Noé Faignient

Noé Faignient
Noé Faignient Noë Faignient
Noel Faignient
Noe Menestriers Bastiaenssone
Fragment de la partie du cantus de la chanson à trois voix, en langue néerlandaise, Ick sal den Heer myn Godt gebenedeyen, du compositeur Noé Faignient, provenant du manuscrit Linköping
Fragment de la partie du cantus de la chanson à trois voix, en langue néerlandaise, Ick sal den Heer myn Godt gebenedeyen, du compositeur Noé Faignient, provenant du manuscrit Linköping

Naissance avant 1540
Cambrai (?)
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas des Habsbourg
Décès avant 1600
Flag - Low Countries - XVth Century.png  Pays-Bas espagnols (?)
Activité principale polyphoniste néerlandais
Style Renaissance
chansons profanes et scripturales
psaumes
Lieux d'activité Anvers
Éditeurs Simon Goulart
Veuve Jan de Laet
Petrus Phalesius

Noé Faignient, Noë Faignient, ou Noel Faignient, né à Cambrai ( ? ) avant 1540 et mort avant 1600, est un polyphoniste néerlandais de la Renaissance.

Sommaire

Biographie

Peut-être faut-il l’identifier avec « Noe Menestriers Bastiaenssone geboren van Camerijck speelman » (Noe Menestriers, fils de Bastien, né à Cambrai, musicien) que l’on inscrivit, en 1561, dans les listes des bourgeois d’Anvers. Quoi qu’il en soit, trois enfants de Faignient furent, respectivement, baptisés en 1561, en 1575 et en 1577 à la cathédrale Notre-Dame d'Anvers.

Le recueil Suite de labeur en liesse, paru à Anvers en 1566, contient un sonnet scripturaire exhortant de Guillaume de Poetou (ca. 1528-1567-68?), dédié à Noé Faignient :

A MAISTRE NOUEL

FAGNIENT, non moins gentil Musicien

qu’excellent compositeur de Musique

SONNET

Saint Matthieu Cap. 18
QUant on veut, mon FAGNIENT, faire & user l’office
(Office que povons divine publier)
D’approcher son prochein pour le réconcilier
De son commis défaut, péché, mésus, & vice;
Seul le faut accoster, & en place propice,
Qui aisémement le veut sous ses saints dits lier.
Autrement s’il ne veut le col au joug plier,
(Afin que les préceps soint en fermeté riche)
Avoir faut quant & luy des tesmoings deux ou trois:
Lors, si d’iceus n’escoute & les commans & vois,
Advertir il en faut la Catholique Eglise.
Refusant d’elle ouïr & son salut & bien,
Tenu soit Publicain, & estimé Payen.
L’obstiné digne n’est de la fidelle hantise.

Les circonstances exactes qui menèrent Poetou à cet avertissement poétique n’ont pas encore été découvertes.

Faignient donna des leçons de musique à Anvers et il se peut qu’il y tînt un magasin entre 1575 et 1580, sis au numéro 53, sous l’hôtel de ville.

En 1580, on le trouve mentionné à Bois-le-Duc dans les registres de l’illustre confrérie de Notre-Dame comme maître de chant d’Éric II de Brunswick-Calenberg-Göttingen (« sangmeester van Hertock Erich van Brynswyck »). À ce musicien amateur passionné de musique, qui était duc de Brunswick-Lunebourg, baron de Liesvelt et seigneur de la ville et du pays de Woerden, Cornelius Buschop avait déjà dédié des psaumes de David (Psalmen David). Faignient aurait tenté de recruter des chanteurs à Bois-le-Duc pour le compte du duc.

Vers 1594, il revint à Anvers, ville dans laquelle il mourut, sans doute, avant 1598.

Œuvre

En tant que compositeur, Faignient est surtout connu pour des œuvres vocales sur des paroles profanes. Il mit en musique des poèmes d’entre autres Clément Marot (une chanson et un psaume dans les recueils de 1568, ainsi que quelques psaumes perdus), Théodore de Bèze (un psaume) et Pierre de Ronsard (une chanson tirée de sa Nouvelle Continuation de 1556).

Les recueils de 1568

En 1568, plusieurs de ses pièces furent rassemblées dans deux recueils.

Le manuscrit de Linköping

Un manuscrit de la bibliothèque à Linköping (Stifts och Landsbiblioteket) contient 53 pièces à trois voix, divisée en trois catégories : 34 chansons (dont 12 sur des paroles en néerlandais), 9 madrigali (en italien) et 10 motets (en latin). Ce manuscrit serait une copie d’une édition non conservée de la même année. Les chansons mélodiques de ce volume s’apparentent à quelques chansons de Jacobus Florii. Une indication sur les circonstances dans lesquelles elles trouvent leur origine, nous est offerte par une des chansons dans la collection : le supérius de la chanson Schoon lief wat macht u baeten de Faignient semble avoir été emprunté, en 1563, pour un contrafactum du recueil de refereynen (des refrains : des poèmes se rapprochant du genre de la ballade) d’une chambre de rhétorique bruxelloise, De Corenbloeme.

Le recueil de chansons, madrigaux et motets

Un recueil reparti de façon similaire fut publié à Anvers chez la veuve de Jan de Laet et intitulé Chansons, madrigales et motetz à quatre, cinq & six parties, contenant 44 compositions, (entre autres 26 chansons dont 6 sur des paroles en néerlandais, 11 madrigaux italiens et 7 motets latins). Dans la dédicace à Gonçalo Garçia, Faignient parle de ses compositions comme des Premiers fruitz de mon Jardinet.

Les chansons néerlandaises

Comme ce fut souvent le cas dans ces années-là, en particulier pour ce qui concerne les chansons polyphoniques en néerlandais, la plupart des chansons de Faignient dans cette langue, furent scripturales (chose peu surprenante à une époque où toute l’intelligentsia culturelle semble avoir été de tendance calviniste, ou était du moins sympathisant de la Réforme). Par la forme, ces chansons se rapprochent plus de la poésie parlée que de la poésie lyrique, chantée. Les vers comptent souvent, en moyen, 10 syllabes ; ceci en écho au mètre brabançon, alors en vogue, de 10 à 12 syllabes. De ses chansons néerlandaises, une seule a un sujet amoureux, non scriptural, alors que les chansons sur des paroles françaises et italiennes traitent, en revanche, davantage de sujets différents.

Style et influence

L’imitation n’occupe qu’une position subordonnée dans le style musical de Faignient. Il emploie un contrepoint vif et rythmé assez complexe, avec usage modéré du chromatisme et de mouvements polyphoniques et homophones alternants. Par ailleurs, il suit fidèlement les règles de la rhétorique musicale.

Faignient connut une renommée internationale. Le musicien et imprimeur Simon Goulart reprit certaines des chansons de Faignient pour en faire des contrafactums, c’est-à-dire : des chansons sur des mélodies préexistantes.

Certaines de ses œuvres apparaissent dans une trentaine de recueils, publiés entre 1569 et 1661, en outre dans le Livre septième. De ces publications, au moins onze, datant d’entre 1617 et 1661, contiennent la chanson Musica aldersoetste const (Musique, art le plus doux). Il s’agit, sans doute, d’un contrafactum ultérieur d’une composition de Faignient : l'Homme qui nest point amoureus, de l’édition anversoise de 1568. En outre, des œuvres du compositeur ont été publiées dans un ouvrage anglais, Musica Transalpina, et, encore en 1732, Walther mentionne Faignient dans son Musicalisches Lexicon comme un imitateur d’Orlando di Lasso.

  • Texte original en allemand :
« […] ein berühmt gewesener Musicus und Componist zu Antwerpen welcher einige Jahre die Music daselbst gelehret, und Simia Orlandi genennet worden, weil er selbigen zu imitiren sich befliessen. Von seiner Arbeit sind anno 1569 (il s'agit, en effet, de l'édition de 1568) vier = fünf = und sechsstimmige Motetten und Madrigalien ; und anno 1595 fünff = bis achtstimmige Madrigalien zu Antwerpen gedruckt worden. »
  • Traduction française :
« […] un musicien et compositeur renommé à Anvers où il avait appris la musique pendant quelques années, et où il fut surnommé Simia Orlandi, car il s’efforça de l’imiter. De ses œuvres, des motets et des madrigaux à quatre, cinq et six voix et des madrigaux à cinq jusqu’à huit voix furent respectivement publiés en 1568 et en 1595 à Anvers. »

Liens externes

Sources, notes et/ou références

  • The new Grove dictionary of music and musicians, Londres, 2001
  • Christine Ballman, Versions vocales et instrumentales des chansons de Noé Faignient, Louvain - Peer, Alamire, 1997 12 p. , 24 cm, contribution aux Music fragments and manuscripts in the Low Countries, imprimée séparément. Alta Capella ; Music printing in Antwerp and Europe in the 16th century : colloquium proceedings, Alden Biezen, 23-24 juin 1995 & Anvers, 23-25 août 1995, p.  365-376
  • Jan Willem Bonda, De meerstemmige Nederlandse liederen van de vijftiende en zestiende eeuw (Les chansons polyphoniques néerlandaises aux XVe et XVIe siècles). Hilversum, Verloren, 1996, ISBN 90-6550-545-8
  • Eugeen Schreurs, Het Nederlandse polyfone lied (La chanson polyphonique néerlandaise), Alamire, Peer, 1986

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