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Sanctuaire à répit
Un sanctuaire à répit est un type de lieu saint.
Sommaire
Le répit
Selon la croyance populaire en certaines provinces, le « répit » est, chez un enfant mort-né, un retour temporaire à la vie le temps de lui conférer le baptême avant la mort définitive. Ayant été baptisé, l’enfant pourra de ce fait entrer en paradis au lieu d’errer éternellement dans les limbes où il serait privé de la vision de Dieu. Mais le répit n’est possible qu’en certains sanctuaires, le plus souvent consacrés à la Vierge (Notre-Dame de Pitié) dont l’intercession est nécessaire pour obtenir un miracle.
Les sanctuaires à répit
Les sanctuaires à répit ont fonctionné de la fin du XIIIe siècle à la Première Guerre mondiale en Europe occidentale, principalement en Flandre, Picardie, Alsace, Lorraine, Bourgogne, Savoie, Vallée d'Aoste, Provence et Auvergne. En tout, environ 280 sites plus ou moins fréquentés ont été recensés en France, où l’un des plus célèbres est celui d’ Avioth, en Lorraine (actuellement dans le département de la Meuse). On en compte également plusieurs dizaines en Belgique, en Allemagne rhénane et méridionale, en Suisse, en Autriche et en Italie du Nord.
La pratique du répit
L’enfant mort-né est souvent apporté dans les heures suivant l’accouchement, généralement par le père accompagné d’un ou plusieurs voisins. Arrivé au sanctuaire, le corps de l’enfant est déposé devant l’autel de la Vierge, priée avec ferveur par tous les assistants, auxquels se joignent généralement un ou plusieurs prêtres attachés au sanctuaire. On guette le moindre signe pouvant faire croire à un retour temporaire à la vie : coloration du visage, émission d’un souffle, bruit en provenance du petit corps, apparition de quelques gouttes de sang aux narines, etc… Si un de ces événements survient, l’enfant est immédiatement baptisé par un des prêtres présents. La mort définitive survient peu après, mais l’assistance est soulagée : l’âme de l’enfant est désormais en paradis. Après la « seconde mort » le petit cadavre est inhumé sur place. À Avioth, par exemple, un coin particulier du cimetière est consacré aux enfants ayant bénéficié d’un répit.
Les archives des sanctuaires à répit les plus célèbres ont conservé des centaines de témoignages de ces faits jugés miraculeux, consignés par des prêtres : 459 cas à Faverney, en Haute-Saône de 1569 à 1593 ; 138 cas entre 1625 et 1573 à Notre-Dame d'Avioth, dans la Meuse ; 336 entre 1666 et 1673 dans la chapelle Notre-Dame de Beauvoir, à Moustiers-Sainte-Marie (Alpes-de-Haute-Provence). Il ne semble pas qu’il y ait eu supercherie ou hallucination collective dans ces récits, mais interprétation erronée de phénomènes physiques dus au processus de décomposition des petits cadavres bien étudié par la médecine légale du XIXe siècle : ramollissement, coloration, saignements, bruit des viscères. Pour les témoins, quelque chose d’extraordinaire se produisait.
L'attitude de l'Église face au répit
L’attitude de l'Église a longtemps été très ambiguë à l’égard de la croyance populaire aux répits. Suivant les époques, les lieux, les évêques, on condamne le répit ou on le tolère. Localement, le répit est condamné par le synode de Langres de 1452 et le synode de Sens de 1524. Les évêques de Lyon (1577), de Besançon (1592 et 1656), de Toul (1658) dénoncent eux aussi les répits, mais dans la pratique les fidèles passent outre.
La papauté n’intervient que tardivement, en 1729, après une succession massive de répits en Bavière et en Souabe, en particulier à l’abbaye d’Ursberg, au diocèse d’Augsbourg. Le pape Benoît XIV condamne la pratique du répit, adoptant les arguments du Saint-Office qui considère que les « signes de vie » rapportés ne sont pas suffisants pour justifier le baptême, même s’il y a concordance de témoignages. En particulier, fait-il remarquer, personne n’a jamais observé de cris ou de gémissements, qui sont des signes indiscutables de vie.
La position intransigeante de la papauté après 1729 est plus ou moins bien relayée localement. Les évêques n’ont pas un comportement unanime. Les pratiques traditionnelles se maintiennent en beaucoup d’endroits. Au milieu du XIXe siècle, avec le développement du culte marial (apparitions de la Vierge Marie à la Salette - Notre-Dame de la Salette - et à Lourdes), on note un certain assouplissement. Néanmoins, les sanctuaires à répit périclitent face à l’effritement des valeurs traditionnelles et au développement du rationalisme. Les derniers sanctuaires à répit cessent d’être fréquentés au lendemain de la guerre de 1914-1918.
Désormais la question ne se pose plus puisque le Vatican a aboli le concept de limbes. Le 20 avril 2007, la commission théologique internationale de l'Église catholique romaine déclare que les limbes reflètent une vue indûment restrictive du Salut, et ne peuvent pas être considérées comme une « vérité de foi »[1].
Notes et références
- ↑ (en) Philip Pullella, « Catholic Church buries limbo after centuries », Reuters. News.Yahoo.com. Consulté le 20 avril 2007.
Bibliographie
- Jacques Gélis, L’arbre et le fruit. La naissance dans l’Occident moderne, XVIe-XIXe siècle, Paris, Fayard, 1984.
- Jacques Gélis, Les enfants des limbes. Mort-nés et parents dans l’Europe chrétienne, Paris, Audibert, 2006.
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