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Philippe Sollers
Philippe Sollers Philippe SollersActivité(s) romancier, essayiste Naissance 28 novembre 1936 Genre(s) roman, essai Distinctions Prix Médicis (1961) Grand prix de littérature de la ville de Bordeaux (1985)
Grand prix du roman de la Ville de Paris (1988)
Prix Paul Morand de l'Académie française (1992)
Prix littéraire de la fondation Prince Pierre de Monaco (2006)
Prix Saint-Simon (2008)
Prix de la BNF (2009)
Philippe Sollers, de son vrai nom Philippe Joyaux, est un écrivain français né à Talence en Gironde le 28 novembre 1936.
Sommaire
Biographie
Son premier roman, Une curieuse solitude, publié en 1958, reste connu surtout pour l'éloge qu'en fit Aragon dans Les Lettres Françaises. Sollers lui-même ajoutera un avertissement au lecteur niant a posteriori la valeur de l'œuvre à ses yeux. Il est un des fondateurs, en 1960, de la revue Tel Quel aux Éditions du Seuil qui défend des auteurs alors méconnus ou très controversés : Artaud, Bataille, Joyce, Derrida, Foucault, Barthes, jusqu'en 1982. Pour poursuivre son action, il crée la revue L'Infini aux éditions Denoël, puis rapidement chez les éditions Gallimard. Il épouse en 1967 Julia Kristeva, écrivain et psychanalyste.
Philippe Sollers fut entre autres un ami de Jacques Lacan, de Louis Althusser et de Roland Barthes, qui sont décrits dans le roman Femmes (1983), ainsi que d'autres grandes figures du mouvement intellectuel français. Admirateur de la Chine, il entrevit, au delà de son engagement maoïste, à la suite de la révolte de mai 1968, l'influence culturelle croissante de l'Empire du Milieu en ce début de XXIe siècle. Son engagement l'amène aussi à défendre les thèses de Maria-Antonietta Macciocchi. Le livre de Philippe Forest Histoire de Tel Quel analyse en détail cette période historique.
Après avoir publié L'Intermédiaire, Le Parc (pour lequel il reçoit le Prix Médicis), Drame, confirmant sa vocation d'écrivain, il se lance dans d'intenses travaux stylistiques qui l'amènent à abandonner toute ponctuation visible pour libérer son expression, ce qui donne notamment Nombres, Lois, H et Paradis. Prenant conscience des risques d'enfermement de cette aventure, il se lance dans une écriture plus « figurative ». Influencé par la lecture de Céline, Paul Morand et des grands auteurs américains : William Faulkner, Ernest Hemingway, Henry Miller, Vladimir Nabokov, William S. Burroughs, Jack Kerouac ou encore Charles Bukowski (qu'il est un des rares à soutenir à cette époque en France, surtout après son passage très arrosé à la télévision), il publie Femmes. Ce roman, en reprenant le style de Louis-Ferdinand Céline, analyse entre autres les conséquences du féminisme et des bouleversements politiques et artistiques de l'histoire à travers la vie aventureuse d'un journaliste américain. Le pouvoir et la sexualité sont étudiés et exposés à partir de la thèse : « Le monde appartient aux femmes. C'est-à-dire à la mort. Là-dessus tout le monde ment ».
Son écriture est de plus en plus marquée par une utilisation du cut-up et de la réflexion intérieure. Suivent d'autres ouvrages dans le même esprit : Portrait du joueur (retour aux sources en Gironde et passion épistolaire), Le cœur absolu (récit de libertinages), Les folies françaises (inceste heureux et culture française), Le lys d'or (traitement de la frigidité par la lecture), La fête à Venise (réflexion sur la peinture autour des figures de Watteau, Warhol, Monet et Cézanne), Studio (réflexion sur la poésie autour des figures de Rimbaud et de Hölderlin), Passion fixe (le couple et la littérature), L'étoile des amants (l'évasion et la nature) et enfin dernièrement Une vie divine (Nietzsche, la philosophie et les femmes). Il mêle à ses récits débridés une critique sociale particulièrement violente étayée par la connaissance et l'utilisation des textes de Spinoza, Freud, Nietzsche, Lautréamont, Heidegger et Guy Debord.
Dans le même temps, il rédige des essais d'ambition encyclopédique, (« L’avenir appartient à ceux qui sauront lire, vivre la musique et faire l’amour »), dans lequel il livre sa version de l'histoire de l'art, basée sur la défense de l'individu, de la création et du plaisir (Théorie des exceptions, La guerre du goût, Éloge de l'infini, Fleurs). Principalement axée sur la littérature (Dante, Sade, Lautréamont, Proust, Genet, Kafka, etc.), la musique (Bach, Haydn, Mozart, Miles Davis) et les arts plastiques (peintres vénitiens et de la renaissance italienne, peinture française du XVIIIe siècle, impressionnistes, peintres modernes américains), son propos se développe néanmoins dans tous les domaines (théologie, philosophie, histoire, sociologie, psychanalyse). Dans le même sens il donne des monographies de grands artistes (Watteau, Picasso, Fragonard, Bacon, Cézanne, Rodin) et trois biographies romancées (Vivant Denon, Casanova, Mozart). On peut signaler également des vidéos sur Rodin, Debord et Nietzsche ainsi qu'un entretien avec Jean-Luc Godard.
Dans son œuvre, Sollers considère qu'il défend la liberté : « Il s’agit précisément de fuir la Famille, l’École, l’Armée, les Partis, la pesanteur, l’ennui », « En réalité, qu'est-ce qu'ils veulent, tous et toutes ? Contrôler, surveiller, détourner, retarder, pomper, exploiter, freiner au maximum, qu'il n'y ait pas trop de liberté en cours (surtout si elle doit être dite) ».
Sollers, qui habite régulièrement Venise ou l'île de Ré, dirige également la collection "l'Infini" et est membre du comité de lecture des éditions Gallimard. Malgré tout Barthes voit en lui un « isolé absolu ». Dans l'ensemble, Sollers est encore souvent plus connu pour son image médiatique, (« mon image c'est mon cadavre, je m'en fous »), qui laisse apparaître son goût pour le jeu et la provocation, que pour son œuvre proprement dite qui reste assez peu lue et très méconnue.
En 1992, en tant que directeur de collection chez Gallimard, il a fait le choix éditorial de refuser Hygiène de l'assassin, le premier roman à succès d'Amélie Nothomb, qui le publiera finalement chez Albin Michel à qui elle est restée fidèle depuis[1].
Œuvres
- Essais
- Francis Ponge (Présentation et anthologie), Seghers, 1963 rééd. 2001
- L'intermédiaire, éd. Le Seuil, 1963
- Logiques, éd. Le Seuil, 1968
- L'écriture et l'expérience des limites, éd. Le Seuil, 1968
- Sur le matérialisme, éd. Le Seuil, 1974
- Théorie des exceptions, éd. Folio, 1985
- Improvisations, éd. Gallimard, 1991
- Liberté du XVIIIe (Extraits de la Guerre du Goût), éd. Gallimard, 2002
- La guerre du goût, éd. Gallimard, 1994
- Sade contre l'Être suprême précédé de Sade dans le temps, éd. Gallimard 1996
- L'année du tigre , journal de l'année 1998, éd. Le Seuil, 1999
- Éloge de l'Infini, éd. Gallimard, 2001
- Illuminations à travers les textes sacrés, éd.Robert Laffont, 2003
- Dictionnaire amoureux de Venise, éd.Plon, 2004
- Le Saint-Ane, éd.Verdier, 2004.
- Logique de la fiction, éd. Cécile Deffaut 2006
- Fleurs, éd. Hermann, 2006
- Guerres secrètes, éd. Carnets nord, 2007
- Grand beau temps, aphorismes et pensées choisies, éd. Le cherche midi, 2009
- Romans
- Une Curieuse Solitude - éd. Le Seuil, 1958
- Le Parc - éd. Le Seuil, 1961, Prix Médicis
- Drame - éd. Le Seuil, 1965
- Nombres - éd. Le Seuil, 1966
- Lois - éd. Le Seuil, 1972
- H - éd. Le Seuil, 1973
- Paradis - éd. Le Seuil, 1981
- Femmes - éd. Gallimard, 1983
- Portrait du joueur - éd. Gallimard, 1984
- Paradis 2 - éd. Gallimard, 1986
- Le cœur absolu - éd. Gallimard, 1987
- Les Folies Françaises - éd. Gallimard, 1988
- Le lys d’or - éd. Gallimard, 1989
- La fête à Venise - éd. Gallimard, 1991
- Le Secret - éd. Gallimard, 1993
- Studio - éd. Gallimard, 1997
- Passion fixe - éd. Gallimard, 2000
- Un amour américain - Mille et une nuits, 2001
- L'étoile des amants - éd. Gallimard, 2002
- Fleurs - éd. Hermann, 2006
- Une vie divine - éd. Gallimard, 2007
- Un vrai roman - Mémoires - Plon, 2007
- Les voyageurs du temps, Gallimard, 2009
- Monographies
- Alain Kirili, Galerie Adrien Maeght, 1984
- Louis Cane, catalogue raisonné sculptures, Galerie Beaubourg, 1986
- Les Surprises de Fragonard, Gallimard, 1987
- Rodin : dessins érotiques, avec Alain Kirili, Gallimard, 1987
- De Kooning vite, La différence, 1988; réédition 2007
- Watteau et les femmes, Flammarion, 1992
- Le paradis de Cézanne, Gallimard, 1995
- Picasso, le héros, Le cercle d'art, 1996
- Les passions de Francis Bacon, Gallimard, 1996
- Willy Ronis, Nues, Terre bleue, 2008
- Entretiens
- Entretiens avec Francis Ponge, éd. Seuil-Gallimard, 1963
- Délivrance, (avec Maurice Clavel) - éd. Seuil, 1976
- Vision à New York, (avec David Hayman) - éd. Grasset, 1981
- Le Rire de Rome - éd. Gallimard, 1992
- La Divine Comédie, (avec Benoit Chantre) - éd. Desclée de Brouwer, 2000
- Voir écrire, (avec Christian de Portzamparc)- Calmann-Levy, 2003
- Poker, (avec Ligne de risque) - éd. Gallimard, coll. L'infini, 2005
- L'évangile de Nietzsche - Le cherche midi, 2006
- Biographies
- Le Cavalier du Louvre : Vivant Denon, Plon, 1995; repris en Folio chez Gallimard.
- Casanova l'admirable, Plon, 1998;repris en Folio chez Gallimard.
- Mystérieux Mozart,Plon, 2001; repris en Folio chez Gallimard.
- Un vrai roman, Mémoires, (autobiographie), Plon, 2007
- Audios
- La parole de Rimbaud, Gallimard, Collection : A Voix Haute, 1999
- Ecoute de Nietzsche, Leçon Philosophique, Fremeaux, 2008
- Déroulement du Dao, Fremeaux, 2008
- Vidéos
- Sollers au paradis / Sollers au pied du mur, 1983, réédité en 2007 par Arcades video
- Sollers-Godard, l'entretien, 1983, réédité en 2006 par Arcades video
- Sollers joue Diderot / Le trou de la vierge, 1984, réédité en 2007 par Arcades video
- Nietzsche, miracle français, Les films du LIEU-DIT, 2006
Sur Sollers
- Eva Angerer, Die Literaturtheorie Julia Kristevas. Von Tel Quel zur Psychoanalyse, Wien, Passagen, 2007 (ISBN 9783851656923)
- Roland Barthes, Sollers ecrivain, Paris, 1979 (ISBN 2-02-005187-7)
- Christophe Bourseiller, Les Maoïstes, Paris, 1996, rééd. 2008, Seuil (pp. 249-259), (ISBN 978-7578-0507-7)
- Gérard de Cortanze, Sollers, vérités et légendes, Éditions du Chêne, 2001 ; folio, 2007.
- Jacques Derrida, La dissémination, Paris, 1972, p. 319-407 (ISBN 2-02-001958-2)
- Julia Kristeva, Polylogue, Paris, Seuil, coll. Tel Quel, 1977.
- Michel Foucault, « Distance, aspect, origine : Philippe Sollers », Critique n° 198, novembre 1963
- Gerhard Kaucic, Timothy Liegeti, Guy Debord, John Zorn, Friederike Mayröcker, Philippe Sollers : tel quel jardins des plantes et D mots/scribble and voice, in Die Grüne F Abyss. Internationale polylinguale Zeitschrift für Grüne Kultur/Politik, n° 16b, 1996, p. 117 sq.
- Hilary Clarke, The Fictional Encyclopaedia : Joyce, Pound, Sollers, 1990 (ISBN 0-8240-0006-4)
- Philippe Forest, Philippe Sollers, Seuil, 1992
- Philippe Forest, Histoire de Tel Quel, 1960-1982, Seuil, coll. Fiction & Cie, 1998 (ISBN 978-2020173469)
- Marc-Edouard Nabe, Journal Intime (4 tomes parus), Le Rocher 1992-2000.
- Armine Kotin Mortimer, Paradis: Une métaphysique de l’infini. L’Infini 89 (hiver 2004): 1–124
- Stéphane Zagdanski, Pauvre de Gaulle !, Pauvert, 2000.
Philippe Sollers apparaît dans ce roman sous le nom de Hubble.
Notes et références
Liens externes
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