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Chèvre domestique Capra aegagrus hircus Classification Règne Animalia Embranchement Chordata Sous-embr. Vertebrata Classe Mammalia Sous-classe Theria Infra-classe Eutheria Ordre Artiodactyla Famille Bovidae Sous-famille Caprinae Genre Capra Espèce Capra aegagrus Sous-espèce Capra aegagrus hircus
Linnaeus, 1758Retrouvez ce taxon sur Wikispecies
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sont disponibles sur CommonsLa chèvre domestique est un mammifère herbivore et ruminant, appartenant à la famille des bovidés, sous-famille des caprinés ou caprins. La chèvre a été domestiquée dès le début du Néolithique[1] (environ -10000 ans), vraisemblablement d'abord pour son lait, puis pour sa laine, sa viande et sa peau.
Sommaire
Description
La chèvre est un animal de petite taille, à cornes arquées ou sans cornes (motte), très agile, particulièrement adapté au saut. Sa température interne normale est assez élevée (de 38 à 39,5 °C, soit 102 à 103 degrés F). On la trouve dans toutes les régions du globe, particulièrement en montagne. Les mâles sont appelés boucs, les petits sont des chevreaux. Le mâle castré peut être appelé menon dans certaines régions. Les boucs dégagent toujours une odeur puissante, accrue au moment du rut.
La chèvre a des incisives inférieures, elle n'a pas d'incisives supérieures. Seul un bourrelet de chair couvre sa mâchoire supérieure.
Les chèvres ont toutes 60 chromosomes[2] par cellule. La chèvre mesure entre 80 cm et 1 m, et pèse, selon ses origines, entre 15 kg et 80 kg. Elle vit en moyenne 14 ans.
La chèvre bêle ou béguète.Comportement
La chèvre est un animal relativement intelligent, s'attachant volontiers au soigneur. C'est une grimpeuse adaptée aux escarpements rocheux, aux murailles ou aux arbres si leur feuillage est convoité.
Soins
Certaines races de chèvre, parmi les moins rustiques (alpine, saanen etc) ne peuvent rester en plein air pendant les mois d'hiver. Comme beaucoup d'animaux d'élevage, elles doivent avoir accès à de l'eau en quantité suffisante.
Alimentation
Elle se nourrit de toutes sortes de végétaux sauvages ou cultivés. Ces besoins journaliers sont de l'ordre de:
- 2 kilogrammes de matières sèches (10 kilogrammes de vert) qu'elle pâturera ou d'un foin composé de légumineuses (vesce, lotier, luzerne etc) et de graminées (dactyle, ray-grass etc)
- 10 litres d'eau environ (variable selon que la ration se compose de vert ou de sec)
- du sel ou une pierre à sel à volonté (compléments en sels minéraux).
Santé
La météorisation est une affection qui peut tuer une chèvre en quelques heures. Elle est en général provoquée par la consommation de repousses d'herbes, ou d'herbe trop mouillée de rosée, ou d'un brusque refroidissement. La digestion étant brutalement arrêtée, l'herbe fermente dans l'appareil digestif, occasionnant le dégagement de gaz. Au printemps, pour les troupeaux faisant la transition entre les chêvreries et les pâtures (« mise à l'herbe »), les éleveurs continuent à fournir une partie d'alimentation sèche.
Reproduction
La chèvre peut se reproduire dès l'âge de 7 mois. En général, les chaleurs ont lieu à la fin de l'automne. La gestation dure 5 mois, au terme desquels la chèvre met bas un ou deux chevreaux. On procède au sevrage des chevreaux à environ 2 mois (entre 14 kg et 16 kg).
Systématique
On a donné aux caprins domestiques le nom scientifique de Capra hircus au XVIIIe siècle, avant le développement de la biologie évolutive. Cette dernière a mis en lumière l'étroite relation existant entre les races domestiques et sauvages. Dans ce contexte, le statut scientifique des « espèces » domestiques a été remis en cause, et beaucoup de biologistes ne les considèrent plus désormais que comme des formes domestiquées des espèces sauvages originelles.
Une espèce est en effet constituée de « groupes de populations naturelles, effectivement ou potentiellement interfécondes, qui sont génétiquement isolées d'autres groupes similaires[3] ». Or, les « espèces » domestiques se croisent avec leur espèce parente quand elles en ont l'occasion. « Vu que, du moins en ce qui concerne les races d'animaux domestiques primitives, celles-ci constitueraient, en règle générale, une entité de reproduction avec leur espèce ancestrale, si elles en avaient la possibilité, la classification d'animaux domestiques en tant qu'espèces propres n'est pas acceptable. C'est pourquoi on a essayé de les définir comme sous-espèces[4] ».
On donne alors à la nouvelle sous-espèce le nom de l'espèce d'origine, complété par le nom de sous-espèce (qui reprend la seconde partie de l'ancien nom d'espèce) et depuis 1960 environ, on utilise de plus en plus la désignation "forma", abrégée "f", qui exprime clairement qu'il s'agit d'une forme d'animal domestique qui peut éventuellement remonter jusqu'à diverses sous-espèces sauvages : Capra aegagrus f. hircus[4]
Races
Le genre capra comprend des espèces comme la chèvre domestique, la chèvre sauvage (Capra aegagrus), le bouquetin, ou le markhor.
Certaines races sont élevées spécialement pour leur pelage : tel est le cas de la chèvre angora, originaire de Turquie (Angora est l'ancien nom d'Ankara) dont le poil sert à produire le mohair, et de la chèvre du Cachemire ; d'autres le sont uniquement pour leur viande, à l'instar de la race Kiko.
En Suisse, on recense 5 races, dont la Saanen, blanche sans cornes à poils courts, excellente laitière, et la Toggenburg, de pelage fauve à sombre, caractérisée par ses deux bandes blanches de l'oreille à la bouche, excellente laitière elle aussi.
Enfin, des chèvres d'espèces naines sont également élevées comme animaux de compagnie.
La plupart du temps, les chèvres sont domestiquées, mais on les trouve encore à l'état sauvage dans quelques contrées du Caucase, d'Iran, d'Afghanistan ou d'Irak. Leur domestication est ancienne (au moins VIIIe millénaire av. J.‑C.). On les élève pour leur lait, leur cuir, leur poil et leur viande.
Les cheptels
En France, la chèvre est élevée surtout pour son lait, qui sert à la fabrication de fromages mais les chèvres laitières de réformes fournissent tout de même de la viande.
Les races caprines : en France deux races dominent : l'alpine, environ 55 % du cheptel, la saanen, originaire de la vallée de la Saanen en Suisse, environ un quart. Le troupeau comprend au total 1 254 000 têtes, dont 856 000 chèvres.
Les principaux pays par l'importance de leur cheptel caprin sont les suivants :
(nombre de têtes)
- Monde (total) : 837 000 000
- Chine : 199 000 000
- Inde : 125 000 000
- Pakistan : 52 800 000
- Soudan : 40 000 000
- Bangladesh : 34 500 000
- Niger : 27 000 000
- Iran : 26 000 000
- Indonésie : 12 450 000
- Tanzanie : 11 700 000
- Kenya : 11 000 000
Histoire
Les chèvres semblent avoir été d'abord domestiquées il y a environ 10 000 ans (fin de la dernière glaciation) dans les monts Zagros et sur les plateaux d'Iran. L'autre centre de domestication connu, le plus important quantitativement, est l'Est de l'Anatolie (Turquie).
Les analyses génétiques d'ADN fossile laissent penser que les hommes ont d'abord protégé des populations de chèvres sauvages en tuant leurs prédateurs. Puis les tribus ont commencé à les élever pour avoir plus facilement sous la main du lait conservé sous forme de fromage, des poils, de la viande et des peaux[5]. Les chèvres domestiques étaient généralement gardées dans des troupeaux qui se déplaçaient sur les collines ou sur d'autres domaines de pâturage analogues. Les chevriers qui les soignaient étaient souvent des enfants ou des adolescents, pareils à l'image que nous nous faisons du berger. Ces méthodes de garde se rencontrent encore aujourd'hui.
La domestication des chèvres a probablement engendré des modifications significatives des paysages et des écosystèmes (recul des zones arborées au profit des buissons et « maquis »).
La peau de chèvre est utilisée pour le transport de l'eau, du lait caillé ou du vin. Historiquement, elle servait aussi à produire le parchemin, qui était le support le plus employé pour écrire en Europe jusqu'à l'invention de l'imprimerie et la vulgarisation du papier.
La Bible mentionne, dans le livre de la Genèse, que Rebecca prépare à son mari Isaac deux chevreaux pour qu'Isaac bénisse Jacob (Gn 27:9).
Lait, fromage et viande
Lait
Le lait de chèvre est plus digeste que le lait de vache : on le recommande donc pour les bébés et les personnes qui supportent mal le lait de vache. Le caillé est beaucoup plus fin et plus digeste. De plus, il est naturellement homogénéisé car il est dépourvu d'une protéine, l'agglutinine. Le lait de chèvre contient moins de lactose que d'autres laits : environ 40-45 grammes par litre de lait contre 45-50 g pour le lait de vache et 65-70 grammes pour le lait humain.
Contrairement à une idée reçue, le lait de chèvre n'a pas naturellement mauvais goût : prélevé sur des chèvres propres et en bonne santé, manipulé correctement dans des conditions d'hygiène appropriées, et réfrigéré rapidement, il présente une saveur particulière appréciée.
Fromage
Article détaillé : Fromage au lait de chèvre.Le lait de chèvre est aussi utilisé pour fabriquer des fromages très populaires comme le Rocamadour et la Feta, bien qu'il puisse aussi bien servir à produire n'importe quel type de fromage.
À noter que quatorze appellations françaises de fromage de chèvre sont protégées par le système AOP : Banon (2003), chabichou du Poitou (1990), Charolais (2010), Chevrotin (2002), crottin de Chavignol (1976), Mâconnais (2005), pélardon (2000), picodon (1983), pouligny Saint-Pierre (1972), Rigotte de Condrieu (2009) rocamadour (1996), sainte-maure (1990), selles-sur-cher (1970), valençay (1998).
Viande
Article détaillé : viande de chèvre.Les propriétés dermatologiques du lait de chèvre
Le lait de chèvre a des propriétés uniques qui sont reconnues à travers le monde. Les composants naturels du lait de chèvre sont de petite taille. Ils sont ainsi plus facilement absorbés par la peau, ce qui favorise une hydratation en profondeur. Le lait de chèvre est riche en triglycérides à courtes chaînes (acides caprique, caproïque et caprylique), acides gras très prisés en cosmétique pour leurs effets sur l’équilibre du pH cutané. De plus, il contribue à réduire la tension de surface de l’épiderme.
Sa structure moléculaire étant simple et petite, elle pénètre mieux les pores de la peau. Elle aide ainsi à reconstruire le film hydrolipidique.
Ce lait aide ainsi à soulager efficacement et en douceur, les peaux sensibles, allergiques ou affectées par des dermatoses, qu'il s'agisse d'acné, de psoriasis, ou d'eczéma.
Chèvres célèbres
- Amalthée, la fameuse chèvre de la mythologie grecque qui nourrit Zeus enfant. Sa corne, brisée par le jeune dieu, fut transformée en Corne d'abondance.
- Djali, la compagne d'Esméralda, héroïne du roman Notre-Dame de Paris de Victor Hugo.
- Blanquette, la Chèvre de monsieur Seguin, l'émouvante et inoubliable héroïne des célèbres Lettres de mon moulin, d'Alphonse Daudet.
- Biquette, monture de Pirlouit, dont les coups de cornes sont souvent une arme redoutable dans les combats dans les Johan et Pirlouit, de Peyo.
- Japeth, le bouc de montagne condamné par un sort à ne s'exprimer qu'en chantant (du country trépidant !), dans La Véritable Histoire du Petit Chaperon rouge (Hoodwinked), film d'animation parodique de Cory Edwards, Todd Edwards et Tony Leech.
- Dans les aventures de Tintin, L'Île Noire, une chèvre (qui ne porte pas de nom) délivre Tintin de deux bandits qui ont l'intention de le tuer en l'obligeant à sauter du haut d'une falaise. Cette chèvre est délivrée par Milou du pieu auquel elle est attachée. En poursuivant Milou qui se dirige sur les deux hommes, la chèvre les déstabilise et sauve Tintin de la mort.
Notes
- Sándor Bökönyi, en particulier A comparison of the early neolithic domestic and wild faunes of the Balkans, Italy and South France, Cahiers Ligures de préhistoire et Protohistoire N.S.2, 1985 Voir à ce sujet les travaux remarquables de
- PAILHOUX E, CRIBIU EP, CHAFFAUX S, DARRE R, FELLOUS M, COTINOT C (1994) Molecular analysis of 60,XX pseudohermaphrodite polled goats for the presence of SRY and ZFY genes. J. Reprod. Fertil., 100,491-496.
- Ernst Mayr. , selon la célèbre définition de
- CITES, 20 décembre 1991, [1]. « Instruction CITES pour le service vétérinaire de frontière »,
- Naderi, Saeid, « The goat domestication process inferred from large-scale mitochondrial DNA analysis of wild and domestic individuals » PNAS 2008 105:17659-17664; published online before print November 12, 2008, doi:10.1073/pnas.0804782105
Voir aussi
Articles connexes
Références externes
- Référence Fauna Europaea : Capra aegagrus (en)
- Référence ITIS : Capra hircus L., 1758 (fr) ( (en))
- Référence NCBI : Capra hircus (en)
- Référence UICN : espèce Capra aegagrus hircus L., 1758 (en)
- Référence GISD : espèce Capra hircus (en)
Liens externes
Catégories :- Mammifère (nom vernaculaire)
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