Étienne Benoist de La Grandière

Étienne Benoist de La Grandière
Étienne Benoist de La Grandière
Etbenoistdelagrandière.tiff
Naissance 24 juillet 1733
Tours, Royaume de France Royaume de France
Décès 18 décembre 1805 (à 72 ans)
Tours, Drapeau de France France
Nationalité Royaume de France Royaume de France
Profession Avocat
Magistrat
Autres activités Maire de la ville de Tours;
Député du Royaume aux Assemblées des Notables de 1787 et 1788 à Versailles.
Distinctions Rue de La Grandière (Tours);
Impasse de La Grandière (Tours);
Place de La Grandière (aujourd'hui Place du 14 Juillet) (Tours).
Ascendants Louis Benoist de La Grandière
Famille Blason famille fr Benoist-de-la-Grandière.svg

Étienne-Jacques-Christophe Benoist de La Grandière, écuyer, né le 24 juillet 1733 à Tours et décède à Tours le 18 décembre 1805, fut un juriste français. Il fut maire de la ville de Tours de 1780 à 1790, dont il fut le dernier sous l'Ancien Régime.

Sommaire

Biographie

Ses études

Etienne est le fils de Louis Benoist de La Grandière (1703-1788), ancien maire de Tours, et de Madeleine Rabasche (fille de Jean-Jacques Rabasche, sieur des Deux-Croix, qui fut maire de Tours durant 23 ans).

Il entre chez les Jésuites à Tours, puis alla ensuite à l'Université d'Orléans où il fit son droit sous le célèbre Pothier, dont les travaux ont préparé le code civil. Il reçu à plusieurs années consécutives la Médaille d'honneur qu'avait instituée Pothier pour celui de ses élèves qui aurait le mieux subi ses examens.. En 1758, son père le conduit à Paris afin de le faire recevoir dans la charge de Procureur du Roy en la Maitrise particulière des eaux et forêts de Tours que son frère, sur le conseil de son père, lui avait vendue.

Ayant prêté serment d'avocat à la Cour, à Paris, il revint à Tours. En janvier 1772, son père lui céda sa place d'assesseur de la Maréchaussée générale de Touraine. Le gouvernement le nomma Avocat-général au Parlement de sa Province en récompense de ses services, mais il en refusa la faveur car il ne pouvait se résoudre à occuper une position supérieur à celle de son père qui en était alors conseiller.

Outre ses charges de Procureur du Roi en la Maitrise des eaux et forêts de Tours, il fut également conseiller du Roi au Bailliage et siège Présidial de Tours, censeur royal, pensionné de Sa Majesté, Procureur général-syndic de l'Assemblé des Trois Provinces de la généralité de Tours (Maine, Anjou et Touraine).

Un maire au service de l'intérêt général

Portrait d'Étienne IV Benoist de La Grandière, par Jacques Delage de Lorge. Il lui fut offert par la municipalité de Tours.

En 1780, La Grandière devient maire de de la ville de Tours, mairie qu'il conservera jusqu'en 1790. Son action fut toujours dans le simple et unique objectif de l'intérêt collectif[1].

Depuis la fin du XVIe siècle, Tours était privé des foires franches. Comprenant toute l'influence que leur rétablissement aurait sur l'extension du commerce et toute l'importance qu'en pourrait retirer la Ville de Tours, il entreprit de faire autoriser par le gouvernement la réouverture de ces foires. Il eut à lutter en cette occasion contre de puissants adversaires, les fermiers généraux, qui voyaient dans la réalisation de ce projet, une atteinte portée à leurs privilèges. Ses efforts furent couronnés d'un plein succès, et, en 1782, il obtint un arrêté ordonnant qu'une foire franche aurait lieu à Tours, tous les six mois, avant d'en obtenir en 1785, la prolongation et l'augmentation.

Ce premier succès, obtenu en faveur d'une localité, fut bientôt suivi d'une amélioration d'un intérêt plus général. Les fermiers généraux étaient parvenus à persuader le ministre des Finances, que les lois fiscales qui régissaient alors la France exigeaient, sur certains points, diverses modifications. Le gouvernement, en cédant à leur demande, s'était flatté d'adoucir certaines dispositions trop rigoureuses. La Grandière, dans un mémoire adressé au ministre, signala les nombreux abus qui allaient nécessairement résulter des dispositions nouvelles; il prouva que les fermiers généraux, en faisant leurs réclamations, n'avaient été mus que par leur intérêt personnel. Ses observations furent écoutées et l'on rapporta cette mesure contraire aux intérêts de la nation.

Ce fut à cette même époque que les entrepreneurs des messageries obtinrent le privilège exclusif de transporter toutes les marchandises en transit. Un tel monopole porta un coup funeste à un grand nombre de négociants qui se trouvaient ainsi frustrés de l'exploitation de cette branche d'industrie. Les négociants s'alarmèrent d'une telle mesure: Lagrandière fut prié d'en faire ressortir les inconvéniens. Un Mémoire fut rédigé par lui et mis sous les yeux de M. de Colonia et de M. Couturier, premier commis des Finances. Frappés de la justesse de ses observations, ces fonctionnaires se hâtèrent d'obtempérer à sa demande, et l'édit fut révoqué bientôt après.

Depuis plus d'un demi-siècle le commerce des vins était entravé par plusieurs édits qui défendaient aux nombreux propriétaires des vignobles riverains de la Loire d'expédier par ce fleuve les vins destinés aux colonies. La Grandière démontra au gouvernement combien un tel état de choses était préjudiciable aux véritables intérêts du commerce. Après une année entière de démarches et de sollicitations, il parvint à faire rendre un édit qui accordait une liberté entière à la navigation sur la Loire et ses affluens.

Tandis qu'il se voyait forcé de guerroyer avec les agents des administrations pour faire lever les barrières qui arrêtaient l'écoulement des produits du sol de la Touraine, il s'occupa en outre de créer sur divers points de la province de nouvelles voies de communication. Par ses soins, on ouvrit la grande route de Vendôme à Tours, et l'on projeta le rétablissement d'un ancien canal qui réunissait autrefois le Cher et la Loire au-dessus de Tours. Ce furent aussi ses conseils qui déterminèrent les régisseurs des Poudres-et-Salpêtres à faire construire le moulin à poudre de Ripault.

Les places publiques, les rues, les marchés et les édifices de Tours furent restaurés et embellis, et il réorganisa entièrement son ancien collège, qui ne soutenait plus, depuis plusieurs années, son ancienne réputation.

Toujours préoccupé du sort de la classe laborieuse et des moyens d'améliorer sa position, il institua des Prix destinés à être décernés aux ouvriers qui auraient montré le plus d'habileté dans leur profession et fonda une École gratuite de Dessin. Cette dernière institution fut de la plus grande utilité pour les fabricants de soieries de Tours qui jusqu'alors avaient été obligés de recourir à leurs confrères de Paris pour se procurer les dessins nécessaires à la confection de leurs étoffes.

Il fait construitre à Tours un nouveau Palais de Justice et un nouvel hôtel de ville (aujourd'hui disparu), et, en 1787, il obtient, non sans de nombreuses oppositions locales, un arrêt du Conseil d'État autorisant l'établissement de l'éclairage public à Tours. Il est également à l'origine de la numérotation des maisons.

Louis XVI l'appela à siéger aux Assemblées des Notables de 1787 et 1788 à Versailles. Il s'y distingua et fut l'un des plus remarquables députés du Royaume. Il prit fréquemment la parole sur les questions les plus importantes, et principalement sur celle de la réforme financière qui préoccupait alors si vivement les esprits. Il proposa entre autres que tous les citoyens puissent concourir aux charges publiques, seul moyen de payer la dette dont l'extinction paraissait si difficile dans une époque étrangère encore aux grandes questions du crédit public. Il y interviendra toujours de manière libre et impartiale, dans le seul sens de l'intérêt du pays[2].

La Révolution

Lorsqu'il fut de retour à Tours, le peuple, excité par des pamphlets incendiaires, exaspéré par la cherté du pain, avait pris une attitude factieuse qui présageait bien des malheurs. Trois émeutes violentes éclatèrent successivement. La Grandière, au péril de sa vie plusieurs fois menacée, parvint à en arrêter les suites funestes. Par ses efforts et sa prévoyance, la ville reçut de nombreux approvisionnemens. Il fit venir de l'étranger des blés qui purent être livrés à bas prix par suite des sacrifices que s'imposa la classe aisée de Tours entraînée par l'exemple de son chef.

La population voulu lui confier le mandat de député de la Noblesse pour les États généraux de 1789, mais sa santé le poussa à refuser cette honneur. Retiré des affaires publiques, il ne cessa pas de se préoccuper des plus miséreux comme il le fit durant toute sa vie, il fit don d'un capital de vingt milles francs à l'Hospice de la Charité de Tours et de six mille francs aux pauvres de la commune de Vouvray[3].

Durant la période de la Révolution, il donna aux Bourbons une preuve de son dévouement dans une adresse pleine de courage, signé aussi par Pierre-Adrien Gaullier de La Celle et Taschereau, ancien lieutenant criminel à Tours, que Roi Louis XVI conserva. Il fut, sous la Terreur, emprisonné avec sa femme à la Prison du Luxembourg, ainsi que dans une prison de Châteauroux.

Étienne Benoist de La Grandière décèda à Tours le 18 décembre 1805.

Vie familiale

En 1762, il avait épousé Marie-Catherine Verger de Vaudenuit, fille de Jean-Gabriel, négociant et propriétaire à la Martinique, et de Marie-Françoise Roüault. Elle était la sœur de Gabriel-Benoît, écuyer, garde du corps du Roi (compagnie de Luxembourg) et capitaine de Cavalerie, beau-frère de François-Michel-Antoine de Rancher, marquis de La Ferrière. Étienne était le père de :

  • Marie-Magdeleine, épouse du banquier Alexandre-Pierre-François Goüin (d'où entre autres le ministre Alexandre Goüin) ;
  • Madeleine, épouse de Gentien Rangeard de La Germonière, écuyer, Commissaire-Général de la Marine (d'où entre autres le député Louis-Hippolyte Rangeard de La Germonière) ;
  • Louise-Catherine, épouse d'Adrien-Michel de Gaullier, chevalier, seigneur de Saint-Cyr-du-Gault et de Thaïs ;
  • Marie-Gabrielle, épouse de Charles Millochin ;
  • Étienne-Louis, écuyer, capitaine de Cavalerie, agent consulaire à Hambourg, marié à Jeanne Langlois puis à Catherine Rateau, fille d'un conseiller à la Cour de cassation de Paris.

Notes et références

  1. À l'époque, le quatrain suivant fut écrit en son honneur :
    Si Diogène eût pu voir
    Le Maire qui nous gouverne,
    Sans peine on doit concevoir
    Qu'il eût éteint sa lanterne.
  2. Cité dans le Cantique sur l'Assemblée des Notables; Sur l'air du cantique de Saint Roch, il est l'un des rares à l'être en bien : Louis Petit de Bachaumont, Jean-Toussaint Merle, Mémoires historiques, littéraires, politiques, anecdotiques et critiques de Bachaumont, ..., Paris 1809. (Google Livres)
  3. Le 14 brumaire de l'an XI, le Conseil municipal de Tours lui vota cette adresse de remerciements : Vos ancêtres ont contribué à doter cet Hospice (celui de la Charité); vous avez vous-même long-temps travaillé à sa prospérité comme Maire de Tours; vous voulez encore concourir au maintien de cet établissement utile. Cet acte de bienfaisance ne nous a pas étonnés. Nous nous rappelons tous les jours les longs services que vous avez rendus à notre Commune, et vos concitoyens n'attendent de vous que des actes qui peuvent honorer l'humanité.

Sources

  • Jarry de Mancy, Portraits et histoire des hommes utiles, bienfaiteurs et bienfaitrices de tous pays et de toutes conditions, Société Montyon et Franklin, Paris 1839. (Google livre)
  • Olivier Ducamp, Les Benoist de La Grandière et leur descendance, Éditions Christian, Paris 1998.
  • Mémoires de la Société archéologique de Touraine, Société archéologique de Touraine.
  • Jean-Nicolas Dufort de Cheverny, Mémoires sur les règnes de Louis XV et Louis XVI et sur la Révolution, Ed. Plon, Nourrit et Cie, Paris 1886.


Précédé par Étienne Benoist de La Grandière Suivi par
Michel Banchereau
Blason tours 37.svg
Maire de Tours
1780 - 1790
-

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