Savonnerie pollet

Savonnerie pollet

La savonnerie Pollet

La savonnerie Pollet est une ancienne entreprise de fabriquant d’huile et de savon, elle se transmettait de génération en génération. Elle existe depuis 1788, elle fut fondée par un certain Simon-Léonard et elle se situait dans le quartier Saint-Brice.



Sommaire

Le temps des ancêtres

Le 4 février 1727, un certain Léonard-Pollet, originaire de la Flandre française mais vivant à Tournai depuis quelques années, épousa une jeune femme répondant au nom de Marie-Jeanne Lahaize. Elle était tournaisienne et ses parents étaient originaires du quartier Saint-Brice. Léonard-Pollet était de toute évidence un commerçant. Il s’était probablement installé à Tournai lorsque celle-ci était devenue un pôle économique et institutionnel de toute la région du Nord.

Léonard-Pollet eut sept enfants. Il mourut en 1757 à l’âge de 78 ans. Son fils aîné Léonard-Gilles reprit et poursuivit les affaires paternelles. Son fils cadet, Pierre-Antoine, travailla à l’Administration de la ville. Les Pollet furent impliqués dans les institutions de la cité tournaisienne. Cette implication devint de plus en importante pour les générations suivantes.

Le 23 août 1762, Léonard-Gilles épousa Marie-Louise Boucher. Ils eurent 3 enfants dont Simon-Léonard et son frère cadet Simon-François. Le père de Marie-Louise Boucher était marchand et gérait les œuvres sociales de la paroisse Saint-Piat. Les Boucher travaillaient dans le secteur du textile qui était, à cette époque, une industrie en pleine extension.

La sœur de Léonard-Gilles épousa en 1777 le négociant Simon-Magloire Vandris (dont la mère était une Boucher). Les Vandris étaient également dans le secteur du textile : bonneterie et filature de coton.

Les Pollet tissèrent ainsi leurs relations professionnelles et privées au sein du milieu tournaisien de négociants.

Tout comme son beau-père, Léonard-Gilles devint « receveur des pauvres » de la paroisse de Saint-Quentin. En 1777, il devint un des « trente hommes » de la Chambre de commerce.

En 2 générations, les Pollet prirent position sur la place de Tournai.

Léonard-Gilles mourut en 1728 à l’âge de 50 ans. Son fils aîné Simon-Léonard n’ayant que 15 ans, c’est sa mère, Madame Pollet-Boucher, qui assura probablement la gestion des affaires.

Fondateur de l'entreprise

L’histoire de la savonnerie Pollet débuta en 1788. Simon-Léonard, alors âgé de 25 ans reprit les affaires de son père et eut l’ambition de les développer. Le 19 novembre de cette année-là Simon-Léonard se fit élire « Maître » devant les directeurs de la Chambre de commerce. Il put alors exercer à titre personnel une profession, il devint patron de ses propres affaires et put engager du personnel et le diriger.

Simon Léonard (1763-1830)

L’année suivante, à cette même Chambre de commerce, il devint - comme son père le fut - l’un des « trente hommes. Parallèlement à ses activités commerciales il développa le secteur des oléagineux et en 1793, il fut nommé « doyen des graissiers » par la Chambre des arts et métiers. Tournai connut à cette période des moments difficiles – Révolution française – entraînant crise économique et misère. C’est à ce moment que Simon-Léonard inaugura son entreprise de huilerie-savonnerie accompagnée d’une saline.

N’ayant pas assez de place à Saint-Quentin il dut déménager et s’installer à Saint-Brice. Simon-Léonard épousa en 1789 Marie-Catherine Tonnelier. Ils eurent 3 enfants, 2 filles, Marie-Louise et Robertine et un garçon prénommé Raphaël-Dominique. Marie-Catherine Tonnelier mourut 4 mois après la naissance de sa dernière fille Robertine. Un an après il perdit sa fille cadette. Simon-Léonard se retrouva seul avec sa fille et son fils.

Simon-Léonard fut reconnu comme un homme très important dans la région de Tournai. Il fut donc à la tête de la puissante entreprise d’huilerie et de savonnerie. Il joua un rôle important dans la paroisse de Saint-Brice et devint « président du conseil de fabrique » où il fit beaucoup pour les pauvres.

Durant les années 1801 à 1803 il fut juge au Tribunal de commerce de Tournai. Simon-Léonard avait une passion qui était celle de cultiver des tulipes et des vignes. Il entretenait 2 jardins, l’un à Saint-Brice, l’autre en dehors de la ville.

Simon-Léonard mourut à l’âge de 66 ans, le 18 août 1830. On peut le considérer comme le fondateur des savonneries Pollet.

Développement de l'entreprise

C’est Raphaël-Dominique qui reprit la succession de son père. Il se maria avec Marie-Laure Pollet - sa cousine germaine, fille de Simon-François Pollet - et eut 10 enfants. Le couple perdit 4 de ses 6 fils.

Le 30 mai 1851 il créa avec sa femme et son fils aîné Raphaël-Norbert la société « Raphaël Pollet et fils » dont l’objet social était la fabrication du savon et du sel, l’épuration et le commerce des huiles. Les grandes productions de l’entreprise Pollet étaient le savon mou et l’huile de lin (pour le savon et les peintures) et les huiles épurées (pour l’éclairage).

En juillet 1854, Raphaël-Norbert mourut ce qui entraina la dissolution automatique de la société.

Raphaël-Dominique fut également « maître des pauvres » à Saint-Brice et membre de la Chambre de commerce. Il devint également conseiller communal et membre du bureau de bienfaisance. Il fut par deux fois élu sénateur.

Il décéda à l’âge de 65 ans. Les funérailles de Raphaël-Dominique Pollet furent, à l’effigie du personnage, grandioses.

C’est sa veuve, Marie-Laure Pollet qui reprit la succession des affaires aidée par son jeune fils Léonard. Quelques temps après Marie-Robertine - la fille cadette - épousa Edmond Cailliau, originaire de Valenciennes, dont le père était banquier. Ils réorganisèrent le capital que représentait pour eux l’entreprise au sein de laquelle Edmond Cailliau va travailler.

En 1868 Léonard Pollet épousa Henriette Spreux, fille et petite-fille de brasseurs tournaisiens. Léonard devint gérant de la société à parts égales avec sa mère. Celle-ci abandonna la gérance en 1869 au profit de son fils et de son gendre.


La société devint : Leonard-Pollet et Edmond Cailliau. En octobre 1882 Léonard-Pollet mourut prématurément en laissant sa femme seule avec 10 enfants et enceinte du 11ème. Elle remplaça son mari à la gérance. En 1885 Henriette Pollet-Spreux vendit ses parts et les Cailliau-Pollet ainsi que leurs deux fils devinrent les quatre seuls propriétaires. La société prit le nom Cailliau-Pollet et Fils.

Suite à de gros problèmes économiques, un climat social tendu et une gestion insuffisante la société Cailliau-Pollet est fils est dissoute en 1895. L’usine, le matériel, les maisons furent mis en vente publique. C’est Raphaël-Pollet – fils aîné de Léonard – qui racheta le tout avec sa part d’héritage. Il relança l’usine. Ce fut très laborieux. En effet, il se trouva face à une usine inactive avec un stock de matériel partiellement périmé, le personnel en chômage et dispersé et surtout une clientèle à refaire… C’est avec un ancien ouvrier - Paul Leroy - qu’il put relancer l’entreprise.

En 1899, il épousa Elisa Manfroy, fille de brasseurs et exploitants agricoles. Ils eurent 4 enfants : Elisabeth, Raphaël, Léonard et Michel. En 1900, la situation s’améliora nettement, l’entreprise se redressa et elle put à nouveau investir dans de nouvelles installations plus performantes. Raphaël Pollet décida alors d’ouvrir une nouvelle fabrique d’huiles et de tourteaux de lin implantée à Valenciennes qui fut dirigée par son frère Joseph. C’est en pleine période de prospérité que survint la Première guerre mondiale. Raphaël Pollet refusa de travailler pour l’occupant allemand et dut fermer son usine à Tournai.

À Valenciennes, Joseph Pollet fut fait prisonnier par les allemands et emmené en captivité. A la fin de la guerre, la situation n’était évidemment pas brillante.

Raphaël et Joseph Pollet décidèrent de créer 2 sociétés anonymes : Les Huileries de Valenciennes et Tournai et les Etablissements Raphaël Pollet. Raphaël Pollet fut aidé par son fils aîné Rapha.

En 1930, ils montèrent une deuxième installation de distillation de glycérine. Raphaël Pollet développa alors ses affaires au Congo belge. Il fonde la SICOMAC ou Société Industrielle et Commerciale de l’Afrique Centrale. Il créa des magasins d’import-export et exploita quelques hectares de caféiers. Mais ce ne fut pas un succès, la faute en revint à un premier directeur. De plus la qualité du sol n’était pas propice à ces cultures.


C’est Léo, le second fils de Raphaël, qui partit s’installer en Afrique - à la plantation de Bosojafo - avec sa femme. Il fut planteur mais également colonisateur. En 1935, la production de café fut florissante. En 1940, survint la Seconde guerre mondiale. Les premiers bombardements touchèrent l’usine et toute la famille Pollet se réfugia dans un château à Fronsac dans le Bordelais.

A leur retour au pays, le pays était économiquement très affaibli et sous occupation allemande. Contrairement à ce qui s’était passé lors de la Première guerre mondiale, Raphaël Pollet décida de continuer une certaine production après le rétablissement de l’usine. L’activité de l’industrie était faible et consistait à fabriquer un savon légal, très rationné pour les besoins de la population. Suite aux énormes destructions occasionnées par la guerre Raphaël Pollet multiplia les nouvelles constructions et les transformations.

Les répercussions de cette guerre furent néfastes à l’usine de Tournai mais également à Valenciennes et en Afrique. En Afrique on remplaça les plantations de café par des plantations d’hévéa servant à fournir du caoutchouc. A Tournai, Rapha Pollet s’occupa d’une importante installation de gaz comprimé servant à remplacer l’essence devenue introuvable.

A la fin de la guerre vint la période de reconstruction. Raphaël Pollet joua un rôle essentiel dans la restauration notamment pour l’église Saint-Brice.

Le 20 juillet 1946 on fêta le jubilé des cinquante ans d’activité professionnelle de Raphaël Pollet. Une médaille fut frappée à cette occasion.

C’est le 18 mai 1957 que mourut Raphaël Pollet. On venait juste de terminer la restauration de l’église Saint-Brice.

En France les Huileries de Valenciennes et Tournai complétèrent leurs activités dans le secteur de la peinture. Ce fut un réel succès et ceci grâce à son nouveau directeur - Michel Verley- qui s’employa à donner un nouvel essor à l’usine.

La société changea de nom et devint la Corona. Elle fut rachetée plus tard – dans les années 80 - par une société américaine.


En Afrique, la situation n’était pas florissante car d’une part on se dirigeait vers l’indépendance du Zaïre (ex Congo belge) et d’autre part le caoutchouc naturel était fortement concurrencé par son homologue synthétique. Léo Pollet rentra à Tournai. C’est son frère Rapha Pollet qui dirigea à Tournai le versant européen des activités de la Sicomac. Mais la société finit par être vendue.

A Tournai, les établissements Pollet continuèrent leurs activités mais sans connaître une grande prospérité. Le frère de Rapha Pollet - Michel Pollet - était un chimiste émérite. Il développa les créations des produits de la gamme Pollet. Il mit ainsi au point le premier savon liquide commercialisé en Belgique, le Linpol. Durant les années 1977 à 1980, la situation était vraiment mauvaise.

Michel Pollet laissa alors à son gendre Antoine D’Hondt l’opportunité de donner une nouvelle impulsion à l’entreprise. Antoine D’Hondt est issu d’une famille de savonniers d’Alost. Un nouveau directeur fut nommé - Patrick Van Houtryve - lui aussi issu d’une famille de savonniers brugeois. Leurs efforts conjugués payèrent et une nouvelle société Pollet-France fut créée en 1988 à Lille.

La vieille entreprise Tournaisienne n'est désormais plus implantée dans le quartier Saint-Brice mais dans le zoning industriel de Orqc (Tournai Ouest).

Bibliographie

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