- Économie classique
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École classique
L’École classique en économie regroupe des économistes du XVIIIe siècle et du XIXe siècle. Ses membres les plus importants sont, en Grande-Bretagne, Adam Smith (1723-1790), David Ricardo (1772-1823), Thomas Malthus (1766-1834), John Stuart Mill (1806-1873), et en France, Jean-Baptiste Say (1767-1832) et Frédéric Bastiat (1801-1850). Le terme a été employé pour la première fois par Marx dans Le Capital[1].
Il est impossible de fixer à cette école de pensée des contours précis, que ce soit en termes de dates, d’auteurs ou de thèses. Les auteurs postérieurs en ont donné des définitions différentes, incluant ou excluant certains auteurs et privilégiant certaines thèses, selon qu’ils souhaitaient présenter leurs propres positions comme en rupture avec les positions présumées « classiques » ou au contraire cohérentes avec elles.
Par exemple, Marx définit l’école classique par l’adhésion au concept de la valeur-travail. Il en exclut donc Say qu’il critique sévèrement. En se réclamant de Smith et surtout de Ricardo, Karl Marx est considéré par certains historiens de la pensée économique comme le dernier des classiques.
Carl Menger caractérise lui aussi l’école classique par la notion de valeur-travail, mais c’est pour s’en séparer et proposer une théorie subjective de la valeur qui est justement celle des classiques français qu’il semble ignorer.
Keynes définit l’école classique par l’adhésion à la « loi des débouchés » ou loi de Say dans la version popularisée par James Mill.
Joseph Schumpeter, en la définissant comme la période 1790-1870, en exclut Turgot et Smith mais y inclut Marx[2].
En réalité, on ne peut pas caractériser l’école classique par un ensemble cohérent de thèses partagées par tous les auteurs de cette période. Plutôt que d’une école de pensée à proprement parler, il s’agit plutôt d'une période d’intense réflexion économique qui a donné lieu à une diversité de positions, et à des controverses sur certaines.
Sommaire
La démarche des économistes classiques
La pensée économique classique se développe en même temps que naissent la société industrielle et le capitalisme moderne. Ces penseurs sont principalement des philosophes (Condillac, Smith) ou des praticiens (Cantillon, Say, Turgot, Ricardo). Ils cherchent avant tout à expliquer les phénomènes de croissance, de développement et de répartition des richesses entre les différentes classes sociales.
Les économistes classiques voient tous les phénomènes économiques comme interdépendants et veulent proposer une théorie générale intégrant tous les phénomènes économiques. À la suite des Physiocrates, ils croient à l'existence de lois valables à toutes les époques et dans toutes les régions du monde et cherchent à les identifier.
Leur analyse est dynamique. Ils s’intéressent aux processus de production, d’échange, de formation des prix, de formation des revenus, et non à d'hypothétiques états d'équilibre. Ils utilisent pour cela l’observation et le raisonnement logique, et ne recourent que très exceptionnellement aux mathématiques.
Cette conception de la discipline économique est commune à tous les classiques et les distingue de la plupart des écoles de pensée apparues à partir de la fin du XIXe siècle, notamment des néoclassiques qui constituent aujourd'hui la tendance dominante.
Les deux conceptions de la valeur
Les premiers économistes classiques cherchent à donner un fondement objectif à la valeur des choses, qu’ils placent d’abord dans la terre (Cantillon, Quesnay et les Physiocrates), puis dans le travail (Smith, Ricardo et plus tard Marx). Pour ces derniers, la valeur des marchandises doit être la valeur d'échange (faculté d'une marchandise à être échangée contre une autre marchandise), dont la mesure va être le coût du travail (plus le coût du travail sera important, plus la valeur d'échange augmentera).
Après Condillac et Turgot, les classiques français se séparent sur ce point des classiques anglais en adoptant une conception subjective de la valeur, qui repose sur l’utilité espérée des biens (« le degré d’estime que l’homme attache aux différents objets de ses désirs » (Turgot)). Ils renoncent ainsi à la notion de « prix naturel » ou « juste prix » et annoncent la position des économistes marginalistes de la fin du XIXe siècle.
La monnaie
Pour les Classiques, la monnaie est fondamentalement un instrument d’échange. Ses autres fonctions d'expression de la valeur et de réserve de valeur sont des aspects particuliers de sa fonction primaire. In fine les produits s’échangent toujours contre des produits (définition de Jean Baptiste Say, loi des débouchés).
La quantité de monnaie en circulation n’a pas d’importance : les prix s’ajustent à la quantité de monnaie disponible. Créer de la monnaie n’augmente pas la masse des richesses réelles disponibles. En ce sens, la monnaie n’est qu’un ‘voile’.
Il est néanmoins inexact de dire que les classiques considèrent que la monnaie est neutre. L'économie peut fonctionner avec une quantité quelconque de monnaie, mais les variations de cette quantité, ou celles de la valeur de la monnaie, ne sont pas neutres. En effet, la monnaie nouvellement créée se répand dans la société à partir de points précis et de façon progressive, ce qui entraîne des effets différenciés sur les prix et donc sur les comportements des agents économiques. C'est ce qu'on appelle l’effet Cantillon.
Le rôle central de l'offre
La problématique des classiques est principalement celle de la formation des richesses. Leur analyse est donc centrée sur la production et l’offre. De plus, puisque leur époque est encore dominée par la pénurie, ils postulent implicitement que tout produit répond à un besoin.
Jean Baptiste Say pose en principe que tout produit terminé crée des débouchés pour d’autres produits. En d'autre termes, chaque fois qu’un producteur augmente son activité il crée en même temps de nouveaux débouchés pour ses fournisseurs, il crée de nouveaux salaires pour ses employés, il crée un surcroît d’activité pour ses distributeurs.
Cette "loi de Say" ne veut toutefois pas dire que tout produit trouve nécessairement une demande, ou comme l’a interprété Keynes que "l'offre crée sa propre demande". Il peut y avoir à chaque instant une surproduction de tel ou tel bien, mais il ne peut pas y avoir de crises de surproduction générales et durables. Si un produit ne trouve pas preneur, ses producteurs cesseront de le produire et s’orienteront vers d’autres productions.
Il ne peut y avoir que des engorgements sectoriels et momentanés, résultant d'une mauvaise prévision du marché par les entrepreneurs. Dans cette vision de l'économie, les crises ne peuvent être endogènes au système économique, mais sont le fruit de chocs exogènes comme les guerres ou les sécheresses.
Cette opinion émise par Say a été soutenue par Ricardo et Mill, mais contestée par Malthus et Sismondi.
La place de l'épargne
Un objectif important des économistes classiques est d'expliquer les mécanismes du progrès. Celui-ci ne peut résulter que de progrès dans la division du travail et l'utilisation d'outils de plus en plus perfectionnés. Ils confèrent donc un rôle essentiel à l’investissement (augmentation du stock de capital), qui nécessite l’épargne. Pour Adam Smith, « l’industrie de la société ne peut augmenter qu’autant que son capital augmente et ce capital ne peut augmenter qu’a proportion de ce qui peut être épargné ».
En d’autres termes, l’épargne, comprise à la fois comme l’épargne des ménages et comme l’épargne des entreprises, est un préalable nécessaire à l’investissement et au progrès.
Le rôle de l'État
Les économistes classiques sont généralement libéraux. D'après eux, les actions et interactions économiques aboutissent à la formation d’un ordre spontané, que Smith illustre par la métaphore de la « main invisible », et l'intervention de l'État dans le fonctionnement de l'économie doit être minimale sinon nulle. Cet ordre spontané se caractérise par la division du travail, ou spécialisation. Chaque individu, au lieu de fabriquer un objet entièrement, se spécialise dans une tâche particulière de sa fabrication, ce qui permet une augmentation de la production.
Voir aussi
Références et notes
- ↑ « Je fais remarquer une fois pour toutes que j’entends par économie politique classique toute économie qui, à partir de William Petty cherche à pénétrer l’ensemble réel et intime des rapports de production dans la société bourgeoise, par opposition à l’économie vulgaire qui se contente des apparences…et se borne à ériger pédantesquement en système et à proclamer comme vérités éternelles les illusions dont le bourgeois aime à peupler son monde à lui, le meilleur des mondes possibles. » A.Samuelson, Les grands courants de la pensée économique, éd. PUG, 1990, p. 46
- ↑ Joseph Schumpeter, Histoire de l'analyse économique, 1954
Liens internes
Bibliographie
- Samuel Hollander Classical Economics (Oxford: Blackwell, 1987)
- Evelyn L.Forget, Sandra Peart (eds) 2000, Reflections on the Classical Canon in Economics: Essays in Honor of Samuel Hollander, Roudlege.
- Daniel Villey, Petite histoire des grandes doctrines économiques, Première édition 1944.
Liens externes
- Classical economics, Encyclopædia Britannica
- École Classique, Encyclopédie du CEPA Newschool
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