Atelier de Montrouge

Atelier de Montrouge
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L' Atelier de Montrouge (ATM) est un atelier d'architecture et d'urbanisme fondé en novembre 1958 par quatre jeunes architectes  : Jean Renaudie (1925-1981), Pierre Riboulet (1928-2003), Gérard Thurnauer (1926) et Jean-Louis Véret (1927-2011).
Cette dénomination, liée à lemplacement géographique de lAtelier au 32 rue d'Estienne d'Orves à Montrouge, englobe deux périodes d'association distinctes : Atelier d'architecture Renaudie, Riboulet, Thurnauer et Véret architectes (ATM1, 1958-68, jusquau départ de Renaudie le 31 juillet 1968), et Atelier d'architecture Riboulet, Thurnauer et Véret architectes (ATM2, 1968-81 ; à partir du 1er janvier 1979, chacun des architectes a le droit dexercer en son nom propre).
Mise à lhonneur dès 1965 par le Prix du Cercle d'études architecturales, son œuvre a été saluée en 1981 par le Grand Prix national de lArchitecture.

Sommaire

Historique

Fondation de l'atelier

Pierre Riboulet, Gérard Thurnauer et Jean-Louis Véret se rencontrent à l'École nationale supérieure des beaux-arts de Paris, à l'atelier de Georges Gromort et Louis Arretche (1945-1952). En marge de cette formation, ils sont marqués par leur expérience avec Michel Écochard au Service d'urbanisme du Maroc (trois séjours en 1949, 1951 et 1952), par les cours dHistoire de lArt de Pierre Francastel (1948-1951) et, surtout, par leur participation aux Congrès internationaux d'architecture moderne (rencontre de Sigtuna en 1952, CIAM 9 d'Aix-en-Provence en 1953). Diplômés en novembre 1952, ils collaborent un temps avec de grandes figures de l'époque. Véret rejoint Le Corbusier à lautomne 1952 puis part en Inde comme responsable des chantiers dAhmedabad (1953-1955). Au sein de lATIC (créé sous légide de Jean Prouvé), Riboulet et Thurnauer développent un ensemble de 190 logements durgence à Argenteuil pour Emmaüs (1954-1957) puis, en association avec Écochard, conçoivent lUniversité fédérale de Karachi au Pakistan (1954-1959). A lélaboration de ce projet participe dès 1956 Jean Renaudie, rejoint bientôt par Véret. Cest ainsi quémerge le souhait dun atelier commun, qui se concrétisera en 1958 par leur installation à Montrouge, dans un petit pavillon de fond de cour appartenant au frère de Véret.

La première période de l'atelier

Dans le paysage de lépoque, lATM se démarque avant tout par son principe associatif, un mode dexercice alors marginal. Pour les architectes, ce choix correspond à une volonté de partage, de réflexion collective, voire douverture à la collaboration pluridisciplinaire. Ils y voient le moyen déviter tout enfermement dans une pensée réductrice ou systématique et, ainsi, de faire émerger une approche spécifique, renouvelant théories et modèles. A lévidence, de telles positions orientent leur pratique. Durant la première période de lAtelier (à quatre, 1958-1968), les architectes ne participent pas aux vastes chantiers de logements et de rénovation urbaine, préférant explorer dautres voies afin de repenser le problème de lhabitat. Intéressés à articuler les différentes échelles de réflexion (de lobjet au territoire), ils sinvestissent aussi bien dans le champ de lurbanisme que dans celui des projets darchitecture, sur des programmes très différents. Leurs premières réalisationstelles que le moulin Messagier (1959-1962), lhôpital de Nouakchott (1959-1979), le village de vacances Le Merlier (1959-1965), le STI n°1 dEDF (1960-1965), la bibliothèque de Clamart (1962-1966) et les logement EDF dIvry-sur-Seine (1963-1967) —, révèlent leur capacité à prolonger les idées du Mouvement Moderne afin de donner à larchitecture une expression contemporaine, reflétant chaque fois la nature du programme, sa vérité constructive et le mode de vie de ses occupants. Par ailleurs, leurs études durbanisme, développées dès 1959 à Rouen et dans le Var mais également en périphérie parisienne, ainsi que leurs études densembles de logementscomme celles de la CECA (1958-1959), de Goussainville (Val d'Oise) (1961-1962) et de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) (pour la résorption du bidonville des Francs-Moisins, 1964-1966) —, dévoilent les fils conducteurs de leur démarche. Tenant compte des réalités sociales et bâties du contexte, et sinspirant des exemples dhabitat traditionnel, celle-ci réévalue les préceptes de la Charte d'Athènes afin de proposer des formes ou tissus urbains complexes, dynamiques, recélant de nouvelles qualités pour leurs habitants.

Dès la fin des années 1960, les prises de position de lAtelier saffirment. Intellectuels engagés, réunissant avant lheure le « droit à lhabitat » au « droit à la ville », les quatre architectes prennent part aux débats de lépoque (organisés, entre autres, par le Cercle détudes architecturales), entretenant aussi des discussions passionnés à lAtelier, notamment sur la ville et la dimension politique de leur métier. Des divergences de vues, exprimées à loccasion du projet du Vaudreuil (1967-68), auxquelles sajoutent les événements de mai 68, conduisent Jean Renaudie à quitter Montrouge. Les trois autres continueront laventure, tout en sinvestissant dès lors davantage au sein de différents groupes de réflexion. Ainsi, alors que Thurnauer participe à différentes commissions interministérielles (Mission Basse-Seine, Plan, etc.), Riboulet, qui fonde en 1969 avec Véret le groupe Environnement M68 (dont lobjectif est la rédaction dun livre blanc sur le logement social), sengage dans un cursus universitaire en participant à la création de la revue Espaces et sociétés en 1970, aux côtés dHenri Lefebvre et dAnatole Kopp.

La seconde période de l'atelier, après le départ de Renaudie

Durant la seconde période de lAtelier (à trois, 1968-81), la production se nourrit de ces engagements individuels. Elle se place aussi sous le signe de la maturité, avec des projets répondant concrètement aux nouvelles problématiques de lheure, comme les villes nouvelles et les équipements intégrés, lindustrialisation de la construction, laménagement du territoire et le renouvellement urbain. Létude du Vaudreuil, développée dans le cadre de la mission pluridisciplinaire en charge de sa réalisation (1968-78), permet aux architectes de préciser leurs intentions théoriques en matière de création urbaine mais nengendre pas de réalisations. En dehors de cette étude dune grande richesse, omniprésente tout au long de la période, lAtelier conçoit et réalise un certain nombre de projets denvergure, dont la mise en œuvre sétale sur quelques années. Cest le cas, notamment, des projets dIstres (Les Heures Claires, 1970-1977) et de Marne-la-Vallée (LArche Guédon, 1973-83), samalgament différents programmes déquipements (enseignement, sportifs, récréatifs et sociaux), ainsi que du quartier du parc à Saint-Quentin-en-Yvelines (1975-80, réalisé par Véret et Thurnauer). Dans le fil de ces projets, lAtelier enrichit sa démarche en approfondissant quelques idées, notamment celle de permettre la participation des habitants à la création de leur cadre de vie par une architecture flexible, évolutive, transformable à merci. Lors de ces réalisations, mais aussi de celles répondant à des programmes moins complexescomme le SITI n° 3 dOrléans-la-Source (1966-1969), le foyer de jeunes filles de Tolbiac (1969-1974) ou le Centre d'études catalanes (1972-1977) —, il poursuit par ailleurs sa recherche dune expression architecturale qui, entre lacte héroïque et la banalité, sinscrive dans le temps présent. Enfin, par ses études durbanisme, aussi bien au Cap Ferret (UPA 4, 1971-72) quà Istres (Croissance du centre urbain, 1972-77) ou à Paris (La Villette, 1976-77), il réaffirme sa volonté de planifier durablement lavenir en améliorant dès maintenant les conditions de vie de la société dans son ensemble.

Chronologie des principales réalisations

Chronologie des principales études et mission d'urbanisme

Voir aussi

Bibliographie

  • Catherine Blain (dir.), L'Atelier de Montrouge, la modernité à l'œuvre (1958-1981), Arles, éd. Actes Sud-Cité de l'architecture et du patrimoine, 2008, 312 p.
    catalogue de l'exposition présentée à la Cité de l'architecture et du patrimoine (20 mars - 11 mai 2008), avec les contributions de Joseph Abram, Xavier Douroux, Serge Moscovici, Danièle Voldman et Dominique Delaunay
  • Catherine Blain, « Du droit à lhabitat au droit à la ville. Lhéritage CIAM de lAtelier de Montrouge » et « Gérard Thurnauer et le groupe CIAM-Paris » in Bonillo, Massu, Pinson (dir.), La modernité critique. Autour du CIAM 9 dAix-en-Provence, Marseille, Ed. Imbernon, 2006, pp218231 et pp273284.
  • Catherine Blain, L'Atelier de Montrouge (1958-1981); prolégomènes à une autre modernité, thèse de Doctorat de l'Université Paris 8, discipline: aménagement et urbanisme, mention Projet architectural et urbain (sous la dir. de J.-L. Cohen), décembre 2001, Paris, 2 tomes, 437 pages (texte)+ 689 p. (catalogue raisonné).
  • Catherine Blain, « Un atelier à Montrouge », Colonnes, n°16-17 : atelier de Montrouge(inventaire du fond d'archives), Paris, IFA, sept. 2001, pp1419.
  • Pascale Dejean, Stéphanie Mechine, « Une communauté d'idées pour une architecture engagée. L'Atelier de Montrouge, première période (1958-1968) », Faces journal d'architectures, n° 46, 1999
  • Catherine Blain, « L'habitat en projet : réponses de l'Atelier de Montrouge (1959-1965) », EAV, la revue de l'École d'architecture de Versailles, n° 5, 1999-2000, janvier 2000, pp2839.
  • Stéphanie Mechine, L'Atelier de Montrouge 1958-1968, Mémoire de maîtrise en Histoire de l'Art, sous la dir. Gérard Monnier, Université Paris 1, Paris, 1992.

et aussi:

  • Christian Devillers, « Les derniers puritains », AMC, n° 11, avril 1986, pp118127.
  • François Chaslin, « L'atelier des trois mousquetaires  : l'atelier de Montrouge, Grand Prix national darchitecture », Le Moniteur des TPB, suppl. au n° 6, février 1982, pp2631.

Liens externes

Notes et références

  1. 2004 : "Le Domaine du château Volterra - Une architecture en Provence", un film de 50 minutes produit par MALTAE et réalisé par Christian Girier [présentation en ligne]
  2. Gérard Thurnauer, Geneviève Patte, Catherine Blain, Lecture-Architecture. La bibliothèque pour enfants de Clamart, Paris, Ed. Gallimard, 2006, 184 p. [prix du livre darchitecture 2006].
  3. Catherine Blain, « Référence. Atelier de Montrouge. Les tours EDF dIvry (1963-1967). Un prototype dhabitat urbain », AMC n° 137, oct. 2003, pp8085.
  4. Catherine Blain, René Borruey, « Le centre éducatif et culturel Les Heures Claires dIstres : un éclat dutopie dans la région marseillaise », Histoire urbaine, n° 20 : villes nouvelles et grands ensembles II, décembre 2007, p101-124.
  5. Catherine Blain, « Val de Reuil, ville pilote pour lenvironnement », Études normandes, n° 2, 2004, pp6477
  6. Catherine Blain, « L'atelier de Montrouge et le Vaudreuil », Ethnologie française, n° 1, janvier-mars 2003 : La mémoire des villes nouvelles, pp4150.

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