Bamileke

Bamileke

Bamilékés

Bamiléké
Statue d'un chef coutumier à Bana
Statue d'un chef coutumier à Bana
Populations significatives par régions
Cameroun Cameroun
Population totale
plus de 3 000 000
Langue(s)
Bamiléké
Religion(s)
Christianisme, islam, culte des ancêtres
Groupe(s) ethnique(s) relié(s)
Bamoun

Les Bamilékés forment le plus important des groupes ethniques du Cameroun (20%). Avec les Tikar et les Bamoun, ils composent le groupe des Semi-Bantou. Ils sont basés dans l'ouest du Cameroun. Certains historiens pensent que les bamilékés sont des "néo-soudanais" (voir Noubas)

Sommaire

Histoire

Les Bamiléké sont descendants baladis partis de l'Egypte médiévale au IXe siècle de notre ère. Ils arriveront en région tikar vers le milieu du XIIe siècle avant de se diviser vers 1360 à la mort de leur dernier souverain unique: le roi Ndéh. Yendé, premier prince, refusa le trône et alla traverser le Noun pour fonder Bafoussam. Sa soeur ira vers la région de Banso (il existe une vingtaine de villages bamiléké dans le Nord-Ouest anglophone). Deux décennies plus tard, Ncharé, le cadet, descendra dans la plaine du Noun pour fonder le pays bamoun. De Bafoussam naîtront quasiment tous les autres groupements bamiléké entre le XVe siècle et le XXe siècle (Bansoa est né en 1910 à la suite de l'exil forcé de Fo Taghe de Bafoussam).

Sources: Dieudonné Toukam, "Parlons bamiléké" (Paris, L'Harmattan, 2008) et "Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels" (du même auteur, opus sous presse, L'Harmattan). Voir Organigramme des groupements et langues bamiléké sur www.christusrex.org

Les Bamiléké, peuple unique en Afrique noire, sont rois en matière économique et scientifique.

Ils sont particulièrement impliqués dans la vie économique du Cameroun et ont émigré en masse vers les deux grandes villes camerounaises Douala et Yaoundé.

Ce peuple a été victime de l'un des génocides les plus sanglants de l'histoire de l'Afrique: plus de 400 000 morts entre 1955 et 1964. Le "colon" français tira parti de l'adhésion massive des Bamiléké au mouvement politique de l'UPC pour régler ses comptes avec un peuple qu'il trouvait insaisissable et "dangereux" (le colonel Lamberton, chargé de la répression en pays bamiléké et bassa pendant la résistance -Maquis- ne fit pas la gueule de bois).

Aujourd'hui, il y a toujours une phobie du Bamiléké, lui qui ne laisse aucun pan de l'activité, lui qui met son nez partout. Autrefois, on parlait de lui sans l'émouvoir. Aujourd'hui, il s'est approprié des outils de communication pour se faire entendre.

Linguistique

Les Bamiléké parlaient une langue unique, le bamiléké, jusqu'à leur démembrement au milieu du XIVe siècle, à la mort de leur souverain. Du bamiléké naîtront le bamiléké-bafoussam et le bamoun. Le bamoun se ramifiera en une vingtaine de sous-variantes dialectales avant de se voir unifié par le sultan Njoya au début du XXe siècle. Pour sa part, le bamiléké-bafoussam continuera à se ramifier pour donner naissance, au fil des siècles, à de dizaines de variantes dialectales, elles-mêmes possédant de sous-variantes plus ou moins négligeables. Le bamiléké-bafoussam est donc la langue-mère des autres dialectes bamiléké, hormis le bamoun.

Il existe cinq sous-groupes dialectaux bamiléké: le gham'a-lah (grande Mifi); le medumba (département du Ndé); le fè-fèè (Haut-Nkam); le yemba (Menoua) et le ngombaa (Bamboutos). Les conclusions des travaux de Ethnologue et de SIL semblent dépassées en la matière.


SOURCE: Dieudonné Toukam, "Parlons bamiléké. Langue et culture de Bafoussam", Paris, L'Harmattan, 2008, 256p.


EXEMPLE DE TEXTE en bamiléké-bafoussam (publié dans Fraternité Magazine, n° de juillet 2009): Extrait de Matthieu 22, 35-40, in : La Bible (Nouveau Testament)

"[e]t l’un d’eux [Pharisiens], docteur de la loi, lui posa cette question, pour l'éprouver: Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus répondit : Tu aimeras le Seigneur, ton Dieu, de tout ton cœur, de toute ton âme, et de toute ta pensée. C’est le premier et le plus grand commandement. Et voici le second, qui lui est semblable: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. De ces deux commandements dépendent toute la loi et les prophètes".

Traduction de Dieudonné Toukam :

Moo Phalicien wé le be docta mtcho’a le we go djuité Yesso honté gue: «Fo, kwa me tchouô be ne mtcho Sîh be yiè na?»

Yesso le pa’ gue: « Kouong Tsapo Sîh, Sîh-o, poua gouon netsəm-tsoû, gouon jua-yoû, gouon mkouənté-moû. Abe donbe ké be yiə kwiə ne gouon mtcho Sîh. Yo yé a bouèté ké bo houə-é la yoo: O go kouon fouè-o wa-ha o kouong you touə néh'a. Gouon miətsé mtcho, ba m’yəng-fa’ Sîh, benn mbou mtcho-moo meba’a.»

NOTE DE GRAMMAIRE (Extrait de "Parlons bamiléké. Langue et culture de Bafoussam", ed. l'Harmattan):

La langue bamiléké-bafoussam possède presque tous les modes de conjugaison classiques : l’indicatif, le subjonctif, le conditionnel, l’impératif et le participe. Tous ces modes présentent des curiosités inouïes aux yeux des linguistes. Le mode indicatif possède 09 temps, qui sont : le présent (de l’indicatif), le passé immédiat, le passé récent, le parfait, l’imparfait, le plus-que-parfait, le futur immédiat, le futur proche et le futur lointain. « O go kouong’é » (littéralement traduit : tu vas aimer, tu aimeras [à un moment très proche]) est l’un des trois futurs de l’indicatif en bafoussam. Il s’agit du futur immédiat, les deux autres étant le futur proche (« O ti kouong’é ») et le futur lointain (« O lah kouong’é »). Pour rappel, l’infinitif des verbes porte toujours la particule « né » : né kouong = aimer).

Sociologie

Les Bamilékés, connus à l'intérieur et à l'extérieur du Cameroun comme un groupe ethnique largement étendu, semblent ètre "victimes" de leur dynamisme qui, en période de récession économique persistante, crée des jalousies et des ressentiments de la part des autres entités ethniques. Ce dynamisme est lié à leur culture qui prone le travail, l'abnégation, la discipline et le dépassement de soi. Attitude qui les font appeler parfois les "chinois" d'Afrique. Dans une situations de raréfication des ressources et d'exacerbation des tensions liées à la démographie galopante, leur situation ne manque pas d'engendrer de l'incompréhension de la part des autres camerounais.

En effet, depuis les indépendances, ce groupe est présenté dans les analyses de la population camerounaise comme le groupe ethnique plus important sur le plan démographique, contrôlant plusieurs points stratégiques dans les secteurs économiques et commerciaux nationaux et présentant de forts indices migratoires due à la très forte densité de leur territoire d'origine.

Une certaine tendance de l'élite intellectuelle d'origine Bamiléké présente le groupe comme étant devenu la cible de toutes les discriminations, soit du fait de la méfiance des autres groupes ethniques, soit du fait d'une mythification excessive d'une hégémonie présumée.

Ethnologie

Case typique de l'architecture Bamileke
Article détaillé : Chefferie Bamiléké.

Les toitures de chefferies bamiléké sont obligatoirement de structure pyramidale.

Les Bamiléké sont, en matière spirituelle, d'une grande complexité: ils ont une religion bipolaire héritée de l'Egypte antique: le culte des ancêtres - honteusement appelé ancestrolatrie - et le culte des divinités (sanctuaires sacrés, bois sacrés...). S'ils reconnaissent que Dieu peut être atteint au travers de ses anges (divinités), ils savent aussi - grâce notamment aux oracles et médiums - que leurs ancêtres décédés peuvent intercéder auprès du divin pour leur cause. Jésus, par conséquent, n'est pas "la seule voie" pour atteindre le Seigneur. Pour rappel, les Bamiléké sont monothéistes (comme l'ont été les Egyptiens autochtones: distinguer entre "divinités" et Dieu).

Sources: Toukam, D. "Parlons bamiléké" (Paris, L'Harmattan, 2008); et Toukam, D. "Peuples bamiléké et bafoussam. Des repères historiques et culturels" (même éditeur).

Topographie

Les hauts plateaux bamiléké de l’Ouest-Cameroun sont connus pour la célébrité de ses paysages de bocage. Dans un contexte topographique de hauts plateaux étagés, caractérisé par une succession de collines dominées par quelques montagnes isolées pouvant atteindre ou dépasser 2 000 m d’altitude, l’exploitation du sol est fondée sur une judicieuse association de l’agriculture et de l’élevage du petit bétail. L’espace utile, support du peuplement et des activités est appréhendé au travers des distances en rapport avec les temps de déplacement entre les lieux sociaux et/ou de production : éloignement ou rapprochement à partir du lieu de résidence, du siège des institutions traditionnelles, du « point central » de la chefferie… Ces lieux sociaux à partir desquels s’organise la vie des communautés locales sont eux-mêmes différenciés par rapport à leur position topographique : soit sur le haut (toutes parties hautes qu’elles soient sur colline ou sur montagne) ou vers le bas (dépressions, vallées, parties avals des versants). Cette conception dipolaire de l’espace a prévalu lors de l’occupation de la région et au découpage de l’espace en chefferies traditionnelles (une centaine de chefferies sur environ 6 000 km²). A l’intérieur des différentes chefferies, le découpage administratif traditionnel en quartiers s’est largement appuyé sur les notions de haut et de bas. Il en a été de même pour l’implantation des unités d’habitations familiales, pour l’édification et l’extension des haies vives et pour l’aménagement paysager de l’espace.

PS: En analysant certains rites bamilékes, des rabbis tels que Rabbi Yisrael Oriel ou encore rabbi phillipe Sipewo, y ont noté des similitudes et pensent avec conviction que les bamilékés et le peuple juifs ont un lien. .

Voir aussi

Articles connexes

Sources

Topographie
  • Jean-Marie Fotsing, Le haut et le bas dans l’occupation et l’aménagement de l’espace rural Bamileke (Ouest Cameroun), une perception uniscalaire des territoires
Sociologie
  • Dieudonné Zognong, La question Bamiléké pendant l'ouverture démocratique au Cameroun : retour d'un débat occulté

Bibliographie

  • Gabriel Hamani, Les notables bamiléké de l'Ouest-Cameroun : rôle et organisation dans les institutions traditionnelles, L'Harmattan, 2005, 166 p. (ISBN 9782747582919)
  • Raymond Lecoq, Les Bamiléké, Présence africaine, 1998, 221 p. (ISBN 9782708706668)
  • De Jean Hurault, La structure sociale des Bamiléké, Mouton, 1962, 133 p.
  • Enock Katté Kwayeb, Les institutions de droit public du pays Bamiléké, Cameroun : évolution et régime actuel, Pichon et Durand-Auzias, 1960, 199 p.
  • Martin Nkamgang, Sop Nkamgang Martin et Patrice Kayo, Les proverbes bamiléké, Edition des auteurs, 1970, 63 p.
  • Charles-Henry Pradelles de Latour, Ethnopsychanalyse en pays Bamiléké, Epel, 1991, 259 p. (ISBN 9782908855029)
  • Sylvain Djache Nzefa, Les chefferies bamiléké dans l'enfer du modernisme--: réflexion sur l'état actuel des chefferies bamiléké : --une chefferie de demain-- : renaissance, recherche et affirmation d'identité : architecture, art, ethnologie, MENAIBUC-DILA 1994, 202 p.(ISBN 9782950828309)
  • Tabapssi Famndié Timothée, Le modèle migratoire bamiléké (Cameroun) et sa crise actuelle : perspectives économique et culturelle, Research School of Asian, African and Amerindian Studies, Leiden University, 1999, 241 p. (ISBN 9789057890338)
  • Pierre Kamé Bouopda et Bouopda Pierre Kamé, De la rébellion dans le Bamiléké, L'Harmattan, 2008, 143 p. (ISBN 9782296052369)
  • Claude Tardits, Contribution à l'étude des populations Bamiléké de l'ouest Cameroun, Berger-Levrault, 1960, 135 p.
  • Dieudonné Toukam, "Parlons bamiléké. Langue et culture de Bafoussam", Paris, L'Harmattan, déc. 2008, 256p., ISBN: 978-2-296-07441-5. (A lire absolument).
  • Van Dievoet, Grietje, "Tintin chez les Tontines" of een studie van de informele financiële sector bij de Bamileke van West-Kameroen. - LIC : Doom : 1988-1989 (Université de Gand).

Liens externes

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