- Exode rural en France
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L'exode rural en France a été relativement tardif en comparaison à d'autres pays d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord[1]. La première vague, dans la première moitié du XXe siècle, n'affecte que certains territoires difficiles à exploiter, l'exode rural ne concernant l'ensemble du territoire qu'après la Seconde Guerre mondiale; l'égalité entre population urbaine et population rurale est observée pendant l'entre-deux-guerres – en 1931 –, équilibre qui fonde en partie ce qu'on a pu appeler la République radicale. En effet, composée majoritairement de petits propriétaires, la population française fournissait alors un appui populaire important au Parti radical et radical-socialiste. En 1985, la population active agricole ne représentait plus que 8,2% de l'ensemble de la population active, la productivité agricole ayant augmenté de façon importante avec l'instauration d'une agriculture intensive[1]. La surface agricole utile (SAU) n'en représente pas moins la majorité du territoire français, avec plus de 31 millions d'hectares en 1985, sans compter les près de 15 millions d'hectares de forêts [1].
Sommaire
L'exode rural
Entre 1850 et 1860, la population rurale française atteint son maximum avec 26,8 millions de ruraux [réf. nécessaire]. Ensuite la population rurale décroît en France de manière continue. Ainsi, la France compte 43,8% de personnes vivant de la terre au recensement de 1906, et 31% à celui de 1954[1]. Le dernier ours des Alpes est abattu à la veille de la Première Guerre mondiale, montrant ainsi que le grignotage des terrains ruraux se poursuivait alors[1].
Le caractère réel, à l'échelle macrosociale, du dépeuplement des campagnes, qui conduit Henri Mendras à parler de « fin des paysans » en 1967, recouvre en fait des décalages importants entre les régions et encore plus entre communes rurales, suivant leur richesse et les rapports sociaux de production existants. C'est ainsi qu'au niveau microsocial, dans les Alpes du Sud, la commune montagnarde d'Entraunes a atteint son maximum démographique dès 1776, les départs et les décès l'emportant alors définitivement sur les naissances et les arrivées [réf. nécessaire].
Jusqu'à la Seconde Guerre mondiale, l'exode rural concerne ainsi principalement les terroirs d'exploitation difficile, particulièrement dans le sud de la France ou les régions montagneuses, menant à une déprise agricole (par exemple en Ardèche, cf. infra, dans les Alpes-de-Haute-Provence, ou encore en Lorraine). La baisse de population peut y entraîner la disparition progressive des services et de l’artisanat. Baisse de population qui a pu aller jusqu'à son terme dans certaines communes rurales qui ont disparu faute d'habitants.
Il y a exode rural lorsque le flux d'émigration augmente au point que, ajouté à celui des décès, il l'emporte sur le total des naissances et des arrivées. Aux jeunes garçons et filles obligés de partir, s'ajoutent alors de plus en plus d'actifs adultes : ouvriers agricoles, journaliers et petits paysans. Les artisans de village, très nombreux au XIXe siècle, disparaissent également, victimes de l’industrialisation et de la diminution de la clientèle. La diminution de la population rurale résulte donc, pour l'essentiel, des gains de productivité induisant la concentration des exploitations dont le nombre diminue en même temps que progresse leur superficie moyenne. Les investissements réalisés augmentent la productivité agricole et diminuent d’autant les besoins de main-d’œuvre.
La crise agricole très grave (céréales, phylloxéra) des années 1880 a accéléré le processus. La Grande Guerre, qui fit des centaines de milliers de victimes parmi les ruraux [réf. nécessaire] , a également joué un rôle prépondérant dans l’exode rural par la rencontre des jeunes ruraux et des citadins. Les droits progressivement obtenus par les ouvriers (semaine de 40 heures, congés payés lors du Front populaire) furent également vécus comme des injustices fortes par la population rurale [réf. nécessaire], qui en était exclue.
L’exode des jeunes et des femmes conduit également au vieillissement de la population et aux problèmes de célibat, ce qui fait baisser le taux de natalité.
Après 1945
En France, le dernier mouvement d’exode rural a commencé après 1945. Ce dernier courant a contribué à l’exode rural des régions de l’Ouest (Vendée, Anjou, Bretagne), qui avaient réussi à conserver leurs populations, par l’effet conjugué de structures familiales très encadrées par l’Église, et d’une agriculture vivrière très autarcique.
D’après l’Insee, l’exode rural s’est grosso modo terminé en France en 1975 après le remembrement de 1965. Depuis cette date, le solde migratoire campagne/ville s’est stabilisé. La population rurale n'a ainsi pas diminué entre 1975 et 1982[1], augmentant même légèrement, ce qui s'est accentué depuis le début des années 1990 aux alentours des grandes régions urbanisées. Des citadins s’installent à la campagne, mais gardent un mode de vie urbain, un travail en ville. Ce phénomène de « rurbanisation » produit un « mitage » du paysage par un bâti parsemé, ou au mieux réparti en lotissements. On le trouve aussi bien à Grenoble, dans une zone distante de 30 à 40 km du centre ville, dans le Grésivaudan, la cluse de Voreppe, les pentes des massifs de la Chartreuse, du Vercors, de Belledonne, que dans des villes modestes de l'Ardèche telles qu'Aubenas ou Privas[1].
Exemples d’exode rural
- Le cas du Massif central est assez emblématique, car la population décrût tôt et durablement. Le village de Saint-Germain-l'Herm a vu sa population divisée par cinq entre 1850 et 1999, passant de 2 447 habitants en 1846 à 515 en 1999, soit une baisse quasiment continue pendant 150 ans.
- L'Ardèche atteint un pic de population sous le Second Empire, comptant 388 500 habitants selon le recensement de 1861[1]; « comme dans beaucoup d'autres régions où prévalait un système analogue, le déclin des industries en milieu rural entraîna celui de l'agriculture, et réciproquement. En un siècle, l'Ardèche perdit ainsi plus de cent quarante mille habitants, par émigration ou par dénatalité, soit plus du tiers des Ardéchois du XIXe siècle, pour ne plus compter que 245 600 personnes au recensement de 1962 » (A. Frémont, 1997[1]).
- Exode rural dans la Somme
Notes et références
- Armand Frémont, « La terre », in Les Lieux de mémoire, tome III (dir. Pierre Nora), Quarto Gallimard, 1997, p. 3047-3080 (en part. p. 3048, p. 3050-3051, p.3056)
Annexes
Articles connexes
- Démographie en France
- Démographie des régions de France
- Agriculture en France
- Condition paysanne en France depuis 1945
- Exode rural
- Maçons de la Creuse
Bibliographie
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