Amable de Baudus

Amable de Baudus
Amable de Baudus
AmabledeBaudus.jpg
Naissance 6 septembre 1761
à Cahors
Décès 17 septembre 1822 (à 61 ans)
à Poitiers
Profession MagistratPublicisteDiplomate français
Activité principale
Fondateur du Spectateur du Nord
Autres activités Chargé de mission diplomatique (1801-1816)
Gouverneur des enfants de Murat, roi de Naples (1808-1814)
Directeur du bureau de censure (1816-1822)
Famille Famille Baudus
Blason de Baudus.gif
de gueules à 3 épis d'or issant d'une foi d'argent

Marie Jean Louis Amable Baudus de Villenove, à Cahors le 6 septembre 1761 et mort à Poitiers le 17 septembre 1822, est un magistrat, publiciste et diplomate français.

Sommaire

Origines et famille

Les Baudus, magistrats dorigine toscane, se sont fixés vers 1580 à Cahors.

Amable de Baudus est le petit-fils de Pierre de Baudus (1695 - 1780), capitoul de Toulouse, et le fils dHugues Joseph Guillaume de Baudus (1723 - 1794), lieutenant criminel au présidial de Cahors, guillotiné et enterré à Picpus[1] et dAnne-Marie de Maurès de Malartic (1734 - 1803).

Jeunesse et débuts

Amable de Baudus y commence ses études en compagnie de Jean-Michel Agar, Jean-Baptiste Bessières et Joachim Murat. Après luniversité de Toulouse, il revient à Cahors comme avocat du roi.

En septembre 1789, il est nommé major de la garde nationale, le 10 février 1790, il est élu maire de Cahors, puis procureur général syndic du département, mais son refus de cautionner la Constitution civile du clergé, le chasse de sa ville natale.

En juillet 1792, il rejoint larmée des émigrés et fait la campagne de Belgique dans le corps de Bourbon[2].

Carrière journalistique

Couverture de l'exemplaire du journal Le Spectateur du Nord publié en 1797
Couverture de l'exemplaire du journal Le Spectateur du Nord publié en 1797

Le Spectateur du Nord

Après quelques mois de collaboration avec Jean Luzac, propriétaire de la Gazette de Leyde, il devient lunique rédacteur de la Gazette dAltona, puis sinstalle à Hambourg, , en janvier 1797, il fonde Le Spectateur du Nord, imprimé chez le libraire Pierre Fauche et qui durera six ans, à raison dun numéro par mois[3].

Le succès est immédiat. Baudus est le maître absolu de ce journal, qui le met en lien avec les personnalités les plus éminentes de lémigration politique, littéraire et religieuse[4]. Antoine de Rivarol, labbé Delille, le marquis de Romance-Mesmon, labbé de Pradt ou encore Charles de Villers apportent leur concours littéraire tandis que Baudus se réserve la partie politique quil rédige sous forme dun coup dœil aussi vigilant quimpartial.

Archenholtz et Gentz en citent de larges extraits dans leurs gazettes respectives. Son travail nempêche pas Baudus de fréquenter quelques salons très choisis : la princesse de Vaudémont, lambassadeur espagnol Ocariz et sa femme, la marquise de Rougé, se disputent lhonneur de le recevoir.

Après le coup dÉtat de Fructidor, Baudus et son journal sont condamnés par contumace. Une nouvelle vague démigration porte à Hambourg écrivains et politiques qui se regroupent autour du Spectateur, tels labbé Louis, Joseph-Alphonse Esménard, Mathieu Dumas, le marquis de la Tresne, mais surtout Jean-Pierre Louis de Fontanes qui noue avec Baudus une solide amitié, avant de partir pour Londres il vante si haut les qualités dAmable à Chateaubriand que celui-ci, alors misérable, sollicite et obtient la faveur de devenir son correspondant[5].

Carrière politique

De Hambourg à Ratisbonne

La notoriété de Baudus parvient aux oreilles du ministre français des Relations extérieures, Talleyrand, que Fontanes a fait abonner au Spectateur. Après le traité de Lunéville, Talleyrand demande à Baudus de remplir une mission diplomatique secrète pour préparer la paix : cest le prix à payer pour obtenir sa radiation et rentrer en France[6].

Du 9 février 1801 au 25 mars 1802, sous le pseudonyme de Pétrus, Baudus adresse au ministre des courriers quotidiens[7] qui fourmillent des renseignements les plus divers, de lassassinat de lempereur russe Paul Ier aux suites immédiates du Concordat.

Présent à la signature de la paix dAmiens, Baudus ne rentre en France que pour repartir vers une autre mission tout aussi secrète à Ratisbonne se tient la Diète, et la France doit régler la délicate question de lindemnisation des princes allemands expropriés par le traité de paix. La rupture de la paix dAmiens en mai 1803 met un terme à cette mission de Baudus qui, nommé historiographe, travaille étroitement à Paris avec Talleyrand, puis Champagny.

Naples

Hôtel de Baudus – Cahors – XVIIe siècle
Hôtel de BaudusCahorsXVIIe siècle

À lété 1808, Murat, nommé roi de Naples, demande à Baudus de devenir le gouverneur de son fils, Achille. Baudus, qui na pas trouvé son bonheur dans les bureaux du ministère, et surtout, sest opposé vigoureusement à lexécution du duc dEnghien[8] , accepte ce nouvel exil qui va durer six ans.

Tout en se dévouant ardemment à sa tâche, il veille sur la carrière de son fils aîné, Élie, qui se bat, comme aide de camp du maréchal Bessières, puis, après que celui-ci a été tué, comme aide de camp du maréchal Soult.

Quand Louis XVIII monte sur le trône en 1814, Baudus rentre en France et sinstalle en Poitou.

Les Cent jours

Lorsque Murat débarque à Fréjus, le ministre des Affaires étrangères, Caulaincourt fait venir Baudus et lui demande, au nom de lempereur, daller retrouver Murat pour tenter de le raisonner. Baudus se rend à Cannes mais ne peut fléchir la volonté de Murat[9].

La Restauration

Rentré à Paris, Baudus soccupe de sauver un ami très cher, condamné à mort : le comte de Lavalette. Avec laide du ménage Bresson, Baudus organise une évasion si rocambolesque quelle réussit. Caché dans les locaux mêmes du ministère des Affaires étrangères, Lavalette pourra gagner lAllemagne et attendre que la grâce du roi lui permette de rentrer en France[10].

Nommé aux Affaires étrangères, le duc de Richelieu appelle Baudus auprès de lui pour lui demander sil peut tenter de rétablir limage abîmée de la France en Europe. Ne pourrait-on faire renaître le Spectateur ?

En mai 1816, Baudus entreprend donc un voyage qui le conduit en Allemagne, en Suisse et en Belgique. Il rencontre les ministres français en poste, dont certains, comme le comte Reinhard ou le marquis de Bonnay, sont des amis, bouillants à lidée de ce projet[11]. Mais après cinq mois de rencontres en tout genre, de correspondance secrète avec dHauterive et Richelieu, Baudus aboutit à la conclusion quun journal français à létranger nest pas la solution pour faire bouger lopinion. Et dexposer à Richelieu par quels moyens plus subtils, on pourrait obtenir de meilleurs résultats.

En décembre 1816, Richelieu crée un bureau qui sera chargé, sous la direction de Baudus, de la censure des journaux français et de lexamen des ouvrages politiques qui paraîtront en Europe[12]. Tâche ingrate que Baudus appellera son rocher de Sisyphe mais qui lui vaut la reconnaissance de ceux qui constateront que ce travail a largement contribué à la réussite du Congrès dAix-la-Chapelle.

La fin

Épuisé par les soucis de son travail, il obtient du ministre Montmorency sa mise à la retraite, le jour même meurt Richelieu auquel il était attaché par une affection aussi respectueuse quadmirative. Il lui reste à remplir une dernière mission, familiale celle- : marier son fils Élie. Baudus sy attache avec passion. Le 15 janvier 1822, Élie épouse Pauline de Tascher, fille de Pierre Jean Alexandre Tascher, petite cousine de Joséphine de Beauharnais, mariage arrangé qui se révèlera être un véritable mariage damour.

Baudus meurt le 17 septembre 1822, quelques semaines avant la naissance de son premier petit-fils Baudus.

Notes et références

  1. Florence de Baudus, Le Lien du sang, Le Rocher, 2000 (ISBN 2268036030)
  2. Dictionnaire Napoléon, sous la direction de Jean Tulard, Fayard, p. 170.
  3. Ghislain de Diesbach, Histoire de lÉmigration, 1789-1814, Grasset, p. 327.
  4. Baldensperger, F. Le Mouvement des idées dans lÉmigration française, Plon, p. 163.
  5. Chateaubriand, Correspondance générale, tome I, Gallimard, collection blanche, 1977.
  6. Emmanuel de Waresquiel, Talleyrand, le prince immobile, Fayard, p. 230.
  7. La correspondance des trois missions diplomatiques de Baudus est conservée aux archives des Affaires étrangères de Paris.
  8. Florence de Baudus, Le sang du prince, vie et mort du duc dEnghien, Le Rocher, 2002, (ISBN 978-2268041438).
  9. Jean Tulard, Murat, Fayard, p.368.
  10. Comte de Lavalette (1769-1830), Mémoires et souvenirs, Mercure de France (multiples références)
  11. Jean de Montenon, La France et la presse étrangère en 1816, Librairie académique Perrin, 1933.
  12. Emmanuel de Waresquiel, le duc de Richelieu, 1766-1822, Perrin, p. 323.

Voir aussi

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Bibliographie

  • Baudus, Lieutenant-colonel Élie de, Études sur Napoléon, Debécourt, 1841.

Liens connexes

Liens externes

Extrait d'un exemplaire du Spectateur du Nord



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