- Sept métaux
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Les sept métaux sont les métaux connus, et reconnus comme tels, de l'antiquité jusqu'à la Renaissance. Ils sont mis en correspondance par les pensées astrologique et alchimique avec les sept "planètes" (Le Soleil, la Lune, et les cinq planètes observables à l'œil nu), elles-mêmes associées aux dieux du panthéon gréco-romain. Au terme de diverses variations ces correspondances sont Soleil/or, Lune/argent, Mercure/mercure (ou vif-argent), Vénus/cuivre, Mars/fer, Saturne/plomb, Jupiter/étain.
Sommaire
La métallurgie dans l'antiquité
Article détaillé : métallurgie.Les sept métaux connus dans l'antiquité sont l'or (utilisé depuis -6000), le cuivre (-4200), l'argent (-4000), le plomb (-3500), l'étain (-1750), le fer (-1500) et le mercure (-750).
Ces métaux sont connus des civilisations antiques : les Mésopotamiens, les Égyptiens, les Grecs et les Romains.
L'or
L'or se trouve à l'état natif soit en filons, soit dans les rivières sous forme de pépites (qui résultent de l'érosion des filons). Il est souvent présent sous la forme d'un alliage avec l'argent, appelé par les anciens electrum.
Le cuivre
Le cuivre se trouve également en petite quantité à l'état natif, et est utilisé pour des outils dès -4200. Le martelage du cuivre le rend cassant, la solution étant de le recuire. Les premiers objets de cuivre fondus date de -3600 en Égypte. Le premier minerai utilisé est la malachite une roche verte friable. La température nécessaire pour la réaction de réduction étant de 700 à 800 °C il est probable que cela a été découvert dans des fours de potier (1 100 à 1 200 °C) plutôt que dans des feux de camp (600 à 650 °C).
En Europe occidentale, l'âge du cuivre ou chalcolithique désigne la période -2000/-1800.
Le plomb
Le plomb ne se rencontre pas à l'état natif ; la galène (sulfure de plomb PbS), qui a un aspect métallique, est abondante et était utilisée comme fard par les égyptiens. Le point de fusion du plomb est de 327 °C, et peut donc être atteint par un simple feu de camp. Les premières utilisations remontent à -3500. Trop ductile pour être utilisé comme outil, il sert pour des récipients et des conduits.
L'argent
L'argent se trouve à l'état natif, mais est rare (c'est le métal noble le plus actif chimiquement). Il est plus dur que l'or, mais moins que le cuivre. Il est utilisé essentiellement pour des bijoux et la monnaie. La galène contient une petite quantité d'argent, et l'argent peut être extrait par calcination et oxydation du plomb : c'est la coupellation).
L'étain
L'étain ne se trouve pas à l'état natif. Il était rarement utilisé seul, mais sous forme d'alliage avec le cuivre : le bronze. Le cuivre obtenu par fusion était rarement pur. Avec certains minerais on obtenait du bronze qui est plus dur et plus facile à travailler, donc plus utile pour faire des outils et des armes. Les premiers datent de -2500, mais les minerais d'étain restèrent rares, et la concentration en étain faible jusque vers -2000/-1800. le principal minerai utilisé était la cassitérite. Vers -1400, il est le principal alliage métallique utilisé (âge du bronze).
Le mercure
Le mercure ou vif-argent (en grec hydrargyros : argent liquide) a été retrouvé dans des tombes datant de -1800/-1600. Présent à l'état natif, il se trouvait essentiellement sous forme de minerai de sulfure de mercure (HgS) : le cinabre. C'est le seul métal liquide à température ambiante, et il était largement utilisé pour sa capacité à dissoudre l'or et l'argent sous forme d'amalgames.
Le fer
Le fer a été initialement trouvé en petites quantités dans des météorites (il contient alors 6 à 8 % de nickel). Son extraction a peut-être commencé dès -2500, mais ne se développa qu'à partir de -1200. L'hématite (oxyde de fer) était auparavant utilisé en ornementation.
Métalloïdes
L'arsenic (sous forme d'orpiment), et l'antimoine (sous forme de stibine), sont connus et utilisés, mais ne sont pas isolés ni reliés aux métaux.
La découverte des nouveaux métaux
Le premier à être découvert en occident est l'antimoine (un métalloïde en fait). Le procédé qui permet de l'isoler de la stibine par chauffage dans un pot de fer est décrit dès 1560 par Georgius Agricola (le nom vient du grec anti monos : « jamais seul ». L'antimoine a un rôle important dans la médecine alchimique de Paracelse.
Le zinc[1] , dont le minerai, la calamine était utilisé depuis l'antiquité pour obtenir, avec du minerai de cuivre, du laiton, est produit, isolé et reconnu comme un métal en Inde aux XIIIe et XIVe siècles, puis par les Chinois au XVIe siècle. En Europe, il est observé et identifié par Agricola et Paracelse qui l'appellent zincum.
Au XVIe siècle, le platine est découvert par les Espagnols dans le Nouveau-Monde.
Histoire du concept de métaux
Dans la philosophie grecque
La philosophie grecque de la matière se fonde essentiellement sur la théorie des Quatre éléments (eau, air, terre et feu), illustrée notamment par Empédocle, reprise et complétée par Platon et Aristote.
Platon associe les quatre éléments à quatre polyèdres réguliers (les solides de Platon) : le feu au tétraèdre, la terre au cube, l'air à l'octaèdre, l'eau à l'icosaèdre. La caractéristique des métaux est qu'ils puissent fondre et se solidifier, ce qui en fait une variété de l'élément eau. L'or (incorruptible, c'est-à-dire inoxydable) est le plus parfait, alors que les différentes sortes de cuivre sont imparfaites du fait des interstices plus importants entre leurs parties (d'où leur densité plus faible), et de la présence de l'élément terre qui apparaît avec le temps (oxydation en vert-de-gris dans le langage moderne). Mais la caractéristique de fusibilité n'est pas limitée à ce que nous appelons métaux et s'applique aussi aux verres aux cires et aux résines. Il n'y a d'ailleurs pas à l'époque de terme grec pour catégoriser les métaux, le mot metallon désignant les mines (d'or, de cuivre, mais aussi de sel). C'est chez Aristote[2] qu'apparaît la distinction des métaux (metalleuta) des autres minerais, en tant que corps « fusibles ou malléables, comme le fer, l'or, le cuivre ». Aristote explique la formation des métaux dans le cadre de sa théorie des exhalaisons, l'exhalaison sèche provenant du feu, et l'exhalaison humide provenant de l'eau. Les métaux sont le produit de la compression par la masse des roches terrestres de l'exhalaison humide, qui se solidifie sans passer par le stade intermédiaire de l'eau, et sous l'influence de l'exhalaison sèche, il s'y mèle de la terre qui va distinguer les différents métaux[3].
Astrologie et théorie des métaux
C'est probablement à partir du IIIe avant notre ère, après les conquêtes d'Alexandre, et sous l'influence de l'astrologie chaldéenne, que s'est établi progressivement l'idée de l'influence des astres sur la formation des métaux. Elle se trouve développée chez Proclus au Ve de notre ère : « Or, argent, chacun des métaux, comme chacune des autres choses, naissent dans le sol sous l'action des dieux célestes et de l'effluence d'en haut. Il est sûr du moins que, à ce que l'on dit, l'or appartient au soleil, l'argent à la lune, le plomb à Saturne, le fer à Mars. Ces métaux sont donc engendrés d'en haut, mais se forment dans la terre, non pas dans ces astres qui envoient ces effluves. »[4]
Cette liste est reprise et complétée par le philosophe Olympiodore le Jeune, dans son commentaire des Météorologiques d'Aristote : « Mais il faut aussi savoir que le divin Proclus dans ses commentaires sur le Timée, fait correspondre les métaux au sept planètes : il dit que d'une part le plomb est consacré à Saturne à cause de sa nature lourde sombre et froide, de l'autre l'electrum est consacré à Jupiter, à cause de la nature productive et tempérée de la vie de l'astre. De même pour le migma. Le migma est en réalité plus noble que l'or et mieux tempéré. À Mars est consacré le fer de par sa nature coupante et aiguisée ; l'or au soleil comme à ce qui est source de lumière. Et à Vénus est consacré l'étain parce qu'il est translucide et brillant, et en même temps proche de la Lune, de même que l'étain est proche de l'argent. Et la Lune est consacrée à l'argent, puisque l'argent aussi, lorsqu'il est placé auprès de l'or, semble recevoir la lumière de celui-ci, et devenir plus resplendissant, comme la Lune est éclairée par le soleil. »[5] Aux propriétés de ductilité et de fusibilité énoncées par Aristote, Olympiodore ajoute celle de l'éclat métallique[6]
L' electrum désigne ici l'or blanc (alliage or-argent- le terme désignant aussi l'ambre dans l'antiquité. Le migma est probablement une variété d'or blanc, distingué de l'elektrum soit par le taux d'argent, soit par l'opposition artificiel/naturel[7].
La liste de correspondance d'Olympiodore se retrouve dans le Marcianus (daté du X° ou du XI° siècle) du recueil byzantin des alchimistes grecs[8]
Cette correspondance apporte une unité théorique au métaux, qui allant au delà des aspects métallurgiques (fusibilité et malléabilité), permet au concept alchimique de transmutation des métaux de se développer (cette idée n'apparaît pas dans la philosophie grecque classique)Lapidaire astrologique
Il en ressort ainsi un « lapidaire astrologique », dont la première mention serait à trouver dans le Damigéron-Evax[9].
Métal ou divinité Pierre précieuse Signe zodiacal Mercure ou vif argent noble[10] diamant Gémeaux vif-argent vulgaire cristal de roche Vierge Mars (fer) rubis Bélier Vénus (Cuivre) émeraude Taureau Jupiter (étain) topaze Sagittaire Saturne (plomb) grenat Capricorne Lune/ Séléna (argent) saphir Cancer. Notes et références
- (en)Discovering the 8th Metal A History of Zinc Fathi Habashiest [PDF]
- Météorologiques III, 6 , 378a 20 et 27
- Météorologiques III, 6 , 378a 29 à 378b 5
- Proclus commentaire sur le Timée IV, 150
- cité par Cristina VianoLa matière des choses : Le livre IV des Météorologiques d'Aristote et son interprétation par Olympiodore, Vrin, 2006 p.168
- Cristina VianoLa matière des choses: Le livre IV des Météorologiques d'Aristote et son interprétation par Olympiodore, Vrin, 2006 p.169.
- Cristina VianoLa matière des choses: Le livre IV des Météorologiques d'Aristote et son interprétation par Olympiodore, Vrin, 2006 p.215.
- Cristina VianoLa matière des choses: Le livre IV des Météorologiques d'Aristote et son interprétation par Olympiodore, Vrin, 2006 p.170.
- [1] Lapidaires Grecs, R. Halleux et J. Schamp, Les Belles Lettres, 1985, Paris
- En effet les Anciens distinguaient 2 sortes de Mercure-métal et deux sortes d'Argent : le noble et le vulgaire.
Bibliographie
- Robert Halleux Le problème des métaux dans la science antique Les Belles lettres, 1974
- Cristina Viano La matière des choses : Le livre IV des Météorologiques d'Aristote et son interprétation par Olympiodore, Vrin, 2006 sur googlebook
Voir aussi
Articles connexes
Liens externes
- (en) A Short History of Metals Alan W. Cramb - Department of Materials Science and Engineering - Carnegie Mellon University
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