Calvaire et chapelle de Tronoën en Saint-Jean-Trolimon, 1450, le plus ancien des grands calvaires bretons.
- Tour carrée de Saint-Guénolé, XVe siècle, tour-clocher de l'ancienne église.
- Église gothique de Penmar’h, XVIe siècle.
- Chapelle Notre-Dame-de-la-Joie à Penmarc'h, dans un site splendide face à la mer.
- Chapelle de Penhors en Pouldreuzic, qui abrite (début septembre) le plus grand des pardons du pays bigouden.
- De nombreux manoirs, dolmens et menhirs.
Musées
- Musée Bigouden, Donjon du Château des Barons, Pont-l’Abbé.
- Musée départemental breton, 1 rue du Roi Gradlon, Quimper.
Évènements
- Le défilé "Entre Terre et Mer", à Penmarc'h (tous les ans, fin juillet).
- La fête de la langoustine, en août, à Lesconil.
- La fête des brodeuses, la 1re quinzaine de juillet, à Pont l'Abbé.
- Le Mondial'Folk (Festival international de folklore) en août : http://www.mondialfolk.org
Humour
"Et Jupiter dans sa colère,
Pour punir le genre humain,
A fait venir sur la terre,
La race des Bigoudens".Cette "sentence" peut se lire sur la devanture de quelques cafés et restaurants.
Mythe
Selon certains ethnologistes du XIXe les bigoudens auraient été les descendants des aborigènes occupant la Bretagne avant les premières invasions celtes[3], selon d'autres, se basant sur des « ressemblances physiologiques » (pommettes hautes des bigoudenes, yeux légèrement bridés, etc.), les Bigoudens descendraient d'une tribu mongole. Il n'en est absolument rien, une vaste étude menée à partir de 1983 par le professeur Youinou, généticien et immunologue de l'INSERM, a montré que la population bigoudène n'a absolument aucune parenté avec les populations asiatiques, et qu'au contraire elle avait plus d'affinités génétiques avec les populations des pays celtiques insulaires que la moyenne de la population finistérienne[4].
Personnes célèbres
- Yves Le Drézen
- Pierre-Jakez Hélias, écrivain et conteur
Notes et références
Bibliographie
- Pierre-Jakez Hélias, Le Cheval d'orgueil, Plon, coll. « Terre Humaine », 1975
- Les Bigoudens, G. Puig de Ritalongi, La Découvrance.
- Le Pays Bigouden, Noëlle Cousinié, Editions Ouest-France, 1994.
- Le Monde des Bigoudènes, Françoise Boiteux-Colin Boiteux-Colin, Françoise Le Bris-Aubé, photographies de Michel Thersiquel, Editions Le Télégramme, 1999 [2]
- Le Pays bigouden à la croisée des chemins, collectif, Revue Cap caval, 1993.
- Le Pays Bigouden, Serge Duigou et Jean-Michel Le Boulanger, Editions Palantines, 2003.
- Les Bigoudens (et surtout les Bigoudènes), Serge Duigou, Editions Ressac, 1990.
- La coiffe bigoudène, Jakez Cornou, Editions Sked, 1993.
- La révolte des pêcheurs bigoudens sous Louis XIV, Serge Duigou, Ressac, 2006.
- La révolte des Bonnets Rouges en pays bigouden, Serge Duigou, Ressac, 1989.
en plus : Micheriou Koz, Le magazine des vieux métiers de Bretagne, n°6, « les brodeurs et brodeuses du pays bigouden » (mars-avril-mai 2004)
Films
Liens externes
- Le drapeau bigouden (en breton) et (en français)
- Le portail internet du pays bigouden
- Pont-l'Abbé : Capitale du Pays Bigouden
- Le musée du Pays Bigouden à Pont-l’Abbé.
Articles connexes
- La baie d’Audierne
- Le jeu de la galoche bigoudène
- La langoustine, et la langouste pêchées en pays bigouden.
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