Claire Roman

Claire Roman

Claire Roman, née Claire-Henriette-Émilie Chambaud, le 25 mars 1906 à Mulhouse et décédée accidentellement le 4 août 1941 est une aviatrice française

Biographie

Née dans une famille bourgeoise (son père Jules Chambaud était directeur d'usine), Claire connaît une enfance dorée. Bachelière à 16 ans, elle est envoyée en Angleterre par ses parents pour y apprendre la langue. A son retour, elle s'inscrit à Paris en Sorbonne où elle suit le cours de philosophie. Parallèlement, elle apprend la peinture, réussit ses examens d'infirmière en 1926 et 1927 et voyage beaucoup avec son père en Afrique, Asie et Europe centrale.

En 1929, elle épouse Serge Roman, alors lieutenant au 31e régiment d'infanterie, titulaire d'une Croix de Guerre obtenue durant la Première Guerre mondiale à laquelle il a pris part. Mais le mariage d'amour se transforme vite en discorde. Claire, très active, sort beaucoup en compagnie d'artistes et pratique le sport. Serge Roman, au contraire, sans doute très marqué par ses souvenirs douloureux de la Première Guerre mondiale s'enfonce dans l'inaction et la tristesse. Il se suicide le 22 mars 1932, en se jetant par la fenêtre de son appartement.

Très affectée par ce drame, Claire Roman abandonne alors son train de vie bourgeois pour s'engager comme infirmière de la Croix-Rouge au Maroc. Séduite par le vol des avions au-dessus de Meknès, elle décide d'apprendre le pilotage, se rendant quelques minutes chaque matin sur le terrain d'aviation avant sa prise de service à l'hôpital Louis. Le 26 novembre 1932, elle obtiendra son brevet de pilote de tourisme après seulement 26 heures de vol.

En 1933, après quelques excursions au-dessus de Fès, Tanger, Meknès, elle est chargée de convoyer un appareil Caudron de Meknès à Paris. Après sept heures trente de vol et avoir ravitaillé à Tanger, elle atteint Barcelone. Le lendemain, 2 septembre, elle se pose à Lyon, après avoir fait escale à Perpignan. Le 3, elle est à Paris.

Elle décide alors de quitter Meknès pour revivre à Paris où elle s'inscrit à l'aéroclub Roland-Garros d'Orly. Elle y apprend le pilotage de différents appareils : Caudron C272, Morane-Saulnier et Potez 43. le 13 mai 1934, elle participe au rallye Paris-Deauville. En juillet, elle s'inscrit à l'aéroclub Caudron de Guyancourt, puis en novembre part en Angleterre où elle apprend le pilotage d'autres types d'avions et s'initie au vol de nuit.

Durant le mois d'août 1935, sur un appareil Morane-Saulnier, elle s'initie à la voltige aérienne et le 31 participe à la première coupe Hélène Boucher où elle se classera seconde derrière Maryse Hilsz avec un appareil Maillet de 180 chevaux, beaucoup moins puissant que celui de la gagnante qui volait sur un Breguet 27-4 de 770 chevaux. Durant la dernière quinzaine d'octobre 1935, sur un maillet 20F, elle participe au Tour de France des prototypes où elle est l'unique aviatrice.

Le 17 mars 1936, elle obtient son brevet de pilotage sans visibilité après seulement 130 minutes de vol. Puis du 6 au 8 avril, elle mène à bien un vol vers Casablanca, retour du Maroc le 18, avec des arrêts prolongés à Séville et Madrid pour rentrer à Paris le 24. Du 2 au 5 juillet, à bord d'un Phrygane F-AOCV, elle participe au Tour de Belgique, puis de nouveau à la coupe Hélène Boucher le 29 août avec son Maillet-Lignel 21. Elle y prend encore une fois la seconde place derrière Marie Hilsz.

Tout en poursuivant son travail pour la Croix-Rouge, le 28 octobre 1936 elle obtient son brevet de pilote de transport. Elle est désormais habilitée à faire du convoyage professionnel et à donner des cours en tant qu'instructeur.

1937 est l'année de son grand raid Paris-Pondichéry à bord d'un Salmon Phrygane, où, partie en avril avec son amie Alix Lucas-Naudin, elles affronteront tempêtes, chaleur étouffante, vents de sable, ciels bouchés, tracasseries administratives...mais arriveront à destination après des escales à Foggia, Rhodes, Alep, Bagdad, Bassorah, Bouchir, Karachi, Ahmedabad, Bombay et Hyderabad. le retour se fera par Karibal, Yanaou, Chandernagor, Bénarès, Âgrâ, Delhi, Karachi, Djask, Bouchir, puis à travers la Syrie, l'Égypte, la Tripolitaine et la Tunisie.

Cette même année 1937, la plus belle de sa carrière aéronautique, sera également celle de ses records du monde :

  • Record d'altitude pour multiplace à 5500 m. comme passagère de Clément (4 novembre 1937).
  • Record féminin d'altitude sur monoplace à 6241 m. (5 novembre 1937).
  • Record féminin d'altitude sur multiplace à 5343 m. avec Alix Lucas-Naudin (10 novembre 1937).
  • Record féminin d'altitude , catégorie 2 à 6782 m. (29 décembre 1937).
  • Record de vitesse sur 2 000 km à la moyenne de 245 km/h (30 décembre 1937).

Pour Claire Roman, l'année 1938 se résume à 40 heures de vol. Un projet de croisière promotionnel monté avec le ministère de l'Air est abandonné en raison de la situation internationale tendue. Claire n'en complète pas moins sa quantité de licences en passant les brevets A, B et C de vol à voile.

A la déclaration de guerre, elle se met à disposition des autorités militaires pour convoyer des avions de tourisme réquisitionnés, jusqu'en juin 1939, en pleine débâcle, où un décret est signé autorisant des femmes-pilotes dans l'armée. Elle devient alors le sous-lieutenant Roman chargé d'évacuer des avions de liaison ou d'entraînement sous les bombes allemandes. capturée par l'ennemi en Bretagne, elle parvient à s'évader après plusieurs tentatives dans des conditions rocambolesques. Citée à l'ordre de l'armée et décorée de la Croix de guerre, elle rejoint Bordeaux et reprend immédiatement ses missions dans le sud-ouest. Elle pilote ainsi jusqu'à la fin août 1940 où démobilisée elle reprend ses activités d'infirmière convoyant un camion de 5 tonnes à travers la France d'un camp de prisonniers à un autre.

Le 4 août 1941, apprenant sa mère malade à Pau, elle embarque comme passagère à bord d'un avion civil effectuant une liaison Vichy-Pau. Pris dans de très mauvaises conditions météorologiques, l'avion percute un pic montagneux au-dessus du département de l'Aude. Le pilote, le radio et les trois passagers, dont Claire, sont tués sur le coup.

Sans doute moins connue que ses consœurs Hélène Boucher ou Maryse Bastié, Claire Roman, première femme française pilote militaire, n'en fut pas moins une personne particulièrement intelligente, apprenant à piloter très vite les appareils les plus divers, mais aussi une femme remarquable de courage et de dévouement. Elle est inhumée à Carcassonne au cimetière Saint-Vincent, carré 3, tombe 254.

Bibliographie

  • Aviatrices, un siècle d'aviation féminine française, Musée de l'air et de l'espace, Éditions Altipresse, 2004
  • Revue Pégase n° 113, 2e trimestre 2004 : Claire Roman - Première aviatrice française

Lien externe


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Claire Roman de Wikipédia en français (auteurs)

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