Attentat de la Ghriba du 11 avril 2002 en Tunisie

Attentat de la Ghriba du 11 avril 2002 en Tunisie
Attentat de la Ghriba du 11 avril 2002
Image illustrative de l'article Attentat de la Ghriba du 11 avril 2002 en Tunisie
Site de lattentat le 8 janvier 2002.

Localisation Er Riadh, Djerba (Tunisie)
Cible Synagogue de la Ghriba
Coordonnées 33° 48′ 50″ N 10° 51′ 33″ E / 33.813889, 10.85916733° 48′ 50″ Nord
       10° 51′ 33″ Est
/ 33.813889, 10.859167
  
Date 11 avril 2002
9 h 35 (UTC+1)
Type Attentat au véhicule piégé
Mort(s) 21
Blessé(s) 30
Auteur(s) Nizar Naouar
Organisation(s) Al-Qaida
Mouvance Terrorisme islamiste
(Insurrection islamique au Maghreb)

Lattentat de la Ghriba est un attentat-suicide, effectué par un kamikaze islamiste et survenu le 11 avril 2002 devant la synagogue de la Ghriba à Djerba (Tunisie). Il a fait 21 morts.

Sommaire

Déroulement

Un camion-citerne de gaz naturel bourré dexplosifs saute à 9 h 35 devant la synagogue tuant 21 personnes (quatorze touristes allemands, cinq Tunisiens et deux Français[1]) et faisant trente blessés.

Les autorités tunisiennes présentent dabord lexplosion comme un accident[2], mais lenquête menée par la Tunisie, la France et lAllemagne montre rapidement quil sagissait dune attaque délibérée, ce que confirme une bande sonore, attribuée au réseau terroriste Al-Qaida dOussama Ben Laden, qui revendique la responsabilité de lattaque et déclare « envoyer un message à lAllemagne ».

Nizar Naouar, un Franco-Tunisien de 25 ans mort dans lexplosion du camion-citerne[3], est identifié comme le kamikaze qui a effectué lattaque avec laide de son oncle Belgacem Naouar. Lenquête montre quil avait fait croire à ses proches, une famille originaire de Ben Gardane, quil poursuivait des études en tourisme au Canada, entre 1999 et 2001, alors quil sentraînait dans des camps dAl-Qaida en Afghanistan[4]. Dans son testament découvert dans la cache dun membre dAl-Qaida à Karachi, en septembre 2002, il y dit « sa haine des Juifs, des Américains et des régimes arabes impies qui empêchent leurs ressortissants de participer au djihad contre Israël » et indique avoir agi seul[5].

Poursuites

Les conséquences judiciaires de cet acte ont des ramifications dans divers pays, notamment en France.

Tunisie

Belgacem est arrêté au lendemain de lattaque et incarcéré dans une prison de Tunis. Il est alors interrogé, notamment par le juge anti-terroriste français Jean-Louis Bruguière, les enquêteurs laccusant davoir aidé Nizar à faire monter une citerne remplie de gaz sur le camion. Il confirme alors que son neveu lavait informé de ses intentions dès le 9 avril, soit deux jours avant lattentat[3].

Belgacem, qui encourt la peine de mort, est condamné le 7 juin 2006 par la quatrième chambre criminelle du tribunal de première instance de Tunis à vingt ans de prison ferme pour « complicité dassassinat avec préméditation », « participation à une association de malfaiteurs » et « complicité pour détention et fabrication de matières explosives ». Il est préalablement interrogé durant une vingtaine de minutes par le juge Tarak Braham en labsence de ses avocats qui boycottent le procès après avoir demandé en vain de disposer au préalable du contenu de son interrogatoire par des juges allemands. Il nie alors les charges retenues contre lui et affirme tout ignorer des desseins terroristes de son neveu, reconnaissant seulement lavoir assisté pour lachat dun véhicule quil devait utiliser dans un commerce. Sagissant de largent et des papiers didentité de Nizar retrouvés en sa possession, il soutient quils y avaient été placés à son insu par son neveu.

France

Paul Sauvage et Mohamed Fatmi, deux ressortissants français figurant parmi les morts[6], le parquet de Paris ouvre une information judiciaire[7] et fait perquisitionner le 17 avril le logement de la famille Naouar à Vénissieux (département du Rhône)[4] ; trois de ses membres sont mis en examen par le juge Bruguière qui instruit linformation judiciaire[7]. Parmi ceux-ci figure Walid Naouar, le frère cadet du kamikaze, soupçonné davoir acheté sous un nom demprunt, en date du 12 mars 2002, un téléphone satellitaire Thurayaavec lequel son frère aurait contacté Khalid Cheikh Mohammed pour obtenir le feu vert pour commettre lattentat[1]et de lui avoir fourni un modem et des faux papiers[7]. Niant ce fait dans un premier temps, Walid avoue finalement après la découverte du téléphone en Tunisie et se voit arrêté le 12 novembre ; il est incarcéré à la prison de Fresnes il passe son baccalauréat et entame des études dhistoire[4].

Considéré par les enquêteurs comme lun des personnages centraux du dossier, Christian Ganczarski est un ressortissant allemand dorigine polonaise, converti à lislam en 1986, qui effectua des séjours au Pakistan et en Afghanistan entre 1999 et 2001[3]. Suspecté dêtre un membre important dAl-Qaida[1], il est soupçonné davoir planifié lopération puis davoir donné sa « bénédiction spirituelle » à Nizar Naouarqui lavait rencontré à plusieurs reprises à partir de 2000lors dun coup de fil passé au matin du 11 avril, jour de lattentat[3],[7]. Il est interpellé le 3 juin 2003 à laéroport Roissy-Charles-de-Gaulle après son expulsion dArabie saoudite[6]. Au terme de lenquête, Ganczarski ainsi que Khalid Cheikh Mohammed sont mis en examen pour complicité dassassinats en relation avec une entreprise terroriste. Ce dernier fait lobjet dun mandat darrêt international car il est considéré comme le commanditaire et le financier de cette opération ; Naouar la dailleurs appelé au Pakistan avant de contacter Ganczarski[1].

Le 5 janvier 2009 souvre le procès des trois hommes, devant la cour dassises spéciale de Paris, pour « complicité et tentatives dassassinat en relation avec une entreprise terroriste »[8]. Cheikh Mohammed ne comparaît pas puisquil est détenu sur la base américaine de Guantanamo il est jugé par un tribunal militaire pour son rôle dans les attentats du 11 septembre 2001[1] ; la cour décide le 28 janvier de disjoindre son cas et de le traiter séparément[9]. Au terme du procès, le 5 février, Ganczarski est condamné à 18 ans de prison alors que Naouar est condamné à 12 ans de prison, peines inférieures aux 30 et 15 ans de réclusion réclamées par laccusation[10].

Espagne

En mars 2003, cinq personnes accusées davoir financé cette attaque sont arrêtées en Espagne. Deux dentre eux, lhomme daffaires Enrique Cerda et le Pakistanais Ahmed Rukhsar, sont condamnés à cinq ans de prison le 10 mai 2006.

Références

  1. a, b, c, d et e (fr) « Ouverture du procès des complices de lattentat de Djerba », France Info, 5 janvier 2009.
  2. (fr) Samir Gharbi et Sonia Mabrouk, « Vingt ans, vingt dates », Jeune Afrique, 22 octobre 2007.
  3. a, b, c et d Samy Ghorbal, « Deux ombres », Jeune Afrique, 11 janvier 2009, p. 10-12.
  4. a, b et c Samy Ghorbal, « Attentat de Djerba : les liens du sang », Jeune Afrique, 25 janvier 2009, p. 50-51.
  5. Samy Ghorbal, « Un mystérieux kamikaze », Jeune Afrique, 11 janvier 2009, p. 11.
  6. a et b (fr) Yves Bordenave, « Christian Ganczarski avait été repéré par la police allemande », Le Monde, 6 janvier 2009.
  7. a, b, c et d (fr) Yves Bordenave, « Trois hommes jugés à Paris pour lattentat de Djerba », Le Monde, 5 janvier 2009.
  8. (fr) « Première journée procédurale pour le procès de lattentat de Djerba », Le Monde, 5 janvier 2009.
  9. (fr) « Attentat de Djerba : la cour dissocie le cas de Khaled Cheikh Mohammed », Agence France-Presse, 28 janvier 2009.
  10. (fr) « Attentat de Djerba : 18 ans de réclusion pour lAllemand Christian Ganczarski », Agence France-Presse, 6 février 2009.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Attentat de la Ghriba du 11 avril 2002 en Tunisie de Wikipédia en français (auteurs)

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