- Mária Török
-
Mária Török (1925-1998) est une psychanalyste française d'origine hongroise.
Sommaire
Biographie
Elève de Sándor Ferenczi, elle s'engage pour une psychanalyse à visage humain, en retrouvant les mouvements créateurs de Freud, sans toutefois cautionner ses erreurs ou justifier ses impasses. Sa priorité est clinique : accueillir l'être humain en recherche et en souffrance... Avec son compagnon Nicolas Abraham, elle redonne place au traumatisme dans la pratique et la réflexion psychanalytiques. Longtemps occultée par une médiatisation exagérée du phénomène Lacan, la pensée de Mária Török fait peu à peu son chemin en Europe...
Pour chercher du sens au-delà de la signification consciente et réflexive, il est nécessaire d'accepter avec Freud que l’inconscient existe : c’est la seule hypothèse indispensable à la pratique de la psychanalyse, toutes les autres doivent être mises en suspens de manière à avoir une écoute libérée de tout préjugé (y compris ceux répandus dans les écrits psychanalytiques). À partir de cette avancée méthodologique issue du premier Freud, de Ferenczi et de l’étude critique de Husserl, Nicolas Abraham et Maria Torok ont déchiffré la problématique des deuils pathologiques et des influences transgénérationnelles.
« La conception de la psychanalyse de Nicolas Abraham et Mária Török étend à toute la vie les possibilités de remaniements psychiques, ce qui réduit relativement la place des conflits et des refoulements instinctifs de l’enfance, tout en augmentant celle des catastrophes, individuelles et collectives, qui surviennent à tout âge. » [1]
Les avancées de Mária Török sont continuées en France par des psychanalystes. Parmi eux, il est possible de citer Judith Dupont, Pascal Hachet, Lucien Mélèse, Claude Nachin, Jean-Claude Rouchy, Barbro Sylwan, Saverio Tomasella, Serge Tisseron.
Notions principales
- Le processus d'introjection : Selon le principe ferenczien, "un individu ne peut aimer que lui-même. Il peut étendre cet amour à d'autres, au moyen d'un processus d'introjection, qui inclut dans le Moi les pulsions dont l'objet est l'occasion et le médiateur. L'introjection représente donc une extension du Moi"[2].
- Le fantasme d’incorporation ou la secrète identification avec un objet d’amour perdu : Il s'agit d'une "magie pour récupérer l'objet-plaisir perdu et compenser l'introjection manquée. L'incorporation sert à nier la perte, lorsqu'elle est inavouable." [3]
- La crypte au sein du moi ou l’enterrement d’un vécu honteux indicible : "Lorsqu'il est impossible de reconnaître son chagrin, le trauma et tous les affects qu'il a provoqué se trouvent mis à l'abri dans un caveau. La crypte résulte d'un secret honteux partagé" avec l'objet d'amour perdu[3].
- La maladie du deuil ou deuil impossible d’un être cher[4].
- Le fantôme transgénérationnel ou "travail du fantôme dans l'inconscient" désigne les effets des secrets de famille à travers les générations.
- Le refoulement conservateur, sur le mode du clivage du moi.
Œuvres
- Une vie avec la psychanalyse, Paris, Aubier, 2002, 296 p.
- Le Verbier de L'homme aux loups, Paris, Flammarion, 1976, 252 p., avec Nicolas Abraham.
- L’écorce et le noyau, Paris, Flammarion, 1987, 480 p., avec Nicolas Abraham.
- Questions à Freud, Paris, Les belles lettres, 1995, 284 p., avec Nicholas Rand.
Bibliographie
- Barbro Sylwan et Philippe Réfabert, Freud, Fliess, Ferenczi. Des fantômes qui hantent la psychanalyse, collection Nicolas Abraham et Maria Torok, Éditions Hermann, 2010.
Références
- Claude Nachin, A l'aide, y'a un secret dans le placard, Fleurus, 1999, p. 61.
- Judith Dupont, La notion de trauma selon Ferenczi et ses effets sur la recherche psychanalytique ultérieure, Filigrane, 2008.
- Judith Dupont, 2008.
- Claude Nachin, Le deuil d'amour, 1993. Voir
Liens internes
Liens externes
Catégories :- Psychanalyste français
- Psychanalyste hongrois
- Naissance en 1925
- Décès en 1998
Wikimedia Foundation. 2010.