Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme

Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme
la Fédération Internationale des ligues des Droits de l'Homme
Logo de l'organisation
Contexte général
Champs d’action Défense des droits de l'homme
Zone d’influence Monde
Fiche d’identité
Forme juridique ONG
Fondation 1922
Siège central Paris, France
Personnage(s) clé(s) Directeur exécutif: Antoine Bernard
Président(e) Souhayr Belhassen
Secrétaire
général(e)
5 secrétaires généraux
Méthode Lobbying, enquêtes, mobilisation de l'opinion publique, soutien de la société civile, etc.
Financement Bailleurs institutionnels, fondations privées, côtisations
Membres 164 ligues membres[1] dans plus de 100 pays
Slogan Gardons les yeux ouverts
Site web http://www.fidh.org/ http://blog.gardonslesyeuxouverts.org

La Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) est une organisation non gouvernementale fédérative dont la vocation est d’agir concrètement pour le respect de tous les droits énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 – les droits civils et politiques comme les droits économiques, sociaux et culturels.

Composée d'une dizaine d'associations nationales à sa création en 1922, dont les ligues française (Ligue des droits de l'homme) et allemande (Internationale Liga für Menschenrechte[2]), la FIDH rassemble, depuis le congrès d'Erevan, en avril 2010, 164 ligues membres[1] dans plus de 100 pays. Elle coordonne et soutient les actions de ses ligues et leur apporte un relais sur le plan international.

À l'instar des ligues qui la composent, la FIDH est non partisane, non confessionnelle et indépendante de tout gouvernement.

La FIDH dispose d'un statut consultatif auprès de l'ONU, de l'UNESCO et du Conseil de l'Europe, et du statut d'observateur auprès de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples[3].

Sommaire

Historique

Débuts : les années 1920, 1930 et 1940

1922 : la FIDH est créée par une vingtaine de ligues nationales, à l'initiative des ligues française et allemande. Elle est alors la première organisation internationale de défense des droits de l'Homme. Son mot d'ordre : « La paix pour les droits de l'Homme ».

1927 : la FIDH propose une « Déclaration mondiale des droits de l'Homme », puis une Cour criminelle internationale.

1936 : la FIDH adopte un complément de déclaration incluant en particulier les droits de la mère, de l'enfant et des personnes âgées, le droit au travail et à la protection sociale, le droit aux loisirs et à l'éducation.

1940 : la FIDH s'engage dans la lutte contre le nazisme. Son Président, Victor Bash, est assassiné par la milice, à Lyon.

Maturité : de l'après-guerre aux années 1990

Après-guerre : dispersée ou clandestine pendant la Seconde Guerre mondiale, la FIDH est reconstituée après-guerre et développe ses actions de protection des droits de l’Homme. Elle lance les premières missions d’enquête et d’observation judiciaire. Les prises de position de la FIDH sont complétées par les témoignages des victimes rapportés par ses chargés de mission. Deux de ses plus éminents dirigeants, René Cassin et Joseph-Paul Boncour, participent à la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Années 1980 : les modalités d’action de la FIDH s’élargissent, en particulier au sein des Nations unies. La diversification de ses missions d’enquête se prolonge par un activisme accru au sein des instances internationales.

Années 1990 : la chute du mur de Berlin et la fin de la Guerre froide marquent le développement spectaculaire des ONG nationales de défense des droits de l’Homme à travers le monde. La FIDH accompagne cette évolution dans le cadre, notamment, de programmes de coopération juridique, dans des contextes de transition politique : Europe de l’Est, Afrique subsaharienne, Afrique du Nord et Moyen-Orient, Amérique latine, etc. À cette époque, la FIDH passe de soixante-six à plus de cent organisations membres. En 1990, la FIDH réunit à Prague, pour la première fois, l’ensemble de ses affiliés et partenaires d’Europe de l’Est, enfin libérés de leur dictature. En 1997, elle tient son premier Congrès mondial dans un pays du Sud, à Dakar. Ce Congrès confirme l’urgence de contrer une mondialisation économique porteuse de violations flagrantes des droits humains.

XXIe siècle

Shirin Ebadi, le 15 novembre 2003

2001: la FIDH tient son Congrès au Maroc. L’impératif de responsabilité des auteurs de violations des droits de l’Homme qu’ils soient États, entreprises, institutions ou individus est au cœur de la mobilisation du mouvement. Durant ce congrès, le premier président de la FIDH issu d'un pays du Sud est élu: c'est l'avocat sénégalais Sidiki Kaba[4] .

2002 : la Cour pénale internationale entre en vigueur. C’est la concrétisation de l’un des plus anciens combats de la FIDH.

2003 : le prix Nobel de la paix est attribué à Shirin Ebadi, avocate iranienne, partenaire de longue date de la FIDH, honorant ainsi l’engagement quotidien des défenseurs des droits de l’Homme aux côtés des victimes.

2006 : la FIDH prend publiquement position[5] contre l'exécution de l'ancien dictateur Irakien, Saddam Hussein et déplore qu’une occasion historique de juger les crimes de Saddam Hussein selon les normes d’un procès équitable se traduise par une parodie de justice.

2007 : une plainte pour torture et mauvais traitements à Guantanamo et à Abou Ghraib est déposée contre l’ancien secrétaire d’État à la Défense américain: Donald Rumsfeld[6] dans une tentative de combattre l'impunité au plus haut niveau. La même année, Souhayr Belhassen, journaliste et défenseure des droits de l'homme tunisienne, est la première femme (arabo-musulmane de surcroit) élue à la présidence de la FIDH[7].

2009 : le 4 mars 2009, la Cour pénale internationale (CPI) délivre un mandat d'arrêt contre le président soudanais, Omar el-Béchir. Cette décision marque une étape cruciale en matière de justice internationale. C'est en effet la première fois, depuis sa création en 2002, que la CPI délivre un mandat d'arrêt contre un président en exercice. La FIDH s'est particulièrement investie dans ce dossier[8]: en réalisant des missions d'enquête et en appelant à la saisine de la CPI par le Conseil de sécurité de l'ONU, elle a contribué à obtenir l'ouverture d'une enquête et la délivrance de mandats d'arrêts contre les plus hauts responsables soudanais – dont le président Béchir.

Sept priorités d'action

1) Protéger ceux qui défendent tous les droits pour tous

La mobilisation croissante de la société civile en faveur des droits de l'homme s'accompagne malheureusement, dans de très nombreux États, d'une intensification de la répression contre leurs militants. La FIDH soutient et protège les défenseurs et mobilise la communauté internationale pour faire reconnaître leur rôle.

Couverture du rapport annuel 2007 de l'Observatoire.
  • L'Observatoire

L'Observatoire pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, plus communément appelé « L'Observatoire », est un programme d'alerte, de protection et de mobilisation, mis en place en 1997 par la FIDH et l'Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT). Fondé sur la nécessité d'une réponse systématique des ONG et de la communauté internationale à la répression dont les défenseurs des droits de l'Homme sont victimes, il vise également à briser l'isolement dans lequel se trouvent ces militants courageux. En 2008, l'Observatoire a diffusé 421 communications (ou appels urgents) concernant plus de 200 défenseurs et situations d'urgence liées à des restrictions en matière de liberté d'association, de manifestation pacifique et d'expression dans une soixantaine de pays[9]. Un rapport annuel publié par l'Observatoire documente et dénonce les actes de harcèlement et d'intimidation à l'encontre des défenseurs des droits de l'Homme à travers le monde, qui nuisent à leurs activités légitimes et non-violentes de défense des droits de l'Homme. Sous-titré l'obstination du témoignage, ce rapport annuel peut être consulté directement en ligne[10].

Les actions de la FIDH, à travers l'Observatoire, sont multiples. Des activités d'enquêtes et de documentation visant à mettre en lumière les entraves à la liberté d'expression et d'association sont menées chaque année, ainsi que des missions d'observation et de défense judiciaires. Dans le cadre des missions de défense, les avocats mandatés s'engagent souvent dans un bras de fer avec les autorités judiciaires d'États répressifs afin de faire primer les normes internationales relatives aux droits de l'Homme sur un droit national liberticide. Les résultats sont concrets, et permettent souvent d'obtenir des réductions de peine, mais aussi des relaxes totales ou partielles des défenseurs incriminés[11].

Face aux tentatives d'affaiblissement des mécanismes régionaux et internationaux de protection des droits de l'Homme, la mobilisation des instances intergouvernementales est l'un des objectifs principaux de la FIDH. Ces actions sont menées par la FIDH à travers l'Observatoire afin de renforcer les mécanismes de protection des défenseurs, notamment auprès de l'Nations unies, de l'Union européenne, du Conseil de l'Europe, de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, et de la Commission africaine des droits de l'Homme et des peuples.

2) Pour l'effectivité des droits humains ; justice pour tous

La FIDH soutient et utilise l'ensemble des mécanismes nationaux, régionaux et internationaux de lutte contre l'impunité, comme autant d'outils de réponse aux droits à la vérité, à la justice et à réparation. Elle accompagne quotidiennement les victimes de torture, de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide, tout au long de leurs démarches judiciaires. À cette fin, la FIDH lutte pour le renforcement des systèmes judiciaires nationaux et contribue au développement d'un système de justice internationale universelle. La FIDH a ainsi contribué à la création de la Cour pénale internationale et participe chaque jour à son action. Elle contribue également aux processus nationaux de justice transitionnelle.

Alberto Fujimori lors de son procès, en 2008.
  • Lutter contre l'impunité et soutenir les victimes devant les juridictions nationales

Soutenir les victimes et/ou être elle-même partie civile dans des dizaines de procédures devant des instances judiciaires nationales fait partie des actions de la FIDH. La condamnation d'Alberto Fujimori, ancien président du Pérou de 1990 à 2000, finalement condamné à 25 ans de prison pour crimes contre l'humanité[12] à Lima illustre ce combat. Ayant largement dénoncé les graves violations des droits de l’Homme commises sous son régime, la FIDH et ses partenaires chiliens et péruviens se sont mobilisés pour obtenir son extradition et son jugement au Pérou en organisant quatre missions et rencontres avec les autorités politiques et judiciaires au Chili, suivies de la publication de trois rapports[13]. Cette mobilisation a contribué à la décision de la Cour suprême chilienne de septembre 2007 d’extrader Fujimori au Pérou et à l’ouverture de son procès en décembre de la même année à Lima, auquel la FIDH a envoyé des observateurs, ainsi qu'à sa condamnation ultérieure[14].

  • Lutter contre l'impunité et soutenir les victimes devant la Cour Pénale Internationale

Avec l'appui de sa délégation permanente à La Haye, la FIDH poursuit son action sous deux angles: l'accompagnement des victimes et le soutien institutionnel à la CPI. Des activités de formation et de soutien aux victimes et aux ONG dans leurs démarches auprès de la CPI sont ainsi organisées régulièrement. De même, la FIDH a publié un ouvrage[15] sur le sujet : Les droits des victimes devant la Cour pénale internationale : manuel à l'attention des victimes, de leurs représentants légaux et des ONG, manuel qui est maintenant une référence majeure pour mieux comprendre les enjeux de ces droits nouveaux, et qui facilite la participation active des victimes. Ce manuel est entièrement disponible en Anglais et en Espagnol sur le site de la FIDH. Le cas de Jean-Pierre Bemba est représentatif des actions de la FIDH au niveau de la CPI. Arrêté en Belgique le 24 mai 2008 en application du mandat d’arrêt de la CPI, les juges belges ont validé la légalité de l’arrestation et du mandat d’arrêt à l'encontre de Jean-Pierre Bemba, autorisant ainsi son transfert devant la justice pénale internationale. La FIDH et ses ligues n’ont eu de cesse de les soutenir dans cette démarche et d’appeler la Cour à prendre en compte cette situation oubliée[16].

Contribuer au respect des droits de l'homme dans le cadre de la lutte antiterroriste fait aussi partie des objectifs de la FIDH. Car cette lutte, que la FIDH considère comme légitime et indispensable, doit être menée dans le strict respect des normes universelles de protection des droits de l'homme. La FIDH s'emploie alors à dénoncer le détournement opportuniste de la lutte antiterroriste à des fins de répression et d'atteinte aux libertés fondamentales.

Face à ces tendances et depuis son congrès de Quito en 2004, la FIDH a renforcé ses activités de suivi des politiques et des mesures de lutte contre le terrorisme, de par le monde. Au-delà de la surveillance et des enquêtes, la FIDH tente, de manière opportune et au cas par cas, de mener des batailles juridiques et judiciaires, politiques et diplomatiques, afin de contrer les dérives liberticides et rappeler le cadre international de protection des droits de l'Homme à cet égard.

À cet égard, les objectifs principaux de la FIDH sont:

  • Documenter les dérives de la lutte contre le terrorisme pour protéger et prévenir
  • Mobiliser la communauté des États pour lutter contre les dérives et renforcer les instruments de protection

Quelques exemples d'actions concrètes:

  • La FIDH a initié une campagne en faveur de la réinstallation dans des États membres de l'Union Européenne de détenus de Guantanamo ressortissants de pays tiers où ils risqueraient de subir la torture s'ils y retournaient.
  • La FIDH a poursuivi son action en faveur de la ratification de la Convention pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées


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3) Une mondialisation respectueuse des droits humains

La FIDH milite pour que la mondialisation s'inscrive dans le respect des droits de l'Homme et de la dignité de la personne. Elle exige des États mais aussi des entreprises et des institutions internationales qu'ils élaborent leurs politiques ou leurs stratégies et les mettent en œuvre, dans le plein respect des droits humains universels.

Lors de missions d'enquête, la FIDH s'assure du respect des droits humains. Ici, dans une usine de textiles, au Bangladesh

Toute action portant sur les droits économiques sociaux et culturels (DESC[17]) est indissociable d’une réflexion sur la mondialisation. C’est dans ce cadre que s’inscrit le travail de la FIDH, qui s’organise autour de trois grandes priorités : la mise en œuvre et la justiciabilité des DESC ; la responsabilité de l’ensemble des acteurs de la mondialisation ; et la participation des ONG de défense de droits de l’Homme au contrôle démocratique des instances de la mondialisation.

Pour la primauté des droits de l'Homme sur les accords de commerce et dans les politique économiques, la FIDH développe deux types d'activités. Elle formule des propositions pour que les obligations en matière de droits de l'Homme des États partenaires d'un accord commercial soient dûment prises en compte dans les négociations et dans la mise en œuvre de tels accords, et elle cherche à établir par des enquêtes les impacts sur les droits de l'Homme de la libéralisation du commerce et de l'investissement.

La FIDH cherche aussi à établir la responsabilité des acteurs économiques non-étatiques. Les actions menées visent à renforcer la responsabilité directe des entreprises en matière de droits de l'Homme, en affirmant leur responsabilité juridique d'une part, et en s'assurant d'autre part que les entreprises prennent des mesures pour concrétiser leurs engagements.

  • Exemple d'action concrète:

La coopération entamée par la FIDH il y a plus de dix ans avec le géant de la distribution Carrefour, met l'accent sur l'évaluation critique des efforts réalisés par le groupe pour faire appliquer sa charte fournisseurs. Une mission d'enquête s'est ainsi rendue au Bangladesh en décembre 2007, dont les conclusions sont rendues publiques, de manière à amorcer une réflexion de fond sur les limites de l'audit social et la nécessité de revoir les pratiques d'achat [18]. Le programme de formation des travailleurs et des propriétaires d'usines, initié par la FIDH et mis en place les usines fournisseurs de Carrefour depuis 2006 par une ONG locale, a permis d'instaurer un dialogue entre les parties prenantes et de préparer un renforcement à long terme du contrôle par les acteurs locaux du respect des droits du travail[19].

4) Le respect des droits des femmes en tant que droits fondamentaux

La FIDH soutient la mise en œuvre effective de la Convention des Nation Unies pour l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes, pour que les droits soient effectivement respectés – à commencer par le principe d'égalité – et pour favoriser leur rôle déterminant dans les processus de paix et de développement.

Les femmes, qui constituent 52% de la population mondiale, connaissent une situation de discriminations et de violences dans l’essentiel des pays du monde[20]. En période de conflit, elles sont souvent les premières victimes des violences, y compris de violences sexuelles utilisées désormais comme armes de guerre. En dépit des déclarations d’intention, des engagements au niveau international et de trop rares politiques publiques mises en œuvre, les femmes demeurent à l’échelle de l’humanité le groupe « vulnérable » le plus important, alors même que leur contribution à la paix et au développement est indispensable.

Rencontre avec des femmes victimes de viols en République Démocratique du Congo (RDC), qui tentent maintenant de réintégrer leur communauté

Pour protéger et promouvoir les droits des femmes, la FIDH mobilise l'opinion à travers des campagnes pour l'effectivité des instruments internationaux et régionaux de protection de droits des femmes. Exemples:

  • L'« Afrique pour les droits des femmes », initiée en 2007 et lancée le 8 mars 2009 est une campagne coordonnée par la FIDH et soutenue par plus d'une centaine d'organisations, présentes sur tout le continent africain. Le but de cette campagne est de pousser les États africains à ratifier les instruments africains et internationaux de protection des droits des femmes et à les respecter en droit et en pratique. Cette campagne est soutenue, entre autres, par quatre prix Nobels: Desmond Tutu, Shirin Ebadi, Nadine Gordimer, Wolé Soyinka et de nombreuses autres personnalités.

La FIDH a aussi un rôle de documentation des violations des droits des femmes, dans le but de protéger et de prévenir, ainsi que des activités de plaidoyer.

5) Renforcer les instruments et mécanismes internationaux et régionaux de protection

La FIDH étant une fédération de ligues, elle se fait l’écho des préoccupations de ses organisations membres et partenaires au niveau international. La philosophie de la FIDH est en effet de penser que c’est seulement en combinant action de l’intérieur du pays et pressions depuis l’extérieur que la situation des droits de l’Homme peut s’améliorer. En outre, face aux situations où le dialogue entre les autorités et la société civile est impossible ou bloqué, ou quand les mécanismes internes de prévention et de résorption des violations des droits de l’Homme sont ineffectifs, les « leviers externes » au niveau international et régional, sont des mécanismes juridiques ou politiques qui permettent de caractériser les violations existantes et d’enjoindre – avec plus ou moins de poids – les pays concernés à rectifier la situation. Ces mécanismes internationaux de protection des droits de l’Homme, qu’ils soient juridiques ou politiques, ont besoin de bénéficier de l’information et de l’expertise des défenseurs des droits de l’Homme locaux, afin d’adresser des recommandations renseignées aux gouvernements et autorités concernées. Ils demandent aussi une mobilisation vigilante, afin de préserver et de renforcer leurs capacités protectrices. Au regard de ces préoccupations, la FIDH a un modus operandi spécifique basé sur:

  • Le Renforcement de l’interaction des défenseurs avec les mécanismes et instruments internationaux et régionaux de protection: Avec la spécialisation et la multiplication des instruments et « leviers externes », se développe le besoin d’information sur les situations auxquelles ils sont censés répondre. La FIDH poursuit et développe à cet égard des programmes d’interface de défenseurs des droits de l’Homme avec ces mécanismes ou avec des enceintes intergouvernementales internationales ou régionales, dans le but de développer une utilisation et une interaction pérennes.
  • Renforcer les capacités protectrices des instruments et mécanismes internationaux et régionaux: En plus des interfaces, la FIDH intervient également, au travers de ses délégations (ONU, UE, LEA, UA, etc.), pour évaluer le fonctionnement, la pertinence et l’efficacité de ces mécanismes, et pour contribuer à leur renforcement.

6) Promouvoir les droits des personnes migrantes déplacées et des réfugiés

Un aspirant migrant mexicain essaie de franchir la frontière vers les États-Unis. Les croix sont là pour marquer les tentatives ratées qui se sont soldées par autant de morts

Bien que les statistiques restent déficientes, les migrants, réfugiés compris, représenteraient, selon les Nations unies, près de 200 millions de personnes (9,2 millions de réfugiés), soit près de 3% de la population mondiale. Les flux migratoires, en expansion, ont ainsi vu doubler le nombre de migrants en 25 ans, et vont de toute évidence continuer à se développer en raison des disparités en matière de développement, de démographie et de démocratie entre pays riches et pays pauvres. Au dernier Congrès de la FIDH, à Lisbonne, en 2007 , la FIDH a décidé d’ériger la question des droits des migrants comme une nouvelle priorité. Le réseau de la FIDH, composé d’organisations dans les pays de départ, de transit et d'arrivée des migrants, peut en effet contribuer à lutter efficacement contre les violations des droits des personnes migrantes tout au long de leur parcours migratoire. Les moyens d'actions retenus par la FIDH pour agir efficacement sont les suivants[21]:

  • Renforcer la documentation sur la situation des droits des personnes migrantes, notamment à l'aide de missions d'enquête, par la publication et diffusion de rapports et de notes de position, par les soumissions et saisines aux procédures spéciales et mécanismes d’enquête internationaux (comme le Comité des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants).
  • Contribuer à la prise en compte des droits de l’Homme dans les politiques migratoires et de gouvernance des migrations, en élaborant et en diffusant des documents de plaidoyer, en instaurant des dialogues politiques avec les autorités des pays concernés, en lançant des campagnes de mobilisation des organisations membres et partenaires, notamment sur la ratification de la Convention des Nations unies sur les droits des travailleurs migrants, etc.
  • Renforcer la capacité des organisations membres de la FIDH à travailler sur la protection des droits des migrants, en promouvant les échanges interrégionaux, entre des ONG d’une part et entre des ONG et des autorités, en mettant en réseau des organisations généralistes et spécialisées, ou encore en documentant des situations des migrants au long des parcours migratoires

7) Soutenir le respect des droits de l’Homme et l’État de droit en période de conflit, dans les situations d’urgence ou de transition politique

Une partie des 300 000 personnes déplacées par la guerre civile au Sri Lanka, a subi de plein fouet, en 2008, les inondations dues à la mousson, les plongeant dans une situation encore plus précaire

Si un certain nombre des activités menées par la FIDH peuvent être programmées en fonction notamment des échéances internationales, régionales ou nationales, une partie des activités restera toujours réactive, et ce, en raison de la nature même du mandat de la FIDH. Cette dernière a la capacité de réagir aux demandes de ses organisations membres en cas de conflit armé ou de crises politiques violentes liées à des changements inconstitutionnels du pouvoir , des élections tronquées ou la mal gouvernance. Les moyens utilisés par la FIDH sont les mêmes que ceux mis en œuvre concernant les différentes priorités thématiques; c'est-à-dire:

  • Missions internationales d’enquête ou de dialogue avec les autorités nationales ; en cas d’impossibilité d’accès au pays pour raisons de sécurité ou d’opposition des autorités, possibilité de conduire les missions dans des pays voisins pour y recueillir les témoignages des personnes ayant fui le pays.
  • Plaidoyer auprès des instances régionales et internationales, saisines des mécanismes internationaux et régionaux, formation des défenseurs des pays concernés à leur utilisation.
  • Communiqués de presse, lettres ouvertes, conférences de presse aux fins d’alerter les médias, et par ce biais l’opinion publique.
  • Lancement de pétitions aux fins de mobilisation de l’opinion publique ou de campagnes internationales de mobilisation.
  • Dialogue avec les ambassades des pays considérés en Europe (Genève, Bruxelles et Paris essentiellement), voire sur d’autres continents.
  • Alliances avec d’autres ONG internationales de protection des droits de l’Homme afin de décupler l’impact des activités menées.
  • etc.

Comment la FIDH agit-elle au quotidien ?

Établir les faits : des missions d'enquête et d'observation judiciaire

Souhayr Belhassen en Allemagne, en avril 2008,lors d'une manifestation de soutien en faveur des droits de l'Homme en Chine

Depuis l'envoi d'un observateur judiciaire à un procès jusqu'à l'organisation d'une mission internationale d'enquête, la FIDH développe depuis 50 ans une pratique rigoureuse et impartiale d'établissement des faits et des responsabilités. Les experts envoyés sur le terrain sont bénévolement au service de la FIDH.

La FIDH a mandaté environ 1500 missions dans une centaine de pays ces 25 dernières années. Ces actions renforcent les campagnes d'alerte et de plaidoyer menées par l'Association.

Soutenir la société civile : des programmes de formation et d'échanges

  • Former et informer

Pour soutenir la société civile locale, la FIDH met en œuvre des programmes pluriannuels de coopération juridique. En partenariat avec les organisations membres de la FIDH et dans leur pays, ces programmes sont basés sur l'organisation de séminaires et de missions. Ils ont été conçus pour renforcer les capacités d'action et d'influence des organisations locales de défense des droits de l'Homme, comme leur crédibilité face aux autorités nationales et internationales.

  • Séminaires

Les autorités sont invitées, autant que possible, aux séminaires organisés sur place, après une ou plusieurs missions préparatoires, autour de thèmes sensibles. Des experts internationaux, choisis par la FIDH et ses partenaires locaux, y apportent leur expérience et leur expertise. Le but de ces activités, en plus de renforcer la société civile, est de créer des situations qui permettent un meilleur respect des droits de l'Homme au niveau local. Les suites données aux recommandations formulées font l'objet d'une évaluation systématique.

Mobiliser la communauté des États : un lobbying permanent auprès des instances intergouvernementales

Souhayr Belhassen en mai 2007 sur un plateau de télévision, pour parler des actions de la FIDH

La FIDH soutient ses organisations membres et ses partenaires locaux dans leurs démarches au sein des organisations intergouvernementales. Elle contribue à la protection accrue des victimes en alertant les instances internationales sur des situations de violations des droits humains et en les saisissant de cas particuliers. Elle participe à l'élaboration des instruments juridiques internationaux ainsi qu'à la création et l'amélioration des mécanismes internationaux de protection. C'est le cas notamment pour la protection des défenseurs des droits de l'Homme, la mise en œuvre de la Cour Pénale Internationale [22], ou la lutte contre les disparitions forcées.

Informer et dénoncer : la mobilisation de l'opinion publique

La FIDH alerte et mobilise l'opinion publique. Communiqués et conférences de presse, lettres ouvertes aux autorités, rapports de mission, appels urgents, pétitions, campagnes, site internet, etc. La FIDH utilise tous ces moyens de communication essentiels pour faire connaître les violations des droits humains.

  • Les publications de la FIDH

La FIDH a publié 31 rapports d'enquête et de situation en 2007, dont 18 en anglais [23]. Ces rapports visent en premier lieu les autorités nationales, les acteurs de la société civile et les représentants des organisations intergouvernementales. Ces rapports servent de base aux activités de plaidoyer menées par la FIDH et ses organisations membres lors des échéances des OIG régionales et internationales.

  • La présence sur Internet

Le site Internet officiel de la FIDH existe en 5 langues: français, anglais, espagnol, arabe, farsi. En 2007, le site totalisait environ 1 400 000 pages vues, pour 600 000 visites [24]. La même année, la FIDH a lancé un blog intitulé « Gardons les yeux ouverts », destiné à sensibiliser un public plus large, plus jeune, et souvent moins acquis aux problématiques liées aux droits de l'Homme.

  • La présence dans les médias

Des partenariats ont été établis avec des médias audiovisuels à diffusion par câble et satellitaire et à diffusion internationale. Ainsi, un partenariat a été mis en place avec I>Télé pour couvrir notamment l'année du soixantenaire de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) et s'est étendu aux autres émissions dépendant du service info de Canal+. À cette occasion, une sélection de film sur les droits de l'Homme a aussi été diffusée sur les chaînes de télévisions thématiques CinéCinéma. Des plateaux TV et radio ont été développés auprès notamment de France 24, Radio France International, BBC, TV5 et Al Jazeera. Les émissions diffusées par cette dernière chaîne sur le rapport annuel de l'Observatoire ont eu un écho particulièrement important, tenant compte de l'influence que celle-ci peut avoir auprès des sociétés civiles.

Fonctionnement

Pays où la FIDH compte au moins une ligue membre en 2009

Le siège de la FIDH est à Paris. Elle est composée d'organes dirigeants (Bureau International et Bureau Exécutif) et d'une structure permanente (le Secrétariat International), qui soutient l'action de ses responsables et chargés de mission.

Tous les 3 ans, le Congrès de la FIDH réunit ses associations membres pour élire le Bureau international, fixer les priorités de l'organisation, et décider de l'affiliation de nouveaux partenaires ou de l'exclusion des organisations membres ne répondant plus aux critères définis dans ses statuts.

  • Le Bureau international de la FIDH représente la diversité de ses organisations membres. Il est composé du président, du trésorier, de 15 vice-présidents et de 5 secrétaires généraux, tous élus bénévoles et représentant toutes les régions dans lesquelles la FIDH agit. Les présidents d'honneur siègent au Bureau international avec une voix consultative. Le Bureau international se réunit 3 fois par an. Ces réunions permettent de définir les orientations politiques et stratégiques de la FIDH, d'élaborer et de voter le budget.
  • Le Bureau exécutif, composé du président, du trésorier et des 5 secrétaires généraux, administre et gère la FIDH au quotidien. Il s'adjoint les compétences de chargés de mission. Les secrétaires généraux adjoints, élus par le Bureau international, siègent au Bureau exécutif avec voix consultative. Il se réunit une fois par mois pour prendre les décisions d'actualité répondant aux besoins et aux demandes formulées par les organisations membres (envoi de missions, programmes de coopération, événements, etc.).
  • Le Secrétariat international est basé à Paris. Il met en œuvre les décisions du Bureau international et du Bureau exécutif, et assure un suivi régulier des relations avec les organisations membres. Sa structure réduite (une trentaine de permanents assistés de stagiaires et de bénévoles) lui confère une grande flexibilité.

Les Bureaux s'adjoignent les collaborateurs nécessaires à l'action de la FIDH, en particulier des Délégués permanents auprès d'organisations intergouvernementales et des chargés de mission. La FIDH, à cette fin, dispose de bureaux à Bruxelles auprès de l'Union Européenne, à Genève et à New-York auprès de l'Organisation des Nations Unies, au Caire auprès de la Ligue des États Arabes, et a ouvert en 2008 un bureau à Nairobi auprès de l'Union Africaine. Elle dispose également de délégations auprès du Conseil de l'Europe, de la CEMAC, de la CIDH et de la CADHP.


Quelques anciens présidents de la FIDH :

Année Nom
1983-1986 Drapeau de la France Michel Blum
1986-1989 , 1989-1992 et 1992-1995 Drapeau de la France Daniel Jacoby
1995-1998 et 1998-2001 Drapeau de la France Patrick Baudouin
2001-2004 et 2004-2007 Drapeau : Sénégal Sidiki Kaba
Depuis 2007 Drapeau : Tunisie Souhayr Belhassen

Soutiens

Jane Birkin, ambassadrice de la FIDH

De nombreuses personnalités se sont engagées aux côtés de la FIDH pour soutenir son action. Parmi eux, on trouve : Dominique Blanc (comédienne), Jane Birkin (chanteuse), Lou Doillon (comédienne), Charles Berling (comédien), Isabelle Adjani (comédienne), Daniel Herrero (sportif), Héléna Noguera (chanteuse),Isabelle Autissier (navigatrice), Marjane Satrapi (dessinatrice), Marie-Christine Barrault (comédienne), Yann Tiersen (musicien) et Philippe Lioret (réalisateur).

Notes et références

Lien externe

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme de Wikipédia en français (auteurs)

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