Clan Tokugawa

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Shogunat Tokugawa

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L'emblème des Tokugawa

Les Tokugawa (徳川将軍) formaient une dynastie de shoguns qui dirigèrent le Japon de 1603 à 1867. Le premier shogun de la dynastie fut Tokugawa Ieyasu, le dernier fut Tokugawa Yoshinobu. Leur règne est plus connu sous le nom de période Edo, du nom de la ville qu'ils choisirent pour capitale : Edo (aujourd'hui Tōkyō) afin de s'éloigner de Kyōto, la capitale impériale.

Après la période Sengoku des « Nations en guerre », le gouvernement central avait été largement rétabli par Oda Nobunaga et Toyotomi Hideyoshi pendant la période Azuchi-Momoyama. Après la bataille de Sekigahara en 1600, l'autorité centrale tomba au profit de Tokugawa Ieyasu qui compléta le processus et reçut le titre de shogun en 1603. Ses descendants héritèrent du titre de shogun et de la charge qui l'accompagnait jusqu'au XIXe siècle.

La période Tokugawa, à la différence des familles de shogun précédentes, était fondée sur la stricte hiérarchie des classes originellement établie par Toyotomi Hideyoshi. La classe guerrière des samouraïs (ou bushi) était au sommet, suivie des fermiers, des artisans et des commerçants. L'ironie voulut que l'extrême rigueur du système de caste finit à long terme par miner l'autorité de ces classes. Les taxes sur la paysannerie étaient constituées de montants fixes qui ne tenaient pas compte de l'inflation ou de tout autre changement de la valeur monétaire. Le résultat fut que le revenu des taxes collectées par les samouraïs propriétaires terriens devint de plus en plus maigre avec le temps. Cela conduisit à de nombreuses confrontations entre les nobles mais appauvrit les samouraïs et les paysans aisés.

Vers la fin du XIXe siècle, l’empereur en titre, soutenu par une alliance des plus puissants daimyo finit par faire chuter le règne des shogun et récupérer le pouvoir après la guerre du Boshin. Les Shôguns de Tokugawa s'éteignirent définitivement en 1868, avec l'abdication du 15e shôgun, Tokugawa Yoshinobu et la « Restauration » (« Taisei Hōkan », 大政奉還) de la loi impériale.

Sommaire

Gouvernement

Les shoguns et les Han

Le « bakuhan taisei » était le système politique féodal en vigueur pendant la période Edo au Japon. Baku ou « tente » est l'abréviation de bakufu, qui signifie « gouvernement de la tente » - c’est-à-dire le shôgunat. Le Han étaient les domaines dirigés par les daimyo.

Le système était féodal. Les vassaux tenaient leurs terres par succession, et devaient à leurs seigneurs armes et respect.

Le Bakuhan Taisei divisa le pouvoir féodal entre le shôgunat à Edo et les domaines provinciaux dans le reste du Japon. Les provinces exerçaient une certaine souveraineté et étaient autorisées à administrer leur han de manière indépendante en échange de leur loyauté au Shogun, qui était responsable des relations extérieures et de la sécurité nationale. Les shôguns et les seigneurs étaient tous deux des daimyo, des seigneurs féodaux avec leur propre bureaucratie, leur propre politique et leur territoire. Le Shôgun administrait également le daimyo le plus puissant, le fief héréditaire de la Maison Tokugawa. Chaque niveau du gouvernement gérait son propre système de taxation.

Les shôguns avaient le pouvoir de se débarrasser des domaines, mais aussi de les annexer ou de les transformer. Le sankin-kotai, système de résidence alternative voulait que chaque daimyo envoie sa famille en représentation et partageait son temps entre le han et sa présence à Edo. L'énorme dépense générée par le sankin-kotai permettait au pouvoir central des nobles de renforcer les alliances et au Shôgun de s'assurer de la loyauté des provinces, dont chaque famille en représentation pouvait devenir un otage potentiel.

Les descendants de Togukawa s'assurèrent ensuite de cette loyauté en maintenant une insistance dogmatique sur la loyauté au Shôgun. Les daimyos fudai étaient les vassaux héréditaires de Ieyasu, considérés au même titre que leur propre descendant. Tozama ou « les autres », devinrent les vassaux d'Ieyasu après la bataille de Sekigahara. Shimpan ou « les parents », étaient des collateraux de Hidetada Tokugawa. Au début de l'ère Edo, le shôgunat considérait les tozama comme étant les moins loyaux ; le temps passant, les mariages stratégiques et l'enracinement du système firent des tazoma les moins susceptibles de se rebeller. Au final, c'est le grand tozama de Satsuma, Choshu et Tosa et dans une moindre mesure Hizen qui firent tomber le shôgunat. Ces quatre états sont appelés les Quatre clans de l'ouest ou Satchotohi en abrégé.

Le nombre de han (environ 250) était fluctuant pendant la période Edo. Ils étaient classés par taille qui se mesurait au nombre de koku produit par le domaine chaque année. Un koku était la quantité de riz nécessaire pour nourrir un homme adulte pendant un an. Le nombre minimum pour un daimyo était de dix mille koku ; le plus important, hormis celui du shôgun, atteignait le million de koku.

Le Shôgun et l'Empereur

Malgré l'établissement du shôgunat, l'empereur à Kyôto était toujours le chef légitime du Japon. L'administration du Japon (taisei) était une tâche confiée à la famille Tokugawa par la Cour impériale de Kyôto, qui fut rendue à la Cour lors de la Restauration Meiji.

Le shôgunat nomma un agent de liaison, le Kyôto Shoshidai, pour traiter avec l'empereur, la Cour et la noblesse.

Le Shôgun et le commerce extérieur

Les affaires étrangères et le commerce étaient des monopoles du shôgunat et dégageaient des profits énormes. Le commerce extérieur était également autorisé pour les fiefs de Satsuma et de Tsushima.

Les visites des bateaux Nanban (littéralement barbares du sud) en provenance du Portugal furent au départ les principaux vecteurs d'échanges commerciaux, suivis par les Hollandais, les Anglais et parfois des bateaux espagnols.

À partir de 1600, le Japon commença à s'intéresser activement au commerce extérieur. En 1615, une mission d'ambassade et de commerce sous la direction de Hasekura Tsunenaga fut envoyée à travers le Pacifique vers la Nueva Espana sur un galion de facture japonaise le San Juan Bautista. Jusqu'en 1635, le Shôgun délivra de nombreux permis pour les bateaux au sceau rouge, destinés au commerce avec l'Asie.

Après 1635 et l'introduction des lois d'isolation, le départ des vaisseaux à destination du Japon vers l'étranger fut interdit, seuls les vaisseaux à destination du Japon en provenance de la Chine et des Pays-Bas furent autorisés.

Les institutions du Shôgunat

Le Rôjû et le Wakadoshiyori

Le rôjû était composé par les membres influents du shôgunat. Ils supervisaient le ômetsuke, le machibugyô, le ongokubugyô et les autres officiels, ils surveillaient les relations avec la cour impériale de Kyōto, les kuge (membres de la noblesse), les daimyo, les temples et les lieux saints, mais s'occupaient également des affaires comme la division des fiefs. En temps normal, quatre ou cinq hommes étaient chargés de la fonction, mais un seul était de service sur la base d'une alternance d'un mois. Ils s'entretenaient des affaires d'une importance particulière. Lors de la réforme administrative de 1867, la fonction fut supprimée au profit d'un système bureaucratique avec des ministères pour l'Intérieur, les finances, les relations extérieures, l'armée et la marine.

En principe, il y avait deux conditions pour être nommé au rôjû, être un daimyo fudai (c’est-à-dire héréditaire) et avoir un fief estimé à 50 000 koku au minimum. Néanmoins, il existait des exceptions aux deux critères. Beaucoup des candidats retenus provenaient de bureaux proches du Shôgun, comme le soba yônin, le shoshidai de Kyôto, et le jôdaï d'Osaka.

De manière arbitraire, les shôguns nommaient au poste de tairô (« grand ancien ») un membre du rôjû. La charge était réservée aux membres des clans de Ii, Sakaï, Doï et Hotta, mais exceptionnellement, Yanagisawa Yoshiyasu obtint le statut de tairô. Parmi les tairô les plus célèbres, il y eut Ii Naosuke, qui fut assassiné en 1860 devant la porte de Sakurada du château d'Edo.

Le wakadoshiyori se situait juste en dessous du rojû. Cette excroissance était composée d'un groupe de six personnes (rokuninshû) (1633-1649). Le bureau prit son véritable nom et sa forme finale en 1662, mais composé alors de quatre membres. Leurs principales responsabilités étaient la gestion des affaires des hamamoto et des gokenin, les vassaux directs du shôgun.

Certains shôguns désignaient un soba yônin. Cette personne servait de liaison entre le shôgun et le rôjû. Le soba yônin prit de l'importance pendant la période du cinquième shôgun de Tsunayoshi Tokugawa, quand un membre du wakadoshiyori, Inaba Masayasu, assassina Hotta Masatoshi, le tairô. Craignant pour sa vie, Tsunayoshi fit déplacer le rojû dans une aile plus lointaine du château. Les plus célèbres des soba yônin furent Yanagisawa Yoshiyasu et Tanuma Okitsugu.

Le Ômetsuke et le Metsuke

Les ômetsuke et les metsuke étaient des officiels chargés des rapports au rôju et au wakadoshiyori. Les cinq ômetsuke étaient chargés de la surveillance des affaires des daimyo, des membres de la noblesse et de la cour impériale. Ils devaient aussi tenter de découvrir les menaces de rébellions.

Très tôt dans l'ère Edo, des daimyo comme Yagyû Munefuyu dirigeaient ce bureau. Bientôt, cependant, cette fonction revint aux hatamoto ayant un classement de 5 000 koku ou plus. Afin de leur donner l'autorité nécessaire dans leurs transactions avec les daimyos, ils furent souvent classés à 10 000 koku et on leur donna le titre de kami (un titre ancien, signifiant littéralement le gourverneur d'une province) exemple le Bizen-no-kami.

Avec le temps, la fonction d'ômetsuke évolua et fut une des transmissions d'ordres entre le shôgunat et les daimyo. Elle fut aussi chargée de l'administration des cérémonies à l'intérieur du château d'Edo. Les ômetsuke furent chargés de nouvelles responsabilités comme la supervision des affaires religieuses et le contrôle des armes à feu.

Les metsuke, faisaient des rapports au wakadoshiyori, supervisaient les affaires des vassaux du shôgun. Ils constituaient les forces de police pour les milliers de hatamoto et gokenin qui étaient rassemblés à Edo. Les domaines provinciaux (han) avaient leur propre metsuke qui assuraient de la même manière la police de leurs samouraïs.

Le San-bugyô

Le san-bugyô (littéralement trois administrateurs) étaient le jisha, le kanjô et le machi bugyô. Les jisha bugyô avait la position la plus élevée des trois. Ils surveillaient l'administration des temples bouddhistes (ji) et des lieux saints Shinto (sha), nombres d'entre eux avaient un fief. Ils étaient aussi chargés de prendre les plaintes de plusieurs provinces en-dehors des huit provinces du Kanto. La charge revenait en principe à un daimyo ; Ôoka Tadasuke fut une exception.

Les kanjô bugyô étaient proches dans les statuts. Les quatre tenants de cette charge faisaient leur rapport au rôjû. Ils étaient responsables des finances du shôgunat.

Les machi bugyô étaient les chefs des administrateurs de la ville d'Edo. Leurs rôles incluaient celui de maire, de chef de la police (et plus tard du département incendie), mais aussi celui de juge au pénal et au civil n'impliquant pas les samouraïs. Deux hommes (trois très brièvement), en principe des hatamoto, s'occupaient de cette fonction, en alternance tous les mois.

Trois machi bugyô sont devenus célèbres pendant le jidaigeki, Ôoka Tadasuke et Tôyama Kinshirô comme des héros et Torii Yôzô comme un scélérat.

Tous les san-bugyô siégeaient en un conseil appelé le hyôjôsho. Parmi ses attributions, le hyôjôsho était responsable de l'administration du tenryô, il supervisait le gundai, le daikan et le kura bugyô, mais il devait également juger les affaires impliquant des samouraïs.

Le Tenryô, le Gundai et le Daikan

Le shôgun possédait directement des terres un peut partout dans le Japon, connues sous le nom de bakufu chokkatsuchi. A partir de la période Meiji, le terme de tenryô en devint un synonyme.

En cumulant les terres que Ieyasu possédait avant la Bataille de Sekigahara, celles gagnées à cette occasion et celles résultant des Sièges d'été et d'hiver d'Osaka (à la fin du XVIIe siècle), le shôgunat produisait alors quatre millions de koku. Plusieurs grandes villes comme Nagasaki et Osaka ainsi que des mines, notamment la mine d'or de Sado, furent elles aussi incluses dans ce tenryô.

Plutôt que de nommer un daimyo à la tête des ces possessions, le shôgunat chargea des administrateurs de les gérer. Parmi les titres de ces administrateurs se trouvaient les gundai, les daikan, et les ongoku bugyô. Cette dernière catégorie incluait les machi bugyô d'Osaka de Kyoto et de Sumpu ainsi que les bugyô de Nagasaki. Les hommes désignés étaient des hatamoto.

Liste des Shoguns

Rang Nom Dates de vie Dates de règne
1 Ieyasu Tokugawa 1543 - 1616 1603 - 1605
2 Hidetada Tokugawa 1579 - 1632 1605 - 1623
3 Iemitsu Tokugawa 1604 - 1651 1623 - 1651
4 Ietsuna Tokugawa 1641 - 1680 1651 - 1680
5 Tsunayoshi Tokugawa 1646 - 1709 1680 - 1709
6 Ienobu Tokugawa 1662 - 1712 1709 - 1712
7 Ietsugu Tokugawa 1709 - 1716 1713 - 1716
8 Yoshimune Tokugawa 1684 - 1751 1716 - 1745
9 Ieshige Tokugawa 1711 - 1761 1745 - 1760
10 Ieharu Tokugawa 1737 - 1786 1760 - 1786
11 Ienari Tokugawa 1773 - 1841 1787 - 1837
12 Ieyoshi Tokugawa 1793 - 1853 1837 - 1853
13 Iesada Tokugawa 1824 - 1858 1853 - 1858
14 Iemochi Tokugawa 1846 - 1866 1858 - 1866
15 Yoshinobu Tokugawa 1837 - 1913 1866 - 1867

Voir aussi

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Tokugawa dans la fiction

Sources

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