Bamileke (langue)

Bamileke (langue)

Langues bamilékées

Stricto sensu, il n'existe plus une langue bamiléké, mais des langues ou dialectes bamiléké. Historiquement, le bamiléké, langue unique du peuple du même nom, disparaît peu à peu au profit de ce que Dieudonné Toukam appelle le "bamiléké-bafoussam" et le bamoun, au lendemain de la mort du dernier souverain bamiléké, du nom de Ndéh, qui meurt dans la région tikar (Mbankim) vers 1350-1360 (XIVe siècle de notre ère).

Du bamiléké-bafoussam naitront plusieurs dialectes et sous-dialectes bamiléké, qui constitutent les groupes dialectaux connus aujourd'hui (gham'a-lah, ngomba, medumba, fè-fèè, yembaa). Le bamiléké-bafoussam reste aujourd'hui la langue principale de la grande division Mifi, Ouest Cameroun, alors que le medumba, par exemple, melting pot dialectal des variantes bamiléké du département du Ndé, fait l'unanimité en matière d'unicité linguistique pour le département en question.

Les Bamiléké, selon des estimations récentes, seraient plus de 7 millions (y compris les Bamoun): plus d'un million originaire du Nord-Ouest et du Sud-Ouest camerounais (régions anglophones); plus d'un million également en diaspora et près de 3 millions hors des régions originellement bamiléké du Cameroun.

NB: Ecrire Bamiléké (ou "bamiléké", adj.) sans "s" comme marque du pluriel: on ne saurait franciser ce terme; de plus, les langues bamiléké forment le pluriel desnoms autrement.

Sources: Dieudonné Toukam, "Parlons bamiléké" (Paris, l'Harmattan,déc. 2008) + les notes prises au cours d'une de ses conférences à laquelle j'ai assistée.

Signé: un linguiste camerouno-suisse, à Genève.

Sommaire

Dialectes et classifications

La classification du SIL identifie 11 langues ou dialectes différents :

Les travaux de Dieudonné Toukam, auteur de Parlons bamiléké (Paris, L’Harmattan, 2008) ont quelque peu battu en brèche ceux de SIL et ne reconnaissent que cinq sous-groupes linguistiques bamiléké : le gham'a-lah (synonyme de ghomala') dans le grand département de la Mifi; le medumba, qui englobe les 14 sous-variantes dialectales du département du Ndé; le yemba, dans la Menoua; le fè-fèè dans le Haut-Nkam; et le Ngomba'a dans les Bamboutos. Historiquement, il est admis que le bamoun est une langue bamilékée, la deuxième née (après le bamiléké-bafoussam) de la défunte langue bamilékée qui s'est disloquée à partir du XVe siècle, consécutivement à la division des Bamilékés en région tikar (région actuelle de Banyo, Mbankim…). Les Bamilékés sont parmi d’Égypte au IXe siècle : c'est le dernier peuple noir à partir des berges du Nil, plus de 4 siècles donc après la prise romaine d'Alexandrie.

Histoire

Le linguistique Dieudonné Toukam a enfin levé le voile sur les origines des Bamilékés. Après plusieurs années de recherche au cours desquelles il a remonté l’intinéraire de ce peuple jusqu’en Égypte, il est parvenu à conclure qu’ils sont des descendants des Baladis, peuple authentique noir d’Égypte, encore vivant aujourd’hui et réduit à la misère du fait de leur refus plus que millénaire d’abandonner leur culture au profit de la civilisation musulmane. Les travaux de l’égyptologue Moustapha Gadalla – qui a restitué bien de vérités écornées par moult chercheurs sur l’Égypte antique – en font une évocation déconcertante. Parce qu’ils ne sont pas des Bantous, les Bamilékés sont communément qualifiés de Semi-bantous en raison des quelques influences qu’ils ont eues des Bantous au cours de leurs mouvements migratoires jusqu’à la plaine tikar. Les Bamiléké parlent une langue nilo-égyptienne teintée de bantou : c'est une langue nilo-soudanaise.

Sources: Dieudonné Toukam, Parlons bamiléké (L’Harmattan, 2008)

        Dieudonné Toukam, Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels, à paraître chez L’Harmattan.

Bibliographie

  • F. B. Ngangoum, Grammèr ghë nglafi fe'fe' : éléments de grammaire bamiléké, Abbaye Sainte-Marie de la Pierre-Qui-Vire, Saint-Léger-Vauban, France, 1960, 54 p.
  • Dieudonné Toukam, "Parlons bamiléké", Paris, L’Harmattan, 2008, 256 pages.

Notes et références

  1. 260 000 personnes, 1982, SIL International [1]
  2. 124 000 personnes, 1982, SIL International [2]
  3. 10 000 personnes, 1990, SIL International [3]
  4. 300 000 personnes, SIL International [4]
  5. 210 000 personnes, 1991, SIL International [5]
  6. 2 000 personnes, SIL International [6]
  7. 73 000 personnes, 2001, SIL International [7]
  8. 20 000 personnes, 1993, SIL International [8]
  9. 100 000, 1987, SIL International [9]
  10. 63 000 personnes, 1999, SIL International [10]
  11. 45 000 personnes, 1993, SIL International [11]
  • 13. Un élément de code de langue collectif est un indicatif qui représente un groupe de langues individuelles qui ne sont pas perçues et comprises comme une seule langue dans tout contexte d'utilisation. Alors que l’ISO 639-2 inclut des indicatifs à trois lettres pour de telles collections de langues, l’ISO 639-3 fournit des indicatifs uniquement pour les langues individuelles et macrolangues, alors que l’ISO 639-5 fournit des indicatifs et une classification uniquement pour les groupes (inclusifs) de langues (parfois avec des différences d’étendue pour le même indicatif défini de façon exclusive dans l’ISO 639-2 et dont sont exclues les langues ou groupes de langues disposant de leur propre code ISO 639-2, ce qui entraine un changement dans la dénomination des groupes de langues qui ont été étendus dans l’ISO 639-5).

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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