Monastère de Kumbum

Monastère de Kumbum
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Vue du monastère de Kumbum

Le monastère de Kumbum ou Kumbum Jampa Ling (tibétain : sku 'bum byams pa gling, en chinois : 塔尔寺 ; Ta'er Si), est l'un des grands monastères de l'école Gelugpa du bouddhisme tibétain.
C'est d'ailleurs sur le site du futur monastère de Kumbum qu'est né Tsongkhapa, le fondateur de l'école Gelugpa (les « Bonnets Jaunes »), à laquelle appartient le Dalai Lama.

Le monastère de Kumbum se trouve en Amdo, la région culturelle du Tibet du nord-est, à 25 km au sud de Xining, capitale de la province de Qinghai.

Panorama du monastère de Kumbum, et de son chorten en avant-plan

Sommaire

Histoire

Statue de Tsongkhapa au monastère de Kumbum

Tsongkhapa (1357-1419), le fondateur de l'école Gelugpa (dont est issu le Dalaï Lama) du Bouddhisme tibétain, est né à l'endroit même où fut construit ensuite le « Grand Pavillon à toit d'or ».

Le premier temple fut construit en l'honneur de Tsongkapa, en 1560, et a été fondé par le 3e Dalaï Lama, vers la même époque que le monastère de Litang[1].

Selon la tradition, à cet endroit même, un arbre de santal blanc a poussé du sang tombé à terre lors de l'accouchement[2], qui se déroulait à même la terre battue.
Par son pouvoir, Tsongkapa aurait marqué par la suite les 100 000 feuilles de cet arbre d'images des déités tibétaines, et ses branches et son écorce d'autres empreintes et des « Six Écritures » (c'est-à-dire les six syllabes de om mani padme hum)[3].
C'est d'ailleurs, comme le rappelle Alexandra David Néel, la raison du nom du monastère : l'expression tibétaine kumbum (translittération Wylie : Sku 'bum) signifie « cent mille images saintes ».

Pendant la période communiste, le monastère fut fermé un certain temps, même si les bâtiments furent protégés pendant la révolution culturelle.

D'importants travaux de restauration ont été entrepris, suite au tremblement de terre de 1990.

Le festival en l'honneur de Tsongkapa a lieu du 20 au 26 du 9e mois.

Séjour d'Alexandra David Néel à Kumbum (1918 - 1921)

Alexandra David Néel séjourna à Kumbum de juillet 1918 à février 1921, accomplissant ainsi un souhait qu'elle entretenait depuis son séjour au Japon. Elle en rapporta de nombreuses photographies, qui illustrent l'aspect du monastère ainsi que les vêtements des habitants de la région à cette époque.
Le monastère, groupant des bâtiments de style chinois, d'aspect cossu, comptait alors, dit-elle, 3 800 lamas, vivant dans un silence complet, troublé seulement « par le bruit des longues trompettes tibétaines appelant aux exercices religieux et de lointaines harmonies de musique sacrée ».
Elle eut l'occasion d'y assister à la grande fête annuelle, la fête des tormas de beurre, au cours de laquelle étaient exposées « quantité de statues en beurre colorié exquisément modelées et entourées d'une profusion d'ornements, tous en beurre[4] ». Alexandra David Néel avoua préférer la fête des tormas de Kumbum à celle de Lhassa, pourtant célèbre dans tout le Tibet.

Elle put, pendant son séjour à Kumbum, voir la foule bigarrée, comprenant des éléments appartenant aux races diverses qui se cotoyaient dans la région, Tibétains, Chinois, mais aussi populations d'Asie centrale enturbannées. Elle fit d'ailleurs quelques commentaires sur les tenues féminines qu'elle croisait, notant par exemple lors d'une des foires de la région « les chapeaux pointus des femmes appartenant à une tribu métisse de Chinois et de Tibétains », ou encore les vêtements de parade des femmes des environs de Kumbum, au sujet desquels elle disait :

« Le beau sexe des environs de Kumbum arbore des harnachements qui conviendrait mieux à un cheval qu'à un être humain. Réellement, les dames endimanchées sont engoncées dans une sorte de pesant harnais en cuir recouvert de drap surchargé d'ornements qui leur enserrent le cou, tourne autour de la taille et descend jusqu'aux talons[5]. »

Alexandra David Néel n'est qu'un des hôtes occidentaux de ce monastère qui occupe une place considérable dans la mémoire occidentale sur le monde tibétain. D'autres noms connus sont également passé au monastère de Kumbum : Evariste Huc, Ella Maillart, Paul Pelliot, et tant d'autres anonymes y ont passé à un moment de leur approche du Tibet par la route du Septentrion. De nos jours, ce monastère sert de haut-lieu touristique de la culture tibétaine.

Séjour du Père Évariste Huc à Kumbum (1845)

Comme il est dit précédemment, le Père Évariste Huc, accompagné du Père Gabet, tous les deux missionnaires lazaristes, a séjourné à Kumbum, en 1845, pendant trois mois. Il évoque longuement ce séjour dans ses souvenirs[6].

Il a pu voir l'arbre aux 100 000 images qui était encore vivant à cette date et il en a observé les feuilles chacune marquée d'un caractère tibétain très bien formé, sans pouvoir s'expliquer ce phénomène[réf. souhaitée]. Il a pu assister à la fête des Fleurs, ou des tormas comme il est dit plus haut, qui se célébrait le 15 de la première lune. Celle qu'il décrit fut particulièrement somptueuse. Il a pu voir de près, à cette occasion, le grand lama de Kumbum dont le costume, nous dit-il, ressemblait étrangement à celui d'un évêque catholique, avec mitre, crosse et chape sur les épaules.

A cette époque la lamaserie de Kumbum était peuplée à peu près de quatre mille lamas.

Description

Les principaux bâtiments du monastère sont :

  • le Chorten, de 13 mètres de haut, qui en marque l'entrée ;
  • le Petit Pavillon à toit d'or, très étrange du fait des animaux empaillés que l'on voit apparaître à l'étage supérieur ; cerfs, yaks ou chèvres, drapés dans des écharpes de cérémonie, contemplent le visiteur de leur regard vide. Ils ont été tués et empaillés avant d'être placés à la balustrade de la galerie supérieure, car « ils étaient des démons[2] » ;
  • le Temple de la Longévité, datant de 1717, et construit pour honorer la longévité remarquable du 7e Dalai Lama. On y voit en entrant une pierre curieuse, où se reposait la mère de Tsongkapa quand elle allait chercher de l'eau[2] ;
  • la Grande Cuisine ;
  • le Grand Pavillon de la méditation, où pouvaient se réunir jusqu'à 2 000 moines pour chanter des soutras. Ce pavillon abrite une très grande salle de prière à colonnades où se réunissent aujourd'hui les 700 moines du monastère ; les colonnes sont ornées de tapis, enroulés autour d'elles. Des niches vitrées abritent 500 statuettes de Tsongkapa ; on voit également une statue de Tsongkapa, à l'âge de 7 ans, grandeur nature. Toute la salle de prière est décorée de thangkas, les plus anciennes étant ornées de perles noires qui figurent les yeux des personnages ;
  • le Grand Pavillon à toit d'or, également appelé Grand Temple des tuiles d'or, car son toit est recouvert de 350 kg d'or. Il fut construit à l'endroit même où naquit Tsongkhapa, en 1357. À l'intérieur se trouve un énorme chorten revêtu de 1 500 kg d'argent, à l'intérieur duquel se trouverait encore aujourd'hui les restes de l'arbre aux 100 000 feuilles, qui poussa à cet endroit lors de la naissance de Tsongkapa[2] ;
  • le Pavillon de Maitreya, le Bouddha du futur ; construit en 1577, c'est aujourd'hui le plus vieux bâtiment du monastère de Kumbum[2] ;
  • le Pavillon des neuf salles ;
  • le Pavillon des sculptures de beurre, où on voit de délicates sculptures en beurre de yak ; les moines édifient ces étonnantes sculptures pendant le mois le plus froid ; elles représentent par exemple des personnages de grande taille, tenant de délicates fleurs de beurre dans leurs fins doigts de beurre[7] ;
  • le Pavillon de Dafanzhang, tout en haut du monastère, après une volée de marche.

Enfin, tout autour du site, sur une distance de 5 kilomètres, serpente sur les collines environnantes un chemin de prière, orné tout du long de drapeaux de prière ; les pélerins le parcourent selon l'antique rite tibétain consistant à se prosterner à plat ventre à chaque pas ; le chemin de prière est donc long à effectuer.
De nombreux fidèles viennent d'ailleurs passer quelque temps au monastère, et y accomplir 100 000 prosternations avant de repartir chez eux, ce qui nécessite en moyenne un séjour de trois mois à un an, selon l'âge de la personne[2].

Le monastère de Kumbum est facilement accessible depuis Xining.

Notes et références

  1. Roland Barraux, Histoire des Dalaï Lamas, Quatorze reflets sur le Lac des Visions, Albin Michel, 1993. Réédité en 2002, Albin Michel, (ISBN 2226133178).
  2. a, b, c, d, e et f Note : information donnée par les guides locaux
  3. Note : C'est ce que rapporte Alexandra David Néel, qui put, entre 1918 et 1921, consulter l'énorme bibliothèque qui existait alors à Kumbum (citée dans Le Tibet d'Alexandra David Neel, Plon, 1979, page 45), voir aussi Alexandra David Neel, Mystiques et magiciens du Tibet, 1929, (Plon)
  4. Le Tibet d'Alexandra David Neel, Plon, 1979, page 49
  5. Le Tibet d'Alexandra David Neel, Plon, 1979, page 51.
  6. Père Huc, Souvenirs d'un voyage dans la Tartarie et le Thibet, suivis de L'Empire chinois. Omnibus. 2001, pages 323 à 358.
  7. Note : Grâce à la climatisation dont bénéficie la vitrine où on les abrite maintenant, ces sculptures peuvent être conservées toute l'année, au lieu d'un seul mois auparavant

Voir aussi

Liens internes

Liens externes

Bibliographie

  • Filchner, W. & W.A. Unkrig : Kumbum Dschamba Ling, Leipzig 1933
  • Karsten, Joachim : A Study on the sKu-'bum/ T'a-erh ssu Monastery in Ch'inghai, Auckland University, New Zealand, 1997

Wikimedia Foundation. 2010.

Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Monastère de Kumbum de Wikipédia en français (auteurs)

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