Territoires du Nord

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Îles Kouriles

Les îles Kouriles entre mer d'Okhotsk et Océan Pacifique

Les Îles Kouriles (Курильские острова en russe) sont un archipel d'îles volcaniques qui forme une ligne discontinue de quelque 1 200 km de l'extrême Nord du Japon à la pointe sud de la péninsule du Kamtchatka séparant ainsi la mer d'Okhotsk de l'océan Pacifique. Ces îles qui par le passé ont changé plusieurs fois de statut sont aujourd'hui administrées par la Russie bien que certaines d'entre elles soient revendiquées par le Japon.

En japonais l'archipel est appelé Chishima rettō (千島列島?), ce qui signifie la chaîne des mille îles, ou, plus rarement, Kuriru rettō (クリル列島?), la chaîne des Kouriles. En russe on écrit Курильские острова (Kourilskie ostrova). Le nom de « kourile » est associé au peuple autochtone des Aïnous qui y vivait autrefois (et qui subsiste aujourd'hui, bien que largement métissé, dans l'île japonaise de Hokkaidô principalement), « kur » signifiant « homme » en langue aïnou.

Sommaire

Les îles

Les îles Kouriles et les frontières fixées par les différents traités russo-japonais

L'archipel des Kouriles compte une trentaine d'îles et de nombreux rochers pour une surface d'environ 10 600 km². Seules 4 de ces îles sont habitées. On distingue traditionnellement les Kouriles méridionales, ou Minami-chishima (南千島? lit. « Chishima du sud »), proches du Japon et revendiquées par celui-ci sous le nom de territoires du nord (北方領土, hoppō ryōdo?), des Kouriles septentrionales, ou Kita-chishima (北千島? lit. « Chishima du nord »).

Principales Kouriles septentrionales, du nord au sud :

  • Choumchou (Шумшу) ou Shumushu (占守島, Shumushu-tō?)  : 360 km²
  • Atlassov (Атласова) ou Araido (阿頼度島, Araido-tō?) : 154 km², elle est constituée uniquement d'un seul volcan actif l'Alaïd qui avec ses 2 339 mètres constitue le point culminant des Kouriles
  • Paramouchir (Парамушир) ou Paramushiru/Horomushiro (幌筵島, Paramushiru-tō/Horomushiro-tō?) : la plus grande des Kouriles septentrionales, 2 042 km² pour 3 500 habitants
  • Makanrouchi (Маканруши) ou Makanru (磨勘留島, Makanru-tō?) : 48 km²
  • Onékotan (Онекотан) ou Onnekotan (温禰古丹島, Onnekotan-tō?) : 432 km²
  • Kharimkotan (Харимкотан) ou Harimukotan/Harumukotan (春牟古丹島, Harimukotan-tō/Harumukotan-tō?) : 75 km²
  • Ekarma (Экарума) ou Ekaruma (越渇磨島, Ekaruma-tō?) : 28 km²
  • Chiachkotan (Шиашкотан) ou Shasukotan (捨子古丹島, Shasukotan-tō?) : 122 km²
  • Raïkoke (Райкоке ou 雷公計島, Raikoke-tō) : 4 km²
  • Matoua (Матуа) ou Matsuwa/Matsua (松輪島, Matsuwa-tō/Matsua-tō?) : 52 km²
  • Rasschoua (Расшуа) ou Rasutsua/Rashowa/Rashuwa/Rashua (羅処和島, Rasutsua-tō/Rashowa-tō/Rashuwa-tō/Rashua-tō?) : 62 km²
  • Kétoy (Кетой) ou Ketoi (計吐夷島, Ketoi-tō?) : 64 km²
  • Simushir (Симушир) ou Shimushiru/Shinshiru (新知島, Shimushiru-tō/Shinshiru-tō?) : 362 km²
  • Brouton (Броутона) ou Buroton (武魯頓島, Buroton-tō?) : 6 km²
  • Tchirpoev (Чирпой) ou Chirihoi (知理保以島, Chirihoi-tō?) : fait partie du groupe des 3 îles des frères noirs, 20 km²
  • Ouroup (Уруп) ou Uruppu (得撫島, Uruppu-tō?) : 1 430 km²

Kouriles méridionales :

  • Itouroup (Итуруп) ou Etorofu (択捉島, Etorofu-tō?) : la plus grande des Kouriles (3 238 km²) et la plus peuplée (7 000 habitants)
  • Kounachir (Кунашир) ou Kunashiri (国後島, Kunashiri-tō?) : la plus méridionale des Kouriles à 7 km de l'ile d'Hokkaïdô au Japon, 1 550 km² pour 4 000 habitants
  • Chikotan (Шикотан ou 色丹島, Chikotan-tō) : c'est la plus grande des petites Kouriles, 182 km² pour 1 500 habitants
  • groupe des Habomai (Хабомай ou 歯舞諸島, Habomai shotō) : archipel d'îles basses et inhabitées faisant partie des petites Kouriles

Histoire

Revendications par le Japon des îles du sud, et la Russie des îles du nord (avant 1855)

En 1643, le capitaine hollandais Maarten Gerritszoon de Vries est le premier européen à découvrir les Kouriles. À l'époque entre 3 000 et 3 500 aïnous natifs du lieu vivent sur l'archipel de la pêche, de la chasse et vont commercer jusqu'aux îles Aléoutiennes et au Kamtchatka.

L'archipel des Kouriles est revendiqué par les japonais à compter de l'époque d'Edo, date à laquelle le clan Matsumae administre de manière effective les îles les plus proches d'Hokkaïdo. Dans leurs revendications les japonais indiquent qu'ils connaissent les îles du nord depuis 370 ans et que le commerce entre ces îles et Ezo (Hokkaïdo) existe depuis encore beaucoup plus longtemps. Sur une carte japonaise datant du shogunat Tokugawa (carte Shōhō Onkuko Ezu réalisée en 1644), sont indiquées 39 îles grandes et petites situées au nord de la péninsule de Shiretoko et du cap Nosappu.

La Russie commence à progresser vers les Kouriles au début du XVIIIe siècle. Mais, quoique les russes envoient souvent des expéditions pour chercher et chasser les otaries dans l'archipel, ils ne dépassent pas le sud de l'île d'Ouroup. En effet, à cette époque, le shogunat Tokugawa contrôle les îles au sud d'Itouroup et y a placé des garnisons pour prévenir les incursions étrangères.

En 1737, un tsunami avec une vague d'au moins 60 mètres de hauteur ravage le nord des îles.

En 1811, le capitaine Golovnine et son équipage qui s'étaient arrêtés à Kounachir pour effectuer des relevés hydrographiques sont capturés par des serviteurs du clan Nambu et envoyés aux autorités du clan Matsumae. Comme un marchand japonais Takadaya Kahei avait été à la même époque capturé par un vaisseau russe près de Kounachir, le Japon et la Russie entament en 1813 des négociations pour fixer la frontière entre les deux pays.

L'administration japonaise du sud de l’archipel et russo-japonaise de Sakhaline et des îles du nord (1855–1875)

Le traité de Shimoda, signé le 7 février 1855, place la frontière dans l'archipel entre Russie et Japon au niveau du chenal séparant les îles d'Itouroup et d'Ouroup.

L'île de Sakhaline, quant à elle, est déclarée « indivise », russes et japonais s'autorisant mutuellement à y chasser et à s'y établir.

À la fin de l'été 1855, durant la guerre de Crimée, des troupes anglaises et françaises débarquent dans l'île d'Ouroup, territoire russe, et prennent possession de l'île qu'ils baptisent Ile de l'Alliance. L'archipel est rebaptisé Archipel des Brumes. Mais ces troupes ne restent pas longtemps et les territoires occupés sont restitués à la fin de la guerre.

En 1869, le nouveau gouvernement de l'ère Meiji créa à Sapporo une commission de colonisation pour faciliter le développement de la région nord. Ezo, renommée Hokkaïdo, fut divisée en 11 provinces et 86 districts placés sous le contrôle des clans.

Cession par le Japon des droits sur Sakhaline à la Russie, contre ceux sur la totalité de l’archipel (1875–1941)

Au traité de Saint-Pétersbourg conclu le 7 mai 1875 le Japon cède à la Russie ses droits sur l'île de Sakhaline, où la colonisation russe est largement supérieure à la présence japonaise, mais en échange, récupère 18 îles Kouriles (de Ouroup à Choumchou) et le droit de commercer le long du littoral de la mer d'Okhotsk. Les historiens Japonais perçoivent toutefois ce traité comme l'échange d'un territoire japonais contre un autre. Il est stipulé que les sujets des deux empires peuvent conserver leur nationalité et voyager dans leur pays d'origine, mais doivent accepter de se placer sous les lois de leur nouveau pays.

À compter de la signature du traité, l'archipel des Kouriles en entier fait intégralement partie du Japon et est rattaché administrativement à Hokkaïdo comme l’était auparavant les îles du sud.

Le traité de Tokyo signé le 22 août 1875 ajoute un article au traité de Saint-Pétersbourg:

  1. Il précise que les sujets russes et japonais conservent leurs droits de chasse et de pêche et sont exemptés de taxes pour leur travail jusqu'à leur mort.
  2. Les sujets japonais de Sakhaline (île appartenant désormais à la Russie) et les sujets russes présents dans l'archipel conservent leur propriétés et un certificat devra leur être remis.
  3. La liberté de religion est accordée aux Japonais de Sakhaline et aux sujets russes des Kouriles. Notamment les cimetières, églises et temples doivent être conservés.
  4. Les Aïnous (peuple aborigène) de l'archipel et de Sakhaline doivent devenir sujets japonais ou russes dans les trois ans s'ils veulent rester sur place et conserver leurs propriété et droits.
  5. Les Aïnous conservent leur droit de liberté de religion sur l'île de Sakhaline et dans l'archipel. Leurs cimetières et temples sont conservés.

Comme le gouvernement Meiji ne pouvait contrôler la progression des russes vers le sud de Sakhaline, un troisième traité fut signé en 1878 qui convenait d'échanger définitivement les derniers droits sur Sakhaline contre ceux sur les 18 îles situées au nord d'Ouroup, qui appartenaient encore aux russes.

Durant la guerre russo-japonaise de 1905, Gunji, un militaire japonais retraité et un colon de Choumchou, montent depuis les Kouriles une force d'invasion qui débarque sur la côte du Kamtchatka. La Russie envoie des renforts qui capturent le groupe. À la fin de guerre le Japon reçut des droits de pêche dans les eaux russes, et la moitié sud de l'île de Sakhaline, sans toutefois en obtenir la propriété territoriale : Sakhaline reste russe, et les îles Kouriles toutes japonaises.

Un réseau routier et un système postal furent mis en place à Kounachiri et Itouroup. La vie sur les îles devint moins précaire grâce à une desserte maritime régulière depuis Hokkaido et à la mise en place d'un système télégraphique. Chaque village avait un bureau forestier de district, un centre d'examen de la production de la pêche, un centre de reproduction du saumon, une poste, une école élémentaire, un temple shinto et d'autres services publics.

En 1930, 8 300 personnes résidaient à Kounachiri et 6 000 à Itouroup, la plupart vivant de la pêche côtière ou hauturière. Il y avait alors en tout 17 000 Japonais vivant dans les Kouriles.

Au début de la seconde Guerre mondiale qui se déclenche en Europe en 1939, le conflit se propage rapidement dans les colonies européennes en Asie et dans le Pacifique. Dans l'archipel, depuis octobre 1940, des unités de la 7e division japonaise sont installées dans les îles de Paramouchir, Choumchou à l'extrémité nord de l'archipel proche du Kamtchatka. Plusieurs installations portuaires et aérodromes militaires existent également dans les îles. Cependant, un traité transitoire de neutralité est signé le 13 avril 1941 entre le Japon et l’Union Soviétique, encore non impliqués dans le conflit, stipulant que chaque signataire respecterait l’intégrité territoriale de la partie adverse (donc selon le traité de Saint-Pétersbourg de 1875, toujours en vigueur).

La seconde Guerre mondiale (1941-1945) et conquête soviétique de la totalité des Kouriles

Le 22 novembre 1941, l'amiral Isoroku Yamamato ordonne le rassemblement de la force navale qui allait participer à l'attaque de Pearl Harbor dans les baies de Tankan et d'Hittokappu de l'île de d'Itouroup. Ce site avait été choisi car l'archipel était peu peuplé, les étrangers peu nombreux et le brouillard fréquent. L'amiral donna l'ordre aux navires de se mettre en route le 26 novembre.

En juillet 1943 eurent lieu les premiers bombardements des bases japonaises de Choumchou et Paramouchir par des avions américains. Ces bombardements s'intensifièrent en 1944 pour faire croire aux forces japonaises qu'une invasion était envisagée depuis les Aléoutiennes. Les japonais renforcèrent la défense des Kouriles du nord faisant passer les effectifs de 8000 à 41000 hommes en 1944 et installèrent 400 avions sur des aéroports situés à Hokkaïdo et dans les Kouriles. Par la suite les américains envisagèrent plus sérieusement une invasion par le nord et agrandirent à cet effet leurs bases dans les Aléoutiennes dans la perspective d'une attaque en 1945.

Le 5 avril 1945 alors que la défaite du Japon se profilait, l'Union Soviétique indiqua qu'elle ne renouvelait pas le traité de neutralité soviéto-japonais de 1941 et que celui-ci devenait en conséquence caduc à compter du 25 avril.

Le 8 août de la même année, l'Union Soviétique déclarait la guerre au Japon et lançait L'opération Tempête d'août sur le continent asiatique. Initialement les russes prévoyaient de conquérir l'archipel avant la capitulation car, jusqu'au 23 aout, les alliés n'avaient pas fixé clairement si les Kouriles et la moitié d'Hokkaîdo feraient partie de la zone d'occupation russe. Or Staline souhaitait occuper Hokkaïdo. Sur les deux îles du nord, le Japon disposait en août 1945 d'environ 22 000 hommes et 70 tanks.

La conquête des Kouriles par les forces russes réussit au prix de lourdes pertes malgré l'absence de visibilité sur les objectifs de l'opération et donc du délai qui découlait. Des troupes de l'infanterie de marine soviétique traversèrent le 18 août au petit matin le détroit séparant le Kamtchatka de l'île de Choumchou sur des chalands LCI fournis par les américains. Le commandement japonais donna alors l'ordre aux garnisons de l'archipel de capituler ce qui prit effet le 19 aout. La conquête de l'île ne s'achève pourtant que le 31 août en ayant fait 1 567 morts chez les russes contre 1 018 chez les japonais. Les îles Kouriles restantes sont progressivement occupées sans combat.

L’occupation russe et américaine du Japon d’après-guerre (1945–1952)

La population japonaise (environ 17 300 personnes) des Kouriles est déportée au cours de l'année qui suivit la fin de la guerre mondiale. De nombreux civils et tous les soldats sont envoyés dans des camps au Kazakhstan et en Ouzbékistan où les survivants furent considérés comme « Coréens de Russie » et établis à demeure, sans possibilité de retour[1].

En février 1946, le gouvernement soviétique déclare que les Kouriles font désormais partie du territoire de l'Union Soviétique, rendant caduque de fait le traité russo-japonais de 1875. Toutefois le Japon sous occupation américaine n’a pas encore la capacité de contester cette annexion.

Il n'y a pas eu de traité de paix entre l’Union soviétique et le Japon suite à la seconde Guerre mondiale, et bien que le Japon ait renoncé à tous ses droits sur les îles Kouriles par le Traité de San Francisco, l’Union soviétique (comme aussi la Chine) a refusé de signer ce traité nippo-américain mettant fin à la période d’occupation américaine et restaurant l’administration japonaise sur son territoire.

La Guerre froide (1952–1991)

Durant la Guerre froide, les Kouriles ont une grande importance stratégique. L'archipel constitue la première ligne de défense de la Russie continentale. À côté d'une division de troupes terrestres (créée en 1978 et réduite en 1995) sont stationnées dans les îles environ 40 chasseurs-bombardiers MiG-23B qui peuvent atteindre Tokyo.

Dans les années 1980 en particulier, ces forces étaient considérées comme représentant une menace permanente pour Hokkaïdo. En réponse à cette menace, les États-Unis ont apporté une aide militaire constante au Japon depuis 1952, d’autant plus renforcée que d’autres conflits régionaux sont nés depuis avec la Corée du Nord ainsi qu‘avec la Chine qui n’a pas signé non plus le Traité de San Francisco, et conteste l’influence japonaise sur le statut actuel de Taïwan (toujours non résolu) ou la présence de la flotte japonaise en Mer de Chine ou à proximité de Taïwan.

Le Japon a constitué durant toute la Guerre froide pour la Russie, la Chine et encore aujourd‘hui la Corée du Nord un « porte-avion américain » menaçant stationné en mer de Chine, pour assister Taïwan et la Corée du Sud, ce qui n’a pas facilité les relations du Japon avec l’Union soviétique.

Le statut de l'archipel aujourd'hui

La principale agglomération sur l'île de Chikotan

Le Japon réclame encore aujourd’hui les quatre îles Kouriles les plus au Sud (les îles de Kounachir, Itouroup, Chikotan et l'archipel des Habomai soit un tiers de la surface totale), selon la frontière fixée par les termes du traité historique de Shimoda signé par le Japon et la Russie dès le 7 février 1855 (qui n’a été contesté que par l’annexion soviétique de 1946), arguant du fait que le Traité de San Francisco de 1951 ne précise pas non plus quelles îles exactement comprend la dénomination d'îles Kouriles.

Sans vouloir revenir à la frontière de 1875 incluant les îles du Nord (pourtant attestée par un traité bilatéral mais que le Japon a violé à plusieurs reprises), le gouvernement nippon considère que les quatre îles qu'il revendique sont des extensions de Hokkaidō, et les appelle territoire du nord (北方領土, hoppō ryōdo?).

La Russie, comme le faisait auparavant l'URSS, affirme que les îles revendiquées par le Japon font partie des Kouriles selon le traité ultérieur russo-japonais de 1875 qui avait transformait ces îles en un territoire unique (alors placé sous administration japonaise) et qui, bien que caduque de fait depuis l‘annexion soviétique complète de 1946, était encore en vigueur lors du Traité nippo-américain de San Francisco, transférant tous les droits japonais sur les territoires extérieurs.

Le Japon avance aussi que l‘Union soviétique a refusé de contresigner ce dernier traité de 1951 et s’est conformé à ses exigences sans pouvoir le faire avec l’Union soviétique, faute de signature du traité de paix avec elle, ce qui rend délicate l’interprétation de l’application des termes du traité de San Francisco aux Kouriles. Pour le Japon, la déclaration soviétique d’annexion de 1946 reste arbitraire et unilatérale, fondée par aucun document juridique, et que la question de la définition de cette frontière reste un élément négociable avec l’actuelle Fédération russe. Le Japon négocie encore avec elle le statut des populations japonaises (et autochtones aïnoues) des Kouriles déportées également arbitraitement en 1946, afin de permettre leur réinstallation dans l’archipel et son développement économique.

Ces îles offrent un intérêt stratégique majeur pour la Russie : en effet, tant que le Japon les possédait, les bateaux russes basés dans le port de Vladivostok n'avaient pas librement accès au Pacifique, d'autant plus qu'en hiver la Mer d'Okhotsk est gelée, la navigation y est donc très difficile, sauf dans le sud de l'archipel où le climat est plus doux. L'annexion des Kouriles après la Seconde Guerre mondiale a ainsi permis de renforcer la position géostratégique de l'URSS (puis encore de la Russie actuelle) sur cet océan en facilitant l'accès de celui-ci en toute saison. Les forces armées de la fédération de Russie restent enfin encore très présentes à Kounachir, celle des îles qui est la plus proche des côtes japonaises.

L’intérêt halieutique des Kouriles est autre enjeu majeur : il concerne l'attribution des zones de pêche environnantes qui sont très poissonneuses.

Géographie

Photo d'Ekarma prise par un satellite Landsat

Les îles Kouriles sont situées sur la zone d'instabilité tectonique qui entoure la plaque tectonique du Pacifique et à ce titre fait partie de la ceinture de feu du Pacifique. Les îles constituent le sommet d'une chaîne de stratovolcans qui résultent de l'enfoncement (subduction) de la plaque du Pacifique sous la plaque d'Okhotsk. Le même phénomène est à l'origine de la fosse des Kouriles qui longe l'archipel à 200 km au large.

La chaîne des volcans des Kouriles comprend environ 100 volcans dont 40 actifs ainsi que de nombreuses sources d'eau chaude et fumerolles. C'est un des endroits du monde où l'activité tectonique est la plus fréquente avec un tremblement de terre d'une magnitude supérieure à 5 tous les deux mois environ. Ainsi un séisme de magnitude 8,3 a été enregistré dans l'archipel le 15 novembre 2006 créant un tsunami ; celui-ci a créé des vagues de 1,5 mètres qui ont atteint la côte de Californie.

L'archipel est compris entre les 40e et 50e parallèles Nord, et est baigné d’un courant froid appelé Oya shivo qui descend de la mer de Béring le long de Kamtchatka. Le climat dans les îles est généralement rude avec des hivers longs et froids soumis à de nombreuses tempêtes et des étés particulièrement brumeux. Les précipitations sont en moyenne de 760 à 1 000 mm par an, en majorité sous forme de neige. Le climat est de type pré-arctique à océanique : en conséquence la végétation comprend des zones de toundra au nord et des forêts épaisses d'épicéa et de mélèze dans les îles les plus méridionales.

Les plus hauts sommets sont le volcan Alaid (2 339 mètres) sur l'île Atlassov à l'extrémité nord de l'archipel et le volcan Tiatia (1 819 mètres) dans l'île de Kounachir à l'extrémité sud.

On trouve dans l'archipel plusieurs types de plage et de côtes rocheuses, des falaises, des rivières et des torrents, des forêts, des prairies, des toundras alpines, des lacs de cratère et des tourbières. Les sols sont généralement riches grâce à l'apport des cendres des volcans ainsi que, dans certains endroits, l'accumulation du guano. Mais les zones pentues instables sont souvent sujettes à des glissements de terrain et les éruptions volcaniques peuvent brutalement détruire toute végétation.

Faune terrestre et marine

Côte d'une île Kourile

La faune terrestre de l'archipel est dominée par des espèces qui sont venues du continent en transitant par Hokkaïdo, l'île de Sakhaline et le Kamtchatka. Bien que les espèces présentes soient très diversifiées le niveau d'endémisme (la proportion d'espèces spécifiques à l'archipel) est relativement faible.

À cause de l'isolement et de la faible taille des îles centrales, peu de mammifères terrestres majeurs les ont colonisées, malgré la présence du renard roux et du renard polaire introduits par l'homme dans les années 1880 pour le commerce de la fourrure. L'essentiel de la biomasse des mammifères terrestres est représenté par les rongeurs souvent introduits au cours des siècles passés. Les îles situées les plus au sud et les plus au nord comprennent des population d'ours bruns, de renards et de martes. Certaines espèces de cervidés sont également présentes dans les îles méridionales. Les espèces d'oiseaux les plus courantes sont les corbeaux, les faucons pèlerins, certaines espèces de troglodytinés et de bergeronnettes.

L'archipel abrite plusieurs millions d'oiseaux de mer, en particulier des fulmars boréals, macareux huppés, pingouins, guillemots, goélands, pétrels, mouettes et cormorans. Sur les plus petites îles où les prédateurs sont absents, toutes les niches dans la falaise, terriers et tertres sont occupés durant la saison de reproduction par un nid d'oiseau.

En raison de leur situation en bordure du plateau continental et de la collision entre le courant marin d'Oya shivo et les courants giratoires de la mer d'Okhotsk, les eaux entourant l'archipel sont parmi les plus poissonneuses de l'océan Pacifique et comprennent une grande variété d'espèces marines.

Situation économique

Rue principale de Severo-Kourilsk sur Paramouchir

Aujourd'hui environ 16 800 habitants (en majorité russes avec des minorités d'Ukrainiens Belarusses, Tatars, Coréens, Nivkhes, Orochs et Aïnous) vivent dans l'archipel. Selon l'administration régionale, la moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté. La pêche est la première activité. Les îles ont une importance stratégique et économique grâce à leurs eaux poissonneuses et leurs gisements de pyrite, soufre et minéraux polymétalliques.

Le relèvement récent de l'économie russe a eu une influence bénéfique sur l'archipel. La manifestation la plus flagrante a été la construction de nouvelles infrastructures. Un quai et un brise-lame sont en cours de construction dans la baie de Kitovy à Itouroup (le débarquement des marchandises se fait aujourd'hui essentiellement via des barges faisant la navette entre les bateaux mouillés au large et la côte). Une nouvelle route a été percée à travers les bois près de Kourilsk pour desservir l'aéroport qui doit ouvrir en 2010 (coût de 1,25 milliards de roubles soit 44 millions de dollars). Gidostroy, la plus grosse entreprise de l'archipel avec des activités diversifiées dans la pêche les travaux publics et l'immobilier, a construit une seconde unité de transformation de poissons à Itouroup en 2006 avec un système de convoyage à la pointe de la technique.

Pour faire face à la demande croissante d'électricité, le gouvernement local fait relever la puissance de la centrale géothermique exploitant la vapeur et l'eau chaude résultant de l'activité du volcan du Mont Baranski[2].

Notes et références

  1. Nikolaï Feodorovitch Bougaï, Histoire de la déportation des "Coréens de Russie" au Kazakhstan et en Ouzbékistan, Droujba Narodov n° 7, Moscou 1992 (Н.Ф. Бугай, Из истории депортации «русских корейцев» - Дружба народов . № 7. М., 1992, 1.0.; Из истории депортации и трудоустройства «русских корейцев» в Казахстане и Узбекистане. – Информационный вестник Евразийской ассоциации корейцев. – Коре ЕАН. М., 1992, 2.5).
  2. Islands disputed with Japan feel Russia's boom - The China Post

Voir aussi

Articles connexes

  • Rochers Liancourt coréens (appelés Dokdo en Corée), revendiqués par le Japon (sous le nom de Takeshima)
  • Îles Senkaku japonaises, revendiquées par la Chine sous le nom de Diàoyútái Qúndǎo

Liens externes

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