- Bataille de Guise
-
La bataille de Guise opposa l'armée française à l'armée allemande près de Guise, dans l'Aisne, en 1914, au début de la Première Guerre mondiale.
Sommaire
Prélude à la bataille
La Ve Armée et le corps expéditionnaire britannique ont pris contact avec l'aile marchante allemande composée de la Ie (Général Alexandre von Kluck) et de la IIe armée (Général Karl von Bülow) respectivement le long de la Sambre et dans la région de Mons. Ces deux armées accomplissent un mouvement tournant à travers la Belgique tel que prévu par le Plan Schlieffen qui vise à contourner les armées alliées par le nord puis par l'ouest pour les repousser vers l'est de la France.
Article détaillé : Plan Schlieffen.Article détaillé : Bataille des frontières.Intention
Le 24 août, suite à ce violent contact et sous la pression, l'ensemble des troupes alliées se retire en ordre vers le sud. La Ve Armée du général Lanrezac s'oriente dans la direction de Laon. Pour freiner le mouvement allemand, le général Joffre lui ordonne, pour le 29 août, en coopération avec les Britanniques, de lancer une attaque de flanc contre la Ie armée allemande en direction de Saint Quentin. En effet, l'ambition du généralissime est de créer une ligne d'arrêt sur un axe Amiens-Reims-Verdun. Sa plus grande crainte est de voir l'aile droite allemande déborder le dispositif à l'ouest. Aussi, il essaye de créer à partir de la garnison de Paris, une 6e armée qu'il souhaite déployer dans la région d'Amiens à la gauche des Britanniques. Il entend ménager tout particulièrement ceux-ci, très éprouvés par leur retraite. Le général Joffre se porte personnellement à Marle où se trouve l'état-major de la Ve Armée pour montrer l'importance de l'enjeu.
La bataille
Intention
Le général Lanrezac organise sa manœuvre en deux parties. D'abord, il cherche à arrêter sur l'Oise la progression de la IIe armée allemande vers le sud dans la région de Guise avec le 10e Corps d'armée. Puis, derrière le barrage ainsi établi, il lance un offensive sur Saint Quentin vers l'ouest avec son 3e et 18e Corps. Enfin, il garde en réserve son 1e Corps en vue de l'envoyer soit vers l'Oise, soit vers Saint-Quentin.
Changement de situation
Mais les choses ne se déroulent pas comme prévu. D'abord, le 28 août, le 10e Corps qui doit remonter prendre ses positions le long de l'Oise trouve que les avant-gardes allemandes ont franchi la rivière entre Guise et Étréaupont suivies, le 29, par le 10e Corps allemand et le Corps d'armée de la Garde. Ensuite, le Corps expéditionnaire britannique annonce qu'il n'est pas en mesure de lancer une offensive sur Saint-Quentin qui est, par ailleurs, largement occupé par les Allemands. Enfin, le contact avec la IVe armée sur la droite n'est pas sûr car le groupement de cavalerie Abonneau et la 51e division de réserve, chargés de les matérialiser sont déployés sur un front très large et de ce fait sont fragilisés. la 51e division de réserve n'arrive pas à établir la liaison à Voulpaix laissant ainsi une menace importante sur les arrières du 10e Corps. La Ve Armée armée se retrouve donc en pointe.
La manœuvre effective
Le 29 août, Lanrezac décide de renoncer provisoirement à l'offensive sur Saint Quentin et de renforcer le coup d'arrêt sur l'Oise. Pour repousser les Allemands sur Guise, trois axes sont déterminés. A gauche, le 3e Corps prévu pour l'offensive de Saint Quentin oblique le long du canal de la Sambre à l'Oise, vers le nord, pour contourner Guise par l'ouest . Au milieu, le 1e Corps doit repousser les Allemands sur Guise et la vallée de l'Oise à l'est de la ville à partir des hauteurs qui domine la rivière entre Jonqueuse et Sains. A droite le 10e Corps doit repousser les Allemands sur la vallée de l'Oise entre Sains et Lémé. La 51e division de réserve et le groupement Abonneau assurent le flanc droit. Sur le flanc gauche, le 18e Corps atteint les faubourgs est de Saint-Quentin. Par ailleurs, le contact avec les Britanniques est maintenu tant bien que mal, au sud de Saint Quentin par deux divisions de réserves, la 53e et la 69e regroupées sous le titre de groupement Valabrègue.
Les résultats
En ce qui concerne le coup d'arrêt sur l'Oise, la manœuvre est un succès. Le Xe Corps et le Corps de la Garde qui ont franchi la rivière se sont arrêtés et sont repassées sur la rive nord, ne laissant qu'un simple rideau sur la rive sud. L'élan de la IIe armée allemande est sérieusement ralenti.
En ce qui concerne l'offensive sur Saint-Quentin, le mouvement de la Ie armée allemande a été, lui aussi, quelque peu ralenti. Le groupement Valabrègue qui protège le flanc gauche a subi toute la pression allemande et a été très éprouvé dans la région d'Urvillers. Cependant, les Allemands ont du relâcher leur pression sur le Corps expéditionnaire britannique en pleine retraite et assez malmené. Enfin et surtout, le brutal ralentissement de la IIe armée allemande incite le général von Kluck, commandant de la Ie armée allemande à repenser son mouvement stratégique. Au lieu de déborder largement à l'ouest de Paris, qui était la trajectoire initiale prévue par le Plan Schlieffen, il est obligé de resserrer son dispositif vers l'est pour recoller à la IIe armée allemande et éviter ainsi, que la Ve armée s'intercale entre lui et le général Karl von Bülow. Cette modification sera essentielle au succès de la première bataille de la Marne.
Les suites de la bataille
Le 30 août, le général Lanrezac estime qu'il ne peut plus tenir la position le long de l'Oise. Ses contacts avec les Britanniques et avec la IVe Armée armée sont compromis. Ses flancs sont gravement menacés. Il ordonne donc de reprendre la retraite malgré les objurgations de Joffre qui lui ordonne de résister sur place. C'est cette désobéissance qui lui vaut le limogeage dont il fait l'objet, le 3 septembre 1914, pour "manque d'esprit offensif" et mésentente avec le maréchal French.
Une polémique s'est instaurée pour connaître la nature exacte des points qui ont opposé le général Joffre et le général Lanrezac notamment sur les relations avec les Britanniques. Toutefois, il est maintenant reconnu que la bataille de Guise a été essentielle pour :
- inciter général von Kluck à modifier la trajectoire de son armée vers l'est et permettre ainsi d'établir un des éléments majeurs du succès de la première bataille de la Marne.
- sauver la Ve Armée de l'encerclement dont elle aurait été victime si elle avait résisté sur l'Oise et si elle avait lancé la contre-attaque sur Saint Quentin comme lui demandait Joffre.
- préserver la capacité opérationnelle du Corps expéditionnaire britannique sévèrement malmené par les troupes du général von Kluck et qui peut se replier au sud sur Noyon.
En outre, elle a été une victoire morale, la Garde a été sinon défaite au moins tenue en respect et elle a suscité des troubles dans le commandement allemand.
Notes et références
Catégories :- Bataille ou opération de la Première Guerre mondiale
- Bataille d'Allemagne
- Bataille sur le sol français
- Bataille de 1914
- Histoire de l'Aisne
- Histoire de la Picardie
- 1914 en France
- Guise
Wikimedia Foundation. 2010.