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Vénètes (Gaule)
Pour les articles homonymes, voir Vénètes (homonymie).Les Vénètes sont un des peuples celtes de Gaule celtique. Leur territoire occupait approximativement le royaume du Bro Waroch créé au ve siècle, futur pays de Vannes et département du Morbihan.
Le peuple des Vénètes dont la capitale se situa probablement à Locmariaquer jusqu'au ie siècle av. J.-C. est notamment connu parce que cité par Jules César dans ses Commentaires sur la Guerre des Gaules en tant que peuple rebelle à l'empire Romain. Au cours du ie siècle av. J.-C., les romains donnèrent comme nouvelle capitale aux Vénètes la cité de Darioritum aujourd'hui connue sous le nom de Vannes.
Même si l'homonymie avec le peuple des Vénètes d'Italie (Venetie) n'est à ce jour pas expliqué, certains historiens posent comme hypothèse l'existence d'un lien entre les deux peuples Vénètes ainsi qu'avec un peuple germanique : les Wendes.
Sommaire
Les Vénètes d'Armorique
L'Armorique (Aremorica) était habitée au sud par les Vénètes (celtique Veneti) :
« Par leur marine considérable, leur supériorité nautique bien reconnue et leurs relations commerciales avec l'île de Bretagne, les Vénètes étaient devenus un peuple très puissant, dont l'autorité s'étendait au loin sur tout le littoral de la Gaule et de la Bretagne Insulaire. Ils possédaient un petit nombre de ports situés sur cette mer ouverte et orageuse à de grandes distances les uns des autres et rendaient tributaires presque tous les navigateurs obligés de passer dans leurs eaux. »— Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, III, 8.
Les Vénètes, puissante et influente puissance maritime et commerciale, comme plus tard le seront Venise ou Saint Malo, avaient une forte organisation. Ils étaient dotés d’un sénat et avaient notamment une flotte importante pour commercer avec les îles Britanniques et l'Italie. Ils diffusaient le vin et l'huile (convoyés depuis Bordeaux) en Armorique et aussi en Bretagne insulaire notamment à Hengistbury Head (non loin de Bournemouth dans le Dorset actuel). Ils vendaient entre autres productions les salaisons et les charcuteries armoricaines déjà bien connues et appréciées à Rome outre l'étain, le plomb et le cuivre de la grande île.
Plus au sud de l'Aremorica il y avait les Namnètes qui demeuraient dans l'embouchure de la Loire et donnèrent leur nom à la ville de Nantes. Les Namnètes sont appelés « Samnites » par Strabon et par Ptolémée[1]. Les Namnètes furent pendant longtemps une simple tribu des Vénètes.
Les Pictons étaient hostiles aux Vénètes comme on peut le déduire de leur liaison avec le proconsul Jules César dès sa première campagne[2] et des navires construits ou fournis aux Romains par eux, par les Santons et d'autres peuples gaulois pour leur faciliter la ruine des Vénètes[3].
La Guerre des Vénètes
Article détaillé : Guerre des Vénètes.Au début de l'année 56 av. J.-C., Publius Crassus envoie des hommes demander du blé aux tribus armoricaines voisines[4]. Les tribuns militaires Quintus Velanius et Titus Sillius sont envoyés chez les Vénètes afin de récolter leur tributs. Les rebelles Vénètes prennent en otage les tribuns. Les Esuvii et Coriosolites imitent les Vénètes.
Devant faire face à cette rébellion, César ordonne à Crassus de faire construire des trirèmes sur la Loire pour préparer une bataille[5].
Les Gaulois fortifient leurs villes, amassent les provisitions et s'allient avec de nombreux autres peuples gaulois (Osismes, Lexoviens, Namnètes, Ambilatres, Morins, Aulerques Diablintes et Ménapiens) et quelques autres bretons[6].
César craint que cette rébellion affaiblisse le pouvoir de l'Empire en Gaule. Il envoie ses légats et généraux à divers points stratégiques de la Gaule. Crassus est dirigé vers l'Aquitaine, afin d'empêcher les peuples locaux de renforcer l'armée Vénète.
Les sièges sont vains et il est nécessaire de mener une bataille navale[7].Junius Brutus Albinus commande la flotte romaine lors de la bataille qui eut lieu l'été, dans un espace maritime limité par Houat, Hoëdic, l’île Dumet, Sarzeau et l’entrée du Golfe. Les Vénètes, malgré leur supériorité maritime et leurs lourds navires, sont défaits par les romains qui profitent d'une mer sans vent et d'une tactique de la part des romains qui se révéla payante.
Une fois leur flotte détruite, les Celtes n'avaient plus les moyens de lutter et se rendirent. César, vainqueur, fit alors exécuter tous les membres du Sénat vénète, le reste de la population fut déporté et réduit en esclavage.
Selon Jules César, les navires vénètes étaient supérieurs à ceux des romains : leurs carènes étaient plus plates et étaient donc plus adaptée au bas-fonds et aux reflux. Les proues et les poupes étaient très relevées ce qui leur permettait de naviguer plus facilement par gros temps et par tempête. Les bateaux étaient en bois, les ancres étaient retenues par des chaînes et les voiles étaient faites à partir de peaux. En outre, ils étaient plus grands et plus massifs que les navires romains et leurs coques étaient si solides qu’elles résistaient parfaitement à leurs coups d’éperons. Leurs bords étaient également plus hauts, ce qui protégeait les soldats des tirs des Romains, qui eux-mêmes étaient en position vulnérable, enfin ces hauts bords rendaient difficile un abordage de l’ennemi.
Cette description des navires vénètes est la seule description contemporaine à la Guerre des Vénètes qui nous soit parvenue :
« Les vaisseaux des ennemis étaient construits et armés de la manière suivante : la carène en est un peu plus plate que celle des nôtres, ce qui leur rend moins dangereux les bas-fonds et le reflux ; les proues sont très élevées, les poupes peuvent résister aux plus grandes vagues et aux tempêtes ; les navires sont tout entiers de chêne et peuvent supporter les chocs les plus violents. Les bancs, faits de poutres d'un pied d'épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d'un pouce ; les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordages ; des peaux molles et très amincies leur servent de voiles, soit qu'ils manquent de lin ou qu'ils ne sachent pas l'employer, soit encore qu'ils regardent, ce qui est plus vraisemblable, nos voiles comme insuffisantes pour affronter les tempêtes violentes et les vents impétueux de l'Océan, et pour diriger des vaisseaux aussi pesants. Dans l'abordage de ces navires avec les nôtres, ceux-ci ne pouvaient l'emporter que par l'agilité et la vive action des rames ; du reste, les vaisseaux des ennemis étaient bien plus en état de lutter, sur ces mers orageuses, contre la force des tempêtes. Les nôtres ne pouvaient les entamer avec leurs éperons, tant ils étaient solides ; leur hauteur les mettait à l'abri des traits, et, par la même cause, ils redoutaient moins les écueils. Ajoutons que, lorsqu'ils sont surpris par un vent violent, ils soutiennent sans peine la tourmente et s'arrêtent sans crainte sur les bas-fonds, et, qu'au moment du reflux, ils ne redoutent ni les rochers ni les brisants ; circonstances qui étaient toutes à craindre pour nos vaisseaux. »— Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, III, 13.
Bibliographie
Fictions
Colette Geslin, La bataille des Vénètes, Terre de Brumes. « Bibliothéque celte », Dinan, 1998 (ISBN 2843620104)
Ouvrages historiques
L'origine des Vénètes
- Pierre Merlat, « Veneti », Paulys realencyclopädie des classischen Altertums-Wissenschaft, vol. VIII A1, col.705-783, Stuttgart, 1955 (réédition dans : Les Vénètes d'Armorique, Archéologie en Bretagne, 3e supplément, Brest, 1982, 137 pages.)
- Pierre Merlat, « Les Vénètes d'Armorique, problèmes d'histoire et d'administration », Bulletin de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, 1959, pp.5-40.
- Alfred Lallemand, « Géographie des Gaules jusqu'au Ve siècle, Vénétie armoricaine, campagne de César en l'an 56 avant Jésus-Christ », Annuaire du Morbihan, 1860, p.3.
- Alfred Lallemand, « Histoire de la Vénétie Armoricaine. Origine celtique et commune de tous les peuples qui ont porté le nom de Vénètes », Annuaire du Morbihan, 1862, p.1.
La monnaie des Vénètes
- Michel Clément, Patrick Galliou, Le dépôt gaulois de Brec'h (Morbihan), Revue Archéologique de l'Ouest, n°2, 1985, pp.65-71.
- Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « Une énigme de la numismatique armoricaine : Les monnaies celtiques des Vénètes , I. Le billon », Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, tome XXXIII, 1953, pp.5-52.
- Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « Une énigme de la numismatique armoricaine : Les monnaies celtiques des Vénètes , II. L'or », Mémoires de la Société d'Histoire et d'Archéologie de Bretagne, tome XXXIV, 1954, pp.5-38.
- Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « Contribution de la numismatique à l'étude de la catastrophe des Vénètes », Annales de Bretagne, tome 61, fascicule 1, 1954, pp.184-200.
- Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « Le monnayage des Vénètes », Annales de Bretagne, tome 62, fascicule 1, 1955, pp.166-170.
- Jean-Baptiste Colbert de Beaulieu, « Le monnayage des Vénètes », Annales de Bretagne, tome 63, fascicule 1, 1956, pp.45-50.
Notes et références
- ↑ Jules César, Guerre des Gaules, II, c-8
- ↑ Guerre des Gaules, VIII,26. Jules César
- ↑ Guerre des Gaules, III, 11 Jules César
- ↑ César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre III, 7-8
- ↑ César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre III, 9 & 12-13
- ↑ César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre III, 11
- ↑ César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, Livre III, 14-15
Articles connexes
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