- Édouard VII du Royaume-Uni
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Édouard VII, né le 9 novembre 1841 et mort le 6 mai 1910 a été roi du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande, roi des dominions britanniques, et empereur des Indes. Il était le fils de la reine Victoria et le premier monarque britannique appartenant à la Maison de Saxe-Cobourg-Gotha. Il a régné du 22 janvier 1901 jusqu'à sa mort, le 6 mai 1910.
Avant son accession au trône, Édouard porta le titre de prince de Galles. Il est le deuxième plus long héritier au trône de l'histoire de la monarchie britannique, après son arrière-arrière-petit-fils, le prince Charles, prince de Galles actuel, qui a battu son record de longévité le 28 janvier 2008. Le règne d'Édouard, appelé maintenant la période édouardienne, vit la première reconnaissance officielle du bureau du Premier ministre. Il a été le premier monarque britannique à visiter la Russie (1907). Édouard a aussi joué un rôle dans la modernisation de la flotte britannique et dans la réforme des services médicaux de l'armée après la Seconde Guerre des Boers.
Sommaire
Biographie
Jeunesse
Édouard est né le 9 novembre 1841 au palais de Buckingham. Sa mère était la reine Victoria, la seule fille du prince Edward Augustus, duc de Kent et Strathearn et la petite-fille du roi George III. Son père était Albert, prince de Saxe-Cobourg-Gotha, le cousin germain et le Prince Consort de Victoria. Baptisé Albert Édouard à la chapelle Saint-Georges, à Windsor, le 25 janvier 1842, il a été surnommé « Bertie » tout au long de sa vie.
En tant que fils aîné d'un souverain britannique, il était automatiquement duc de Cornouailles et de Rothesay, comte de Chester et de Carrick, baron Renfrew, lord des Îles et prince et grand sénéchal d'Écosse. En tant que fils du prince Albert, il a tenu aussi les titres de prince de Saxe-Coburg-Gotha et de duc de Saxe. La reine Victoria a également titré son fils prince de Galles et comte de Chester le 8 décembre 1841. Il a été titré comte de Dublin et chevalier de la Jarretière le 9 novembre 1853 et chevalier du Chardon le 24 mai 1867. En 1863, il a renoncé à ses droits de succession au duché de Saxe-Coburg-Gotha en faveur de son plus jeune frère, le prince Alfred, duc d'Edimbourg.
La reine Victoria et le prince Albert avaient décidé que leur fils aîné aurait une éducation le préparant à être un monarque constitutionnel modèle. À l'âge de sept ans, Bertie a entamé un programme éducatif rigoureux conçu par le prince consort sous le contrôle de plusieurs professeurs. Cependant, contrairement à sa sœur aînée, le prince de Galles n'a pas excellé dans ses études. Il a essayé de répondre aux espérances de ses parents, mais sans résultat. Il n'était pas un étudiant diligent et ses vrais talents étaient son charme, sa sociabilité et son tact. D'autres observateurs dans sa jeunesse l'ont trouvé gâté, paresseux et, de temps en temps, cruel.
Dans sa jeunesse, il a gagné une réputation de séducteur. En décembre 1861, son père meurt de la typhoïde deux semaines après avoir rendu visite à Bertie à Trinity College (Cambridge) ; le prince Albert avait réprimandé son fils à propos de sa liaison avec une actrice pornographique devenue le sujet de commérage dans la presse. La reine, qui était inconsolable et a porté le deuil pour le reste de sa vie, a blâmé Bertie pour la mort de son père. Elle considérait son fils comme frivole, indiscret et irresponsable.
Mariage et descendance
Après son veuvage, la reine Victoria s'est retirée de la vie publique, mais peu après la mort du prince consort, elle a arrangé le mariage de son fils avec Alexandra de Schleswig-Holstein-Sonderburg-Glücksburg, fille aînée du futur roi Christian IX de Danemark. Le couple se maria à la chapelle Saint-Georges, à Windsor, le 10 mars 1863.
Ils eurent six enfants :
- Albert Victor (1864-1892), duc de Clarence, fiancé en 1892 à Mary de Teck
- George, qui lui succéda qui épouse en 1893 Mary de Teck (1867-1953) (ex fiancée de son frère)
- Louise (1867-1931) qui épouse en 1889 Alexandre Duff (1849-1912), créé duc de Fife
- Victoria (1868-1935), sans alliance
- Maud (1869-1938) qui épouse en 1896 Charles de Danemark (1872-1957) roi de Norvège en 1905 sous le nom de Haakon VII
- Alexandre-John (6 avril 1871 – 7 avril 1871)
Édouard et sa femme choisirent l'hôtel de Marlborough comme résidence londonienne et Sandringham House dans le Norfolk comme maison de campagne, où ils organisaient de nombreuses réceptions.
Leur mariage a rencontré la désapprobation de certains cercles parce que la plupart des relations de Victoria étaient allemandes, et le Danemark était en désaccord avec la Prusse à propos des territoires du Schleswig et du Holstein. Victoria elle-même était partagée sur le sujet. Après le mariage du couple, elle a exprimé son anxiété sur leur manière de vivre et a tenté de leur imposer ses vues sur de nombreux sujets, jusqu'aux noms de leurs enfants.
Le Schleswig et le Holstein ayant été annexés par la Prusse au détriment du Danemark, il s'ensuivra une inimitié d'Alexandra, princesse de Galles, envers la Prusse. Elle parviendra à convaincre de cette inimitié Édouard, puis Victoria, contribuant ainsi à détacher le Royaume-Uni de l'Allemagne.
Édouard a traité son mariage avec légèreté, continuant à avoir des maîtresses, dont l'actrice Lillie Langtry, et Jennie Jerome, la mère de Winston Churchill. Sa dernière maîtresse « officielle », Alice Keppel, était même présente à son lit de mort en 1910, sur sa demande expresse.
Héritier du trône
Pendant le veuvage de Victoria, Bertie est chargé de représenter la souveraine lors des rassemblements publics. Mais même une fois mari et père, il ne put endosser un rôle d'envergure dans le gouvernement du royaume. Plusieurs incidents — y compris un simulacre de procès en divorce, notoire — émaillèrent la période précédant son accession au trône et Bertie avait mauvaise presse, apparaissant comme un mauvais candidat à la monarchie.
Il s'est adonné avec enthousiasme à la pratique des sports nationaux. Édouard était également féru d'art et avait un goût prononcé pour les sciences. Il a contribué à fonder l'Université royale de musique.
Règne
Quand la reine Victoria mourut le 22 janvier 1901, Bertie devint roi. Alors âgé de 60 ans, il était le deuxième plus vieil homme à monter sur le trône dans l'histoire britannique (le plus vieux ayant été Guillaume IV, qui est monté à l'âge de 65 ans). À la surprise de beaucoup, il choisit de régner sous le nom d'Édouard VII au lieu d'Albert-Édouard Ier. Le nouveau roi a choisi le nom Édouard parce qu'il avait été porté par six de ses prédécesseurs, et aucun souverain britannique n'avait jamais régné sous un nom double. Édouard VII (et la reine Alexandra) fut couronné roi du Royaume-Uni et empereur des Indes à l'Abbaye de Westminster le 9 août 1902 lors d'une cérémonie très importante, qui rassembla des invités du monde entier, dont un envoyé éthiopien, le Ras Makonnen.
Le père de l'Entente cordiale
En tant que roi, les principaux intérêts d'Édouard relèvent du champ des affaires étrangères et des questions navales et militaires. Ayant des facilités en français et en allemand, il a fait plusieurs visites à l'étranger.
Comme beaucoup de Britanniques, il manifesta de l'inquiétude devant la montée en puissance de l'Allemagne, notamment dans le domaine naval. En plus, une forte animosité l'opposait à son neveu, le Kaiser Guillaume II. Aussi, il décide de tout faire pour favoriser un rapprochement avec la France, malgré la rivalité coloniale qui caractérisait les relations entre ces deux pays.
Conscient de la nécessité de rallier d'abord l'opinion française, il entreprend de très fréquents séjours en France, rencontre des parlementaires, des ministres et des journalistes en répétant le même discours sur l'amitié à reconstruire entre les deux peuples.
Un de ses voyages les plus importants fut une visite officielle en France au printemps 1903, comme hôte du président Émile Loubet. Accueilli d'abord avec hostilité, il repart sous les applaudissements, obtenus grâce à son savoir-faire personnel. En rentrant à Londres, il put informer le Cabinet que l'alliance était prête.
Cette visite contribua à créer l'atmosphère nécessaire à la conclusion de l'Entente cordiale, un accord simple délimitant les colonies britanniques et françaises en Afrique du Nord, et rendant pratiquement inconcevables les guerres qui avaient si souvent divisé les deux pays par le passé. Négocié entre le ministre des Affaires étrangères français, Théophile Delcassé, et le secrétaire aux Affaires étrangères britannique, le marquis de Lansdowne, et signé le 8 avril 1904 par Lord Lansdowne et l'ambassadeur français Paul Cambon, l'Entente a marqué la fin d'un siècle de rivalités franco-britanniques et mis un terme à l'isolement du Royaume-Uni des affaires continentales.
« L'oncle de l'Europe »
Édouard VII était, principalement par sa mère et son beau-père, apparenté à presque tous les monarques européens et devint rapidement « l'oncle de l'Europe. »
- L'empereur allemand Guillaume II, le tsar Nicolas II de Russie, Alphonse XIII le roi d'Espagne, le futur roi Gustave V de Suède, le duc Charles-Edouard de Saxe-Cobourg et Gotha et le prince Ernest-Auguste III de Hanovre, étaient les neveux du souverain britannique ;
- Georges Ier, roi des Hellènes et Frédéric VIII, roi de Danemark étaient ses beaux-frères ; Haakon VII, le roi de Norvège, était son gendre et son neveu par alliance ;
- Albert Ier, roi des Belges, Manuel II le roi du Portugal, Ferdinand Ier le roi de Bulgarie, Wilhelmina la reine des Pays-Bas étaient ses cousins.
La relation volatile d'Édouard avec son neveu, Guillaume II, a aggravé les tensions entre l'Allemagne et le Royaume-Uni dans la décennie précédant la Première Guerre mondiale.
Dans la dernière année de sa vie, Édouard fut entraîné dans une crise constitutionnelle initiée par la majorité conservatrice à la Chambre des Lords qui refusait de passer « le Budget du Peuple » proposé par le gouvernement libéral du Premier Ministre Herbert Henry Asquith. Édouard fit savoir à Asquith qu'il pourrait, si la crise se prolongeait, user de sa prérogative royale et nommer de nouveaux pairs à la Chambre des Lords, favorables au « Budget du Peuple ». Le roi mourut avant la victoire libérale en 1910 aux élections législatives qui permit de résoudre la situation.
En tant que roi, Édouard VII a connu plus de succès que n'importe qui ne l'avait annoncé, mais il était déjà un vieil homme et avait peu de temps pour apprendre son nouveau rôle. Il s'est assuré que son deuxième fils et son deuxième héritier, qui deviendrait Georges V, étaient mieux préparés à monter sur le trône. Édouard VII fut enterré en la chapelle St. Georges, au Château de Windsor.
Anecdotes
Edouard VII est à l'origine d'une coutume vestimentaire : celle de laisser, pour la gent masculine, le dernier bouton de sa veste de costume, de son gilet de costume, ou de son cardigan ouvert. En effet, il oublia de fermer le dernier de sa veste suite à un repas particulièrement copieux ce qui entraîna le même comportement chez ses sujets. Depuis, cette coutume constitue une norme dans le port du complet-veston[1].
Annexes
Articles connexes
Références
- Dressing the man : mastering the art of permanent fashion, Alan Flusser
Catégories :- Maison de Saxe-Cobourg et Gotha
- Naissance à Londres
- Naissance en 1841
- Prince de Galles
- Duc de la pairie d'Écosse
- Duc de la pairie d'Angleterre
- Duc de Cornouailles
- Comte de Chester
- Décès en 1910
- Monarque du Royaume-Uni
- Chevalier de la Jarretière
- Chevalier de l'Ordre de Saint-André
- Seigneur de Man
- Étudiant de Trinity College (Cambridge)
- Chevalier de l'ordre espagnol de la Toison d'Or (XIXe siècle)
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