Thubten Chökyi Nyima

Thubten Chökyi Nyima
Réincarnation du panchen-lama
Thubten Chökyi Nyima
Thubten Chökyi Nyima
Nom de naissance
Nom de réincarnation Thubten Chökyi Nyima
Prédécesseur Tenpai Wangchuk
Successeur Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen
Date de naissance 1883
Lieu de naissance Tibet

Thubten Chökyi Nyima (tibétain : ཐུབ་བསྟན་ཆོས་ཀྱི་ཉི་མ་ ; wylie : Thub-bstan Chos-kyi Nyi-ma), 1883-1937, est le nom du 9e Panchen Lama, seconde autorité spirituelle du Tibet.

Sommaire

Biographie

Thubten Chökyi Nyima est né en 1883, sa mère était une simple servante, qui gardait des troupeaux dans la montagne, elle ne dévoila pas le nom du père[1]. Il eut pour tuteur Khunu Lama Tenzin Gyaltsen[2].

Âgé seulement de 12 ans, le 13e dalaï lama a intronisé le 9e panchen lama[1].

En 1901, Choekyi Nyima a reçu la visite du lama mongol Agvan Dorjiev. Bien qu'il ne soit resté que deux jours au Tashilhunpo, Dorjiev a reçu du panchen lama certains enseignements secrets, de même que la lecture de la Prière de Shambhala, écrit par Lobsang Palden Yeshe, le 6e (ou 3e selon la nomenclature) panchen lama, à propos du royaume bouddhiste de Shambhala, qui fut d'une grande importance pour le développement de la compréhension par Dorjiev des enseignements tantriques du Kalachakra (la Roue de Temps). Choekyi Nyima a aussi donné des cadeaux à Dorjiev dont des statues en or[3].

Vers le début du XXe siècle, les relations sino-tibétaines sont conflictuelles, et mèneront à la fuite du 13e dalaï lama en Inde en 1908. La Chine prendra pretexte d'une suzeraineté pour demander à deux reprises au 9e panchen lama de prendre la place du 13e dalaï-lama, ce qu'il refusera. En 1911, la dynastie mandchoue des Qing s'effondre, et le 13e dalaï-lama déclare l'indépendance du Tibet en 1912.

Le 22 décembre 1923, le 9e panchen lama s'enfuit en Mongolie, se sentant menacé après que les moines de son monastère se virent interdire toute fonction dans le gouvernement tibétain, et que ses représentants furent enfermés à Lhassa, selon Gray Tuttle[4]. Selon John Powers, le 13e dalaï-lama essayait d'une part de prélever des revenus des domaines du panchen lama pour couvrir un quart des dépenses militaires du Tibet et d'autre part de réduire les pouvoirs de ce dernier, lequel, à l'époque, régnait sur une région de fait autonome autour de Shigatsé[5].

Selon Fabienne Jagou, malgré sa richesse apparente, le monastère de Tashilunpo était devenu insolvable, et ne pouvait plus payer sa contribution au gouvernement tibétain[6].

Apprenant le départ 9e panchen lama, Agvan Dorjiev tenta de le rencontrer sur sa route jusqu'à Pékin, en vain, il laisse cependant une lettre à son attention lui suggèrant de se raccorder avec le 13e dalaï lama. Le 9e panchen lama répondit à Agvan Dorjiev qu'il n'avait pas de différend avec le 13e dalaï lama, et que sa fuite avait pour cause une lutte entre ses disciples et ceux du dalaï lama[7]

Selon la thèse de Fabienne Jagou, le 9e panchen lama ne se serait pas enfui, mais serait parti à la recherche de donateurs mongols pour régler cet impôt. Après diverses péripéties, il atteint la province du Gansu. Il est conduit jusqu'à Pékin. En Chine, il s’intéresse aux « Trois principes du peuple » de Sun Yat-sen, et joue le rôle de médiateur pour la paix pour la Mongolie septentrionale. C’est encore en Chine qu’il élabore un projet de modernisation du Tibet[8]. Les républicains chinois ont tenté de jouer le parti du 9e panchen lama contre le 13e dalaï-lama afin de tenter de récupérer un Tibet qui s'émancipait. Le 9e panchen lama ne tardera pas à se trouver mêlé aux actions du gouvernement républicain nationaliste et au monde politique international, dont l'empire britannique des Indes qui envoie une expédition au Tibet. Le 13e dalaï-lama écrit au 9e panchen lama pour lui demander de rentrer au Tibet, il prédit aussi un avenir sombre pour le Tibet si la désunion se développe, et suggère de mettre en place un gouvernement démocratique. Avec la retraite des troupes britanniques et la mort du 13e dalaï-lama en 1933, le Tibet est alors devenu une cible de prédilection dans l'orbite chinoise. Le gouvernement républicain nationaliste chinois tente d'utiliser le panchen lama pour contrôler le Tibet. Le 9e panchen lama demeura quatorze ans en exil et mourra prématurément en 1937, à Jyekundo dans la région tibétaine du Kham, alors qu'il était en chemin vers son monastère du Tashilhunpo.

Interaction avec la diplomatie britannique

Dans les années 1930, le 9e panchen-lama affirma à un diplomate britannique alors en poste à Pékin qu'il l'avait rencontré dans son monastère. Le diplomate qui n'était jamais allé au Tibet apprit plus tard qu'il avait une ressemblance avec George Bogle[9].

Le panchen-lama rencontra Edward Maurice Berkeley Ingram.

Indications pour la réincarnation du 13e dalaï-lama

Peu avant sa mort, il donne des indications qui s'avèreront exactes à une délégation de lamas recherchant la réincarnation du 13e dalaï-lama. Il s'agissait d'informations sur la localisation de la maison où rechercher l'enfant, dans le village de Taktser dans l'Amdo [10]

Partit le Lhassa, la délégation de Ketsang Rinpoché et de ses 3 auxiliaires arriva dans le Kham après un voyage de 2 moins. Atteignant le village de Riwoché, Ketsang Rinpoché écrivit au panchen lama alors à Jyekundo, lui demandant si les escarmouches à la frontière sino-tibétaine pouvaient gêner la mission. Un mois plus tard, il reçut la réponse du panchen lama qui l’assurait qu’aucun obstacle ne surviendrait. Le 2e jour du Losar, ils rendirent visite au panchen lama lui remettant des présents et des documents scellés du gouvernement tibétain. Le panchen lama leur indiqua 3 noms d’enfants comme des candidats prometteurs. Il fournit au groupe 2 aides, des chevaux et ânes, un guide et les dirigea vers le nord, en Amdo. Des trois enfants mentionnés par le panchen lama, l'un était décédé avant la visite de la délégation et le second ne montra pas de signes permettant sa reconnaissance. Le 3e enfant reçu la visite de Ketsang Rinpoché et de Tsédroung Lobsang, accompagnés d'un moine et d'un interprète du monastère de Kumbum connaissant le tibétain de Lhassa, et qui se présentèrent comme des pèlerins. L'enfant reconnu Ketsang Rinpoché comme un lama de Séra et il mentionna le nom de Tsédroung Lobsang. Il s'agissait de Lhamo Teundroup qui allait être reconnu comme le 14e dalaï lama[11]

L'entourage du panchen lama reste divisé par l'influence chinoise, éclairant la mise en garde du 13e dalaï lama.

Destruction de sa sépulture et reconstruction

Tous les tombeaux du 5e au 9e panchen lama ont été détruits pendant la révolution culturelle, et furent reconstruits par le 10e panchen lama dans un mausolée situé au monastère de Tashilhunpo à Shigatsé, et connu sous le nom de Tashi Langyar[12].

Notes et références

  1. a et b Roland Barraux, Histoire des Dalaï-lamas, Albin Michel, Paris, 2002, (ISBN 2226133178), p 254
  2. David Paul Jackson, A saint in Seattle: the life of the Tibetan mystic Dezhung Rinpoche, p. 64
  3. Snelling 1993, pg. 77
  4. Gray Tuttle, Review of Fabienne Jagou's Le 9e Panchen Lama (1883-1937): Enjeu des relations sino-tibétaines, JIATS, no. 2 (August 2006), Columbia University, THDL #T2726.
  5. John Powers, History as Propaganda: Tibetan Exiles versus the People's Republic of China, Oxford University Press, 2004 (ISBN 978-0195174267). pg. 99
  6. Isabelle Charleux, Fabienne Jagou, Le 9e Panchen Lama (1883-1937). Enjeu des relations sino-tibétaines.
  7. Alexandre Andreyev, Soviet Russia and Tibet: the debacle of secret diplomacy, 1918-1930s p. 200
  8. Jagou, pp. 156-159, 206-208
  9. Patrick French, Diplomatic baggage
  10. Gilles Van Grasdorff, Panchen Lama, Otage de Pékin, Ramsay, 1999, (ISBN 2841142833) p. 139
  11. Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-lama ? Biographie et témoignages, Éditions Claire Lumière, 1993, (ISBN 2905998261). p. 16-20
  12. Mayhew 2005, pg. 175

Bibliographie

  • Fabienne Jagou, Le 9e Panchen Lama (1883-1937) : enjeu des relations sino-tibétaines, Publications de l'École Française d'Extrême-Orient : Monographies, no. 191, 2004, (ISBN 2855396328)
  • (en) Spencer Chapman, Lhasa: The Holy City, 1940, Readers Union Ltd., London.
  • (en) Bradley Mayhew et Michael Kohn, Tibet 6th Edition, 2005, Lonely Planet Publications. (ISBN 1-74059-523-8)
  • (en) John Powers, History as Propaganda: Tibetan Exiles versus the People's Republic of China, 2004, Oxford University Press. (ISBN 978-0195174267)
  • (en) John Snelling, Buddhism in Russia: The Story of Agvan Dorzhiev : Lhasa's Emissary to the Tsar, 1993, Element Books. (ISBN 1-85230-332-8)

Autres lectures

Voir aussi



Précédé de :
Tenpai Wangchuk
9e réincarnation du Panchen Lama : Thubten Chökyi Nyima
Suivi de :
Lobsang Trinley Lhündrub Chökyi Gyaltsen

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