- Caroline (écriture)
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Minuscule caroline
Pour les articles homonymes, voir Caroline.La minuscule caroline est une écriture apparue au VIIIe siècle, vers 780 sous l'impulsion de Charlemagne, dans l'école palatine tenue par Alcuin puis elle se répand depuis Saint Martin de Tours où l'érudit s'est retiré à la fin de sa vie. Elle se diffuse ensuite dans tout l'Empire dans les codex, les capitulaires et divers textes religieux avant d'évoluer vers l'écriture gothique au XIIe siècle. Elle présente des formes rondes et régulières qui la rendent plus facile à lire et à écrire que la minuscule mérovingienne, ce qui assure sa renaissance au XVe siècle, sous la forme de l'écriture humanistique lorsque des humanistes florentins l'ont redécouverte et préférée à l'écriture gothique qu'ils jugeaient artificielle et illisible.
Sommaire
Naissance
Contrairement à la capitale caroline qui descend directement de la capitale romaine, la minuscule caroline s'inspire de l'écriture onciale et demi-onciale tout en intégrant des éléments de l'écriture insulaire utilisée en Grande-Bretagne et en Irlande. Elle fut créée par Alcuin, maître de l'Académie palatine, entre 782 et 796, suite à la volonté de Charlemagne d'uniformiser les écritures régionales et de remplacer l'écriture mérovingienne devenue illisible par une écriture qui serait facile à déchiffrer et à rédiger à travers tout son Empire. Après s'être répandue depuis Aix-la Chapelle, elle rayonne à partir du scriptorium de Saint-Martin de Tours, un des principaux foyers de culture de l'époque, où Alcuin s'est retiré comme abbé. Elle tient son nom de l'empereur Charlemagne (Carolus Magnus en latin).
Caractéristiques
La minuscule caroline est homogène et régulière, avec des formes arrondies claires, mais surtout lisibles. Elle établit des règles d'écriture qui n'étaient pas systématiques auparavant, comme la séparation des mots au moyen d'une espace.
L'écriture carolingienne présentait généralement moins de ligatures que d'autres écritures contemporaines alors que l'esperluette et les ligatures ae, rt, st, et ct sont communes. La lettre « d » apparaît souvent sous une forme onciale, avec une ascendante inclinée vers la gauche, tandis que la lettre « g » est semblable à la graphie moderne plutôt qu'à l'onciale. Les ascendantes tendent à être épaissies à leurs extrémités.
Lors du règne de Charlemagne (fin VIIIe siècle, début IXe), la caroline présentait encore de nombreuses variations régionales dans le tracé des lettres. La forme onciale du « a » était encore largement utilisée à cette période. Le point d'interrogation est utilisé de la même manière que dans l'écriture bénéventine de cette époque. La caroline fleurit au IXe siècle où elle s'uniformise dans les pays qui l'utilisent, avec moins de variations dans le tracé des lettres. La forme moderne du « S » au lieu du S long et celle du « V » qui n'est plus écrit comme la lettre « U » apparaissent, et les ascendantes, après s'être épaissies, commencent à être empatées. Après le IXe siècle, la caroline décline lentement pour prendre des formes de plus en plus gothiques du Xe au XIe siècles : les lettres deviennent plus anguleuses et les ascendantes sont penchées à droite et se terminent par une fourche.
Diffusion
La nouvelle écriture s'imposa principalement dans les zones sous forte influence carolingienne, parfois au delà comme l'atteste le manuscrit de Freising au Xe siècle qui est le premier texte connu en écriture romaine rédigé en langue slave et contenant le premier texte en Slovène écrit en minuscule caroline.
En Suisse, la Caroline est utilisée dans les minuscules Rhaetienne et Alémanique. Les manuscrits écrits en minuscule rhaetienne tendent à mincir leur lettres, à la manière de l'écriture insulaire, avec les lettres « a » et « t », ainsi que les ligatures comme « ri » qui montrent une similitude avec le Wisigothique et le Bénéventien. La minuscule alémanique utilisée brièvement au début du IXe siècle, est plus grande et plus épaisse, très droite comparée à la rhaetienne inclinée.
En Autriche, Salzbourg est le pôle principal de l'écriture caroline, tandis que Fulda, Mayence et Würzburg rayonnent sur la Germanie. La minuscule germanique est ovale et très inclinée vers la droite. Il possède également des caractéristiques onciales, comme l'ascendante de la lettre « d » penchant à gauche, et les traits verticaux initiaux des lettres « m » et « n ».
Dans le nord de l'Italie, le monastère de Bobbio utilise le minuscule caroline au début du IXe siècle. Par le défaut de l'aire d'influence de Charlemagne et de ses successeurs, cette écriture rencontre la résistance de la Curie romaine ; néanmoins le type Romanesca se développe à Rome après le Xe siècle. L'écriture n'a été adoptée en Angleterre et en Irlande qu'à la suite de réformes ecclésiastiques au milieu du Xe siècle. En Espagne, une écriture wisigothique traditionnelle survit ; et dans l'Italie méridionale, une minuscule bénéventine survit dans le duché lombard de Bénévent le long du XIIIe siècle, bien que par la suite la Romanesca apparut dans le sud de l'Italie.
Rôle dans la transmission culturelle
L'écriture caroline a permis la conservation et la transmission des œuvres classiques (Ovide, Cicéron, Virgile). Elle participe donc à la Renaissance carolingienne. Plusieurs milliers de manuscrits de l'époque carolingienne utilisant cette écriture nous sont parvenus. L'écriture gothique remplace la caroline au cours du Moyen Âge. Elle est de nouveau utilisée par les humanistes de la Renaissance.
Voir aussi
Liens externes
- (fr) Entretien de l'Express avec Michel Parisse (août 2006) sur l'écriture au Moyen Âge.
- (fr) bnf.fr
Catégorie : Écriture
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