Élections présidentielles françaises de 1965

Élections présidentielles françaises de 1965

Élection présidentielle française de 1965

L'élection présidentielle française de 1965 est la deuxième élection présidentielle à avoir lieu sous la Ve République, et la deuxième à se dérouler au suffrage universel direct (la première ayant eu lieu le 10 décembre 1848). Charles de Gaulle fut réélu pour sept nouvelles années au poste de président de la République française.

Le premier tour s'est déroulé le 5 décembre 1965 et le second le 19 décembre.

Sommaire

Les candidats

Le président sortant, Charles de Gaulle

Les résultats du second tour en France métropolitaine, département par département.

Le mode de scrutin ayant été modifié en 1962, Charles de Gaulle avait donc moins de chance d'être élu dès le premier tour. En effet, il fut élu « seulement » au second tour. De Gaulle n'a annoncé sa candidature que tardivement, le 4 novembre par une intervention télévisée à 20 heures : « Que l'adhésion franche et massive des citoyens m'engage à rester en fonctions, l'avenir de la République nouvelle sera décidément assuré. Sinon, personne ne peut douter qu'elle s'écroulera aussitôt[1]. » Sûr de lui, il renonce d'abord à utiliser son temps de parole de campagne à la télévision, avant d'y recourir le 30 novembre et le 3 décembre, face à sa baisse de popularité dans les sondages.

Le candidat unique de la gauche, François Mitterrand

Face à lui, François Mitterrand, président de la Convention des institutions républicaines (CIR) entre en lice le 9 septembre 1965, suite à l'échec de la candidature de Gaston Defferre, sans solliciter l'avis des grands partis de la gauche parlementaire[2]. Il obtient rapidement l'investiture et le soutien du parti socialiste SFIO, alors même qu'il n'en était pas membre, du Parti radical, du Parti socialiste unifié (PSU) et du Parti communiste français, ce dernier se méfiant de l'élection présidentielle au suffrage universel direct. Attaché à l'idée d'union de la gauche sans exclusive et à une stratégie de fédération de ses différentes organisations, Mitterrand était un des rares hommes de gauche à promouvoir une alliance incluant les communistes[2]. Le député de la Nièvre alors âgé de 49 ans, ancien ministre de la Quatrième République, devient ainsi candidat unique de toute la gauche. Cette alliance de circonstance fit sa force, puisque socialistes et communistes voyaient en lui un candidat présentable, mais sans grande envergure. Opposant de la première heure au général De Gaulle ainsi qu'aux institutions de la Vème République, il mène une campagne vigoureuse, se voulant être celle des opposants sans complexes au gaullisme[3]. Le prestige de Mitterrand fut d'avoir mis le Général en ballottage, lui permettant d'asseoir sa stature, et plus encore après l'absence de la gauche au second tour de la présidentielle de 1969. Sous l'impulsion de cette candidature, la Fédération de la gauche démocrate et socialiste, regroupant socialistes, radicaux et divers autres mouvements de la gauche non-communiste, est fondée en décembre 1965. La FGDS remportera deux ans plus tard un vif succès lors d'élections législatives.

Les autres candidats

Troisième grande figure de la campagne, le président du Mouvement républicain populaire (MRP) et sénateur de Seine-Maritime Jean Lecanuet joua sur sa jeunesse et son image de renouveau à droite, face à De Gaulle. Malgré l'usage de méthodes modernes (sondages, utilisation d'entreprises de conseils en communication, etc.), Lecanuet obtiendra un score d'à peine plus de 15 %, en-deçà de son objectif et très loin de Mitterrand.

Les autres candidatures eurent un impact plus anecdotique:

Candidats malheureux à la candidature

D'autres personnalités avaient été pressenties à la candidature, mais ne sont pas présentées :

  • Antoine Pinay, président du conseil pendant neuf mois en 1952, reprochait au général son anti-américanisme et sa politique de la chaise vide avec les partenaires européens.
  • Gaston Defferre fut présenté comme Monsieur X par l'hebdomadaire l'Express dirigé par Jean-Jacques Servan-Schreiber en septembre 1963[4]. Le maire socialiste de Marseille voulait mener une campagne centriste, en s'efforçant de rassembler des réformateurs venus d'horizons variés, sans tenir compte de leur étiquette politique. Vertement critiqué par le PCF et l'aile gauche de la SFIO, il ne parvient pas à obtenir le soutiens du MRP, qui refuse toute référence au socialisme et à la laïcité, indispensables aux yeux de son parti[2]. Il est investi par ce dernier en mai 1965[5] pour former une "grande fédération démocrate et socialiste", allant des socialistes aux démocrates-chrétiens, dans l'objectif de mettre fin aux clivages partisans hérités de la IVème République pour transformer le paysage politique français autour d'un programme politique inédit. Malgré une campagne très active au cours de l'été 1965, son équipe finit par reconnaître son échec par manque de soutiens, et le projet est abandonné en juin[2].

Campagne électorale

Le général de Gaulle choisit pour affiche de campagne une petite fille dessinée par Lefor et Openo avec comme slogan : « J'ai sept ans, laissez-moi grandir ».

La campagne montra par ailleurs l'importance de la télévision (la France comptant alors 6 385 000 récepteurs), chaque candidat ayant alors le même temps de parole lors de la campagne officielle.

Résultats

Premier tour le 5 décembre 1965

Nombre  % Inscrits  % Votants
Inscrits 28 913 422 100,00
Abstentions   4 410 465 15,25
Votants 24 502 957 84,75
Blancs ou nuls     248 403 1,01
Exprimés 24 254 554 98,99
Majorité absolue 12 127 278
Candidat % Suffrages
Charles de Gaulle (Union pour la nouvelle République - Union démocratique du travail) 44,65% 10 828 523
François Mitterrand (Convention des Institutions Républicaines, investi par la Section française de l'Internationale ouvrière, soutenu par le Parti communiste français, le Parti Radical et le Parti socialiste unifié) 31,72% 7 694 003
Jean Lecanuet (Mouvement républicain populaire, soutenu par le Centre national des indépendants et paysans) 15,57% 3 777 119
Jean-Louis Tixier-Vignancour (Extrême droite) 05,20% 1 260 208
Pierre Marcilhacy (Parti libéral européen) 02,00% 415 018
Marcel Barbu (Sans étiquette) 01,15% 279 683

Second tour le 19 décembre 1965

Nombre  % Inscrits  % Votants
Inscrits 28 902 704 100,00
Abstentions   4 531 057 15,73
Votants 24 371 647 84,27
Blancs ou nuls     668 213 2,74
Exprimés 23 703 434 97,26

Charles de Gaulle (UNR-UDT) 55,20% 13 083 699
François Mitterrand (CIR) 44,80% 10 619 735


Notes et références

  1. Cité par Le Monde, 22 août 2006, page 14.
  2. a , b , c  et d Jean-François Sirinelli, La France de 1914 à nos jours, p. 347
  3. Jean-François Sirinelli, La France de 1914 à nos jours, p. 348
  4. Jean-François Sirinelli, La France de 1914 à nos jours, p. 346
  5. Le Monde, 22 août 2006, page 15

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