- Chaise électrique
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La chaise électrique est un instrument d'application de la peine de mort par électrocution, inventé et utilisé aux États-Unis (et aussi aux Phillippines par le passé). Elle a été mise au point à la fin des années 1880 par Harold P. Brown, sur la demande de Thomas Edison, alors que les États-Unis cherchaient une alternative moins cruelle et plus efficace à la pendaison.
Sommaire
États concernés
Principe et procédure
Le condamné à mort est assis et ligoté sur une chaise spéciale. On lui applique des électrodes sur certaines parties du corps, généralement sur une partie du crâne rasée, et une jambe. Une meilleure conductivité est assurée par la mise en place d'éponges imbibées de solution conductrice (électrolytes) entre les électrodes et la peau ; auparavant, on se contentait de bien mouiller la zone de contact.
Puis une forte différence de potentiel est appliquée entre les électrodes, résultant en un fort courant électrique dans le corps et une électrisation. Les modalités ont varié au fil du temps mais restent basées sur des cycles automatiques. Une première électrocution de 2000 volts pendant une dizaine de secondes permet de diminuer les résistances de la peau, et d'entraîner une perte de conscience. Puis après une pause de quelques secondes, le courant est envoyé à nouveau pendant une vingtaine de secondes, avec une tension abaissée à environ 500 volts afin d'éviter que le corps, dont la température peut atteindre 59°C, ne prenne feu[1].
Les fonctions vitales du condamné sont ensuite vérifiées afin de s'assurer qu'il est bien mort.
Usage
Le premier condamné à mort exécuté sur la chaise électrique fut William Kemmler, le 6 août 1890, date où Edwin Davis officia en tant que premier « Électricien d'État » (un euphémisme pour qualifier ce nouveau type de bourreau). Dans les années qui suivirent, plusieurs États américains adoptèrent ce moyen d'exécution, qui resta le plus employé jusqu'à ce qu'elle soit remplacée principalement par l'injection létale dans les années 1980. La chaise électrique a également été utilisée aux Philippines.
Les condamnés à mort peuvent choisir entre l'injection létale et l'électrocution dans sept États[2]. En Alabama, Caroline du Sud, Floride, et Virginie, les condamnés peuvent choisir l'électrocution sans condition. En Arkansas et au Tennessee, les condamnés ne peuvent choisir la chaise électrique que si le crime pour lequel ils ont été condamnés a été commis respectivement avant le 4 juillet 1983 et 31 décembre 1998. Ceux qui ont été condamnés dans le Kentucky ne peuvent choisir cette méthode que s'ils ont été condamnés avant le 31 mars 1998. Ceux qui ont été condamnés à mort dans ces trois Etats après les dates mentionnées seront exécutés par injection létale.
Depuis 1977, onze personnes ont effectivement choisi l'électrocution. Un douzième avait également choisi cette méthode mais fut exécuté par injection en dépit de son choix.
- John Swindler exécuté le 18 juin 1990 en Arkansas
- Larry Gene Bell exécuté le 4 octobre 1996 en Caroline du Sud
- Kenneth Stewart exécuté le 23 septembre 1998 en Virginie
- Allen Lee Davis executé le 8 juillet 1999 en Floride
- Michael Clagett exécuté le 6 juillet 2000 en Virginie
- John William Byrd, Jr devait être exécuté le 12 septembre 2001 en Ohio mais un sursis lui fut accordé (alors que toutes ses demandes avaient été rejetées) afin que l'état modifie sa législation et fasse de l'injection létale sa seule et unique méthode d'exécution. Il fut finalement exécuté le 19 février 2002 par injection.
- Earl C. Bramblett exécuté le 9 avril 2003 en Virginie
- James Neil Tucker exécuté le 28 mai 2004 en Caroline du Sud
- Brandon Hedrick exécuté le 20 juillet 2006 en Virginie
- Daryl Holton exécuté le 12 septembre 2007 dans le Tennessee
- James Earl Reed exécuté le 20 juin 2008 en Caroline du Sud
- Paul Warner Powell exécuté le 18 mars 2010 en Virginie[3]
La cour suprême du Nebraska a officiellement aboli l'usage de la chaise électrique le 8 février 2008 jugeant que cette méthode représente un traitement cruel et inhabituel (cruel and unusual punishment), interdit par le 8e amendement à la constitution américaine[4]. Le Nebraska était le dernier État américain à imposer cette méthode aux condamnés à mort. Depuis la fin du moratoire sur la peine de mort aux États-Unis en 1976, le Nebraska a exécuté trois prisonniers[4]. La dernière personne à avoir été exécutée par électrocution sans que le choix ne lui eût été laissé fut Lynda Lyon Block, le 10 mai 2002 en Alabama, une femme ayant tué un policier.
Controverses et abandon
Il y eut, par le passé, des accidents, notamment dus à la mise en place incorrecte de la solution conductrice ou à des contacts défectueux dans les électrodes. Dans ce cas, le condamné subit des chocs électriques répétés alors qu'il reste conscient, son agonie se prolonge, et ses chairs au contact des électrodes peuvent brûler et dégager de la fumée (comme dans une scène de La ligne verte).
Le Texas abandonna la chaise électrique en 1982, pour la remplacer par l'injection létale. Par la suite l'usage de la chaise diminua dans tout le pays.
Les exécutions ratées dans l'État de Floride, en 1990, 1997 et 1999 ont attiré l'attention des médias, notamment lors de la diffusion sur Internet de photos prises juste après l'exécution d'Allen Lee Davis le 8 juillet 1999[5]. Pour ces raisons, la chaise électrique, initialement inventée comme devant être un moyen d'exécution moderne et propre, a été très contestée puis abandonnée dans tous les États qui l'utilisaient encore.
Sans controverse ou impact médiatique particulier (et ne le cherchant pas), le film La Ligne verte[6] montre, dans un de ses passages, et de façon vraisemblable, quoique adaptée à un large public, les conséquences d'une « exécution ratée » à la chaise électrique. La chaise électrique fut aussi l'objet d'une chanson de Metallica: Ride The Lightning.
Notes et références
- La chaise électrique sur le portail d'information sur la peine de mort. Chiffres de juin 2005.
- (en)Les méthodes d'exécution par état
- http://deathpenaltyinfo.org/executions-2010
- (en) Adam Liptak, « Nebraska's Top Court Forbids Electrocution », The New York Times. Consulté le 09-02-2008
- n°1, n°2, n°3. Photographies du corps de Allen Lee Davis après son exécution :
- La Ligne verte, site officiel.
Voir aussi
Articles connexes
Catégories :- Méthode d'exécution
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