Cisjordanie occupée

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Cisjordanie

Cisjordanie

La Cisjordanie est une région du Proche-Orient, entre Israël et la Jordanie, dont le statut est sujet à discussions entre Israël et l'Autorité palestinienne. Elle est considérée comme n'étant sous aucune souveraineté de jure. Le territoire cisjordanien s'étend sur 5 879 km2. Ses limites sont très découpées et constituent un enjeu très sensible dans les négociations entre Israël et Palestiniens.

Sommaire

Dénominations

Étymologiquement, "Cisjordanie" désigne « la région en deçà (cis-), de fait à l'ouest, du Jourdain ». Les anglophones utilisent généralement « West Bank », la « rive ouest » (du Jourdain). En Israël, le gouvernement et certains Israéliens adoptent la dénomination de "Yehuda véShomron" "יהודה ושומרון" (littéralement "Judée et Samarie"), en référence aux territoires bibliques des deux royaumes issus du schisme entre la Judée (capitale: Jérusalem) et Israël (capitale: Samarie). D'autres utilisent en hébreu l'expression "haGada haMa'aravit" "הגדה המערבית". Enfin, du côté de l'arabe qui est la seconde langue officielle en Israël, on retrouve parfois pour la désignation de cette région le terme فلسطين (Palestine) ou « Al dhifa al gharbia » الضفة الغربية qui signifie « rive ouest » .

Un certain nombre de personnes de sensibilité pro-israélienne préfèrent utiliser, en français ou en anglais, les termes de Judée-Samarie ou de Judea and Samaria, adaptés de l'expression gouvernementale israélienne pour rappeler le lien historique entre l'identité juive et ce territoire. L'ONU elle-même a également utilisé les termes de Judea et Samaria dans le texte de la résolution 181 de novembre 1947.

Le terme de Cisjordanie est apparu entre 1948 et 1967 en rapport à ce que l'on appelait encore à l'époque la Transjordanie, royaume créé artificiellement dans les années 1920 et transformé par la Société des Nations en mandat britannique, comme la Palestine.

Des personnalités publiques comme Hugh Fitzgerald [1], vice-président du Jihad Watch Board remettent en question l'utilisation du terme "West Bank" en expliquant que l'expression est imprécise et que potentiellement la totalité de l'État d'Israël (à l'exception peut-être du Néguev) est à l'ouest du Jourdain. Selon eux, il faut préférer utiliser une expression comme "Judée-Samarie" qui est plusieurs fois millénaire, plutôt que "Cisjordanie" qui ne date que de l'occupation jordanienne. Pour d'autres comme le professeur de linguistique Lewis Glinert war.pdf, « la bataille des mots est perdue pour les Israéliens » sur l'utilisation de ce terme car « Jordaniens, Britanniques et potentiellement le monde entier » utilisent déjà ce terme.

Histoire

La Cisjordanie couvre les provinces historiques de Samarie et de Judée. La population de ces provinces s'est majoritairement convertie à l'islam dès le VIIe siècle. Jérusalem devient une province de l'Empire ottoman au XVIe siècle, avant de subir, au XIXe siècle, l'influence croissante de la Grande-Bretagne[1].

Suite à la guerre israélo-arabe de 1948, la Transjordanie, où le mandat britannique ne s'applique déjà plus depuis mai 1946, annexe la région désormais connue sous le nom de Cisjordanie et s'étend sur les deux rives du Jourdain. Abd Allah ibn Hussein en devient le premier roi. Cette annexion est reconnue uniquement par le Pakistan et le Royaume-Uni. Dans les années qui suivent, des fedayin traversent la ligne verte depuis la Cisjordanie pour opérer des raids en territoire israélien.

La guerre des Six Jours en 1967 entre Israël et ses pays voisins fait perdre au royaume de Transjordanie, renommé depuis Jordanie, les territoires qu'il contrôlait à l'ouest du Jourdain : la Cisjordanie et Jérusalem-Est. Israël prend dès lors le contrôle de la région, y établit des colonies de peuplement juif et soumet le territoire à son administration militaire. Le royaume hachémite continue de contrôler la fonction publique (hôpitaux, écoles, municipalités) et de gérer les lieux saints islamiques.

Le 9 décembre 1987 éclate la première Intifada. C'est en juillet 1988 que le royaume de Jordanie renonce officiellement aux territoires de Cisjordanie, mettant fin à la représentation électorale des populations au sein du parlement jordanien, et faisant redessiner les cartes du royaume pour le limiter à la rive Est du Jourdain, dans les frontières qu'on lui connaît aujourd'hui. L'Organisation de libération de la Palestine s'impose comme représentation des populations arabes palestiniennes.

Israël et la Cisjordanie

Les frontières entre l'État d'Israël et la Cisjordanie ne sont pas encore clairement tracées et résultent des accords d'armistice israélo-arabes de 1949 suite à la guerre israélo-arabe de 1948. La Cisjordanie a été annexée et occupée par la Jordanie de 1949 à 1967, puis Israël en a pris le contrôle après la guerre des Six Jours. Les Palestiniens considèrent qu'Israël occupe les territoires de Cisjordanie, alors que du côté israélien, on préfère parler de « contrôle » et de territoires « disputés » plutôt que d'occupation. Au niveau international, cependant, il est généralement admis que la Cisjordanie est un territoire occupé, et qu'à ce titre les implantations de populations israéliennes y ont un caractère illégal en raison de la Convention de Genève. Israël a toujours vigoureusement contesté cette vision des choses, argumentant que ce territoire était sous occupation jordanienne avant 1967.

En effet, la Cisjordanie a fait l'objet d'un vaste processus de colonisation depuis les années 1970. Ce processus a entraîné la fragmentation des territoires. Le territoire est en effet maillé d'axes de circulation longs de 700 km desservant les colonies et interdits aux Palestiniens. L'essentiel des ressources hydrauliques de la Cisjordanie revient à Israël et aux colonies tandis que les Palestiniens n'ont pas en général le droit de forer de nouveaux puits[2].

En juin 2005, dans le processus lié à la décision israélienne de se « désengager » d'une partie de la Cisjordanie et de Gaza, la Cour Suprême de l'État d'Israël a déclaré que ces territoires étaient occupés par fait de guerre et ne faisaient pas partie du territoire national.

La Seconde Intifada en Cisjordanie

Depuis le début de la seconde Intifada, de nombreuses incursions israéliennes ont eu lieu en Cisjordanie en représailles aux attentats-suicides palestiniens.

La plus importante de ces incursions (nommée « Opération Rempart ») a été déclenchée suite à un attentat palestinien particulièrement meurtrier dans la ville de Netanya (« le massacre de Pâques ») le 27 mars 2002 - revendiqué par le mouvement islamiste Hamas. L'attentat a fait au final 30 morts. « Rempart » a consisté en une réoccupation de la plupart des villes palestiniennes de Cisjordanie, principalement Ramallah (où le complexe présidentiel de Yasser Arafat a été largement détruit, ainsi que le centre de la sécurité préventive palestinienne situé à Beitounya), Naplouse (où des combats particulièrement violents dans la casbah ont occasionné la mort de 78 Palestiniens), et Jénine.

Population

Les habitants de Cisjordanie sont majoritairement des Arabes palestiniens. La population de la Cisjordanie est évaluée aujourd'hui entre environ 2 et 3 millions d'habitants. Ce chiffre inclut également les Israéliens installés en Cisjordanie. En 2006, on dénombrait 220 000 Israéliens à Jérusalem-Est et 250 000 autres dans le reste de la Cisjordanie. Ils représentent 25% de la population et occupent 40% du territoire. Leur implantation a été encouragée depuis son occupation par Israel en 1967, avec une accélération du mouvement depuis 1977, sous le gouvernement de Menahem Begin. Le processus de colonisation s'est poursuivi durant toute la période du processus de paix malgré les différents engagement de gel pris par les Israéliens. Le nombre de colons a plus que doublé entre 1993 et 2006 [3]. Ces colonies sont illégales au regard de la loi internationale. La population palestinienne connaît un très fort taux d'accroissement naturel, estimé à 4,2 % par an sur la période 1990-1995, en dépit d'une très importante mortalité infantile (44%) liée à l'insuffisance des infrastructures sanitaires. En 2006, les estimations de la population palestinienne – y compris Jérusalem-Est – varient de 1,7 million[4] à 2,4 millions, le chiffre officiel.

Les conditions de vie

Les conditions de vie des populations palestiniennes en Cisjordanie suscitent de plus en plus d'inquiétude. Plusieurs missions mandatées par l'ONU, ainsi que d'innombrables témoignages, indiquent une régression spectaculaire du niveau de vie, du niveau d'éducation, et du suivi sanitaire des populations. Le principal facteur cité est la très sévère restriction de circulation des biens et personnes mise en place par l'armée israélienne. Certaines villes (Jéricho ou Jénine par exemple) sont entourées d'un fossé interdisant toute entrée ou sortie de la ville, à l'exception de points de passage ou « checkpoints » contrôlés par l'armée. Il y a aussi plus d'une centaine de ces checkpoints disséminés sur les routes de Cisjordanie, et d'innombrables contrôles mobiles. Israël de son côté assure que ces checkpoints sont indispensables à la protection de ses citoyens, en Israël comme en Cisjordanie. De plus, la présence et l'agrandissement continu des colonies israéliennes ajoutent des sources de conflits et d'incidents graves. Aujourd'hui, plus des deux tiers des Palestiniens disposent de moins de 2 $ par jour pour vivre[5]

Économie

L'économie de la Cisjordanie était essentiellement agricole sous l'occupation jordanienne. Après son occupation par Israël en 1967, cette dernière a favorisé le développement d'une main-d'œuvre industrielle en faisant appel à des dizaines de milliers de travailleurs palestiniens employés dans l'industrie israélienne, et notamment dans le secteur du bâtiment. Cependant, cette main d'œuvre est la première touchée par les mesures de bouclage périodiques des territoires occupés. L'activité industrielle n'a pas compensé les pertes en emplois agricoles, également dues à la colonisation des meilleures terres. Aujourd'hui, l'agriculture réalise moins de 20% du PNB, contre 40% pour l'industrie et les services. L'activité industrielle se limite à l'industrie légère parfois très proche de l'activité artisanale.

La barrière de séparation

Voir l'article détaillé Barrière de séparation israélienne

En 2002, le gouvernement israélien (à l'époque un gouvernement de coalition contenant aussi bien le Likoud que les travaillistes) a décidé la construction d'une barrière de séparation dont le but annoncé est de protéger les citoyens israéliens des attentats-suicides. Une controverse a immédiatement explosé, alimentée par le tracé du passage de la clôture. Celui-ci, empiétant parfois largement hors des frontières de 1967, est considéré par les Palestiniens comme une tentative d'appropriation de terres par le biais d'un fait accompli sur le terrain. Cette controverse a culminé lors de l'intervention de la Cour Internationale de Justice sur le sujet, qui a déclaré le mur illégal. Israël n'a pas ratifié le traité créant cette Cour, et ne reconnaît pas son autorité.

Cette barrière aggrave significativement les problèmes économiques des populations palestiniennes et, dans un certain nombre de cas, crée des obstacles à l'accès aux soins et à l'éducation. Elle a cependant apparemment eu un impact significatif sur le nombre d'attentats-suicides perpétrés sur le territoire israélien. Fin novembre 2004, la Cour Suprême de l'état d'Israël a ordonné des changements notables du tracé de la clôture, la rapprochant des frontières de 1967. Cependant, des « blocs » de colonies israéliennes situées dans les territoires palestiniens sont encore englobés dans le tracé modifié.

Notes et références

  1. Encyclopédie Encarta Article:Cisjordanie
  2. Géoploitique du Maghreb et du Moyen-Orient p 174
  3. Géopolitique et Maghreb et du Moyen-Orient p 174
  4. d'après une étude israélo-américaine pademographics
  5. Cisjordanie et bande de Gaza (consulté le 4 décembre 2006)

Voir aussi

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Palestine (région, terminologie, histoire générale)

Palestine (arabe)

Israël

Conflit israélo-arabe et « israélo-palestinien »

Liens externes

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