Bataille de Diên Biên Phu

Bataille de Diên Biên Phu

21°23′13″N 103°0′56″E / 21.38694, 103.01556 (Bataille de Diên Biên Phu 1954)

Bataille de Diên Biên Phu
Bataille de Dien Bien Phu.jpg
Situation de Dien Bien Phu
Informations générales
Date Du 13 mars au 7 mai
1954
Lieu Diên Biên Phu
(province de Lai Châu, Nord Viêt Nam)
Issue Victoire du Việt Minh
Belligérants
Flag of North Vietnam 1945-1955.svg Việt Minh Drapeau de la France Union française
Commandants
Võ Nguyên Giáp Christian de Castries
Forces en présence
Au 13 mars : 48 000 combattants, support logistique de 15 000
7 mai 1954 : 80 000 hommes en comprenant les services et la chaîne logistique.
Au 13 mars : 10 800
7 mai 1954 : 14 014 hommes (services et logistique)
Pertes
Chiffres vietnamiens :
4 020 morts
9 118 blessés[1].

Estimations françaises : entre 23 et 25 000 morts. Environ 15 000 blessés.
2 293 morts
5 195 blessés
11 721 prisonniers,
dont 3 290 reviennent vivants en France,
et 7 801 manquent.

La bataille de Diên Biên Phu (Điện Biên Phủ selon l'orthographe vietnamienne) est un moment clé de la guerre d'Indochine qui se déroula du 13 mars au 7 mai 1954 et qui opposa au Tonkin les forces de l'Union française aux forces Việt Minh, dans le nord Viet Nam actuel.

Occupée par les Français en novembre 1953, cette petite ville et sa plaine environnante devint l’année suivante le théâtre d'une violente bataille entre le corps expéditionnaire français, composé de diverses unités de l’armée française, des troupes coloniales et autochtones, sous le commandement du colonel de Castries (nommé général durant la bataille) et l’essentiel des troupes vietnamiennes (Việt Minh) commandées par le général Giáp.

Cette bataille se termina le 7 mai 1954 par la reddition de la garnison assiégée sur ordre de cessez-le-feu reçu de l'état-major français à Hanoï. Hormis l'embuscade du groupe mobile 100 à An Khé, elle fut le dernier affrontement de la guerre d'Indochine. Cette défaite accéléra les négociations engagées entre les deux parties.

La France quitta la partie nord du Viêt Nam, après les accords de Genève, signés en juillet 1954, qui instauraient une partition du pays de part et d'autre du 17e parallèle Nord.

Sommaire

La fin de la guerre d'Indochine (1953-1954)

Localisation de Diên Biên Phu dans le Haut-Tonkin
Articles détaillés : Guerre d'Indochine et Bataille de Na-San.

Depuis 1946, la France a engagé des moyens militaires importants en Indochine afin de combattre le Viêt Minh (organisation armée du parti communiste vietnamien), dirigé par Hô Chi Minh qui lutte pour l'indépendance. Les généraux se succédaient, Philippe Leclerc de Hauteclocque, Jean-Étienne Valluy, Roger Blaizot, Marcel Carpentier, Jean de Lattre de Tassigny et Raoul Salan — sans réussir à stopper l'insurrection Viêt Minh. En 1953, la guerre d'Indochine n'évoluait pas en faveur de la France. Pendant la campagne 1952–53, le Viêt Minh avait occupé de larges portions de territoires du Laos, un allié de la France et voisin occidental du Vietnam, avançant aussi loin que Luang Prabang et la Plaine des Jarres. Les Français ne purent freiner leur avance et le Viêt Minh n'interrompit sa progression que lorsque ses voies de communication toujours plus étirées devinrent impraticables.

A partir de la mi-1952, le corps expéditionnaire français en Extrême-Orient (CEFEO) tente de bloquer l'avancée des troupes du Viêt Minh vers le Laos. Les Français avaient commencé à renforcer leur défenses dans la région du delta de Hanoï pour préparer une série d'offensives contre les zones de regroupement Viêt Minh au nord-ouest du Vietnam. Ils avaient fortifiés les villes et des avant-postes dans la zone, jusqu'à Lai Chau près de la frontière Chinoise au nord[2], Na San à l'ouest d'Hanoï[3], et la Plaine des Jarres dans le nord du Laos[4].

La stratégie française est inspirée des techniques de combat Chindits : créer une enclave dans la jungle au milieu du territoire ennemi, une base opérationnelle ravitaillée par le transport aérien et permettant le contrôle d'une large zone forestière. Les Français vont conforter ce concept avec une artillerie conséquente : des mortiers, des mitrailleuses lourdes et une quantité énorme de munitions. Cette tactique du "camp-hérisson" fortement protégé avait été employée avec succès lors de la bataille de Na San, en octobre et décembre 1952, où un premier camp retranché avait été mis en place.

Parachutistes sautant d'un C-119 Flying Boxcar
Insigne du CEFEO

En mai 1953, le président du Conseil français, René Mayer, nomma Henri Navarre, un collègue en qui il avait toute confiance, pour prendre le commandement des forces de l'Union française en Indochine. Mayer donna à Navarre pour simple ordre de mission : créer les conditions militaires qui permettront d'amener une "solution politique honorable". En arrivant, Navarre fut choqué par ce qu'il trouva. Aucun plan à long terme n'avait été élaboré depuis le départ de de Lattre, les opérations étant purement conduites sur un mode réactif, en réponse aux mouvements ennemis. il n'y avait pas de plan pour développer l'organisation et améliorer l'équipement du corps expéditionnaire.

Après avoir évacué la base de Na San du 7 au 12 août 1953, Navarre a l'intention d'adopter une attitude défensive dans le Tonkin avec néanmoins des opérations ponctuelles (« Hirondelle », « Camargue » et « Mouette ») tout en continuant la pacification de la Cochinchine en attendant que l'Armée nationale vietnamienne prenne le relais. Avec la reprise de l'avancée des forces du général Giap, commandant de l'armée Viêt Minh, en août 1953, le commandement français décide alors de créer un second camp à Diên Biên Phu.

Les préparatifs de la bataille

Le site de Diên Biên Phu

Diên Biên Phu ou Ðiện Biên Phủ est une petite plaine située au nord-ouest du Viêt Nam dans la province de Lai Châu dans le haut Tonkin, et au centre de laquelle se trouve la petite ville de Diên Biên Phu. Elle se trouve à proximité des frontières chinoise et laotienne, en plein pays thaï (pays des tai dam).

En vietnamien, Ðiện désigne une administration, Biên un espace frontalier et Phủ un district, soit, en termes francisés, « chef lieu d'administration préfectorale frontalière ». En langue tai, la ville se nomme Muong Tenh, muong, désignant le lieu, pays ou ville et then, le ciel.

La plaine est couverte de rizières et de champs, avec le village proprement dit, et une rivière, la Nam Youn, qui la traverse. C'est le seul endroit plat à des centaines de kilomètres à la ronde, avec une altitude moyenne de 400 mètres. L'habitat, essentiellement de maisons sur pilotis, est dispersé. La vallée comporte un ancien aérodrome aménagé par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale. Il est orienté dans le sens nord-sud et dispose de deux pistes plus ou moins parallèles à la rivière.

La vallée aussi orientée nord-sud a une longueur de 17 Kilomètres. La largeur d'est en ouest varie de cinq à sept kilomètres. A l'est et au nord-est se trouve une zone de petites collines grimpant progressivement vers des sommets boisés qui s'étagent entre 1.000 et 1.300 mètres. La dénivellation entre la vallée et les cimes des montagnes varie de 600 à 700 mètres.

Diên Biên Phu est relié au reste du pays par la route provinciale 41 (RP 41) qui conduit à Hanoï et une piste qui se dirige au nord vers la Chine, via Laï Chau, capitale du pays thaï.

L'opération Castor

Article détaillé : Opération Castor.
Diên Biên Phu. Description des zones de saut le 20 novembre 1953

Au matin du 20 novembre 1953, dans le cadre de l’opération Castor, deux bataillons de parachutistes français, le 6e bataillon de parachutistes coloniaux (6e BPC), du chef de bataillon Bigeard et le 2e bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes (II/1er RCP) du chef de bataillon Bréchignac s’emparent de la vallée de Diện Biên Phu, défendue par un détachement peu important de l’armée Việt Minh. D’autres unités parachutistes sont larguées en renfort dans l’après-midi et les jours qui suivent, notamment le 1er bataillon de parachutistes coloniaux (1er BPC), du chef de bataillon Souquet, le 1er bataillon étranger de parachutistes (1er BEP) du chef de bataillon Guiraud, le 8e bataillon de parachutistes de choc (8e BPC) du capitaine Tourret et le 5e bataillon de parachutistes vietnamiens (5e BPVN) du chef de bataillon Bouvery.

L’ancienne piste d’atterrissage construite par les Japonais durant la Seconde Guerre mondiale doit être rénovée, et après avoir réussi le parachutage d’un bulldozer, le génie se met à l'œuvre. Le 25 novembre, un premier avion se pose à Diên Biên Phu, et s’ensuit un acheminement d’hommes, de matériel, d’armes et de munitions. Cette noria aérienne va fonctionner pendant quatre mois pour créer, ravitailler et renforcer le camp retranché. Le matériel lourd (artillerie et blindés) est démonté à Hanoï, transporté en pièces détachées, puis remonté à l’arrivée.

Peu à peu, les unités parachutistes sont relevées par des unités d’infanterie envoyées de Hanoï, à l'exception du 1er BEP et du 8e BPC qui resteront à DBP jusqu'à la fin des combats. Les nouveaux arrivants aménagent des emplacements de combat, édifient des fortins en utilisant le bois de certaines habitations du village, de la tôle et des poutres, creusent un vaste réseau de tranchées et installent des mines et des réseaux de fil de fer barbelé. Le commandement n’a pas jugé la menace suffisante pour demander le parachutage de béton et améliorer la résistance des fortifications.

Organisation du camp retranché

Le camp est conçu pour assurer la défense de la piste d’aviation de 1 000 mètres de long par où doivent arriver tous les ravitaillements et les renforts.

Dispositif de bataille à Diên Biên Phu en mars 1954 - En vert les PA français et position en noir des cinq divisions Viêt Minh

Autour de cette piste sont implantés quatre points d’appui constituant le centre principal de résistance. Le colonel de Castries baptise de noms féminins ces différents points d’appui (PA). Le centre principal de résistance comprend donc :

  • à l’ouest de la piste, dans la rizière, le PA Huguette tenu par un bataillon.
  • à l’est de la piste et de la rivière Nam Youm, sur la plus haute colline, le PA Dominique tenu par un bataillon.
  • au Sud de la piste, dans la rizière, le PA Claudine qui comprend le PC opérationnel, des batteries d’artillerie et le groupement d’intervention GAP2, composé du 8e Choc et du 1er BEP.
  • au sud-est, sur les collines surplombant la Nam Youm, en dessous de Dominique, le PA Éliane tenu par un bataillon.

Chaque point d’appui comporte quatre môles de résistance tenus chacun par une compagnie.

Le centre principal de résistance est couvert :

  • au nord-est, sur un grand piton, par le PA Béatrice tenu par un bataillon.
  • au nord par le PA Gabrielle, sur un piton allongé dans le prolongement de la piste, également tenu par un bataillon.
  • au nord-ouest, sur un plateau, par le PA Anne-Marie tenu par des éléments Thaï.

Un centre de résistance secondaire a été implanté à 5 km au sud, le long de la Nam Youm. Il comprend un bataillon de la Légion étrangère, des batteries d’artillerie, un peloton de chars, et doit pouvoir appuyer de ses feux le centre principal de résistance.

La préparation Viêt Minh

De son côté, le Viêt Minh fait acheminer dans le plus grand secret des canons et du matériel lourd en pièces détachées. Le transport est réalisé à dos d'homme sur une route tracée par l'armée Viêt Minh à travers la jungle et les flancs des montagnes qui entourent Diên Biên Phu, positionnant ainsi des pièces d'artillerie qui permettront un pilonnage des positions françaises.

Il enverra régulièrement des patrouilles pour tester les défenses françaises avant l'assaut. Les Français feront de même en tentant quelques sorties hors du camp. Mais ils s'apercevront qu'au-delà d'un certain périmètre, ils ne peuvent plus avancer du fait de la pression ennemie. Dès lors, ils ont l'impression d'être complètement encerclés[5]. De plus, quelques obus ont atterri dans l'enceinte du camp et certains militaires français évoquent alors l'existence possible d'un ou plusieurs canons isolés du côté ennemi.

Néanmoins, ces escarmouches n'inquiètent pas outre mesure l'état-major qui attend un assaut massif.

Ordre de bataille des belligérants

La bataille

La prise du camp de Dien Bien Phu par les troupes du général Giap s'est déroulé en trois phases principales.

Premiers assauts des 13 et 15 mars 1954

Les positions françaises du 13 au 15 mars 1954 et les premiers assauts Viêt Minh

L'attaque débute le 13 mars à 17h00 par une intense préparation d'artillerie visant le centre de résistance « Béatrice », l'un des CR les plus éloignés du dispositif, tenu par le 3e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère (III/13e DBLE), commandé par le chef de bataillon Pégot. L'attaque n'est pas une surprise pour les défenseurs, puisque les services de renseignement français avaient correctement prévu l'endroit et l'heure où elle se déclencherait, mais la puissance de feu de l'artillerie Viêt Minh cause un véritable choc. Le point d'appui est écrasé par les obus de canons et de mortiers lourds. Il en reçoit des milliers en quelques heures. Les abris, non conçus pour résister à des projectiles de gros calibre, sont pulvérisés. Le chef de bataillon Pégot et ses adjoints directs sont tués dans les premières minutes du combat, par un coup direct frappant leur abri. Les liaisons radio avec le centre du camp retranché sont coupées, empêchant les défenseurs de Béatrice de régler correctement les tirs de l'artillerie française.

L'assaut Viêt Minh est donné par les 141e et 209e régiments de la division 316[6] qui s'élancent des tranchées réalisées à proximité du centre de résistance.

Sans officier pour les diriger, sans appui d'artillerie, les légionnaires, livrés à eux-mêmes, mènent un combat désespéré contre les fantassins Viêt Minh qui utilisent la technique de la vague humaine, certains n'hésitant à se faire sauter sur les barbelés pour permettre à leur camarades de passer derrière eux. Le centre de résistance tombe peu avant minuit, après plusieurs heures de combat au corps-à-corps.

Pour ajouter au désastre, au cours de la même nuit, le lieutenant-colonel Gaucher, chef de corps de la 13e DBLE[7] et commandant du sous-secteur centre, est également tué dans son abri par un coup direct de l'artillerie Viêt Minh.

À l'issue de cette première nuit d'affrontement, les Français réalisent soudainement que, contre toute attente, le Viêt Minh a été capable d'apporter et de camoufler autour du camp retranché un nombre important de pièces d'artillerie de moyen calibre (105 mm), alors que le 2e bureau de l'état-major français pensait qu'ils ne pourraient au pire amener que des pièces légères, de calibre 75 au plus. Jamais par la suite l'artillerie française ne sera dans cette bataille en mesure de faire taire les canons Viêt Minh, pas plus que les bombardiers de l'armée de l'air ni les chasseurs-bombardiers en piqué de l'aéronavale.

Constatant cet échec, le colonel Piroth, commandant l'ensemble des unités d'artillerie à DBP, qui avait affirmé au commandement être en mesure de contre-battre l'artillerie Viêt Minh avec ses canons de 155 mm, se suicide dans son abri, quelques jours après le début de la bataille[8].

Le 14 mars vers 20 heures, deux régiments de la division 308[9] s’attaquent au centre de résistance Gabrielle tenu par le 5e bataillon du 7e régiment de tirailleurs algériens (V/7e RTA) commandé par le chef de bataillon de Mecquenem. Utilisant la même tactique que pour Béatrice, forte préparation d'artillerie et assaut d'infanterie par vagues successives, le Viêt Minh grignote peu à peu la position. Les “Turcos”, surnom donné aux tirailleurs, se défendent durement toute la nuit et réussissent à repousser plusieurs assauts incitant Giap à ordonner le repli de la 308 à 2h30.

Quand l'attaque reprend à 3h30 après une nouvelle préparation d'artillerie, des troupes fraîches de la division 312 sont également engagées[10]. Le V/7e RTA est submergé et doit finalement abandonner la position le 15 mars au petit matin, rejoint trop tard par un élément de contre-attaque constitué de 6 chars du 1er régiment de chasseurs à cheval, d'éléments du 1er BEP [11] et du 5e BPVN parachuté en renfort dans l'après-midi du 14 mars.

À l'occasion de cette contre-attaque manquée, l'attitude au feu du 5e BPVN fera l'objet sur le moment de nombreuses critiques, certains, dont le lieutenant-colonel Langlais (adjoint de Castries), lui reprochant, en termes peu aimables, un “manque de punch” pendant l'action. Ce fut une des nombreuses polémiques qui surgirent au cours de la bataille et qui font parfois encore débat aujourd'hui parmi les spécialistes. À la décharge du 5e BPVN, d'autres, plus tard, feront valoir qu'il n'était pas forcément judicieux de confier une mission de contre-attaque à une unité qui, parachutée la veille, n'avait pas eu le temps de se reposer et connaissait mal le terrain, alors qu'un bataillon comme le 8e Choc, présent à DBP sans discontinuer depuis quatre mois, ayant eu le temps de se familiariser avec le terrain et reconnu les itinéraires de contre-attaque, aurait eu plus de chances de réussir. Quoi qu'il en soit, le chef de corps, le capitaine Botella, prit à l'issue de l'engagement des mesures drastiques en rétrogradant au rang de simple soldat des officiers qui avaient fait preuve de faiblesse et en transformant en coolies les soldats qui ne s'étaient pas correctement comportés à ses yeux. Ainsi ‘purgé’ le 5e BPVN poursuivra le combat jusqu'à la fin de la bataille et se comportera de façon tout à fait honorable.

Une période d'accalmie du 15 au 30 mars

Ayant subi des pertes importantes au cours de ces deux premières attaques, le général Giap est contraint d'observer une pause, pour réorganiser ses unités durement éprouvées et reconstituer ses stocks de munitions. Parallèlement, le Haut-Commandement français décide aussi l'envoi de renforts et le 6e BPC est parachuté dans l'après-midi du 16 mars. Le retour à DBP du « bataillon Bigeard » contribue à remonter le moral de la garnison, choquée par la tournure prise par les évènements.

Après une phase d'assaut frontal, très coûteuse en vies humaines, Giap opte pour une tactique de harcèlement du camp retranché. Les artilleurs Viêt Minh s'appliquent à bombarder tous les points importants du camp retranché, en particulier la piste d'atterrissage qui devient rapidement inutilisable de jour et bientôt y compris de nuit. Le dernier avion décolle de DBP le 27 mars. Dès lors, le cordon ombilical qui reliait le camp à Hanoï est coupé, réduisant d'autant les possibilités de ravitaillement et, surtout, rendant impossible l'évacuation des blessés. L'avion qui la transportait ayant été endommagé, puis détruit, par l'artillerie Viêt Minh, après s'être posé pour tenter d'évacuer des blessés, c'est ainsi que la convoyeuse de l'Air, Geneviève de Galard se retrouve bloquée dans le camp retranché et y passera le reste de la bataille, à travailler comme infirmière à l'antenne chirurgicale du Médecin-Commandant Grauwin. Elle deviendra célèbre sous le sobriquet "d'ange de Dien Bien Phu" (Dien Bien Phu angel) qui lui sera donné par la presse anglo-saxonne.

Des opérations sont montées tous les jours pour assurer la liaison terrestre avec le point d'appui « Isabelle », situé au Sud du centre de résistance principal. Au fil du temps, ces opérations d'"ouverture de route" deviennent de plus en plus lourdes et dangereuses à mener et le 23 mars, au cours de l'une d'entre elles, le 1er BEP perd 9 tués, dont 3 officiers (les lieutenants Lecocq, Raynaud et Bertrand) et plus de 20 blessés, dans une embuscade tendue par des éléments Vietminh infiltrés. Devant les pertes subies, les liaisons quotidiennes avec « Isabelle » sont finalement abandonnées et le point d'appui commandé par le lieutenant-colonel Lalande combattra jusqu'à la fin de la bataille de façon autonome.

Le 28 mars, le 6e BPC, appuyé par le 8e BPC lance une contre-attaque vers l'ouest du camp retranché avec pour objectif de détruire les pièces de DCA Viêt Minh qui gênent de plus en plus le ravitaillement par air. L'opération est un demi-succès : à part des quantités importantes d'armement léger, elle n'a permis de capturer ou de détruire que peu d'armes lourdes (canons de DCA de 37 mm) et qu'elle se solde par un niveau de pertes important. Le 6e BPC perd en particulier 17 tués, dont deux officiers (les lieutenants Le Vigouroux et Jacobs) et quatre sous-officiers. La 4e compagnie n'a plus d'officiers, puisqu'outre le Lt Jacobs, l'officier adjoint, tué au cours de l'action, son chef, le Lt De Wilde est grièvement blessé.

Seconde vague d'attaques du 30 mars au 4 avril (la ‘bataille des cinq collines’)

Giap avait fixé comme objectif les collines formant la défense Nord-Est et Est du Centre de Résistance principal. Dans la nuit du 30 mars, après une nouvelle très forte préparation d'artillerie, tous les points d'appui tombent rapidement aux mains des Viet-Minh, à l'exception d'Éliane 2 (surnommée ‘la cinquième colline’) et d'Éliane 4, qui n'était pas directement en première ligne. La faible résistance opposée aux assaillants par le III/3e RTA sur Dominique 2 et par la compagnie du I/4e RTM tenant Éliane 1 sera d'ailleurs à l'origine d'une autre polémique, lancée elle aussi par l'impétueux lieutenant-colonel Langlais, mettant clairement en cause la valeur des troupes Nord Africaines à DBP. Cela, ajouté au fait que certains soldats de ces unités, démoralisés, déserteront et iront se réfugier sur les bords de la Nam Youm en refusant de livrer combat jusqu'à la fin de la bataille, finira par donner naissance au mythe selon lequel “seuls les paras et la Légion se sont battus à DBP”.

Sur Éliane 2, le Viet-Minh se heurte à la farouche résistance des autres compagnies du I/4e RTM, qui seront renforcées toute la nuit du 30 au 31 mars par différentes unités prélevées sur les autres bataillons et très efficacement soutenues par l'artillerie d'Isabelle. Au matin du 31 mars, Éliane 2, jonchée de dizaines de cadavres, tient toujours.

Le 31 mars le Commandement français décide de lancer une contre-attaque pour reprendre les positions perdues : le 8e BPC reprend Dominique 2 (la colline la plus élevée du camp retranché) et le 6e BPC reprend Éliane 1. Toutefois, fautes de troupes fraîches pour relever ces deux unités durement éprouvées (le parachutage du II/1er RCP a été annulé au dernier moment), les positions reprises doivent à nouveau être abandonnées.

Giap poursuivra ses attaques sur Éliane 2 jusqu'au 4 avril, subissant de très fortes pertes, jusqu'à finalement renoncer à prendre ce point d'appui. Cet échec provoquera une grave crise du moral au sein des unités Viet-Minh et beaucoup de leurs cadres, jugés incompétents ou trop timorés seront éliminés.

Le ‘grignotage’ des positions françaises durant le mois d'avril

Les actions d’encerclement et d’étouffement se poursuivent durant tout le mois d'avril, aussi bien sur les PA Huguette, à l’Ouest de la piste d’aviation, que sur les collines de l'Est.

Le centre des positions françaises fin mars 1954. Le secteur Éliane connut les plus violents combats de toute la bataille

Les tentatives de colonnes de secours au sol échouent. Les avions venant de Hanoï (des Douglas A-26 Invader, des Grumman F6F Hellcat) sont gênés de surcroît par une météo capricieuse (mousson). Jamais ils ne pourront identifier les emplacements de tir. Ils larguent les bombes et le napalm quasiment au hasard, guidés seulement par radio. Ils font aussi des passages au-dessus des crêtes pour tirer avec leurs mitrailleuses de 12,7 mm et leur roquettes.

Un écran nuageux, quasi permanent en période de mousson, rend l'accès et l'action aériens difficiles, à vue (les radars de vol existaient peu ou presque pas). Dans ce contexte, les missions d'attaque des avions français sont dangereuses du fait du terrain, du climat et surtout de la DCA. Ces avions doivent faire plus de 600 km avant d'arriver sur zone : ils sont alors à la limite de leur réserve de carburant et ont par conséquent très peu de temps pour leur mission de combat. D'ailleurs, les assauts Viêt Minh ont essentiellement lieu de nuit, lorsque l'aviation française est inopérante.

Les Français disposent de 10 chars légers M24 Chaffee armés de canons de 75 mm, relativement inadaptés à une guerre de siège, souvent utilisés pour soutenir l'infanterie lors de contre-attaques. Certains sont finalement sabotés par leur équipage, sur avarie ou pour éviter leur capture par l'ennemi. La garnison ne peut compter que sur des contre-attaques de parachutistes à pied, leur mission est de s'emparer des positions adverses et des canons, armés de lance-flammes. Mais ces contre-attaques ne peuvent dépasser la ligne des sommets et sont limitées dans le temps par l’impossibilité de les ravitailler et de les soutenir d’un appui–feu. Lorsqu'un point d'appui est atteint, les soldats se trouvent parfois à court de munitions. C'est donc une mêlée à l'arme blanche et à la grenade qui les attend.

Dans cette bataille, dans l'incapacité de se reposer ni d'être relevés, les Français font preuve d'une combativité et d'une résistance exceptionnelles. Il y a de nombreux cas de morts d'épuisement. On entend des hommes se battre en chantant La Marseillaise au cours des combats. Lorsqu'on sollicite les blessés pour retourner au combat - faute de combattants valides -, il y a encore des volontaires. La nuit, les explosions, les balles traçantes et les fusées éclairent le champ de bataille comme en plein jour. Les canons français tirent tellement qu'ils étaient chauffés au rouge. Parmi les actes les plus notables, citons le combat de dix soldats du 6e BPC qui résistent sans soutien aux assauts Viêt Minh pendant huit jours. Au moment de déposer les armes, ils tiennent toujours leur position. Il y eut deux survivants, les brigadiers Coudurier et Logier[12].

Concernant la logistique, l'aviation française est nettement dépassée par l'ampleur de la tâche et doit faire appel aux Américains pour des parachutages de troupes et d’équipements avec les avions C-119 Flying Boxcar du CAT (Civil Air Transport) du général Claire Chennault. Plusieurs de ces avions sont abattus. C'est en fait à Diên Biên Phu que les Américains ont leurs premiers militaires tués dans la péninsule indochinoise, deux pilotes abattus après leur dernier largage sur Dien Bien Phu[13].

Détachement de M24 en action à Diên Biên Phu

Le général Giap donne son analyse des combats : les militaires français "selon leur logique formelle, avaient raison". "Nous étions si loin de nos bases, à 500 kilomètres, 600 kilomètres. Ils étaient persuadés, forts de l’expérience des batailles précédentes, que nous ne pouvions pas ravitailler une armée sur un champ de bataille au-delà de 100 kilomètres et seulement pendant 20 jours. Or, nous avons ouvert des pistes, mobilisé 260 000 porteurs - nos pieds sont en fer, disaient-ils - des milliers utilisant des vélos fabriqués à Saint-Étienne que nous avions bricolés pour pouvoir porter des charges de 250 kg. Pour l’état-major français, il était impossible que nous puissions hisser de l’artillerie sur les hauteurs dominant la cuvette de Diên Biên Phu et tirer à vue. Or, nous avons démonté les canons pour les transporter pièce par pièce dans des caches creusées à flanc de montagne et à l’insu de l’ennemi. Navarre avait relevé que nous n’avions jamais combattu en plein jour et en rase campagne. Il avait raison. Mais nous avons creusé 45 km de tranchées et 450 km de sapes de communications qui, jour après jour, ont grignoté les mamelons."[14]

En manque de troupes, les Français organisent des recrutements de volontaires à Hanoï pour les parachuter sur Diên Biên Phu. Alors que tout le monde sait la situation désespérée et la chute du camp imminente, des centaines de personnes répondent "présent" à l'appel, certaines n'ayant jamais sauté en parachute de leur vie. Leur motivation est d'aller se battre "pour aider les copains", "pour l'honneur"[15]. Dans la fureur des combats, et la confusion, certains largages atterrissent chez l'ennemi.

Les défenseurs du camp ont jusqu'au bout espéré une intervention massive de l'aviation américaine, qui n'est jamais venue. Début mai 1954, les Viêts utilisent massivement des lance-roquettes multiples Katioucha sur la garnison, dont les effets sont dévastateurs.

Dernières attaques à partir du 1er mai

Le 1er mai au soir commence une préparation d’artillerie qui dure trois heures. Les divisions 312 et 316 attaquent à l’est, la 308 à l’ouest. L’artillerie française n’a plus assez de canons, de mortiers et d’obus pour faire face. Il tombe plus de parachutages chez l’ennemi que dans le camp retranché qui s'est considérablement réduit. Au sein des troupes française, le manque de munitions se fait criant et la situation sanitaire devient catastrophique.

Éliane 1 tombe dans la nuit du 1er mai et Dominique 3 dans celle du 2 mai ainsi qu’Huguette 5. Éliane 2 résiste toujours. Huguette 4 tombe dans la nuit du 4 mai. Dans celle du 6 mai, une sape de deux tonnes de TNT fait sauter Éliane 2. Le matin du 7 mai, Éliane 10, Éliane 4 et Éliane 3 sont conquis par les Viêt Minh.

Échec de l'Opération D

Article détaillé : Opération D.

Dans les derniers jours d’avril, en raison de la situation critique du camp, le général Henri Navarre décide de lancer une opération secrète du SDECE, l‘Opération D (D pour desperado), dirigée par le capitaine Jean Sassi commandant le Groupement GMI Malo. Elle consistait à mettre en œuvre, au départ des bases du GCMA au Laos, une colonne de secours de près de 2000 hommes essentiellement constituée des maquisards de la tribu Hmong (ou Mèo), en tentant une percée ainsi qu'une évacuation des troupes françaises.

L'opération « D » débuta le 28 avril 1954. Mais, validée trop tard, elle ne peut aboutir puisque la colonne de secours arrive aux abords immédiats de Dien Bien Phu quelques jours après la chute du camp. Seulement 150 survivants de la garnison assiégée qui étaient parvenus à s'évader dans la jungle sont récupérés.

Cessez le feu et reddition

Le 7 mai 1954 à 12 heures, le général de Castries reçoit un ordre de cessez-le-feu du commandement militaire à Hanoï, qu'il transmet immédiatement au lieutenant-colonel Bigeard[16], lequel le transfère au lieutenant Allaire en position sur Éliane 3, car celui-ci exige un ordre écrit de son chef pour cesser le combat[17]. Le cessez-le-feu entre en vigueur à 17h00. Puis est donné l'ordre général de détruire toutes les armes.

Il appartenait à la division 308 du général Vuong Thua Vu de donner le coup de grâce à la garnison française, division d'infanterie qui a été de toutes les batailles en « hautes régions », des « désastres » de Cao Bang et Lang Son en 1950 jusqu'à celui de Diên Biên Phu. Ce sera aussi cette division 308 qui entrera la première dans Hanoï le 10 septembre 1954.

Après 57 jours de combat, le 7 mai 1954 à 17h30, l'armée Viêt Minh entre dans le camp retranché.

Le bilan

Ce fut la bataille la plus longue, la plus furieuse, la plus meurtrière de l'après Seconde Guerre mondiale, et l'un des points culminants des guerres de décolonisation.

On peut estimer à près de 10 000 le nombre de Vietnamiens tués pendant la bataille et 2 293 morts dans les rangs l'armée française.

Le cessez le feu une fois signé, le décompte des prisonniers l'Union française, valides ou blessés, capturés à Diên Biên Phu s'élève à 11 721 soldats dont 3 290 seront rendus à la France dans un état sanitaire catastrophique, squelettiques, exténués. Il en manquait 7 801. Le destin exact des 3 013 prisonniers d’origine indochinoise reste toujours inconnu[18]. Il est probable qu'ils ont été exécutés systématiquement comme traitres.

Le destin de la garnison en captivité

L'ensemble des prisonniers (ainsi que les blessés) devra marcher à travers jungle et montagnes sur 700 km, et de nuit pour échapper aux avions français. Ceux qui étaient trop faibles mouraient ou étaient achevés. Ils ont ensuite été installés dans des villages sanctuaires, aux confins de la frontière chinoise, hors d'atteinte du corps expéditionnaire. Sur les 11 721 prisonniers de l'Union Française, valides ou blessés faits par le Vietminh, plus de 71% décédèrent en captivité de sous-alimentation, mauvais traitements, exécutions arbitraires et du fait des maladies tropicales[19].

Les camps de rééducation

Là, un autre calvaire attendait les prisonniers. Ceux qui auront le mieux survécu étaient les blessés lourds car ils n'eurent pas à subir la marche forcée de 700 km et furent pris en charge par la Croix-Rouge. Les autres furent internés dans des camps dans des conditions effroyables. Ainsi, leur alimentation quotidienne se limitait à une boule de riz pour les valides, une soupe de riz pour les agonisants. Un grand nombre de soldats sont morts de dénutrition et de maladies. Ils n'avaient droit à aucun soin médical, puisque les quelques médecins captifs étaient tous assignés dans la même paillote, avec interdiction d'en sortir.

Les prisonniers devaient également subir un matraquage de propagande communiste avec endoctrinement politique obligatoire. Cela incluait des séances d'autocritique où les prisonniers devaient avouer les crimes commis contre le peuple vietnamien (réels et surtout imaginaires), implorer le pardon, et être reconnaissants de la "clémence de l'Oncle Ho qui leur laisse la vie sauve".

La majorité des tentatives d'évasion a échoué malgré l'absence de barbelés ou de miradors de surveillance. La distance à parcourir était trop grande pour espérer survivre dans la jungle, surtout pour des prisonniers très diminués physiquement. Ceux qui étaient repris étaient exécutés.

Suite aux accords de paix signés à Genève reconnaissant la création de deux Vietnam libres et indépendants, La France et le Viêt Minh acceptèrent le principe d'un échange général de prisonniers. Les prisonniers de Diên Biên Phu survivants seront livrés à la Croix Rouge Internationale après les accords signés.

Crimes de guerre

  • Assaut des convois d'évacuations sanitaires.

Les conséquences en France

Le conflit indochinois suscitait peu d'intérêt en France, pour plusieurs raisons. La Quatrième République était marquée par une grande instabilité politique. Le pays était en pleine reconstruction économique, et cette guerre était lointaine. De plus, le corps expéditionnaire ne comptait que des militaires de carrière et des engagés volontaires, souvent perçus comme des baroudeurs en quête d'aventure (la France n'avait pas envoyé le contingent en Indochine). C'était l'époque de la guerre froide, de la division de l'Europe par le rideau de fer : la menace soviétique inquiétait une partie des Français, et le parti communiste était le premier de France. De nombreux Français étaient en faveur de la décolonisation[réf. nécessaire].

Du point de vue financier, les États-Unis assumaient le coût matériel de la guerre.

Du point de vue économique, l'Indochine avait toujours été une colonie à vocation principalement agricole, organisée par et pour une communauté de planteurs. Mais dans les années 1950, bon nombre d'entreprises étaient déjà parties. Son importance économique s'était réduite.

D'un point de vue démographique, il n'y avait jamais eu beaucoup de Français en Indochine et la guerre en avait fait rentrer beaucoup en métropole. Ne restaient que quelques milliers de colons et quelques entreprises, au contraire de la situation d'avant 1939-1945. En effet les Japonais ont éliminé toute l'administration coloniale en 1945, et neuf ans de guerre ont suivi qui ont poussé les Européens à quitter le pays. La France de 1954 n'avait donc plus rien à voir avec la France colonialiste de Jules Ferry au XIXème siècle. En Indochine, la même volonté de rupture était présente chez les Vietnamiens. On peut dire qu'une page d'histoire commune entre la France et le Viêt-Nam avait été tournée avant même Diên Biên Phu.

Tous ces éléments expliquent que cette guerre ne passionnait pas les Français. Il y avait une certaine lassitude devant une guerre qui n'en finissait pas, dont les motifs restaient obscurs pour beaucoup. Les défenseurs de Diên Biên Phu pouvaient avoir le sentiment d'être abandonnés par la métropole. On a pu qualifier la Guerre d'Indochine de "sale guerre", notamment dans les milieux syndicalistes et les partis d'extrême-gauche. La CGT avait même organisé une campagne de sabotage du matériel envoyé aux combattants de Diên Biên Phu.

Du fait de la censure, il y eut très peu d'informations sur la réalité de la bataille. D'où la stupeur qui frappa la population française à la chute du camp retranché. A la surprise succéda la colère et certains parlementaires furent violemment pris à partie par la foule sur les Champs Elysées. Il fallait à tout prix trouver des responsables au désastre.

Analyse des stratégies

Du point de vue français

Le choix de DBP n'était pas insensé sur le plan stratégique, au carrefour des pistes pédestres et équestres vers le Laos. Sur le plan tactique, la piste d’atterrissage permettait un ravitaillement massif par pont aérien depuis Hanoi. L'occupation de cette position privait le Viêt Minh d'un approvisionnement en nourriture puisque toute la plaine était une zone agricole.

Pour les stratèges français, l’armée populaire vietnamienne ne pourrait pas amener d'artillerie lourde, à cause du terrain difficile autour de la cuvette et de l'absence de pistes carrossables. D'autre part, sur place, la topographie était jugée favorables aux défenseurs, de hautes collines entourant la cuvette empêcheraient l’adversaire d’utiliser son artillerie : il devrait ou bien tirer depuis la contre-pente (le versant caché pour la garnison) mais avec une forte flèche et donc une courte limitée ne permettant pas d'atteindre les cibles ou bien tirer depuis la pente descendante, à la vue de la garnison, ce qui l'exposerait à la contre-batterie française.

Par ailleurs, une telle artillerie ne pourrait disposer que d’une faible quantité de munitions fournie par une logistique estimée faible, car basée sur des hommes à pied. Le risque d'une artillerie adverse a bel et bien été pris en compte par les Français, mais jugé techniquement irréaliste. D'un point de vue purement militaire, on doutait de la capacité du Viêt Minh à utiliser des canons[5].

Pour comprendre la stratégie Viêt Minh et l'état d'esprit des Français à DBP, il est indispensable de rappeler les événements de Na San de 1952. Durant cette bataille, un camp retranché du corps expéditionnaire, dans une zone reculée et difficile d'accès, fut attaqué par une armée Viêt Minh, déjà commandée par le Général Giap. Ce fut une des rares fois – avec la bataille de Vinh Yen en janvier 1951 – où le Viêt Minh accepta de livrer une bataille conventionnelle. Formé en URSS et en Chine, Giap utilisa la tactique des vagues d'assaut, sur terrain dégagé et en plein jour. Comme les offensives de la Première Guerre mondiale, les attaques étaient lancées au son du clairon. Ce fut un désastre : la 1ère vague sauta sur les mines, la 2ème s'empêtra dans le réseau de barbelés, la 3ème se fit hacher par les mitrailleuses[21]. Après plusieurs tentatives et devant l'ampleur des pertes, Giap n'eut d'autre choix que de lever le siège. Cet échec le rendit longtemps réticent à attaquer les Français dans un assaut frontal et massif. Il revint donc aux techniques de guérilla. Le succès de Na-San conforta l'État-major français. Le Général Navarre décida de reprendre cette même stratégie pour le Plan Castor en 1953 : fixer les troupes viêts autour d'un camp retranché, et broyer ses assauts. Toute la conception du camp de DBP, du choix des armes à la configuration des abris découlait des leçons de la bataille de Na-San, c'est-à-dire qu'on occultait volontairement l'artillerie adverse et qu'on ne donnait pas d'ordre de s'enterrer.

Bunker PC du Général de Castries à Diên Biên Phu

Les abris étaient relativement sommaires : des trous avec des sacs de sable et une tôle comme toiture. Ils étaient reliés par des tranchées. Il n'y avait aucun ouvrage en béton, aucun boyau souterrain, et les canons n'étaient pas protégés mais placés sur de simples plates-formes, au vu et au su de l'ennemi.

Par voie aérienne, DBP est proche de Hanoï, et très loin par les pistes de jungle pour l’Armée populaire vietnamienne. Les calculs logistiques du Bureau de planification donnaient donc un rapport très favorable au côté français en termes de tonnage quotidien transporté.

Quelques mois avant le début des combats, une délégation gouvernementale se rendit à DBP pour apprécier la situation. Elle fut rassurée par ce qu'elle vit et par la stratégie que lui exposèrent les officiers du camp. De même, les journalistes, les observateurs étrangers, notamment les militaires américains, ne trouvèrent rien à redire au plan français. Une autre raison du choix de cet endroit était de couper au Viêt Minh la route du Laos, possible base arrière. À l’origine, DBP devait donc être la base d’unités mobiles susceptibles de rayonner dans tout le district de Lai Chau avec des chars légers américains M24 ‘Chaffee’ (surnommés ‘Bisons’ par la garnison). C’est pour cette raison qu’un cavalier, le colonel de Castries, fut mis à la tête du GONO (Groupement Opérationnel du Nord-Ouest). Le camp était protégé par un réseau de points d’appui aux noms féminins : Dominique, Éliane, Gabrielle, etc.

La garnison attendit l'assaut plusieurs semaines, motivée, impatiente d'en découdre et persuadée qu'elle allait “casser du Viêt”. Certains officiers déclaraient : « Pourvu qu'ils attaquent ! »[5]. Il y a une faiblesse intrinsèque à la stratégie défensive, c'est qu'on laisse l'initiative à l'adversaire. Toute l'initiative : celle du lieu, du moment, de la manière. On aura toujours un coup de retard. C'était déjà l'erreur de la Ligne Maginot en 1939-1940 et on en a vu le résultat. Peut-on gagner une guerre en restant chez soi ? A Diên Biên Phu, une fois le terrain d’aviation détruit, aux premiers jours de la bataille, on peut dire que le sort de la garnison était réglé. N'allait suivre qu'une guerre d'usure entre un agresseur nombreux, ravitaillé, endoctriné, surmotivé par l'enjeu, et un contingent français pris au piège et ne pouvant guère compter que sur lui-même. Dès ce moment - et c'est l'autre reproche que l'on peut faire à la conduite des opérations -, la sagesse eût voulu que l'on se retirât sans tarder en sauvant ce qui pouvait l'être : aux échecs, quand on ne peut maintenir sans perte la position d'une pièce, on la recule pour avancer ailleurs et d'une autre manière. Outre une grande clairvoyance, il y fallait une bonne dose d'humilité...

Le rôle des alliés de la France

Dès le début de la bataille, les Américains ont proposé aux Français un soutien aérien par des bombardiers lourds. Cette option fut rejetée par l'état-major français qui estimait maîtriser la situation.

Plus tard devant la tournure dramatique des événements, les militaires français réclamèrent des bombardements massifs sur les collines avoisinantes. Acculé à des positions défensives, l'état-major avait pour ordre de résister en attendant une éventuelle « Opération Vautour » consistant à faire intervenir des bombardiers B-29. Ces bombardiers pouvaient larguer leurs bombes à haute altitude, ce qui les rendait invulnérables vis-à-vis des défenses antiaériennes du Viêt Minh, avantage que n'avaient pas les B-26 utilisés par le corps expéditionnaire. Un bombardement lourd et massif des collines environnantes aurait probablement détruit les DCA, et une partie de l'artillerie employée par le Viêt Minh, permettant au moins l'évacuation des nombreux blessés, la reprise des ravitaillements et le largage de bombes traditionnelles et au napalm (ces dernières étant forcément opérées à basse altitude pour une bonne précision).

Selon certaines sources, l'utilisation de la bombe atomique aurait été envisagée. Pour l'état-major français, c'eût été un désastre inutile : certes, il y avait à Diên Biên Phu la quasi totalité du corps de bataille Viêt Minh, mais aussi les meilleurs bataillons du CEFEO tels que le bataillon Bigeard (6e BPC), II/1er RCP ou le 8e Choc qui eussent dû être sacrifiés aussi. L'opinion publique internationale ne l'aurait pas accepté. D'ailleurs, les autorités américaines excluaient d'utiliser la bombe atomique, où que ce soit, ne voulant pas être accusées de crime à grande échelle après Hiroshima et Nagasaki. À l'approche de la conférence de paix de Genève, elles ont définitivement abandonné cette option. Elles redoutaient par dessus tout une escalade avec la Chine après la guerre de Corée. Le président américain Eisenhower était en outre un anti-colonialiste notoire et voyait d'un mauvais œil la présence française en Indochine. De plus, il était convaincu qu'"il n'y avait pas de victoire possible de l'Homme blanc dans cette région" [22]

On peut avancer d'autres raisons : les États-unis avaient besoin de l'autorisation du Congrès pour intervenir massivement sur Diên Biên Phu et, d'après le général Bedell Smith (qui répondait aux suppliques de l'ambassadeur de France outre-Atlantique), « le succès dépend de l'acceptation de Londres »[23]. Churchill reçoit M. Massigli (ambassadeur de France) dans la matinée du 27 avril, (...) et lui dit : « Ne comptez pas sur moi. (...) J'ai subi Singapour, Hong-Kong, Tobrouk. Les Français subiront Diên Biên Phu. »[23].

Enfin, les États-Unis commençaient à s'intéresser de près à la péninsule indochinoise, ils avaient noué des contacts avec certains militaires vietnamiens via la CIA, au sud du pays. Si les Français gardaient l'espoir de rester en Indochine, les Américains avaient d'autres projets. Ils avaient hâte que les Français partent. Le président Eisenhower avait élaboré dès le mois d'avril la théorie des dominos selon laquelle si l'Indochine tombait dans le giron communiste, les pays voisins tomberaient aussi : Thaïlande, Malaisie, Birmanie... L'Amérique se sentait investie d'une mission globale de lutte contre le communisme en Asie du Sud-Est. Un combat où l'on estimait que la France n'avait aucun rôle à jouer.

Du point de vue Viêt Minh

Pour le Viêt Minh, la bataille de Diên Biên Phu fut une bataille d’artillerie afin d'immobiliser l’adversaire et de priver ses troupes de ravitaillement. Les Français ont cru l’adversaire incapable d’utiliser son artillerie et n’ont pas caché et protégé leurs installations, détruites dès les premières salves (cf. Jules Roy).

Sur le plan stratégique, le choix de se battre à Diên Biên Phu était l’argument militaire en vue de la conférence de Genève qui s’ouvrait pour débattre sur la Corée, mais dont le sujet principal était l’Indochine, comme tout le monde le savait.

Le siège de Diên Biên Phu a eu un but à la fois militaire et diplomatique : forcer l’adversaire à négocier en position défavorable. L'état-major Viêt Minh était commandé par le général Vo Nguyen Giap, mais il fut secondé par des conseillers militaires russes et chinois. L'essentiel de son armement, de fabrication chinoise, était acheminé depuis la Chine voisine, de même que les munitions et les uniformes. En effet, la victoire des troupes communistes de Mao Zedong en Chine en 1949 avait rendu possible une aide chinoise massive au Viêt Minh. Cela contrastait avec la situation logistique d'avant 1949, où le Viêt-Minh devait attaquer les convois français pour avoir armes et munitions. Pour la première fois depuis le début de la guerre d'Indochine, le Viêt-Minh disposait enfin de moyens lourds, de troupes régulières bien entraînées et d'un armement moderne et performant.

L'artillerie était principalement constituée de canons de récupération : des 105 mm (M 105 Howitzer) de fabrication américaine, des obusiers pris par les chinois en Corée ou durant la guerre civile contre les nationalistes chinois. Ayant tiré les enseignements de sa cuisante défaite de Na San, Giap bénéficia de l'aide chinoise massive sur le plan de l'artillerie, tant sol-sol que sol-air, ce qui eut une importance capitale dans l'interdiction du support aérien. Ce sont des canons de DCA de 37,5 mm ainsi que des centaines de mitrailleuses de 12,7 mm qui ont joué un rôle d'interdiction aérienne. Les canons furent hissés à flanc de montagne à dos d'homme, en se servant de cordes.

Il était relativement facile de diriger les tirs contre la garnison, puisque les positions Viêt-Minh surplombaient le camp retranché. Les combats d’infanterie étaient destinés principalement à maintenir la pression et démoraliser les défenseurs de la garnison, qui perdirent l’initiative dès les premiers tirs d’artillerie.

La logistique vietnamienne était basée sur des pistes de jungle et les solides vélos Peugeot adaptés à une charge utile de 250 kg, poussés à pied. Elle préfigurait la future « piste Hô Chi Minh » qui ravitaillerait plus tard les combats au sud durant la Guerre du Viêt Nam. En parlant de ces vélos, le Général Giap déclara à son état-major « ce seront nos Taxis de la Marne ! » Ces fameux vélos furent aussi utilisés à des fins de propagande, car en réalité ce sont des centaines de camions Molotova de fabrication soviétique qui ont ravitaillé les troupes de Giap, en plus de milliers de coolies embauchés de gré ou de force.

Il est clair que le Viêt-Minh a remporté la bataille logistique puisqu'en dépit des raids aériens de l'aéronavale, la nourriture, les hommes et les munitions sont toujours arrivés à Diên Biên Phu. Si les Français avaient pu arrêter le flot logistique du Viêt-Minh, le sort de la bataille aurait probablement été différent.

Diên Biên Phu dans les arts et la culture

Films

Jeux de simulations historiques

  • Citadel (Frank Chadwick, GDW, 1977)
  • Dîen Bîen Phu (Jean-Jacques Petit, Jeux Descartes, 1980)
  • Dien Bien Phu : une saison en enfer (Luc Olivier, Vae Victis, N° 33, Juillet 2000)
  • La vallée de la mort (Paul Rohrbaugh, Against The Odds, 2006)
  • Dien Bien Phu (John Tiller, HPS Simulations, 2009)

Lexique

  • 6e BPC : 6e bataillon de parachutistes coloniaux
  • II/1er RCP : 2e bataillon du 1er régiment de chasseurs parachutistes
  • 1er BPC : 1er bataillon de parachutistes coloniaux
  • 1er BEP : 1er bataillon étranger de parachutistes
  • 8e BPC : 8e bataillon de parachutistes de choc
  • 5e BPVN : 5e bataillon de parachutistes vietnamiens
  • III/13e DBLE : 3e bataillon de la 13e demi-brigade de Légion étrangère
  • PA : point d’appui

Notes et références

  1. L'Histoire de L'État Major dans la Guerre de Résistance contre La France 1945-1954, p. 799
  2. Fall 1967, p. 23
  3. Fall, 9
  4. Fall, 48
  5. a, b et c Dien Bien Phu, le rapport secret
  6. D'après le tome 3 des mémoires du général Vo Nguyen Giap, pages 165 à 179, les 11e et 428e bataillons du 141e régiment sont désignés respectivement pour l'attaque des PA 1 et 2 ; le 13e bataillon étant utilisé comme réserve pour le PA 1. Le PA 3 est attaqué quant à lui par le bataillon 130 du 209e régiment les deux autres bataillons de ce régiment étant conservés comme réserve et en tant que force d'interception des renforts.
  7. Le lieutenant-colonel Gaucher commande ainsi les 1er et 3e bataillons présents dans le camp.
  8. Le colonel Piroth se suicide le 15 mars à l'aide d'une grenade dégoupillée appliquée contre le ventre ; sa mort restera confidentielle jusqu'à sa diffusion dans le camp depuis l'extérieur car la nouvelle avait fuité dans la presse
  9. L'attaque est menée par les TD 88 et 102, tandis que le TD 36 est maintenu en réserve.
  10. In Revue Historica numéro de janv-fev-mars 1997, Dien Bien Phu - L'agonie, pages 94 et 95
  11. Les éléments du 1er BEP sont les 3e et 4e compagnies
  12. Dien Bien Phu, Le rapport secret
  13. communique de presse de l'ambassade de France aux Etats-unis French Ambassy in the United States: News from France 05.02 (March 2, 2005), U.S. pilots honored for Indochina Service, Seven American Pilots were awarded the Legion of Honor...
  14. L'Humanité, 7 Mai 2004
  15. Dien Bien Phu, Pierre Schoendorffer
  16. Marcel Bigeard, Ma vie pour la France, Editions du Rocher, 2010, p. 179.
  17. Erwan Bergot, Bigeard, Librairie académique Perrin, 1988, p. 358.
  18. Jean-Jacques Arzalier, Les Pertes Humaines, 1954-2004 : La Bataille de Dien Bien Phu, entre Histoire et Mémoire, Société française d’histoire d’outre-mer, 2004
  19. In Convoi 42 - La marche de la mort des prisonniers de Dien Bien Phu, Erwan Bergot, page 7 (soit sur 11 721 prisonniers, 3 290 furent libérés et 8 431 sont morts en captivité. Une autre source, la revue Historica, HS de janv-fév-mars 1997 page 144, annonce 70% de morts (soit 7 708 morts en captivité pour 10 998 prisonniers ou disparus)
  20. L'affaire Boudarel sur le site de l'ANAPI
  21. Dien Bien Phu, documentaire d'Henri de Turenne
  22. Grandes batailles de l'Histoire, John McDonald
  23. a et b in Secrets d'État, secrets et sortilèges de la guerre d'Indochine, J.-R. Tournoux, 1960

Voir aussi

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article en anglais intitulé « Battle of Dien Bien Phu » (voir la liste des auteurs)

Articles connexes

Liens externes

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Bibliographie

Sources

  • (en) Bernard B. Fall, Hell in a Very Small Place. The Siege of Dien Bien Phu, New York, J.B. Lippincott Company, 1967 (ISBN 0-306-80231-7) . (Traduction française : Dien Bien Phu, un coin d’enfer, Laffont, 1968 - réédité « Dien Bien Phu un coin d'enfer », spécial Nam n°45, éditions Atlas, 1989)

Ouvrages et articles

  • Bail René, revue Historica, hors série n° 49 Diên Biên Phu - 1 - Le camp retranché face au Vient-Minh, 1996, et hors série n°50 Diên Biên Phu - 2 - L'agonie, 1997.
  • Bergot Erwan, Les 170 jours de Dien Bien Phu, Presses de la Cité, 1992.
  • Bergot Erwan, Convoi 42 - La marche à la mort des prisonniers de Dien Bien Phu, Presses de la Cité, 1986 - (ISBN 2-7242-3351-4).
  • Bergot Erwan, Deuxième classe à Dien-Bien-Phu
  • Brancion Henri de, Dien Bien Phu : artilleurs dans la fournaise, Presses de la Cité, 1993.
  • Bruge Roger, Les hommes de Dien Bien Phu, Perrin, 1999.
  • Fall Bernard B., The Viet-Minh Regime, 1954.
    (Traduction française : Le Vietminh, Armand Colin, 1960)
  • Fall Bernard B., Street without joy, Stackpole, 1961.
    (Traduction française : Indochine 1946-1962. Chronique d'une guerre révolutionnaire, Laffont, 1962)
  • Fall Bernard B., The Two Vietnams. A Political and Military Analysis, Praeger, 1965.
    (Traduction française : Les deux Vietnams, Payot, 1962)
  • Galabru André, La victoire avortée, Atlante Editions, 2004.
  • Galard Geneviève (de), Une femme à Dien Bien Phu, Les Arènes, 2003, ISBN : 2912485541
  • Giap Vo Nguyen, Mémoires 1946-1954 : Tome 1, La résistance encerclée, Anako, 2003.
  • Giap Vo Nguyen, Mémoires 1946-1954 : Tome 2, Le chemin menant à Diên Biên Phu, Anako, 2003.
  • Giap Vo Nguyen, Mémoires 1946-1954 : Tome 3, Diên Biên Phu le rendez-vous historique, Anako, 2004.
  • Grauwin Paul, J'étais médecin à Diên Biên Phu, France Empire, 1954, coll. Presses Pocket N° 42/43, 1962.
  • Hommes de guerre n°18, spécial Diên Biên Phu, revue Histoire & Collections, 1989.
  • Langlais Pierre, Diên Biên Phu, France Empire, 1963.
  • Le Mire Henri, Épervier - Le 8e Choc à Diên Biên Phu, Albin Michel, 1988.
  • Mengelle André, Diên Biên Phu. Des chars et des hommes, Lavauzelle, 1996.
  • Muelle Raymond, Combats en pays thaï. De Lai Chau à Diên Biên Phu, 1953-1954, Presses de la Cité, 1999.
  • Pouget Jean, Nous étions à Diên Biên Phu, Presses de la Cité, 1964.
  • Rocolle Pierre, Pourquoi Dien Bien Phu ?, Flammarion, 1968.
  • Roy Jules, La bataille de Dien Bien Phu, Julliard, 1963, Albin Michel, 1989.
  • Tertrais Hugues et Journoud Pierre, Paroles de Dien Bien Phu. Les survivants témoignent, Paris, Tallandier, 2004, 413 pp.
  • Ban tổng kết-biên soạn lịch sử, BTTM, Lịch sử Bộ Tổng tham mưu trong kháng chiến chống Pháp 1945-1954, Nhà xuất bản Quân Đội Nhân Dân, 1991, p. 799 (Service Historique de L'État Major, L'Histoire de L'État Major dans la Guerre de Résistance contre La France 1945-1954, Ha Noi, Éditions Armée Populaire, 1991, p. 799 )
  • (en) Fall Bernard B., Vietnam Witness, 1953-66, Praeger, 1966.
  • (en) Fall Bernard B., Anatomy of a Crisis. The Laotian Crisis of 1960-1961, Doubleday, 1969.
  • (en) Morgan Ted, Valley of death. The tragedy at Dien Bien Phu that led America into the Vietnam war, Random House, 2010.
  • (en) Nordell John R., The undetected enemy. French and American miscalculations in Diên Biên Phu, 1953, Texas A&M University Press, 1995.
  • (en) Windrow Martin, The last valley, Weidenfeld & Nicolson, 2004.



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