- Bataille de Na-San
-
Bataille de Na San
Bataille de Na San Informations générales Date 23 novembre au 2 décembre 1952 Lieu Na San
(Nord Viêt Nam)Issue Victoire de l'Union française Belligérants Union française Việt Minh Commandants Général Gilles Vo Nguyen Giap Pertes 30 tués et blessés 3 000 victimes Guerre d'Indochine La bataille de Na San est un épisode de la guerre d'Indochine qui a opposé à la fin de l'année 1952, les forces de l'Union Française aux forces communistes du Viet Minh.
Sommaire
Situation
Au début du mois d'octobre 1952, Na San n'est qu'un simple poste avancé de la province de Son La qui dispose d'une courte piste d'atterrissage. La ville se présente comme une cuvette de 5 km sur 2 km entourées de crêtes permettant de protéger et dissimuler la piste. À la fin novembre, les Dakota civils et militaires vont transporter les troupes et le matériel permettant de constituer un camp retranché suffisamment fortifié pour permettre une confrontation directe avec les divisions Viet Minh qui déferlent sur le pays Thaï.
La bataille de Na San
Circonstances
En octobre 1952, le général Giap, qui a médité son échec de l'année précédente (Cf. article de la bataille de Nghia Lo), décide de reprendre l'offensive en pays Thaï et de dégager la route vers le sud. Il engage alors trois de ses divisions (308, 312 et 316) qui franchissent le fleuve Rouge au début du mois.
Chronologie des événements
La chute de Nghia Lo
Le 14 octobre, les avant-postes de Nghia Lo sont attaqués et rapidement capturés. Le 16, de Linarès fait parachuter le 6e BPC de Bigeard sur Tu Lê, à 40 kilomètres au nord-ouest de Nghia Lo. Le bataillon doit tenir la ville et doit constituer l'avant-garde d'un éventuel assaut sur Gia Hoi[1].
Le 17 après midi, l'ensemble de la division 308 se lance à l'assaut des deux postes principaux de Nghia Lo qui sont défendus par deux compagnies Thaï renforcées d'un goum du 5e Tabor. Le poste de Nghia Lo "haut" est conquis le soir même tandis que le poste "bas" résiste jusqu'au matin[2].
Le général Salan, devant la détermination de son adversaire, décide alors de faire évacuer les petits postes de la région et de concentrer ses forces sur Na San qui dispose d'une piste d'atterrissage suffisante pour permettre l'établissement d'un camp retranché[3].
Mise en place du camp retranché
Salan donne l'ordre à la garnison de Than Uyen et au 6e BPC de se replier sur Na San qu'ils atteignent avec grande difficulté le 24 octobre. Il confie le commandement du camp retranché au colonel Gilles et fait constituer le GOMRN destiné à sa défense et aux contre attaques.
Outre une piste atterrissage utilisable par les avions de transport, Na San est idéalement situé sur la RP 41 et dispose du double avantage d'être entourées de sommets permettant sa défense et d'être proche de Hanoï par voie aérienne (45 minutes pour un Dakota).
Salan fait alors établir un pont aérien qui, entre le 16 octobre et le 30 novembre, va acheminer 15 000 hommes (11 bataillons), 6 batteries d'artillerie, 2 500 tonnes de fret et 125 véhicules. Pour arriver à ce résultat il a recours à 655 Dakota militaires, 702 Dakota civiles et 116 avions cargo Bristol 170[4].
Opération de diversion "Lorraine"
Apprenant la présence d'un important dépôt de matériel et de munition à Phu Doan au nord est de Na San, le général Salan décide de gagner du temps et de lancer une opération de diversion qu'il confie au général de Linarès. L'opération, dénommée Lorraine, se déroule du 28 octobre au 17 novembre et met en œuvre trois groupes mobiles (GM1, GM3 et GM 4 des colonels Boisredon, Moneglia et Kergaravat) et un groupe aéroporté (GAP 1 du colonel Ducournau)[5].
Le butin est de 250 tonnes de munitions, 1 500 armes de tous calibres et 4 camions Molotova. En outre, un régiment au moins de la division 308, le TD 36, a dû se dérouter pour s'opposer à l'opération.
L'attaque de Na San
- 23 novembre, 20 h
Le bataillon 322 du TD 88 tente de s'emparer du point d'appui n° 8 (PA n° 8) au centre du dispositif[6]. Il est repoussé par la 11e compagnie du III/5e REI, en charge du PA, et par la 5e compagnie du 3e BPC arrivée en renfort. Un second assaut, la même nuit, aura le même dénouement.
- Nuit du 30 novembre
Les points d'appuis 22 bis et 24, respectivement situés à l'ouest et à l'est du camp retranché, sont pris à partie par 9 bataillons[7]. Alors que le 22 bis, défendu par une compagnie du BT 2 succombe rapidement au bataillon 115 (TD 165), une compagnie du BT 3 et une section du II/6e RTM, résiste 3 heures durant au TD 102 sur le PA 24.
- 1er décembre
Le colonel Gilles, qui ne peut laisser aux mains du Viet Minh ces deux postes qui dominent la base, fait appel dès l'aube à ses troupes d'interventions. Ainsi, après une préparation d'artillerie, deux compagnies du 2e BEP s'élancent et investissent rapidement en début de matinée le PA 22 bis. Pour le PA 24 la lutte est plus difficile, la position n'est reprise par le 3e BPC qu'en début d'après midi après 7 heures de combats[8].
- Nuit du 1er au 2 décembre
C'est l'assaut général sur Na San. L'effort principal du Viet Minh se concentre au sud-ouest sur le PA 21 bis et à l'est sur le PA 26. Les 147 hommes de la 10e compagnie du 5e REI du Lt Bonnet, tué lors du combat, résistent à 5 assauts successifs du TD 209 sur le PA 21 bis. À l'extrémité est, le 3e bataillon du 3e REI du commandant Favreau, 560 hommes, va également repousser 4 assauts du TD 174[9].
Le camp retranché a résisté, Giap admet le 4 décembre sa défaite et retire ses divisions.
Le "hérisson"
Pendant la bataille, le commandement français a employé pour la première fois une nouvelle tactique, appelée "le hérisson". Le hérisson est un concept de défense constitué d'un poste principal entouré de plusieurs positions armées ou Point d'Appui (PA). L'objectif est de provoquer une attaque frontale ennemie plutôt que de lutter contre de la guérilla.
Cette tactique, qui permit la victoire française lors de la bataille de Na San, est devenue par la suite la norme en matière de défense jusqu'à la défaite de Dien Bien Phu. Le camp de Na San a néanmoins été évacué en août 1953.
L'évacuation d'un poste semblable à That Khe conduisit à la bataille désastreuse de Mang Yang Pass à la fin de la guerre en 1954.
Les forces en présence
Forces françaises
- Groupement Laimay puis Lansade
- II/1er RTA
- III/3e REI
- II/6e RTM
- Groupement mobile vietnamien
- BM/BT 1
- BT 2
- BT 3
- 55e BVN
- III/5e REI
- Groupement parachutiste
- 1er BEP
- 2e BEP
- 3e BPC
- Artillerie
- 5e GAVN (2 batteries)
- IV/41e RAC (1 batterie)
- CMLE
Forces Việt Minh
- Régiment 148 de Lai Chau
- Division 308
- Commandant : colonel Vuong Thua Tu
- Régiment 36
- Régiment 88
- Régiment 102
- Division 312
- Commandant : colonel Le Trong Tan
- Régiment 141
- Régiment 165
- Régiment 209
- Division 316
- Commandant : colonel Le Quang Ba
- Régiment 98
- Régiment 174
- Régiment 176
Le bilan
Les conséquences
Pertes françaises
Quelque dizaines de tués ou blessés
Pertes Viet Minh
Estimation 3000 tués et blessés
Lexique
- BT 1 : bataillon thaï n° 1
- BT 2 : bataillon thaï n° 2
- BT 3 : bataillon thaï n° 3
- II/1er RTA : 2e bataillon du 1er régiment de tirailleurs algériens
- II/6e RTM : 2e bataillon du 6e régiment de tirailleurs marocains
- III/3e REI : 3e bataillon du 3e régiment étranger d'infanterie
- III/5e REI : 3e bataillon du 5e régiment étranger d'infanterie
- IV/41e RAC : 4e batterie du 41e régiment d'artillerie coloniale
- 1er BEP : 1er bataillon étranger parachutiste
- 2e BEP : 2e bataillon étranger parachutiste
- 3e BPC : 3e bataillon de parachutistes coloniaux
- 5e GAVN : 5e groupe d'artillerie vietnamien
- 55e BVN : 55e bataillon vietnamien
- CMLE : compagnie de mortiers de la Légion étrangère
- GOMRN : groupement opérationnel de la moyenne rivière Noire
- TD : Tieu Doan (régiment nord vietnamien)
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- Na San, une bataille dans la jungle, Service Cinématographique de l'Armée (SCA 64) 7 mai 1953
- La bataille de Na San, octobre-décembre 1952, R. Vercken & P. Gras
- Combat de Na San sur le site de l'amicale de la Légion étrangère de Paris
Sources et bibliographies
- Collectif, Guerre d'indochine - 1945-1954, éditions Trésors du Patrimoine, 2004 - ISBN 2 915118 10 8
- Erwan Bergot, Indochine 52-53, éditions Presses de la Cité, 1990 - ISBN 2 258 03172 9
- Alain Gandy, La légion en Indochine 1885-1955, éditions Presses de la Cité, 1988 - ISBN 2 258 02127 8
- Raoul Salan, Mémoires - Fin d'un empire (Tomes 1 à 4), éditions Presses de la Cité, 1970
- Jacques Dalloz, Dictionnaire de la guerre d'Indochine, Armand Colin - 2006 - ISBN 2-200-26925-0.
- Pierre Sergent, Je ne regrette rien, éditions Fayard, 1978 - ISBN 2 213 00243 6
- Pierre Sergent, Paras-Légions - Le 2ème BEP en Indochine, éditions France Loisirs, 1983 - ISBN 2 7242 1612 1
- Bigeard, Pour une parcelle de gloire, éditions Plon, 1975 - ISBN 2 259 00571 3
Notes et références
- ↑ In Pour une parcelle de gloire page 107
- ↑ In Indochine 52-53, pages 26 et 27.
- ↑ In Mémoires - Fin d'un empire page 332
- ↑ In Mémoires - Fin d'un empire page 356.
- ↑ In Mémoires - Fin d'un empire pages 337 à 341 et Indochine 52-53 pages 32 à 35
- ↑ In La légion en Indochine 1885-1955 page 107 et Indochine 52-23 page 37
- ↑ In Indochine 52-23 page 38
- ↑ In Indochine 52-23 page 39.
- ↑ In Indochine 52-23 pages 40 et 41 et La légion en Indochine 1885-1955 pages 110 à 117.
- Portail du Viêt Nam
- Portail de l’histoire militaire
- Portail de la Légion étrangère
Catégories : Guerre d'Indochine | Bataille de la Légion | Bataille du Viêt Nam | Bataille de l'histoire de France | Bataille de 1952
Wikimedia Foundation. 2010.