- Prison d'Abou Ghraib
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La prison d'Abou Ghraib est un complexe pénitentiaire irakien, situé dans la ville d'Abou Ghraib, à 32 km à l'ouest du centre de Bagdad. Ouverte dans les années 1960, la prison devient, entre les mains de la police politique de Saddam Hussein, un lieu de détention, de torture et d'exécution de prisonniers politiques jusqu'à sa fermeture à l'automne 2002. Le 4 août 2003, l'armée américaine rouvre la prison qui devient le « Baghdad Central Detention Center ». En 2004, la diffusion de photographies montrant des détenus irakiens humiliés par des militaires américains déclenche le « scandale d'Abou Ghraib ». En 2006, après le transfert des détenus, la prison est remise aux autorités irakiennes. En février 2009, elle est rouverte sous le nom de « Prison centrale de Bagdad ».
Sommaire
La prison sous Saddam Hussein
Construite par des entreprises britanniques pour le gouvernement irakien dans les années 1960, la prison a une surface de 115 ha, un périmètre de sécurité de 4 km et comporte 24 tours de garde. Pendant la période du régime de Saddam Hussein, la prison d'Abou Ghraib était placée sous l'autorité de la Direction de la sécurité générale (en anglais : Directorate of General Security, connue en arabe sous le nom de al-Amn al-‘Amm), c'est-à-dire la police secrète.
La prison fut un lieu de torture et d'exécutions, dont des milliers de prisonniers politiques furent les victimes. On estime à 4 000 le nombre des exécutions pour la seule année 1984[1]. L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a réuni des informations sur plusieurs exécutions de masse dans les années 1990, au cours desquelles des centaines de prisonniers furent tués.
Pendant la deuxième guerre du Golfe (1990-1991), des prisonniers de guerre des troupes de la coalition, notamment des membres du SAS britannique, furent détenus et torturés à Abou-Ghraib.
En 2001, le nombre de prisonniers à Abou-Ghraib était estimé à 15 000, dont un grand nombre de Kurdes irakiens, de chiites, ainsi que d'Irakiens d'origine iranienne. Certains d'entre eux étaient détenus depuis le début de la première guerre du Golfe, en 1980. La plupart des détenus n'avaient jamais été inculpés ou condamnés et étaient maintenus en isolement. Des indications non confirmées évoquent des essais d'armes chimiques et bactériologiques réalisés sur des détenus dans le cadre du programme d'armement irakien.
Au printemps 2002, un agrandissement du complexe pénitentiaire fut entrepris, visant à porter de quatre à six le nombre de blocs de cellules. Mais la prison fut abandonnée avant le début de la troisième guerre du Golfe, en 2003. Après une amnistie générale en octobre 2002 et la libération de la plupart des détenus[2], les forces de sécurité irakiennes détruisirent la quasi-totalité des documents de la prison, qui fut par la suite entièrement pillée et en partie incendiée.
Après la chute du régime de Saddam Hussein, plusieurs fosses communes furent découvertes aux abords de la prison. A Al-Zahedi, à l'ouest de Bagdad, des fosses communes contenant les corps d'un millier de prisonniers politiques ont été retrouvées[3]. Selon un témoin, 10 à 15 corps étaient transportés à chaque fois de la prison d'Abou Ghraib et étaient enterrés par des habitants. Le 10 décembre 1999, 101 personnes furent exécutées à Abou Ghraib en un seul jour ; le 9 mars 2000, 58 prisonniers furent tués en une seule fois.
La prison depuis 2003
Ce complexe est aujourd'hui surtout connu à l'étranger à la suite du tollé suscité par la publication de photos prises par des soldats américains montrant des prisonniers torturés, attachés à des câbles électriques, obligés de poser nus ou bien menacés par des chiens de garde voire désacralisés après leur mort.
Entre le 24 et le 27 août 2005, l'armée américaine libère un millier de détenus. Le 26 septembre 2005, ce sont 507 prisonniers qui sont libérés à l'occasion du jeûne du Ramadan [réf. nécessaire].
Le 9 mars 2006, l'armée américaine annonce la fermeture prochaine de la prison d'Abou Ghraib, depuis la publication en 2003 de photographies montrant des soldats américains infligeant des sévices à des détenus. Les 4 500 prisonniers [réf. nécessaire] furent transférés vers d'autres centres de détention en Irak. Le 2 septembre 2006, le site passa sous le contrôle du gouvernement irakien.
Durant l'occupation américaine, Abou Ghraib a aussi été utilisé en tant que centre de détention hébergeant des « détenus fantômes » [4]. Outre Abou Ghraib, l'Irak compte plus de 400 centres de détention, certains étant sous administration américaine ou irakienne, d'autres sous administration mixte, américaine et irakienne (centres d'Al-Dial, d’Al-Karmiya et de Sahat al-Usur) [5].
En 2006, onze soldats américains ont été jugés et condamnés dans le cadre du scandale des tortures d'Abou Ghraib[6]. En mai 2006, le président américain George W. Bush a déclaré que la prison était la "plus grosse erreur" des Américains en Irak[7]. Mais d'après le général Janis Karpinski [réf. nécessaire], jugée coupable et dégradée, les ordres de torture seraient venus de Donald Rumsfeld; ils seraient intervenus dans le cadre général de l'utilisation de la torture en Irak et Afghanistan et auraient suivi l'arrivée à Abou Ghraib du major général Geoffrey D. Miller [réf. nécessaire]. Celui-ci avait déjà organisé les interrogatoires et la torture infligée dans le centre de détention de Guantánamo. Rumsfeld aurait annoté sur un ordre de mauvais traitements : « Personnellement, je reste debout huit à dix heures par jour. Pourquoi limiter les stations de position debout à quatre heures ? »[8].
En février 2009, la prison a été rouverte après rénovation. Renommée « Prison centrale de Bagdad », elle doit pouvoir accueillir jusqu'à 15 000 détenus[9].
Culture
La prison d'Abou Ghraib est évoquée dans Le Poing de Dieu, un roman de l'écrivain britannique Frederick Forsyth publié en 1994.
En 2006, l'artiste colombien Fernando Botero expose une série d'œuvres sur les tortures commis par des soldats américains dans la prison d'Abou Ghraib dans une galerie new-yorkaise, puis en janvier 2007 à l'Université de Californie à Berkeley[10],[11].
Dans le film Mi$e à prix 2, ce serait McTeague (dit "le chirurgien")qui serait responsable de quelques actes de tortures à Abu Ghraib.
Voir aussi
Article connexe
Liens externes
- La prison d'Abu Ghraib sur WikiMapia
- (en) Prisoner abuse in Iraq, Afghanistan and elsewhere - Centre de recherche sur les tortures dans le monde
- (en) Ronald Hilton: Mauvais comportement des soldats US et Expérience de Stanford
- (en) Slate.com: Positionnement éthique: l'expérience de Stanford n'explique pas Abu Ghraib, par William Saletan
- (en) IMDB: Projet non-intitulé Expérience de la Prison de Stanford
- (en) :Vidéo de Youtube sur Expérience de Stanford
Notes et références
- [1] GlobalSecurity
- [2] Communiqué d'Amnesty International, 21 octobre 2002
- Münster, 2003, 11 p. [3] Ulrike Löw, Mass grave sites in Iraq, Archaeologists for Human Rights,
- Army, CIA Agreed on 'Ghost' Prisoners, in the Washington Post, 10 mars 2005
- 400 prisons secrètes en Irak : un député irakien accuse, Rue 89, 4 novembre 2008.
- lire en ligne] « Un sergent reconnu coupable évite la prison » dans Le Nouvel Obs, 02/06/2006 [
- lire en ligne] Jean-Louis Turlin, « Bavures en Irak : le mea culpa de George Bush et de Tony Blair » dans Le Figaro du 27/05/2006 [
- (fr)Irak : Janis Karpinski, l'ex-commandante d'Abou Ghraib se rebiffe, sur Liberté internets, d'après Le Monde
- [4] BBC : New jail opens at Abu Ghraib (21 février 2009)
- Quelques-unes des toiles de Fernando Botero sur les abus de militaires américains à la prison d'Abu Ghraïb
- Article sur l'exposition de Botero sur l'International Herlad Tribune
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