Simon Bernard

Simon Bernard
Le général-baron Bernard

Le général-baron Simon Bernard est un militaire et homme politique français, né à Dole (Jura) le 28 avril 1779 et mort à Paris le 5 novembre 1839.

Sommaire

Biographie

De parents très pauvres, Simon Bernard fut admis gratuitement à l'école centrale de sa ville natale, tenue par l'abbé Jantet, et s'y distingua par des aptitudes remarquables pour les sciences exactes. Il entra à l'École polytechnique en 1794. « On raconte, rapporte le Dictionnaire des parlementaires qu'il arriva à Paris au milieu d'un hiver des plus rigoureux, à pied, le sac sur le dos et un bâton ferré à la main, avec une lettre de recommandation pour l'illustre Lagrange. Épuisé de fatigue, transi de froid, il se traînait le long des quais, lorsqu'il fut sauvé par une bonne femme qui l'emmena chez elle, le réchauffa et le conduisit à l'école. » Il en sortit le deuxième dans la promotion du génie en 1799.

Sous le Consulat et l'Empire

Il fit ses premières armes à l'armée du Rhin et y gagna bientôt les épaulettes de capitaine (22 mars 1800).

Pendant la campagne de 1805, il fut chargé de pousser une reconnaissance jusque sous les murs de Vienne et s'acquitta de cette mission de manière à mériter le grade de chef de bataillon. À Ingolstadt, il épousa Josepha von Lerchenfeld, sœur d'un ancien ministre des Finances du roi de Bavière. Il passa quelque temps en Illyrie, d'où il revint en 1809 pour prendre la direction des travaux d'Anvers avec le grade de major. C'est alors qu'il fut choisi comme aide-de-camp par Napoléon Ier.

Dans le Mémorial de Sainte-Hélène, l'Empereur évoque cet épisode dans les termes suivants : « Dans un des voyages que Napoléon fit pour inspecter les travaux d'Anvers, il se trouva un jour aux prises sur le métier, avec un capitaine du génie qui, modestement et obscurément, concourait aux fortifications de la place. À quelque temps de là, cet officier reçut inopinément une lettre d'avancement, sa nomination d'aide-de-camp, de l’Empereur, et l'ordre de se rendre en service aux Tuileries. Le pauvre officier crut rêver ou ne douta pas qu'on ne se fût trompé. Ses mœurs étaient si innocentes et ses relations si restreintes, qu'il alla confier à M. de Las Cases toute son ignorance de la cour et son extrême embarras d'y paraître. Mais il était facile de le rassurer ; il y entrait par la belle porte et s'y présentait avec un bon fond. Cet officier est le général Bernard, dont cette circonstance mit les talents au grand jour, et qui lors de nos catastrophes, a été recueilli par les États-Unis, qui l'ont placé, à la tête de leurs travaux militaires. »

Créé chevalier de l'Empire (1812), avec un majorat de 4 000 francs, Simon Bernard fut promu colonel à l'ouverture de la campagne de Saxe (1813) et assista aux batailles de Lützen, de Wurtzen, etc. Le 16 août, une chute dans un ravin près de Zittan lui fracassa la jambe. On dut le transporter à Torgau, mais ses blessures ne l'empêchèrent pas de prendre part à la défense de cette place lorsqu'elle fut assiégée en 1814. Le 22 mars, il fut créé baron de l'Empire et, le lendemain, général de brigade.

Sous la Restauration

D'abord contestée par le gouvernement de la Restauration, sur l'intervention du général Marescot, il est reconnu dans le grade de maréchal de camp (23 juillet).

Après l'abdication de Napoléon, il se rallia à Louis XVIII qui le fit chevalier de Saint-Louis (20 août 1814), et fut chargé par le général Clarke, ministre de la Guerre de la Restauration, d'un important travail topographique. Mais dès qu'il apprit le retour en France de Napoléon en 1815, il se rallia à l'Empereur et prit part à la bataille de Waterloo.

Devenu suspect sous la Seconde Restauration en raison de son attitude sous les Cent-Jours, il reçut l'ordre de quitter Paris. Il refusa les offres que lui firent plusieurs souverains, notamment le tsar de Russie, et s'embarqua pour les États-Unis dont le gouvernement utilisa ses compétences techniques[1]. « Un des premiers et des plus importants travaux du général Bernard, a écrit M. Roux de Rochelle dans une notice nécrologique lue en 1840 à la Société de géographie, est la reconnaissance géodésique qu'il eut à faire pour ouvrir des routes de communication entre Washington et La Nouvelle-Orléans, à travers des contrées dont une grande partie était encore occupée par des nations sauvages. Cette distance, d'environ 400 lieues de France, fut parcourue quatre fois par notre intrépide voyageur ; il essayait, il suivait plusieurs directions différentes qui arrivaient toutes aux mêmes points par leurs extrémités, afin que le gouvernement fédéral pût choisir et adopter les lignes de communication qui lui paraîtraient préférables sous les rapports militaires, politiques et commerciaux. »[2]

Le président James Madison le nomma brigadier-général responsable de la construction du système de défenses côtières s’étendant du Maine jusqu’en Louisiane. À ce titre, il entama en 1819 la construction du fort Monroe. Il effectua également de nombreuses études de géologie et d'histoire naturelle et dressa en 1824 le plan d'un canal entre le Potomac et l'Ohio.

Sous la monarchie de Juillet

À la nouvelle de la Révolution de Juillet, le général Bernard revint en France et devint aide-de-camp du Roi. Louis-Philippe Ier le nomma lieutenant général du génie (15 octobre 1831) et l'appela au comité général des fortifications où il fut chargé de dresser les plans de l'enceinte projetée autour de Paris.

Ministre de la Guerre dans le « ministère des trois jours », du 10 au 18 novembre 1834[3], il reprit ce portefeuille, contre sa vocation et ses inclinations, dans le premier puis le second ministère Molé, du 19 septembre 1836 au 31 mars 1839. Il fit paraître les ordonnances des 20 et 25 décembre 1837 sur les services de marche, de la solde et des revues, et du 16 mars 1838 sur l'avancement.

La presse de l'époque se montrait critique sur son compte. Lorsqu'il fut nommé au gouvernement, un journal rapporta un mot de Napoléon qui aurait dit à son propos : « Mon cher Bernard, ne parle donc jamais politique, tu n'y entends rien ; tu es un excellent maçon, ne sors pas de là. » Sa nomination fut également accueillie fraîchement dans l'armée, où on l'appelait « le grand terrassier ».

Lors des élections législatives consécutives à la dissolution de 1839, le général Bernard soutint activement, mais en vain, la candidature du baron Janet dans sa ville natale de Dole.

Le général Bernard avait été fait pair de France le 10 novembre 1834, grand officier (18 février 1836) puis grand-croix de la Légion d'honneur (9 mars 1839).

Il mourut à Paris le 5 novembre 1839, âgé de 60 ans. Le gouvernement des États-Unis, en apprenant cette mort, ordonna un deuil de 30 jours à tous les officiers de l’armée. Le comte Mathieu Molé, qui était un de ses amis, prononça un discours sur sa tombe.

Armoiries

Figure Blasonnement
Ornements extérieurs Barons de l'Empire français.svg
Blason à dessiner.svg
Armes du baron Bernard et de l'Empire

D'azur à un oiseau posé sur un mont isolé et surmonté d'un étoile, le tout d'argent et accompagné, à senestre d'un compas ouvert, à dextre d'une épée haute en pal et en pointe, d'un casque taré de profil, le tout d'or ; au franc-quartier des barons militaires brochant au neuvième de l'écu.[4]

Notes et références

  1. Il fut assisté dans ces travaux par le major-général Poussin.
  2. cité par le Dictionnaire des parlementaires français
  3. Il fut également chargé de l'intérim des Affaires étrangères, le nouveau titulaire du poste, le comte Bresson étant, à l'époque de sa nomination, ministre de France à Berlin. Il n'eut d'ailleurs pas le temps de rejoindre son poste que le ministère était déjà tombé.
  4. La noblesse d'Empire sur http://thierry.pouliquen.free.fr

Sources

  • « Simon Bernard », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail de l’édition]
  • « Simon Bernard » , dans Robert et Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, 1889 [détail de l’édition]

Bibliographie


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Simon Bernard de Wikipédia en français (auteurs)

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