- Thénardier
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Thénardier est le patronyme d'une famille « misérable » que Victor Hugo met en scène et décrit dans son roman Les Misérables (1862).
Sommaire
Biographie des personnages
Cette famille occupe un rôle clé dans le roman. En effet, on fait leur connaissance assez vite (en mai 1818 dans la première partie, Livre IV) lorsque Fantine, la mère de Cosette, passe devant leur auberge « Au sergent de Waterloo » à Montfermeil.
La famille est composée du père (né en 1773, puis émigre aux Amériques avec Azelma en 1833 où il se fait « négrier »), de la mère (sans doute née entre 1783 et 1789[1], décédée en 1832 en prison), des deux filles Éponine et Azelma, du petit Gavroche et de deux autres garçons encore plus jeunes (on ignorera toujours leurs prénoms) dont le couple s'est « débarrassé » lors d'une sordide transaction (la mère n'aime que ses filles, d'où son désintérêt pour Gavroche qui se trouve livré à lui-même dans la rue). Le père est un ancien soldat devenu sergent et médaillé à la bataille de Waterloo pour avoir « sauvé » un officier gravement blessé, le colonel Pontmercy. L'officier est revenu à lui alors que Thénardier était occupé à le dépouiller, comme il le faisait sur tous les cadavres du champ de bataille et, pour éviter d'être fusillé comme pilleur, il se fait passer pour un bon samaritain, d'où le nom de son auberge qu'il affiche comme une gloire.
Fantine ne peut pas garder son enfant, car elle retourne à Montreuil-sur-Mer, sa ville natale, pour y chercher du travail et, en 1818, une mère célibataire était rejetée par la société. Les Thénardier acceptent de prendre Cosette en pension moyennant le paiement de 7 francs par mois. Fantine « confie » un peu trop rapidement Cosette aux Thénardier après avoir aperçu la mère Thénardier attentionnée avec ses fillettes. Les Thénardier promettent à Fantine de bien s'occuper de Cosette, mais, jaloux de voir cette petite toute fraîche et jolie, ils l'asservissent et la maltraitent. Cosette ne connaît plus que la tristesse tandis que le couple Thénardier réclame des sommes de plus en plus élevées à Fantine qui, pour continuer à leur verser une pension mensuelle devenue exorbitante, et après avoir perdu son emploi, vendra ses cheveux et ses dents de devant, puis, à bout de ressources, ira jusqu'à se faire fille publique avant de mourir en février 1823.
Leur auberge fait faillite en 1828 après que Jean Valjean a réussi à arracher Cosette de leurs griffes (en la leur achetant) pour se réfugier à Paris à la fin de l'année 1823. Les Thénardier réapparaissent à Paris (année 1830), se sont défaits, moyennant finances, de leurs deux plus jeunes fils, et ont changé de nom, ils sont la « famille Jondrette » avec leurs enfants Azelma, Éponine et Gavroche. Ils vivent d'expédients avant de devenir les pires des malfrats en s'acoquinant avec la bande Patron-Minette.
Dès le début, le couple Thénardier s'avère être menteur et fourbe, mais on peut penser que c'est un effet de la misère. Victor Hugo rend le ménage Thénardier antipathique alors qu'il s'apitoie sur leurs enfants exploités sans vergogne. Pour survivre, le couple n’hésite pas à recourir à toutes sortes de moyens criminels, du plus léger au rédhibitoire (exploitation éhontée de la pauvreté, vols, cambriolages, agressions, voire assassinat). De ce fait, la famille côtoie différents milieux interlopes (banditisme, prostitution), ce qui permet à Hugo de se pencher sur les causes sociales de ces comportements, de nous faire réfléchir et de nous inciter à ne pas condamner systématiquement certains agissements (digression Le Mauvais Pauvre).
Tout au long du roman, les destins de Jean Valjean, de Cosette, de Marius, ne cesseront de croiser ceux des Thénardier qui joueront, en bien et en mal, un rôle essentiel dans la vie des trois protagonistes.
Origine
Ce nom aurait été inspiré à Victor Hugo par Louis Jacques Thénard, son contemporain et chimiste renommé, qui était opposé à la réduction du temps de travail des enfants proposée par Hugo.
Cinéma et Télévision
Le couple Thénardier a été notamment incarné au cinéma et à la télévision par :
- Émile Mylo et Eugénie Nau, 1913, version d'Albert Capellani
- Edward Elkas et Mina Ross, 1917, version de Frank Lloyd
- Georges Saillard et Renée Carl, 1925, version d'Henri Fescourt
- Charles Dullin et Marguerite Moreno, 1934, version de Raymond Bernard
- Ferdinand Gottschalk et Jane Kerr, 1935, version de Richard Boleslawski
- Luigi Pavese et Jone Romano, 1947, version de Riccardo Freda
- Bourvil et Elfriede Florin, 1958, version de Jean-Paul Le Chanois
- Alain Mottet et Micha Bayard, 1972, version TV de Marcel Bluwal
- Ian Holm et Caroline Blakiston, 1978, version de Glenn Jordan
- Jean Carmet et Françoise Seigner, 1982, version de Robert Hossein
- Philippe Léotard et Annie Girardot, ainsi que Rufus et Nicole Croisille, 1995, version de Claude Lelouch
- Jon Kenny et Gillian Hanna, 1998, version de Bille August
- Christian Clavier et Veronica Ferres, 2000, version TV de Josée Dayan
- Geoffrey Rush et Helena Bonham Carter, 2012, version de Tom Hooper
Notes et références
- Librairie José Corti, 1985 (ISBN 2714300863). Par recoupements, Yves Gonin présume que la Thénardier, une monstruosité de la nature, pourrait être comme une « production de la révolution », idée séduisante la faisant naître en 1789, car Hugo brouille les pistes, écrivant à un moment qu'elle paraît avoir « à peine trente ans » en 1818, puis, à un autre moment, qu'elle aurait la quarantaine, car, en 1823, on lui donnerait « quarante ans ou cent ans ». Source : Lire Les Misérables, collectif universitaire, section Une histoire qui date d'Yves Gohin, pages 31 et 43,
Catégories :- Personnage des Misérables
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