- Tijanisme
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Le tijanisme, ou tidjanisme est une branche de l'islam issue du soufisme, fondée par Ahmed Tijânî en 1782 (1196 de l'Hégire)[1]. La doctrine de cette voie est basée sur le Coran et la sunna de Mahomet. Elle est appelée Tarîqah Tijâniyyah en arabe, ce qui peut être traduit par « la voie tijanite ». La confrérie soufie (tariqa) est celle de la Tijaniyya (ou Tidjâniyya ou Tijâniyyah).
Ses adeptes sont les tijanis, tidjanis, tijanes, tidianes, ou tidjanes. Le Cheikh fondateur est considéré comme le seul véritable maître. Toutefois, dans chaque contrée, on retrouve un guide local considéré comme le calife ou représentant de la tariqa (voie tijanie). A ce titre, l'actuel calife de Fès considérée comme le foyer le plus influent de la voie (dès lors qu'il abrite la zawiya et le mausolée du fondateur) est Tijani Zoubir, descendant direct de Cheikh Ahmed Tijani. Au Sénégal, pays comportant une grande communauté tijanie, nous retrouvons plusieurs califes locaux, à travers tout le pays. Par exemple, Serigne Mansour Sy est l'actuel calife de la branche de Tivaone dont il porte le titre de calife général.Sommaire
Historique
Le tijanisme fut fondé par Ahmed Tijane vers 1781 à Boussemghoune en Algérie)[1]. À quarante-six ans, il aurait vu une apparition de Mahomet (sa « grande ouverture », ou fath el akbar) lors d'une retraite à Boussemghoune, au cours de laquelle celui-ci lui aurait dit qu'il était son garant, son maître choisi et son éducateur exclusif. Il lui aurait ordonné aussi de délaisser tout ce qu'il avait reçu des différents maîtres rencontrés et de leurs voies spirituelles, et de répandre sa doctrine. Mahomet lui aurait ensuite et sur plusieurs années, enseigné le « wird » tidjane[1]. De Chellala où il résida principalement depuis 1782 (1196 de l'Hégire), Tijane s'installa à Boussemghoune en 1785 (1199 de l'Hégire). Son ordre prit rapidement une expansion importante sur la région, ce qui attira l'inquiétude des autorités turques de l'époque. Il partit à Fès (situé dans l'actuel Maroc) où il arriva le 17 septembre 1798 (1213 de l'Hégire). Là il reçut le 22 juillet 1799 (18 safar 1214 de l'Hégire) le statut de Pôle caché, ce qui dans la hiérarchie islamique en fait un intermédiaire entre les prophètes et le commun des mortels, et le place immédiatement en-dessous des prophètes et de leurs compagnons[1]. Il décéda à Fès le 22 septembre 1815 (17 chawwal 1230 de l'Hégire).
Doctrine
La doctrine du tijanisme est l'accès à la connaissance de Dieu par la fana et le baqa. Le « wird » tijane consiste à réciter 100 fois la demande de pardon, 100 fois la prière sur Mahomet (« salatoul fatihi »), 12 fois la prière des « perles de la perfection » (« djawaratoul kamel »). Y a été ajouté par la suite, 100 fois la reconnaissance de l'unicité de dieu (« lâ ilâha ill’Allâh», soit « il n'y a point de Dieu excepté Dieu » - ou littéralement: pas de dieu sauf Le Dieu).[réf. souhaitée]
Aire d'implantation
Le tijanisme s'est diffusé dans un premier temps autour de Boussemghoune dans le désert de l'actuelle Algérie, puis à partir de la ville de Fès au Maroc lorsque l'imam Ahmad Tijânî émigra vers cette ville. Il se répandit ensuite en Tunisie, en Arabie, en Mauritanie, en Sénégambie, au Mali, au Tchad, au Soudan, au Nigéria, en Indonésie et au Pakistan. On le trouve également en Libye, en Égypte, en Syrie, en France et aux États-Unis. De nos jours il est surtout présent au Maroc, mais aussi au Sénégal au Ghana, au Nigeria, au Niger, en Mauritanie et au Tchad.[réf. souhaitée]
Lieux saints
Le centre intellectuel et culturel de la confrérie est aujourd'hui à Ain Madhi Laghouat (Algérie) où se trouve le siège du califat d'Ahmed Tidjani. Boussemghoun, où Ahmed Tijani vit Mahomet en état de veille et où il résida pendant 13 ans, est un autre centre important.
Au Sénégal, Tivaouane est connue pour être la ville sainte du tijanisme en Afrique occidentale. La ville de Kaolack (centre) est également un important lieu de cette confrérie grâce au marabout Baye Niass qui y avait élu domicile; ainsi que Louga (Sénégal), où Abass Sall s'installa depuis les années 1940: il y est enterré après y avoir construit une imposante mosquée. Bandiagara (Mali) et Chinguetti (Mauritanie) peuvent également être citées.
Politique
Comme toutes les confréries au Sénégal, elle a un rôle politique. Mais c'est aussi celle qui suscite les passions les plus vives, de la part de tendances soufies rivales ou de mouvements anti-confrériques[2].
Les compagnons du Shaykh Ahmad At Tijânî
- 'Alî Al Harâzim Barradah Al Fâsî
- Muhammad Ibn 'Arabî Ad Damrawî
- 'Alî At Tamasînî
- Muhammad Ibn Al Mushrî Al Hasanî
- Muhammad Al Ghâlî Al Hasanî
- Muhammad Ul Kabîr Ibn Ahmad At Tijânî
- Muhammad Ul Habîb Ibn Ahmad At Tijânî
- Muhammad Ul Hâfiz Ash Shinqîtî
- Ibrâhîm Ar Riyâhî
- Mulay Sulaymân Al 'Alawî
- Tayyib Sufyânî
- Mahmûd At Tûnisî
- 'Umar Ibn Muhammad Ibn Idris Ibn 'Abd Ul 'Azîz Ad Dabbâgh
- Sayyid Shahîd Al Wazzânî
- 'Abd Ur Rahmân Ash Shinqîtî
- Al Hasan Ibn 'Abdu Llâh Al Bûkilî
- Ahmad Ibn Muhammad Fathan Al Bannânî Al Fâsî
- 'Abbâs Ash Sharqawî
- Lalla Mannâna
- Safîyah Lubâdah
Les grands successeurs
- 'Umar Tall Al Fûtî
- Ahmad At Tijânî Ibn Bâba Al 'Alawî
- Sidi Mohammed Larbi Sayeh Al 'Umarî
- Muhammad An Nazîfî
- Sidi Ahmad As Sukayrij
- Cheikhna Abbas Sall
- Al Hâjj Malick Sy
- Seydi Ababacar Sy
- Ahmad Barru
- Ibrâhîm Niass
- 'Alî Cissé
- Al Hasan Ibn 'Alî Cissé
- Thierno Mansour Barro
- 'Abd Ul 'Azîz Ad Dabbâgh Sy
- El Hadji Mama Ansou Niang
- Thierno Mouhammadou Samassa
- Aladji Boubacar de Kowayna
- Muhammad Ul Mansûr Sy
- Ahmad At Tijânî Barru
- Ahmad Ibn Muhammad Ul Mansûr Barru
- Al Hasan Ad Dabbâgh
- Fakhr Ud Dîn Al Uwaysî
Les grands ouvrages de la Tarîqah Tijâniyyah
- Jawâhir Al Maânî du Shaykh 'Alî Al Harâzim, sur le site officiel du Pr. Abdelaziz Benabdallah. Traduit en francais par le Pr.Abdelaziz Benabdallah et son neveu Moustapha Benmoussa.
- Al Boghia : Mataâlib = Requêtes de 'Sidi Larbi Ben Sayeh, sur le site officiel du Pr. Abdelaziz Benabdallah.
- La Tijânia du 'Pr. Abdelaziz Benabdallah, sur le site officiel du Pr. Abdelaziz Benabdallah.
- الشيخ سيدي أحمد التجاني، أبعاد ضلاعته العلمية.'بقلم أحمد بن عبد العزيز بن عبد الله, من الموقع الإلكتروني للأستاذ عبد العزيز بن عبد الله.
- Rimah Hizb Ur Rahîm du Shaykh 'Umar Tall Al Fûtî
- Munyat Ul Murîd du Shaykh Ahmad At Tijânî Ibn Bâba Al 'Alawî
- Bughyat Ul Mustafîd du Shaykh Muhammad Ul 'Arabî Ibn Sâ°ih Al 'Umarî
- Durrat Ul Kharîdah du Shaykh Muhammad An Nazîfî
- Ifâdat Ul Ahmadiyyah du Shaykh Muhammad Ibn Al Mushrî Al Hasanî
- Mizâb Ur Rahmat Ir Rabbâniyyah du Shaykh 'Ubaydah Ibn Muhammad Us Saghîr At Tashît
- Fâkihat Ut Tulâb du Shaykh Al Hâjj Mâlik Sy
- Tîb Ul Fâ°ih du Shaykh Muhammad An Nazîfî
- Ifhâm Ul Munkir Al Jânî du Shaykh Al Hâjj Mâlik Sy
- Kashf Ul Albâs du Shaykh Ibrâhîm Niass
- Kashf Ul Hijâb du Shaykh Ahmad As Sukayrij
- Ghayât Ul Amânî du Shaykh Muhammad Us Sayyid At Tijânî
- Mabadi° Ul Ishrâq du Shaykh Muhammad An Nazîfî
- Shamâ°il Ut Tijâniyyah du Shaykh Ahmad As Sukayrij
Notes et références
- Vie et œuvre de Ahmed Tijani, sur le site officiel de la Voie Tidjaniya.
- ouvrage : La Tijaniyya, une confrérie musulmane à la conquête de l'Afrique de Jean-Louis Triaud et David Robinson.
Annexes
Articles connexes
Lien externe
- Site officiel de la communauté tidiane
Bibliographie
- Abdourahmane Aidara, Implantation et expansion des ordres Qadiryya et Tidjaniyya en Casamance, Dakar, université de Dakar, 1983, 107 p. (mémoire de maîtrise)
- Doudou Kane, Sérigne Abbas Sall (1909-1990). Vie et œuvre d’une figure de proue de la Tidjaniya sénégambienne, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1998, 199 p. (Mémoire de Maîtrise)
- Cheikh Ibrahima Sall, Guide pour le disciple Tidjane aspirant à la perfection, Nouvelle Imprimerie dakaroise
- Mamadou Karfa Sane, Islam et société au Sénégal. Approche sociologique d'une confrérie : le cas de la confrérie tidjane, 2004, Université de Nantes, 2004 (thèse)
- Alioune Traoré, Contribution à l’étude de l’islam : le mouvement tijanien de Cheikh Hamahoullah, Dakar, Université Cheikh Anta Diop, 1975, 335 p. (Thèse)
- Jean-Louis Triaud et David Robinson (sous la direction de), La Tijâniyya : une confrérie musulmane à la conquête de l'Afrique, Paris, Karthala, 2005 (2e édition), 512 p. (ISBN 2845860862)
- Amadou Hampâté Bâ, Vie et enseignement de Tierno Bokar, le sage de Bandiagara, 1957, réécrit en 1980.
- (en) Jamil M. Abun-Nasr, The Tijaniyya order, Université d'Oxford, 1961, 378 p. (thèse)
Filmographie
- Éliane de Latour, Tidjane : les voies d'Allah, film documentaire, CNRS Images, 2004
Catégories :- Confrérie du Sénégal
- Zaouia Marocaine
- Société secrète ou fraternité
- Groupe social
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