- Maria Valtat
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Maria Valtat, née Layma en 1895, à Tauriac, dans le Lot, est une Résistante française, membre du PCF, adjointe au maire d'Auxerre puis du Blanc-Mesnil elle fut membre du Comité départemental de Libération de l'Yonne, décédée au Blanc-Mesnil en 1977, âgée de 82 ans.
Sommaire
Biographie
Née à Tauriac, petit village du Lot, en 1895, elle épouse Claude Louis Valtat, fonctionnaire des PTT, membre fondateur de la CGT Poste et demeurant à Saint-Léger-Vauban, dans l'Yonne. Ils participent au congrès de Tours en 1920. elle donne à son époux, trois enfants, Serge, Claude et Marcel Valtat, né le 6 mars 1923 à Paris 13e. Il sera interné dès le début de la guerre.
Elle fait partie du mouvement Amsterdam-Pleyel, créé par Henri Barbusse et Romain Rolland contre la guerre en 1932, avec André Durand, l'instituteur qui est aussi membre de ce mouvement et adhère au parti en 1933. Il sera dans la même cellule que Maria et Simonnot à Saint-Brancher[1].
La Résistance
À l'arrivée des Allemands, dans le canton, le 17 juin 1940, Maria, responsable communiste est envoyée avec plusieurs femmes : Berthe Gilbert, Madame Noël, Irène Balin et d'autres, dans un camp du Sud-Ouest. Elles rentreront rapidement. À la fin de 1940, son époux étant interné, elle prend contact avec la Résistance dans la zone libre. De retour dans l'Yonne, elle va créer les premiers groupes de résistants de l'Avallonnais : Quarré-les-Tombes, Saint-Agnan, Saint-Brancher, Saint-Brisson, Avallon. Elle est membre de l'OS; Organisation Spéciale du Parti Communiste et reçoit chez elle à Saint-Léger-Vauban, René Roulot qui a la responsabilité politique du département de l'Yonne et Armand Simonnot "Théo" qui habite lui à la Provenchère, hameau de Saint-Léger et deviendra le chef du maquis Vauban. La création du Front national de Résistance et l'attaque de l'URSS le 22 juin 1941, vont accroître les actions du PCF. Aux environs du 15 août a lieu une importante distribution de tracts communistes à Auxerre. Des opérations de police décidées par Joseph Bourgeois, préfet de l'Yonne et exécutées par les commissaires René Grégoire et Chanterelle, vont éclaicir provisoirement, mais sérieusement les rangs de la Résistance locale. En décembre 1941, René Roulot abandonne sa responsabilité politique de l'Yonne. Jean-Pierre Ringenbach, dit " Gaston ", le remplace, il s'installe dans la banlieue de Troyes et prend contact avec Maria à Avallon. Le 1er ou le 2 février il est arrêté, les documents saisis permettent à la police de démanteler toute la Résistance de la région. Maria échappe au pire, Gaston qu'elle a soigné auparavant ne l'a pas dénoncée.
C'est au printemps de1942, que Marcel Mugnier: " Albert " dans la clandestinité descend de Paris pour diriger les groupes armées du Front National. Il a comme point de chute l'adresse et le nom de Maria Valtat. Elle crée le Front national de la Résistance dans l'Avallonnais, en sollicitant le sous-lieutenant,Marcel Maugé, dit " Max", de Saint-Agnan (Nièvre) pour organiser ce mouvement à Saulieu et Saint-Brisson. Il sera arrêté le 15 mars 1943[2]. Maria forme le premier groupe à Saint-Léger-Vauban, avec l'aide de Berthe Gilbert dite " Betty", des familles Ravereau, Jean Rimbert (catholiques pratiquants) et les Couhault dans leur ferme du hameau de Saint-Aubin, au finage de Saint-Brancher, dans laquelle les responsables comme Maria viendront souvent Armand Simonnot (Théo), Jean Couhault, Charles Ravereau, René Rimbert, Luc Poupée. Puis un second à Avallon. Elle mettra sur pied diverses opérations de récupération d'armes parachutées et assurera leur transport vers les maquis, avec l'aide d'Armand Simonnot. "Betty" à Avallon prend contact avec Henri Cretté[3], commerçant ancien PSF du colonel François de La Rocque et la famille Santigny, qui tenait un hôtel-restaurant. Madame Sicre à Avallon faisait le relais en direction de Quarré-les-Tombes.
Maria participe également à diverses opérations de sabotage, affichage contre les réquisitions, distribution de tracts. Avec Simonnot, ils avaient pris sous leur direction, un groupe de républicains espagnols, qui les aidaient à récupérer des armes abandonnées en forêt en 1940 sur les renseignements d'un garde-forestier. Engagée volontaire dans ces troupes des soldats de l'ombre qui deviennent les FTPF en mars 1942, elle échappe de peu à la Gestapo. le 13 juin 1942, elle marie son fils Marcel à Saint-Léger-Vauban, lorsque trois officiers allemands arrivent. Ils n'arrêtent personne, mais délivrent une mise en garde, allant jusqu'à donner le nom de la personne ayant dénoncé, la veuve P... Maria, prudente, décide quelques jours plus tard de rentrer dans la clandestinité. Ce secteur de Saint-Léger-Vauban est un nid de collaborateurs où sévissent les Kieffer au moulin de Ruères où les occupants ont pris leurs quartiers, ainsi que les Müller de La Bécasse à Saint-Léger. Le 1er septembre 1942, elle passe aux travers les mailles d'une souricière, tendu par la Gestapo et s'échappe en Côte-d'Or, elle entre dans la clandestinité. C'est dans le canton de Fontaine-Française, qu'elle formera le premier groupe FTPF de ce département. Puis elle fondera celui de Saulieu. Le 30 décembre 1942, elle participe au déraillement d'un convoi militaire allemand au lieu-dit La Combe-aux-Fées, à Plombières-lès-Dijon, dans la banlieue de Dijon.
En janvier 1943, elle est nommée comme responsable militaire provisoire dans le Aube, où elle crée de nouveaux groupes de francs-tireurs et partisans et jusqu'au 30 avril 1943, elle a la responsabilité interrégionale de la formation des groupes FTP de la Côte-d'Or, de la Saône-et-Loire, de l'Yonne de l'Aube et de la Marne
Mai 1943, elle a un contact avec Louis Philippot, dit " 'Antoine", du "maquis Vauban", date à laquelle elle est encore responsable interrégionale jusqu'à la fin du mois de mai 1943. Ce maquis comptera 38 maquisards le 15 octobre 1943 et 182 en mai 1944. Après avoir échappé de nouveau de justesse à la Gestapo, la direction militaire du Parti, l'affecte au Comité militaire national, à Paris, dirigé à cette époque, entre autres, par Charles Tillon, Albert Ouzoulias et Georges Bayer. Elle y est l'adjointe du colonel René Paul Camphin dit " Baudoin ", au service national des liaisons et transmissions du Comité militaire national des FTP. Elle fait la liaison entre ce Comité et les différents chefs des réseaux de résistance de son secteur. Prenant des risques insensés, elle est connue des services de la police allemande qui n'ont de cesse de la traquer. Elle va mener ses missions à bien et grâce à son sang froid et son courage, elle sauvera in extremis son chef et une partie des membres du Comité de la capture par la Gestapo. Elle se trouve sur le quai de la gare de Laroche-Migennes, le jour du transfert de Betty Gilbert vers la prison de Fresnes. Celle-ci dans son wagon, lui montre ses mains menottées, derrière la vitre. Maria a compris et s'enfuit rapidement. Marcel, son fils est arrêté cette année-là et emprisonné à la prison de la Santé d'où il s'évadera.
C'est elle qui commande les opérations d'insurrection du 3e arrondissement de Paris, secteur de la rue de Bretagne. Elle est lieutenant FFI.
De retour dans l'Yonne, au début du mois de septembre 1944 elle ait nommée, vice-présidente du comité départemental de libération et devient conseillère municipale d'Auxerre. L'hiver 44 est terrible, il tombe jusqu'à 40 cm de neige. Elle appelle Simonnot à Auxerre, pour l'aider à constituer les dossiers des FTP, tombés au combat. Ils y travailleront 15 mois. Marcel Valtat, fils de Maria proposera à Simonnot de devenir garde du corps de Charles Tillon.
Personnage d'exception, elle occupera au sein de la Résistance des postes à hautes responsabilités militaires, situation peu commune chez les femmes dans la Résistance à cette époque.
Après guerre
Après le lynchage à Dijon le 15 février 1945, du commissaire Marsac, elle est membre de la direction du PCF icaunois et écrit avec habileté un article dans le n° 24 daté du 23 février 1945 : " Il faut qu'on nous entende, il faut qu'on fasse justice si on veut éviter le retour de pareils incidents, il faut juger, vite et bien." Sous-entendant que certains trouveraient un intérêt au renouvellement de pareils incidents qui en supprimant Marsac ont sans doute sauvé ses complices[4]. Elle publie une lettre dans le journal Le Progrès, en date du 6 juin 1948, pour prendre la défense d'Émile Philippot qu'elle décrit comme "Un héros sans peur et sans reproche ". C'est une femme déterminée, qui martèle ses mots : " Nous ne laisserons pas ... ", " Nous n'admettons pas ... " et elle finit par : " Les Français, j'entends les vrais Français, ont suffisamment souffert et rougi de la délation organisée, de la cupidité encouragée et de toutes les vengeances personnelles et politiques. Ils en ont assez, ils veulent vivre libres, ils ne vivront jamais à genoux, confiance mon cher Émile, la justice triomphera. " Elle témoignera à charge contre René Grégoire, à son procès en 1945, tout comme Roland Souday, André Cornillon, Robert Bailly, autres responsables influents du parti. Lucien Prost, est secrétaire fédéral, assisté de Maria Valtat et René Millereau chef de maquis, connu sous le nom du commandant : " Max" qui apporte son soutien à Philippot[5]. En 1952, elle s'établit au Blanc-Mesnil, localité où un des membres de sa famille, est déjà installé. Elle y sera élue conseillère municipale de 1959 à 1971, puis deviendra maire-adjointe jusqu'en 1972. Elle s'occupe des affaires sociales, du logement et du troisième âge.
Décorations
- Chevalier de la Légion d'honneur, à titre militaire
- Médaille de la Résistance
- Croix de Guerre 1939-1945
Hommages
- La ville du Blanc-Mesnil a donné son nom à une Maison de retraite
- La RATP a donné son nom à un arrêt de bus de la ligne n° 148
Bibliographie
- Collectif, Mémoires Vivantes du Canton de Quarré-les-Tombes, n°5-6: La Pierre-qui-Vire dans la Résistance et biographie de Maria Valtat. - N°7 de 2004.
- Monique Houssin: " Résistantes et Résistants en Seine-Saint-Denis, un nom, une rue, une histoire " Edition de l'Atelier, éditions Ouvrières. Paris.2004. 271 pp.(ISBN 2-7082-3730-6)
- Robert Chantin: " Des temps difficiles pour des résistants de Bourgogne " Edt de l'Harmattan 2002. 414pp.(ISBN 2-7475-2927-4)
- Marcel Vigreux: " Le Morvan pendant la Seconde Guerre Mondiale" témoignages et études, Edition A.R.O.R.M. 2009.Imp Nouvelle Imprimerie Laballery. 346 PP.(ISBN 978-2-9508378-4-4). Pages: 222 à 230, témoignage de "Théo" Armand Simonnot, chef du "Maquis Vauban".
Voir aussi
Liens internes
Liens externes
Notes et références
- ISBN 2-7381-0055-4) Marc Abélés:" Jours tranquilles en 89...", Edt Odile Jacob, 365pp. janvier 1989. P 255 (
- Robert Bailly: " l'Occupation hitlérienne et la Résistance dans l'Yonne, publiée par Mémoires vivantes du canton de Quarré-les-Tombes
- Notes: il y a à Auxerre, un certain Cretté, inspecteur de police, collaborateur et chauffeur du commissaire René Grégoire
- Bulletin de l'ARORY, janvier 2008
- Robert Chantin : " Des temps difficiles pour les résistants de Bourgogne ", page 298.
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