- Éliane Victor
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Éliane Victor, née le 21 octobre 1918 à Paris 17e, est une journaliste et écrivaine française qui fut l'épouse de Paul-Émile Victor.
Sommaire
Biographie
Enfance
Le grand-père d’Éliane Victor, Albert Decrais (1838-1915), est une figure de la vie politique et diplomatique française du XIXe siècle. Il entre en politique dès la chute de Napoléon III. Après des études de droit il devient haut fonctionnaire, préfet d’Indre-et-Loire en 1871, puis des Alpes-Maritimes en 1874, et enfin de Gironde en 1876 (une rue de Mérignac porte son nom). Il démissionne en 1877 en signe de protestation contre le coup de force antiparlementaire du maréchal Mac-Mahon. Il devient ambassadeur à Rome en 1882, à Vienne en 1886 et à Londres en 1893. Il épouse à 27 ans la fille d’un banquier parisien protestant. Ils élèvent leurs trois enfants, dont Jean, le père d’Éliane Victor, selon les préceptes de cette religion.
Suzanne, la mère d’Éliane, naît en 1889 et connaîtra à peine son père (architecte) qui mourra très jeune. Elle est élevée par sa mère seule et entreprend très tôt des études musicales. À sa sortie du Conservatoire, elle commence une carrière de soprano colorature à l’Opéra-Comique de Paris.
Lors d’une permission à Tarascon en 1917, Jean Decrais, âgé d’environ cinquante ans, marié et père de trois enfants, combattant de la Première Guerre mondiale, rencontre Suzanne, musicienne de vingt-neuf ans devenue soprano colorature. Ils auront trois enfants : Éliane, Monique et Jean.
Éliane Decrais voit le jour en 1918 dans le 17e arrondissement. Ses parents ne sont pas encore mariés, son père, issu de la bourgeoisie d’État, ayant une première famille de trois enfants.
Lorsque ses parents se marient, Éliane a sept ans et sa sœur six. Ils emménagent au numéro 9 de la rue Gounod. Sa mère renonce à sa carrière afin de se consacrer à sa famille. Elle transmet sa passion de la musique à ses enfants.
Suzanne donne des leçons de chant à domicile tandis que Jean est rédacteur en chef du Journal des débats ainsi que conseiller à la Cour des comptes.
L’été, la famille loue une villa près de la mer pendant un mois à Arcachon, Bénodet ou Saint-Brevin-les-Pins et, en septembre, les trois enfants et leur mère s’installent à Versailles à l’Hôtel Royal en attendant la rentrée scolaire pendant que Jean Decrais travaille.
Adolescence et mariage
En 1936, Éliane, seize ans, épouse Alain Pieyre de Mandiargues qui en a vingt-et-un. Elle entre ainsi dans une grande famille protestante aristocratique où règles et traditions sont de rigueur.
Elle rate son baccalauréat mais entreprend des études de philosophie. Elle a un premier enfant, Geoffroy.
En 1938, à dix-neuf ans, Éliane et son mari sont en vacances à Saint-Véran dans les Hautes-Alpes. Elle y rencontre Paul-Émile Victor, jeune explorateur polaire, qui tente de démontrer qu’en cas de guerre les traineaux à chiens peuvent être des moyens de transport utiles.
Elle assiste quelques mois plus tard à l'une des conférences de P-É. Victor (appelé familièrement PEV) sur ses hivernages chez les Eskimos d’Angmassalik sur la côte est du Groenland.
Son époux est mobilisé en tant que sous-officier à la météo à Saint-Cloud et sa belle-mère s’installe à Genève avec le petit Geoffroy qu'Éliane lui a confié.
En 1944, elle héberge, sans savoir leur engagement, un groupe de résistants.
Pendant ce temps, Paul-Émile Victor, lieutenant des American Air Forces dans un escadron aérien en Alaska, est chargé de survoler les terres polaires pour secourir les aviateurs perdus ou blessés dans le Grand Nord.
Fin décembre 1944, il revient en France, demande Éliane en mariage et s’occupe de son divorce. Elle a alors vingt-huit ans.
En 1946, elle laisse son fils, Geoffroy, à son ex-mari et part pour les États-Unis avec Paul-Émile Victor. Ils se marient en Californie, mais ce mariage n’est pas reconnu en France.
Lorsqu’ils rentrent à Paris six mois plus tard, le père d’Éliane est décédé d’un cancer de la gorge.
Carrière professionnelle
Alors qu’elle a trente-deux ans et quatre enfants (dont trois enfants Victor : Jean-Christophe, Daphné et Stéphane, les jumeaux), elle participe bénévolement à l’édition de la collection « La Croix du Sud » chez Julliard.
En 1958, Hélène Lazareff, créatrice et directrice du magazine Elle, lui demande de raconter le récit de l’opération à cœur ouvert de Jean-Christophe, son fils de dix ans, à Minneapolis aux États-Unis.
À la suite de cet article, Europe 1 lance une campagne de solidarité nommée « Cœurs d’enfants », qui permet de recueillir cent quarante millions de francs de dons et d’édifier un bloc opératoire à l’hôpital Broussais à Paris.
Le 12 mai 1958, Pierre Lazareff, époux d’Hélène Lazareff et patron de France Soir, propose à Éliane Victor le poste de « secrétaire générale » de son projet d'un projet de magazine mensuel d’information télévisée : Cinq colonnes à la une. L’équipe se constitue de Pierre Lazareff, Pierre Dumayet et Pierre Desgraupes, ainsi que du réalisateur Igor Barrère. Cependant, elle ne touche qu’un cachet pour chaque émission, sans couverture sociale, et n’obtient le statut de salariée que huit ans après ses débuts.
A l’âge de quarante ans, elle pense à une émission mensuelle sur la vie des femmes : Les Femmes aussi..., qui durera neuf ans soit 65 émissions. Chaque émission dresse le portrait de femmes anonymes (paysannes, infirmières, femmes de ménage…). La première diffusion a lieu le 9 avril 1964 sous le titre Cherchez la femme et s’intéresse à la difficulté pour les femmes d’accéder aux postes à responsabilité.
De nombreuses personnalités acceptent de participer à ces émissions : Simone Signoret joue les journalistes, Roland Barthes aide Éliane Victor à élaborer une émission sur le thème de l’obsession du bonheur dans la pensée féminine… Seuls trois sujets ont été refusés par Jean-Jacques de Bresson, le directeur général d’Antenne 2 : la contraception, l’homosexualité féminine et le droit à l’avortement.
Bien que divorcée de Paul-Émile Victor (qui s'est remarié le 1er mars 1965 avec Colette Faure), Éliane garde le nom de son ex-mari et vit avec le journaliste Jacques-Olivier Chattard et les deux filles de ce dernier, Dominique et Catherine.
En 1967, elle se voit confier la responsabilité d’une soirée mensuelle sur la deuxième chaîne : Séance tenante, magazine d’information dans lequel elle affronte le direct.
Puis, en 1969, elle produit sur les deux chaînes Régie IV et Procès, qui abordent des sujets de société comme l’éducation sexuelle ou la majorité à 18 ans, ainsi que la série documentaire Du côté des enfants.
Après mai 68, l’ORTF éclate. Nommée conseillère de programmes de la troisième chaîne auprès de Jean-Louis Guillaud en 1973, elle devient déléguée du directeur général de TF1, et responsable des programmes de l’après-midi de 1974 à 1978.
Éliane Victor a apporté à la télévision française une touche féministe, sans militantisme, en accompagnant le mouvement des femmes né dans les années 1960.
En 1978, elle accepte de prendre la direction du magazine féminin Elle, et fait le évoluer en abordant des sujets d’actualité qui peuvent concerner les femmes. Mais elle commet aussi des erreurs : remplacer de temps en temps les mannequins des couvertures par des hommes emblématiques comme Yves Montand, supprimer l’horoscope…
Elle est nommée en 1981 conseillère à la direction de la branche audiovisuelle du groupe Hachette et produit sur TF1 une nouvelle émission, Quotidiennement vôtre, reprenant le principe du magazine Une minute pour les femmes qu’elle avait créé en 1975.
Quelques années après, Jean-Luc Lagardère prend le contrôle du groupe Hachette, ce qui bouleverse tout. À 64 ans, Éliane Victor prend sa retraite.
En 1990, elle réalise avec Jean-Louis Comolli un documentaire pour la télévision sur Paul-Émile Victor. Paul-Émile Victor, un rêveur dans le siècle est un portrait, mais l’histoire se confond avec celle de l’étude ethnologique et géophysique des Pôles, des premières expéditions auprès des Esquimaux dans les années 1930 jusqu’à l'engagement de PEV dans les années 1950 pour préserver le continent antarctique de toute exploitation industrielle.
Elle est sollicitée à l’âge de 80 ans par La Chaîne parlementaire qui lui propose de faire le portrait de chacune des femmes députées.
En juin 2008, elle publie chez Grasset son autobiographie, Profession femme.
Le mercredi 17 septembre 2008, Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, lui remet les insignes de Commandeur de la Légion d'honneur. En mai 2011, elle est élevée à la dignité de grand officier de l'ordre national du Mérite[1].
Notes et références
Catégories :- Naissance en 1918
- Naissance dans le 17e arrondissement de Paris
- Journaliste française du XXe siècle
- Écrivain français du XXe siècle
- Commandeur de la Légion d'honneur
- Grand officier de l'ordre national du Mérite
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