Élisabeth 1re d'Angleterre

Élisabeth 1re d'Angleterre

Élisabeth Ire d'Angleterre

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Élisabeth Ire
Reine d'Angleterre
Elizabeth I Darnley Portrait v3.jpg
Portrait d'Élisabeth Ire vers 1575.

Règne
17 novembre 155824 mars 1603
&&&&&&&&&&01619844 ans, 4 mois et 7 jours
Couronnement 15 janvier 1559
Dynastie Maison Tudor
Titre complet Reine d'Angleterre
Reine de France
Reine d'Irlande
Gouverneur suprême de l'Église d'Angleterre
Prédécesseur Marie Ire
Successeur Jacques Ier

Autres fonctions
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Biographie
Naissance 7 septembre 1533
Greenwich, Angleterre
Décès 24 mars 1603 (à 69 ans)
Richmond, Angleterre
Père Henri VIII
Mère Anne Boleyn
Consort(s) aucun
Signature
Autograph of Elizabeth I of England.svg

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Monarques de Grande-Bretagne

Élisabeth Ire d'Angleterre (7 septembre 1533 à Greenwich24 mars 1603 à Richmond) est l'une des plus célèbres souveraines d'Angleterre. Également nommée « La reine vierge », « Gloriana » ou « Good Queen Bess » par ses partisans, Élisabeth Ire fut reine d'Angleterre, de France (seulement en titre) et d'Irlande du 17 novembre 1558 jusqu'à sa mort. Elle parlait l'anglais, le latin, le grec, le français et l'italien. Fille du roi Henri VIII d'Angleterre et d'Anne Boleyn, Élisabeth fut la cinquième[1] et dernière représentante de la dynastie des Tudors.

À la mort d'Henri VIII, le 28 janvier 1547, elle n'était cependant que troisième dans l'ordre de succession à la Couronne. Seules les morts successives de son demi-frère cadet, Édouard VI le 6 juillet 1553, puis de sa demi-sœur aînée, Marie Ire le 17 novembre 1558, lui permettront d'accéder au trône.

Son long règne de 45 ans définit la période élisabéthaine, qui maintient l'Angleterre au rang des grandes puissances.

Sommaire

Biographie

Ascendance

Henri VIII et Anne Boleyn, parents d'Élisabeth
Ascendance d'Élisabeth Ire d'Angleterre sur trois générations
Élisabeth Ire
d'Angleterre
Père :
Henri VIII d'Angleterre
Grand-père paternel :
Henri VII d'Angleterre
Père du grand-père paternel :
Edmond Tudor
Mère du grand-père paternel :
Margaret Beaufort
Grand-mère paternelle :
Élisabeth d'York
Père de la grand-mère paternelle :
Édouard IV d'Angleterre
Mère de la grand-mère paternelle :
Élisabeth Woodville
Mère :
Anne Boleyn
Grand-père maternel :
Thomas Boleyn
Père du grand-père maternel :
William Boleyn
Mère du grand-père maternel :
Margaret Butler
Grand-mère maternelle :
Elizabeth Howard
Père de la grand-mère maternelle :
Thomas Howard
Mère de la grand-mère maternelle :
Elizabeth Tilney

L'enfance

La princesse Élisabeth à l'âge de 13 ans,[2] vers 1559, The Royal Collection, Château de Windsor, Windsor.

Au moment où sa maîtresse Anne Boleyn se retrouve enceinte (début 1533[3]), Henri VIII est encore marié à sa première épouse, Catherine d'Aragon : le destin de l'enfant à naître aurait donc dû être celui d'un bâtard royal. Mais autour du 25 janvier 1533, Henri épouse secrètement sa maîtresse[4],[5],[6]. Le Samedi Saint 12 avril 1533, à l'occasion des cérémonies religieuses de Pâques, Anne Boleyn apparaît publiquement comme la nouvelle reine[7],[8]. Le 23 mai 1533, l'archevêque de Cantorbéry, Thomas Cranmer proclame l'annulation du mariage d'Henri VIII et de Catherine d'Aragon. Le dimanche de Pentecôte 1er juin, Anne Boleyn est couronnée reine lors d'une fastueuse cérémonie[9]. Le 11 juillet, le pape confirme la validité du premier mariage du roi. Le 26 août, la nouvelle reine entre en réclusion au palais de Greenwich et le 7 septembre 1533 dans l'après-midi, elle donne naissance à une fille, Élisabeth.

Le 10 septembre, Lady Elizabeth est baptisée à Greenwich selon le rite catholique[10].

En décembre, conformément aux moeurs de l'époque, le bébé est retiré à sa mère et envoyé à Hatfield House (Hertfordshire). Parmi l'imposante suite de la princesse, Marie, la fille de Catherine d'Aragon, déchue de tous ses titres. Les relations entre elle et la nouvelle reine sont des plus tendues, et toutes les visites d'Anne à Hatfield sont l'occasion de terribles scènes. Selon les comptes rendus des témoins, Élisabeth ne semble pas avoir particulièrement souffert des maladies infantiles courantes à l'époque.

Après plusieurs fausses couches, Anne Boleyn voit son destin changer subitement à la fin du mois d'avril 1536. Après une procédure des plus sommaires, dans laquelle elle est accusée d'adultère, d'inceste et de haute trahison, elle est décapitée le 19 mai 1536 à la tour de Londres. Le deuxième mariage est lui aussi annulé pour des motifs théologiques non révélés. Onze jours seulement après l'exécution d'Anne, Henri VIII convole avec Jeanne Seymour.

Déclarée illégitime après l'invalidation du mariage de ses géniteurs, Élisabeth perd à son tour son titre de princesse ; son train de vie connaît une réduction drastique. La naissance d'Édouard, seul fils légitime d'Henri VIII, le 12 octobre 1537 semble la condamner définitivement, mais on décide que les deux enfants seront élevés ensemble. C'est semble-t-il par l'influence de la dernière épouse d'Henri VIII, Catherine Parr, dont les convictions en faveur de la Réforme sont connues, que les deux enfants baigneront dans un environnement et une idéologie protestants qui forgeront leur conviction personnelle en matière religieuse[11].

Cependant, Élisabeth est rétablie dans ses droits au trône par le parlement d'Angleterre en 1544.

Le règne d'Édouard VI

Âgée de treize ans et demi à la mort d'Henri VIII, Élisabeth voit Édouard VI, son jeune demi-frère de neuf ans monter sur le trône. L'enfant est de santé fragile, et rapidement la perspective d'une disparition prochaine du monarque prend corps. Le pouvoir réel est immédiatement confisqué par le conseil de régence, que dirige le Lord Protecteur Edward Seymour. Un premier complot, mené par le propre frère du Lord-Protecteur est déjoué en 1549.

Mais à la suite de défaites militaires, le Lord-Protecteur perd lui aussi et la confiance du roi et sa tête. Il est remplacé en 1550 par un Lord-Président, John Dudley. Celui-ci oriente fortement la politique du gouvernement en faveur du protestantisme, puis, arguments religieux à l'appui, parvient à persuader le roi de priver Marie la catholique et Élisabeth de tous leurs droits sur la couronne et transmettre celle-ci à Jeanne Grey, une fervente protestante, mais aussi - fort opportunément - la bru de Dudley.

Jeanne Grey

Le 10 juillet 1553, Jeanne Grey hérite donc de la couronne d'Angleterre. À 16 ans, elle n'est qu'une marionnette manipulée par John Dudley. Mais alors qu'on lui ordonne de revenir à Londres, Marie réunit plusieurs milliers de partisans en un temps record et affronte l'usurpatrice qui doit céder après 9 jours de règne. Les candidats au trône se retrouvent à la tour de Londres. Une inconnue demeure : quel est le rôle exact d'Élisabeth dans ce jeu de dupes ?

Le règne de Marie Ire

Marie Tudor, demi-soeur d'Élisabeth, par Hans Eworth, 1554.

Le règne de Marie Ire inspire un nouveau revirement politico-religieux : Marie est profondément catholique et sa politique papiste et pro-espagnole entraîne un changement de cap complet et un renversement des alliances. Mais ce qui soulève le plus d'inquiétude est la question matrimoniale. Ainsi, la perspective de son mariage avec le fils unique de Charles Quint, Don Philippe d'Autriche[12] provoque la révolte de Thomas Wyatt le Jeune. Une fois la révolte matée, Marie se débarrasse des Dudley qui ont eu le tort d'être à nouveau impliqués dans la tentative de coup d'État.

Or, des lettres compromettantes accusent Élisabeth, qui, à 20 ans, devait être la principale bénéficiaire du complot. Sommée de s'expliquer, la jeune femme ne convainc qu'à moitié. Elle est emprisonnée au palais de Whitehall, puis du 17 mars 1554 au 19 mai 1554[13], à la tour de Londres. Malgré les pressions exercées sur elle en ce sens, Marie Ire se refuse à l'exécuter. Élisabeth échappe donc à la mort et à la Tour et est reléguée à Woodstock (près d'Oxford) jusqu'en avril 1555.

Marie épouse finalement Philippe. Son mariage est pour elle une vraie réussite sentimentale[14], qui semble couronnée par une grossesse prometteuse. Mais après la révélation que ce n'est au mieux qu'une grossesse nerveuse[15] et le départ de Philippe pour le continent, la politique anti-protestante de Marie se durcit fortement et les bûchers deviennent le moyen courant de régler les querelles théologiques ou liturgiques[16]. L'opposition au pouvoir papiste se renforce.

En mars 1556, le pouvoir déjoue un nouveau complot dit « d'Henri Dudley » ou « de Kingston »[17], dans lequel Élisabeth est encore plus gravement impliquée que dans les précédents. Pourtant, même si les éléments à charge sont accablants, Élisabeth est à peine inquiétée. Elle est placée en résidence surveillée chez Thomas Pope, puis à Hatfield House. La disgrâce ne dure que jusqu'à la fin novembre.

Depuis longtemps, le pouvoir cherche à se débarrasser élégamment du problème que pose Élisabeth en la mariant. Mais la jeune femme refuse obstinément tous les soupirants anglais ou étrangers qu'on lui proposera. Dans une lettre à sa sœur, celle qu'on appellera « la reine Vierge » (The Virgin Queen) déclare qu'elle souhaite « rester en l'état de virginité, qui lui plaisait par-dessus tout et auquel elle ne connaissait pas d'autre genre de vie qui lui fût comparable »[18].

Marie étant décédée sans héritier le 17 novembre 1558, c'est Élisabeth qui, à 25 ans, accède au trône. Le 15 janvier 1559, Élisabeth Ire est couronnée par Owen Oglethorpe, évêque de Carlisle en l'abbaye de Westminster à Londres.

L'accession au trône

Élisabeth Ire lors de son couronnement. National portrait Gallery, Londres

La période qui s'étend de la mort de son père le 28 janvier 1547 à son accession au trône le 17 novembre 1558 est marquée par une grande incertitude. Élisabeth connaît de nombreuses vicissitudes avant le triomphe final. Son statut particulier de fille illégitime du roi, mais d'héritière présomptive légitime de la couronne fait d'elle à la fois un recours pour ceux qui souhaitent le changement et une menace latente pour le pouvoir en place. D'autant plus que la concurrence dynastique de la maison Tudor va être surdéterminée par la crise religieuse de la Réforme anglaise et la stratégie politique fluctuante des puissances européennes. À chaque crise que rencontre le pouvoir, celui-ci soupçonne la fille d'Anne Boleyn de vouloir en profiter. Malgré elle, Élisabeth est entraînée dans les jeux diplomatiques complexes et vénéneux qui se trament à la cour d'Angleterre. Plusieurs fois accusée de conspiration, elle doit sa survie à son art de la dissimulation[19], à sa capacité à nier effrontément l'évidence, à sa volonté de ne jamais s'engager, mais aussi parce qu'à des titres divers, sa disparition aurait fait surgir des risques bien plus dangereux pour ceux qui étaient les maîtres de son destin.

La reine vierge

Robert Dudley qu'Élisabeth proposa en mariage à sa cousine Marie Stuart faisant de leurs descendants les éventuels héritiers de son trône. 1564, 110 x 80 cm, attribué à Steven van der Meulen.

Une fois couronnée, Élisabeth continuera à refuser les avances de nombreux candidats, dont celles du roi Philippe II d'Espagne[20] et d'Ivan le Terrible, premier tsar de Russie. La reine de France Catherine de Médicis, pour sa part, lui proposa comme époux, successivement deux de ses fils : le duc d'Anjou - devenu, par la suite, roi de France sous le nom d'Henri III -, puis le duc d'Alençon, de 22 ans le cadet d'Élisabeth. On peut également citer parmi ses prétendants le prince héritier Éric de Suède, ou encore l'archiduc Charles de Habsbourg. Célibataire et sans enfant, la reine d'Angleterre eut néanmoins, semble-t-il, une vie amoureuse assez active dans le secret des alcôves. Les favoris d'Élisabeth furent notamment Robert Dudley, Robert d'Essex et même l'amiral Thomas Seymour.

La légende veut que Sir Walter Raleigh, autre soupirant d'Élisabeth, ait posé son somptueux manteau sur une flaque d'eau sur laquelle la reine s'apprêtait à marcher, afin qu'elle ne se mouille pas les pieds. À partir de 1588, les relations d'Élisabeth avec Essex se détériorent et font les délices des ragots de la cour. L'âge n'altère en rien la coquetterie de la reine, même si elle perd ses dents. Néanmoins, son caractère empire, notamment envers ses dames d'honneur. Le jour où une demoiselle de la cour se déclare enceinte de Raleigh, la reine punit cette infidélité en envoyant son ancien favori à la tour de Londres.

La confirmation de l'Angleterre anglicane

Le pape Pie V, années 1600, Paris, collection particulière.

Les convictions religieuses réformées d'Élisabeth ne sont pas un secret et Marie n'avait ménagé ni ses efforts, ni les pressions pour pousser sa demi-sœur à un catholicisme au moins de façade. La difficile situation personnelle d'Élisabeth l'avait alors contrainte à se plier, sans enthousiasme aucun, aux exigences du pouvoir. L'intransigeance de la papauté, qui persiste à ne voir en elle qu'une enfant illégitime sans aucun droit à la couronne, va conduire Élisabeth à soutenir l'anglicanisme de son père, avec cependant un certain souci de modération.

Souveraine énergique et autoritaire, elle dote l'Angleterre d'une religion d'État par l'Acte de Suprématie dès 1559, qui exige des évêques un serment de fidélité à la reine, « gouverneur suprême » de l'Église.

Avec le bill des Trente-Neuf Articles en 1563, elle constitue une véritable charte de l'anglicanisme : la hiérarchie épiscopale et une partie du cérémonial catholique sont maintenues, tout en abandonnant l'usage du latin et l'obligation du célibat des prêtres.

Mais elle se heurte à l'opposition des puritains, qu'elle pourchasse. Les calvinistes stricts, proches du réformateur John Knox et du mouvement presbytérien écossais qu'il a fondé, désirent purifier l'anglicanisme du papisme.

Élisabeth doit également affronter les catholiques, qui protestent contre la rupture avec Rome. Les évêques mis en place par Marie Tudor sont catholiques, et de ce fait, refusent de prêter serment à une reine qu'ils jugent hérétique. Ils sont alors placés en résidence surveillées et remplacés par un clergé anglican.

En 1570, Élisabeth est officiellement excommuniée par le pape Pie V, qui ne reconnaît comme seule souveraine que Marie Stuart, la reine d'Écosse. Les catholiques sont alors jugés comme traîtres à la Couronne et une violente répression s'engage. Jusqu'en 1603, 200 catholiques, prêtres ou laïques, sont exécutés.

Relation avec l'Irlande

Par la rupture avec le pape, la reine aggrave la situation diplomatique de l'Angleterre avec l'Irlande, où le catholicisme est très majoritaire. Lorsque Henri VIII s'était fait proclamer roi d'Irlande en 1541, l'île était encore loin d'être conquise. L'Irlande, alliée de l'Espagne, résiste à la domination anglaise, mais ses tentatives de soulèvement sont écrasées. Les répressions violentes qui ont lieu entre 1594 et 1603 marquent le début d'une domination assez cruelle dans un contexte d'hostilité, défavorable à toute tentative de conciliation.

Rivalité avec Marie Stuart

Portrait de Marie Stuart, par Nicholas Hilliard, Londres, National Portrait Gallery.

Les partisans de sa cousine et héritière, la catholique Marie Stuart, reine d'Écosse, sont à l'origine d'une lutte de pouvoir entre les deux souveraines. Marie Stuart est reine d'Écosse dès sa naissance en 1542, mais est élevée en France après son mariage avec le dauphin devenu François II de France. De retour en Écosse en 1560, elle gouverne un pays très ancré dans le presbytérianisme. Après un temps de compromis, elle multiplie les erreurs comme son mariage avec James Hepburn précédé de l'assassinat de son deuxième mari Henry Stuart. Élisabeth finance en secret la révolte des barons écossais menés par le demi-frère de celle qu'elle appelle avec hypocrisie politique "sa bonne soeur Marie". En 1567, Marie est contrainte d'abdiquer en faveur de son fils Jacques. Réfugiée en Angleterre, elle est soupçonnée de comploter contre Élisabeth. Arrêtée, jugée en 1587, elle est finalement condamnée par le parlement et décapitée. Cette querelle avec Marie Stuart sera par la suite exploitée comme symbole de la dureté et de la cruauté élisabéthaine.

Naissance du colonialisme britannique et de la suprématie maritime

Trajet emprunté par l'Armada espagnole

L'exécution de Marie Stuart déclencha les hostilités entre l'Angleterre et l'Espagne, dont le roi supporte mal les incursions et les répressions envers son allié, l'Irlande.

Lors de son tour du monde en 1577-1580, Francis Drake intercepte un convoi espagnol et s'empare de son or. Il sera par la suite armé chevalier par la reine. Devant cette offense politique, le roi d'Espagne décide de rassembler une flotte considérable pour l'époque : l'Invincible Armada. Le 20 mai 1588, 10 300 marins et 19 000 soldats entassés sur 130 bâtiments quittent le port de Lisbonne. Cette formidable armée navale est cependant vaincue par l'Angleterre. Les Espagnols connaissent une déroute sans précédent : seuls 63 navires reviennent en Espagne. Cette victoire eut pour effet de consacrer la suprématie maritime de l'Angleterre et d'encourager son expansionnisme. L'année 1600 voit la création de la Compagnie des Indes orientales, la colonisation de l'Amérique du Nord entamée par sir Walter Raleigh, qui fonde la Virginie, appelée ainsi en hommage à la « Reine Vierge ».

Les marins anglais commencent alors une exploration systématique à l'instar des Espagnols au début du siècle. Dès 1562, le corsaire John Hawkins attaquait les navires portugais et espagnols. Cherchant à atteindre la Chine par le Nord-Est, John Davis parvient au cœur de la Russie par les voies fluviales, ouvrant ainsi la route aux explorateurs. Ralph Ficht va jusqu'à l'Euphrate, atteint l'Inde et est reçu chez le grand Moghol. De 1591 à 1594, Jacques Lancaster réitère l'exploit de Vasco de Gama en faisant le tour de l'Afrique.

L'ère élisabéthaine

Élisabeth Ire, représentée avec un rameau d'olivier. Elle est ici garante de la paix. Marcus Gheeraerts l'ancien, 1580 ou 1585.

Essor culturel

La période élisabéthaine est marquée par un essor culturel et artistique de premier ordre qui voit s'affirmer la renaissance anglaise.

L'architecture se caractérise par les manoirs de style Tudor, avec de grandes fenêtres à croisillons, associant au style gothique des éléments Renaissance.

La langue anglaise connaît ses lettres de noblesses avec des poètes comme Edmund Spenser, qui publie la Reine des fées entre 1590 et 1596, en hommage à la reine. Le théâtre est également une grande réussite de l'ère élisabéthaine. En 1598, le fameux théâtre du Globe ouvre ses portes à Londres, sur la rive sud de la Tamise. Les pièces de Christopher Marlowe (Docteur Faust) et de Ben Jonson (Volpone) sont un vrai succès. Mais c'est Shakespeare qui s'affirme comme le maître incontesté de la littérature anglaise.

Les connaissances scientifiques, tirées par les besoins de la navigation, particulièrement en cartographie et en astronomie, commencent à se développer sous l'impulsion de John Dee, suivi de Thomas Digges, Thomas Harriot, Edward Wright et William Gilbert. Les connaissances de géographie se perfectionnent également grâce aux recueils et aux traductions de Richard Hakluyt. Tous ces savants sont subventionnés par des aristocrates et des courtisans clairvoyants comme Walter Raleigh, Henri Percy et Robert Cecil.

Essor économique et financier

Souverain (en or) frappé à Londres en 1585 montrant la reine Élisabeth assise en majesté sur son trône.

Le grand dynamisme démographique de l'Angleterre sous Élisabeth Ire ainsi que la confirmation de sa suprématie militaire ont pour conséquence de relancer l'économie.

Sur le plan industriel, les manufactures drapières se développent et l'exploitation de la houille et du fer progresse de façon spectaculaire, ce qui amène à une multiplication des mines. Le commerce avec les pays étrangers est favorisé par une meilleure maîtrise de la navigation et par l'ouverture de nombreux chantiers navals.

Les finances de la couronne tendent à afficher des excédents : le domaine royal, les confiscations, les douanes, dont le produit croît avec l'essor du commerce, assurent à la Couronne des recettes confortables. C'est d'ailleurs sous Élisabeth Ire que Thomas Gresham fonde une Bourse à Londres.

Une société en mutation

L'aristocratie terrienne, dont les principaux revenus proviennent de l'agriculture et de l'élevage, est contrainte de s'adapter face à la concurrence du commerce maritime. C'est ainsi que naît le mouvement des enclosures (clôtures des champs), qui substitue à l'exploitation collective du sol un système de grandes propriétés individuelles. La gentry (petite noblesse), se distingue par un bon fonctionnement de ses capitaux sans pour autant maîtriser l'industrie. La bourgeoisie, qui prospère dans les villes et les ports, s'enrichit grâce à l'industrialisation et à l'évolution du commerce, ce qui lui permet de participer activement à la politique locale.

Le sort des classes populaires est plus difficile. En 1563, le statut des artisans constitue un véritable code de travail. À la campagne, les yeomen (petits et moyens propriétaires et agriculteurs), forment une paysannerie plutôt aisée, mais les enclosures chassent les plus pauvres qui doivent se réfugier en villes. Les lois sur les indigents de 1572 et de 1601 tentent de résoudre cette situation nouvelle.

Succession

Les funérailles d'Élisabeth Ire, 1603, Londres, British Library.

Élisabeth meurt le jeudi 24 mars 1603 au palais de Richmond[21] près de Londres. Avec elle s'éteint la Maison Tudor.

Le fils de Marie Stuart, le roi Jacques VI d'Écosse lui succéda sous le nom de Jacques Ier d'Angleterre. Élisabeth repose dans le caveau des rois d'Angleterre à l'abbaye de Westminster, à côté de sa demi-sœur et ancienne rivale Marie Tudor. Après son accession au trône d'Angleterre en 1603, Jacques fit fixer sur le tombeau une plaque en marbre sur laquelle est gravée en latin : « Des partenaires sur notre trône et dans notre tombe, ici nous reposons, deux sœurs, Élisabeth et Marie, dans l’espoir d’une seule résurrection ».

Notes et références

  1. Sixième, si l'on compte le très éphémère règne de Jeanne Grey, la « reine de 9 jours » du 10 juillet 1553 au 19 juillet 1553
  2. Eric Ives, Anne Boleyn, p.203
  3. Ou fin décembre 1532 selon John Guy, p. 132)
  4. Ives, p.162
  5. Duchein, p.21 et 767
  6. John Guy p. 132 est le plus affirmatif quant à la date du 25 janvier.
  7. Ives, p. 164
  8. Duchein, p.21
  9. À laquelle Thomas More refuse cependant d'assister (John Guy p.134
  10. Duchein, p.33
  11. Encore que la nature exacte des convictions religieuses d'Élisabeth est assez floue. Elle était anti-papiste, mais n'était pas une fanatique protestante. Pour reprendre l'expression de Duchein : « elle n'était pas de l'étoffe dont on fait les martyrs » Élisabeth, p. 57
  12. Philippe, opportunément sacré roi de Naples, ne deviendra Philippe II d'Espagne que deux ans plus tard, au moment où il héritera de la couronne espagnole
  13. Duchein p. 100. Selon Duchein, son emprisonnement à la tour de Londres était motivé davantage par des raisons pratiques (l'installation de la cour au château de Windsor) que par une aggravation des charges retenues contre elle.
  14. Duchein
  15. Certains historiens modernes suggèrent qu'elle souffrait en réalité d'un cancer de l'utérus.
  16. D'où le surnom de Marie la Sanglante (Bloody Mary) que la tradition populaire protestante lui a attribué. Voir John Foxe.
  17. Duchein, p. 122
  18. Duchein, p. 127
  19. Duchein, p. 134 et 154
  20. Le mari de Marie Ire d'Angleterre, la demi-soeur d'Élisabeth.
  21. (en) Élisabeth Ire et Richmond

Bibliographie

  • Jacques Chastenet, Élisabeth Ire, Marabout Université, 1953.
  • Bernard Cottret, La royauté au féminin. Élisabeth Ire d’Angleterre, Paris, Fayard, 2009.
  • Michel Duchein, Élisabeth Ire d'Angleterre, Fayard, Paris 1992. 885 p.
  • (en) John Guy, Tudor England, Oxford University Press, 1988
  • (en) Eric Ives, The Life and Death of Anne Boleyn, Blackwell Publishing, 2004

Voir aussi

Filmographie

Plusieurs films et téléfilms ont été inspirés par la vie d'Élisabeth I ou évoquent son règne :

Liens internes

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Liens externes

Voir aussi

Précédée par Élisabeth Ire d'Angleterre Suivie par
Marie Ire et Philippe II d'Espagne
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Jacques Ier
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