Charles Louis Huguet de Sémonville

Charles Louis Huguet de Sémonville

Charles-Louis Huguet de Sémonville

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Charles-Louis Huguet de Montaran, marquis de Sémonville est un homme politique et diplomate français. Il est né à Paris le 9 mars 1759 et y est mort le 11 avril 1839.

Sommaire

Le jeune révolutionnaire

Il est le fils de Huguet de Montaran qui fut commis du cabinet sous le règne de Louis XV. Conseiller au Parlement de Paris à 19 ans, il s'oppose énergiquement à la réforme de Loménie de Brienne en juillet 1787 et est l'un des parlementaires à réclamer la réunion des États généraux[1]. Avec plusieurs de ses confrères, suite à cette fronde du Parlement, il est envoyé à Troyes après le lit de justice d'août 1787, .

Député suppléant de Paris aux États généraux de 1789, Charles-Louis de Sémonville était très lié à Mirabeau, il prépare sa défection en faveur de la Cour. Il fréquente également activement Talleyrand, La Fayette et le Comte de Provence, futur Louis XVIII. Proche de Montmorin, ministre des Affaires Étrangères, il est chargé de remplir une mission secrète dans la Belgique insurgée contre l'empereur Joseph II en 1790.

Le diplomate

Ses nombreuses et utiles relations lui permettent de décrocher le poste de ministre plénipotentiaire près de la République de Gênes du 20 novembre 1790 et le 11 août 1792. Sa réputation de jacobin lui vaut de nombreuses difficultés, au point que lorsque sa légation est réunie avec celle de Turin, il se voit interdit de séjour sur le territoire sarde. Nommé ambassadeur de France à Constantinople, il ne peut pour les mêmes raisons se rendre à son poste. Sémonville est alors envoyé en Corse et y rencontre Napoléon Bonaparte. Victime d'une dénonciation, il reprend le chemin de Paris afin de se disculper. On le charge d'une nouvelle mission à Constantinople, il fait le trajet avec son ami Hugues-Bernard Maret, envoyé à Naples, mais ils sont faits prisonniers par les Autrichiens le 25 juillet 1793 à Novate Mezzola, dans les Grisons en Suisse, et emprisonnés à Mantoue puis à Kufstein, en Autriche. Ils sont échangés contre Madame Royale, fille de Louis XVI en 1795, après vingt-neuf mois de captivité.

De retour à Paris, Sémonville s'occupe de toucher les indemnités auxquels il prétend avoir droit du fait de sa longue détention en Autriche. Paul Barras, l'homme fort du Directoire, le charge de plusieurs missions ponctuelles.

Après le Coup d'État du 18 brumaire an VIII (9 novembre 1799), durant lequel il ne joue qu'un rôle occulte, il est nommé par Napoléon Bonaparte ministre plénipotentiaire puis ambassadeur extraordinaire à La Haye. Cette mission est difficile car les Bataves mettent toute la mauvaise volonté du monde à répondre aux attentes de Sémonville mais son talent de diplomate permet à la France et à la République batave de rester alliées, en dépit des différences d'intérêts et de caractères des deux nations.

Le parlementaire

Nommé sénateur le 1er février 1805, il rentre à Paris et s'occupe naturellement des questions de diplomatie abordées au Sénat conservateur. Il est fait comte de l'Empire le 8 mai 1808. Après le divorce de Napoléon et Joséphine, il joue un rôle suffisamment important dans le choix de Napoléon pour l'autrichienne Marie-Louise pour que l'empereur François Ier le décore de l'ordre impérial de Léopold. Sentant que la Campagne de Russie (1812) est porteuse de nombreux désastres, il prend peu à peu ses distances avec le pouvoir impérial. Napoléon le nomme une dernière fois commissaire extraordinaire à Bourges pour mobiliser toutes les énergies disponibles, c'est-à-dire accélérer la conscription et museler les oppositions. Sémonville y joue un rôle ambigu et rentre à Paris après l'abdication de Napoléon le 6 avril 1814 à Fontainebleau.

Sémonville prend une part importante dans la rédaction de la Charte de 1814. Lui ayant permis d'échapper aux accusations portées contre lui dans l'affaire Favras en 1789, Louis XVIII le fait pair de France et « grand référendaire », fonction nouvelle créée pour lui qui correspond, en quelques sortes, aux fonctions de président de la chambre. Son rôle est celui d'un intermédiaire entre le roi et la Chambre des pairs.

Calculateur, il se tient à l'écart dans son château de Pirou, près de Coutances (Manche), durant les Cent-Jours. Toutefois, ses deux fils adoptifs font des choix différents : le général Charles-Tristan de Montholon se joint à Napoléon mais Louis-Désiré de Montholon s'enfuit avec Louis XVIII à Gand.

Après Waterloo, et malgré le départ du général Montholon pour Sainte-Hélène avec Napoléon, Louis XVIII confirme Sémonville dans son fauteuil de pair et de grand référendaire. Il se montre peu à la tribune de la Chambre haute, préférant agir en coulisses, conformément à son tempérament et à sa charge. Il représente sa Chambre à toutes les cérémonies protocolaires. Il est fait marquis en 1817.

Au retour de son fils après la mort de Napoléon en 1821, Sémonville fait jouer ses relations pour accélérer l'exécution du testament de Napoléon dont Montholon est le principal bénéficiaire. Ce legs n'empêche pas la faillite du général, ce qui affecte grandement le vieux Sémonville.

Le rôle de Sémonville dans les journées des Trois Glorieuses est bien connu. Ayant appris comme tout le monde la publication des fameuses « Ordonnances de Saint-Cloud » et sentant le danger qu'elles représentent pour la monarchie, le grand référendaire se rend à Saint-Cloud pour tenter d'infléchir la position de Charles X. En vain. Il annonce le 2 août l'abdication du roi à la Chambre des Pairs. Louis-Philippe Ier le confirme dans ses fonctions. De par son rôle dans la révolution de 1830, il est le témoin vedette du procès des ministres de Charles X. Il réussit à émouvoir fortement l'auditoire pourtant hostile en relatant sa conversation avec Charles X.

Sémonville démissionne de son poste de grand référendaire le 21 novembre 1834 et est remplacé par le duc Decazes. Il se retire à Versailles, ne paraissant plus qu'exceptionnellement à la Chambre.

Il meurt le 11 avril 1839 à Paris en tombant dans les escaliers de son hôtel.

Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord l'avait surnommé le vieux chat en raison de sa vive intelligence et de ses talents pour la ruse.

Avec Talleyrand et Fouché, il est l'un des hommes à avoir prêté le plus de serments au cours de sa carrière avec un total de 17 serments de fidélité. Il était grand-croix de la Légion d'honneur et chevalier de l'ordre autrichien de Léopold.

Publications

  • De la nécessité d'assembler les États généraux dans les circonstances actuelles, et de l'inadmission du timbre, Paris, 1787 ;
  • Réflexions sur les pouvoirs et instructions à donner par les provinces à leurs députés aux États-généraux, Paris, 1789 ;

Notes et références

  1. Charles-Louis Huguet de Sémonville, De la nécessité d'assembler les États généraux dans les circonstances actuelles et de l'inadmission du timbre, Paris, 1787

Sources

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